Publication de l'enquête annuelle sur la main-d'oeuvre

L'enquête annuelle sur la main-d'oeuvre de Manufacturiers et Exportateurs du Canada (MEC), publiée récemment, montre que la pénurie de travailleurs nuit à l'économie canadienne. Au cours de la dernière année seulement, MEC affirme que ces pénuries ont entraîné des pertes économiques totalisant près de 13 milliards de dollars, un chiffre calculé à partir des réponses de 563 entreprises manufacturières de 17 industries au Canada.

L'admission qu'une pénurie de travailleurs et des compétences qu'ils apportent à la production entraîne des pertes économiques provient d'une organisation impérialiste de premier plan. Cela contredit l'accusation habituelle selon laquelle la main-d'oeuvre employée n'ajoute pas de valeur et n'est pas la source du profit, mais constitue un coût de production regrettable. Comment MEC peut-il déclarer en toute conscience qu'une pénurie de travailleurs et de leurs compétences coûte des milliards de dollars à l'économie, alors qu'il prétend habituellement que les travailleurs employés représentent un coût pour les entreprises de l'économie ?

MEC déplore spécifiquement le manque de travailleurs qualifiés qui coûte des milliards de dollars à l'économie. La question d'une pénurie de compétences entraînant des milliards de dollars de perte de production et de valeur fait exploser un autre mythe selon lequel l'éducation représente un coût pour l'économie et la société. Contrairement à la plainte habituelle des impérialistes, l'éducation et les autres programmes sociaux apportent une immense valeur à l'économie et à la société. En fait, les entreprises qui emploient des travailleurs qualifiés sont irresponsables parce qu'elles n'investissent pas directement dans les ressources humaines et matérielles du pays en matière d'éducation et de soins de santé et qu'elles ne paient pas pour la valeur qu'elles reçoivent en travailleurs éduqués et en bonne santé. Il s'agit là d'un sérieux problème.

Sous nos yeux, nous voyons le gouvernement impérialiste de l'Ontario utiliser les pouvoirs de police pour attaquer les travailleurs de l'éducation et refuser de négocier et d'en arriver à une entente qui répond aux demandes de ceux qui forment des travailleurs éduqués et qualifiés. Pourquoi MEC ne saute-t-il pas sur le gouvernement de l'Ontario qui refuse d'assumer sa responsabilité sociale et ses obligations envers la société et le peuple, de répondre aux demandes des travailleurs de l'éducation et d'augmenter les investissements dans l'éducation ?

Si MEC veut légitimer sa plainte de pénurie de compétences, il devrait exiger de ses entreprises membres qu'elles réalisent (paient) directement la valeur de l'éducation qu'elles consomment dans leurs activités et ne pas s'attendre à ce que cela se fasse par le biais de la fiscalité. L'argent devrait être versé directement par les entreprises au système éducatif pour la valeur qu'elles consomment, tout comme elles doivent payer pour tous les autres intrants consommés. Pour être pris au sérieux, MEC et ses membres devraient appuyer vigoureusement une augmentation des investissements non seulement dans l'éducation en tant que droit pour tous, de la naissance à l'âge adulte, mais aussi dans tous les programmes sociaux.

Selon les données du MEC, au cours de l'année écoulée, 62 % des entreprises manufacturières ont perdu ou refusé des contrats et ont dû faire face à des retards de production en raison du manque de travailleurs, ce qui a entraîné une perte de 7,2 milliards de dollars en ventes et en pénalités pour livraison tardive. Dans la même période, 43 % des entreprises ont reporté ou annulé des projets de développement en raison de la pénurie de main-d'oeuvre, ce qui correspond à 5,4 milliards de dollars d'investissements perdus.

« Notre enquête a confirmé ce que nous entendons depuis longtemps de la part des entreprises manufacturières sur le terrain. Les pénuries de main-d'oeuvre et de compétences sont un problème chronique et persistant pour les entreprises manufacturières, et elles continuent de limiter les perspectives de croissance du secteur. Si nous ne trouvons pas les travailleurs dont nous avons besoin, l'économie du Canada en souffrira », a déclaré Dennis Darby, président et chef de la direction du MEC.

Faits saillants du sondage du MEC:

Pénuries : Le défi permanent des pénuries de main-d'oeuvre et de compétences continue d'être exacerbé par les retombées de la pandémie. Pour la deuxième année consécutive, plus de 80 % des entreprises manufacturières ont déclaré être confrontées à des pénuries de main-d'oeuvre et de compétences, en forte hausse par rapport à 60 % en 2020 et 39 % en 2016. Les pénuries sont les plus graves dans les emplois liés à la production, et les entreprises manufacturières continuent d'avoir du mal à trouver suffisamment de travailleurs hautement qualifiés pour occuper les postes de métiers spécialisés et d'autres travailleurs pour occuper les postes de main-d'oeuvre générale et d'assemblage. Huit entreprises manufacturières sur dix soulignent que les pénuries de main-d'oeuvre dans des secteurs connexes, comme le transport et la logistique, ont également des répercussions négatives sur leurs activités.

Au lieu de s'identifier lui-même et ses membres comme un facteur négatif important dans le problème du manque de compétences en raison de leur réticence à réaliser la valeur de l'éducation et à changer leurs façons de faire, de la manière la plus irresponsable, banale et ridicule qui soit, l'économiste en chef du MEC, Alan Arcand, a accusé les jeunes Canadiens d'avoir « un manque d'intérêt pour les emplois manufacturiers ».


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Volume 52 Numéro 2 - Novembre 2022

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