Discours insignifiant sur la responsabilité fiscale

Justin Trudeau affirme que le Canada doit demeurer « responsable sur le plan financier » pour faire face aux difficultés alors que les prévisions de récession se font de plus en plus insistantes. La phrase sort de sa bouche sans contexte.

En fait, pour sa classe sociale, la « responsabilité fiscale » signifie réduire les programmes sociaux et l'aide aux personnes dans le besoin et leur dire de se débrouiller par elles-mêmes face à l'inflation des prix, à une récession qui s'annonce difficile et à la perspective inquiétante d'une troisième guerre mondiale qui se profile à l'horizon. Cela signifie des dépenses « ciblées » pour payer les riches pour les emplois promis dans les usines, les mines et autres entreprises mondiales sur lesquelles le peuple n'a aucun contrôle.

Trudeau a nuancé ce qu'il entend par « responsabilité fiscale » en disant : « Nous savons que nous devons aider les gens qui ont besoin d'aide sans mettre en danger notre stabilité fiscale ni contribuer davantage à l'inflation. C'est pourquoi il est essentiel de rester financièrement responsable et mesuré dans notre réponse, car nous devons nous préparer à tout ce qui pourrait arriver dans les semaines et les mois à venir. »

En d'autres termes, aider les gens contribue à l'inflation des prix, donc ne pas aider les gens est bon pour l'économie et tout cela sans savoir « ce qui pourrait arriver dans les semaines et les mois à venir ». Toute cette absurdité vise à couper court à toute discussion sur ce qui se passe avec l'économie et sur les raisons pour lesquelles les êtres humains sont supposés ne pas pouvoir contrôler leur propre économie et la faire fonctionner à leurs fins.

Pendant ce temps, les médias de masse font état de prévisions catastrophiques pour l'économie. Chantal Hébert écrit dans thestar.com : « Les prévisions de récession se sont intensifiées cette semaine après que le Fonds monétaire international a réduit, le 11 octobre, ses prévisions de croissance mondiale pour 2023.... [Le FMI] a indiqué qu'un tiers de l'économie mondiale se contractera probablement d'ici l'année prochaine.

« Jeudi 20 octobre, M. Carney (ancien gouverneur de la Banque du Canada) a déclaré devant un comité du Sénat que le Canada se dirigeait probablement vers une récession l'année prochaine dans un contexte économique difficile, mais il a soutenu l'appel à la 'discipline budgétaire' du gouvernement libéral dans sa lutte contre l'inflation élevée. »

Voilà maintenant la « discipline fiscale » jetée dans la mêlée, qui serait une caractéristique de la politique de ce même premier ministre qui favorise la « responsabilité fiscale ». Encore une fois, les mots sont prononcés sans contexte, juste des mots sans signification pour créer la confusion et éviter toute analyse et discussion réelle.

Chantal Hébert introduit ensuite d'autres éléments dans la danse : « La vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland a déclaré que le pays allait bientôt faire face à un 'ralentissement économique'. Elle a laissé entendre qu'Ottawa partagerait avec 'une certaine précision' ses projections économiques dans son énoncé économique de l'automne. »

Expliquant les rêveries de Chrystia Freeland, elle poursuit : « La promesse électorale de 2015 du premier ministre de faire des déficits est un engagement qu'il a plus que respecté au cours de ses sept dernières années au pouvoir.

« Mais alors que la ministre des Finances Chrystia Freeland se prépare à faire sa mise à jour fiscale de l'automne, elle a apparemment décidé que la fête était terminée.

« Dans une note adressée à ses collègues du cabinet et obtenue par le Star plus tôt cette semaine, Mme Freeland a énoncé certaines règles de base concernant le financement de nouveaux projets.

« Ceux-ci devront, du moins en partie, être payés à partir des budgets ministériels existants. En d'autres termes, une partie de l'argent nécessaire devra être prélevée sur les réductions de programmes. »

Ainsi, le premier ministre et sa vice-première ministre affirment tous deux, à leur manière alambiquée, qu'en réduisant les programmes, le Canada a la « capacité fiscale » de « responsabilité et de discipline fiscales » pour faire face aux « jours difficiles qui s'annoncent pour l'économie du Canada et pour l'économie de tous nos amis et alliés dans le monde. »

Eh bien, il n'y a rien là de très rassurant. Nos dirigeants disent qu'ils envisagent de s'attaquer aux problèmes de l'économie, même s'ils ne peuvent rien dire de concret, si ce n'est des commentaires désinvoltes sur l'état de l'économie, à savoir que quelque chose de très grave se profile à l'horizon et que les programmes sociaux sont sur la sellette.

Chantal Hébert conclut : « Trudeau a dit qu'il avait entendu parler des défis auxquels les Canadiens sont actuellement confrontés... 'En tant que gouvernement, nous avons pris l'engagement d'être là pour les Canadiens', a dit le premier ministre. »

Les Canadiens sont-ils censés être réconfortés de savoir que leur chef « a entendu parler des défis » auxquels ils sont confrontés, mais ne peut rien dire de scientifique sur les conditions concrètes de l'économie et la nécessité d'une nouvelle direction ? Ou que sa vice-première ministre leur ressorte la vieille rengaine des restrictions budgétaires et des coupes dans les programmes pour résoudre les problèmes, ce qui, en fait, ne résout rien et ne fait qu'empirer la vie des Canadiens et la situation économique.

Cela montre quel défi les Canadiens doivent relever : ils doivent réfléchir et analyser eux-mêmes le besoin d'une nouvelle direction de l'économie pour résoudre les problèmes intrinsèques de l'économie, résoudre ses contradictions persistantes et mobiliser toutes les forces vives. Pour commencer : Arrêtez de payer les riches, augmentez les investissements dans les programmes sociaux ! Faisons du Canada une zone de paix et donnons naissance à un nouvel objectif et une nouvelle direction prosociale pour l'économie afin de répondre à nos besoins et humaniser l'environnement social et naturel.


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Volume 52 Numéro 2 - Novembre 2022

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