Désinformation sur le «leadership fort» du Canada en matière d'action climatique

On a dit que lors de l'ouverture de la 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies, le premier ministre Trudeau aurait souligné « le solide leadership du Canada en matière d'action climatique et de crise mondiale de la biodiversité en prévision de la 15e Conférence des Parties (COP15) à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique qui se tiendra à Montréal en décembre prochain ». L'information publiée indique que Justin Trudeau « a lancé un appel à l'action pour que les dirigeants renouvellent leurs engagements en faveur d'un cadre mondial ambitieux pour la biodiversité après 2020, en particulier pour combler le déficit de financement pour la nature ».

Justin Trudeau a également « annoncé un financement de 10 millions de dollars sur quatre ans pour l'initiative aux systèmes d'alerte précoce face aux risques climatiques (CREWS) afin d'améliorer la préparation aux situations d'urgence dans les pays les moins avancés, en particulier les petits États insulaires en développement ». L'initiative spécialisée CREWS est un projet de plusieurs millions de dollars mis en oeuvre par l'Organisation météorologique mondiale basée à Genève, en Suisse. Son objectif déclaré est de fournir aux pays des alertes météorologiques précoces et des informations sur les risques. Ce projet participe à la fourniture de tels services dans 44 pays parmi les moins avancés et les petits États insulaires en développement. Il est financé par le secteur privé, la société civile et les gouvernements.

Il s'agit d'un autre projet utilisé par les États-Unis, le Canada et les anciennes puissances coloniales pour prétendre qu'ils aident les économies des pays les plus pauvres, en dépit de toutes les preuves du contraire, comme on le voit, par exemple, dans le traitement par les États-Unis des catastrophes naturelles à Porto Rico et dans les îles des Caraïbes.

Justin Trudeau a également annoncé que le Canada se joindra au Partenariat des dirigeants pour les forêts et le climat. Il s'agit d'un programme que le gouvernement britannique a lancé lors de la COP26, la conférence des Nations unies sur le changement climatique qui s'est tenue à Glasgow en novembre 2021. Lors de l'AGNU du 21 septembre, le président de la COP26 et député conservateur britannique Alok Sharma a appelé « les dirigeants mondiaux à se joindre au lancement du Partenariat des dirigeants pour les forêts et le climat lors de la COP27, afin d'intensifier les actions qui visent à protéger, conserver et restaurer les forêts du monde tout en assurant un développement durable et en favorisant une transformation rurale inclusive ».

L'échec du gouvernement fédéral à protéger les forêts du Canada et à créer une industrie forestière durable met en évidence la posture adoptée par les Nations unies. Comme si le lien entre les forêts et le climat n'était qu'une question de plantation d'arbres, et non des relations entre les humains et les humains et entre les humains et la nature qui révèlent la nécessité d'investir le peuple du pouvoir décisionnel, Trudeau a déclaré : « Il n'y a pas de voie pour lutter contre le changement climatique et construire un avenir sain qui ne passe pas par les forêts. Chez nous, le Canada travaille en partenariat avec les communautés autochtones, tout en prenant des mesures historiques comme notre engagement à planter 2 milliards d'arbres au cours de la prochaine décennie. Pour porter ce travail sur la scène mondiale, nous sommes heureux de nous joindre au Partenariat des dirigeants pour les forêts et le climat (PDFC). Ensemble, nous pouvons maximiser le rôle des forêts dans la lutte contre le changement climatique et dans notre travail commun pour construire un avenir radieux. »

Aucune mention n'est faite du piétinement des droits ancestraux des peuples autochtones sur leurs territoires ou du fait que « travailler en partenariat avec les communautés autochtones » est un euphémisme pour dissimuler le fait que les « partenaires » sont les conseils de bande qui défendent des intérêts privés et ne représentent pas les chefs héréditaires. Le PDFC est un autre plan pour payer les riches afin de permettre aux intérêts privés de revendiquer les ressources forestières des peuples du monde, y compris ici au Canada, au nom de la conservation des forêts et de l'économie verte.

Le « travail en partenariat avec les communautés autochtones » et « l'engagement à planter 2 milliards d'arbres au cours de la prochaine décennie » dont s'est vanté le premier ministre Trudeau à l'AGNU n'ont pas échappé aux jeunes et aux milliers de Canadiens qui ont défilé pour la justice climatique lors de la Journée mondiale de grève pour le climat, le 23 septembre. Un des principaux objectifs de l'action était de dénoncer Trudeau et son gouvernement pour leur manque d'action en matière de protection de l'environnement naturel et pour la criminalisation des peuples autochtones qui sont en première ligne pour protéger la Terre Mère.

Le saccage de l'industrie forestière au Canada, qui a contribué aux récentes inondations en Colombie-Britannique, la criminalisation et le ciblage des peuples autochtones et des activistes environnementaux qui défendent les forêts anciennes irremplaçables sur les terres autochtones non cédées, les projets d'extraction sur le « cercle de feu » de minéraux critiques à la machine de guerre des États-Unis sur les terres autochtones de l'Ontario, qui causera des dommages environnementaux considérables dans les basses terres de la baie James, et le passage du gazoduc Coastal GasLink sur le territoire souverain des Wet'suwet'en sont autant d'éléments qui démentent les affirmations et les actions du gouvernement Trudeau à l'Assemblée générale des Nations unies et montrent à qui ces actions servent. Elles ne méritent que le mépris.

(Avec des informations de COP26, Cabinet du premier ministre.)


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Volume 52 Numéro 5 - Novembre 2022

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