Sujets de préoccupation pour le corps politique touchant à l'économie
L'énoncé économique d'automne: beaucoup de bruit pour rien
Au nom de l'élite dirigeante du Canada, la représentante du gouvernement de parti cartellisé libéral Chrystia Freeland a présenté un énoncé économique d'automne le 3 novembre. Mme Freeland et une grande partie des médias ont fait quelques tentatives de présenter l'énoncé comme quelque chose d'important, mais en vain car il s'agissait simplement d'une déclaration courante d'énoncé de principe de type « les choses ne vont pas si mal qu'on le croit ». En outre, le gouvernement admet qu'il ne peut pas faire grand-chose car les intérêts privés contrôlent l'économie comme si c'était leur domaine privé et leur fief.
Le rôle des gouvernements et des parties cartellisés a dégénéré. Ils ne considèrent plus le fait de pourvoir au bien public comme un devoir, mais ne pourvoient qu'aux intérêts privés des oligopoles géants, y compris en prenant sans cesse de l'argent du trésor public pour payer les riches d'une manière ou d'une autre. Les vastes forces productives humaines qui ont été créées par les travailleurs échappent à leur contrôle et à celui des dirigeants. Pour les travailleurs, cela signifie la nécessité de mettre de l’avant leur propre projet d’édification nationale, d’harnacher ces vastes forces au profit de l'environnement humain et naturel. Les dirigeants, qui ne peuvent pas contrôler les forces productives humaines, ont recours, dans leur désespoir, à des gouvernements de pouvoirs de police, qui agissent en toute impunité pour réprimer et criminaliser les travailleurs, tout en détruisant les forces productives humaines par des guerres de destruction à l'étranger et par la fermeture et la démolition d'usines, de mines et de moulins au pays.
La porte-parole du parti cartellisé libéral au pouvoir a admis que « le Canada ne peut pas éviter le ralentissement mondial. Pas plus que nous n'aurions pas pu empêcher la COVID-19 d'atteindre nos côtes une fois qu'elle a commencé à se propager dans le monde ».
Cela montre à quel point les gouvernements sont impuissants à résoudre les problèmes, pris dans la camisole de force de servir les riches et leurs entreprises et de maintenir le statu quo fondé sur la propriété privée de l'économie socialisée. Le système économique impérialiste a besoin d'un renouvellement complet avec une nouvelle direction et un nouvel objectif prosocial, non pas pour servir les intérêts privés mondiaux, mais pour servir le peuple et sa société. Les objectifs politiques des impérialistes et de leur élite sont tout à fait normaux. Les dirigeants sont satisfaits parce que, comme l'empereur qui se pavane nu tandis que les courtisans font l'éloge de son nouveau costume, ils ont le pouvoir de dire n'importe quoi tout en continuant de payer les riches et de privatiser les programmes sociaux, abandonnant le peuple à son sort.
Leur radotage sert à présenter les arrangements actuels de manière à donner l'impression que quelque chose est envisagé pour faire face à l'insécurité et aux inquiétudes bien réelles que les gens ressentent. Ils laissent entendre qu'en fin de compte, rien de substantiel ne peut ou ne doit être fait parce que l'économie s'arrangera d'elle-même, sans intervention humaine. De plus en plus, les travailleurs voient le bavardage pour ce qu'il est et commencent à prendre l'initiative de défendre leurs droits, leurs intérêts et leurs revendications par des d'actions avec analyse afin d'ouvrir une voie vers la construction du Nouveau.
La tentative pitoyable du parti cartellisé de donner des assurances que les choses ne seront pas aussi mauvaises que beaucoup le craignent est tombée à plat. Sans grande conviction, Mme Freeland a proposé quelques modifications mineures telles que : « Nous éliminons de façon permanente les intérêts sur les prêts d'études canadiens et les prêts canadiens aux apprentis. » Ce qu'elle ne dit pas, c'est qu'il ne s'agit pas d'une annulation de la dette étudiante et de mesures visant à faire de l'éducation un droit pour tous, mais d'un transfert, des étudiants au gouvernement, des paiements d'intérêts sur la dette étudiante aux prêteurs privés. Il s'agit, en fait, d'une autre escroquerie, un autre stratagème pour payer les riches.
Ce qu'on fait passer pour des investissements dans les programmes sociaux, qu'ils soient nouveaux ou rénovés, sont des mesures destinées à renforcer la capacité des intérêts privés à contrôler l'économie. Cela comprend le versement par le gouvernement d'un complément de salaire aux travailleurs à faible revenu, le versement de subventions au loyer aux propriétaires et le paiement jusqu'à 1 500 $ de coûts de clôture lors de l'achat d'une maison. Ces mesures ne résolvent aucun problème et ne changent rien de substantiel, et certainement pas la direction antisociale et antipopulaire de l'économie au service des riches.
Mme Freeland a également annoncé de nouveaux programmes qui permettent de verser des milliards de dollars aux entreprises privées pour qu'elles passent à l'« énergie propre » et à l'« hydrogène propre ». Les médias impérialistes affirment que ce programme vise à rattraper le plan du président Biden qui remet des milliards de dollars de fonds verts publics à des intérêts privés. Les médias appellent cela « attirer les investissements des entreprises ».
Elle a ensuite déclaré que le parti cartellisé libéral ira de l'avant avec le Fonds de croissance du Canada (FCC), une institution de 15 milliards de dollars qui vient en aide aux entreprises pour le financement des technologies de réduction des émissions, et que cela va « débloquer les capitaux privés ». Il est clair que les intérêts privés ont « bloqué » la richesse privée que la classe ouvrière a produite et que le gouvernement du parti libéral peut soudoyer les intérêts privés avec des fonds publics pour la « débloquer ».
Le gouvernement déclare : « L'Énoncé économique de l'automne de 2022 présente des détails sur la conception, l'exploitation et la stratégie d'investissement du Fonds de croissance du Canada, qui aidera à attirer des capitaux privés pour investir dans l'édification d'une économie canadienne prospère et durable. »
La « justification » du Canada pour l'utilisation
d'« outils novateurs de financement »
Dans son énoncé économique d'automne, le parti cartellisé libéral au pouvoir donne la « justification » suivante pour faire monter les enchères dans le FCC :
« Le FCC aidera le Canada à suivre le rythme d'une liste croissante de pays ayant recours à des outils novateurs de financement public pour attirer l'important flux de capitaux privés requis afin d'accélérer le déploiement des technologies nécessaires à la décarbonisation et à la croissance de leurs économies. »
« Étant donné que la prospérité économique du Canada repose traditionnellement sur les ressources naturelles et d'autres industries à forte intensité d'émissions, il faudra une transformation importante de la base industrielle pour que le pays atteigne ses objectifs climatiques et assure une prospérité à long terme pour les Canadiennes et les Canadiens. Le Canada doit créer les technologies, les infrastructures et les entreprises nécessaires pour réduire sa dépendance au carbone ; il n'y arrivera pas sans faire croître rapidement et sans maintenir ensuite l'investissement privé dans des activités et des secteurs qui renforcent la position du Canada en tant que chef de file de l'économie à faibles émissions de carbone.
« Aujourd'hui, s'ils sont au courant des possibilités de commercialisation et de déploiement des technologies de réduction des émissions, les entreprises et les investisseurs sont limités par les risques qui sont souvent liés à ces possibilités d'investissement. Le FCC, conçu pour atténuer les risques qui limitent actuellement l'investissement de capital privé, permettra de débloquer les capitaux nationaux et étrangers dont le Canada a besoin.
« Les dispositions sur la sécurité énergétique et la lutte contre les changements climatiques de l'Inflation Reduction Act (IRA) récemment adoptée aux États-Unis ont suscité un sentiment d'urgence particulier pour le Canada. L'IRA comprend 369 milliards de dollars américains en nouvelles dépenses pour la lutte contre les changements climatiques et l'énergie, ainsi que pour stimuler de nouveaux secteurs de croissance de l'économie américaine. En outre, pour débloquer davantage l'investissement du secteur privé, l'IRA a multiplié presque par dix l'autorisation pour les prêts et les garanties de prêt du bureau des programmes de prêts (Loan Programs Office ou LPO) du département de l'Énergie des États-Unis, qui passe de 40 milliards à 390 milliards de dollars américains. Cette mesure a considérablement élargi le financement disponible à la fois pour de nouveaux projets novateurs d'énergie propre et pour le réoutillage et la décarbonisation des infrastructures énergétiques existantes.
« L'ampleur des mesures incitatives de l'IRA et l'accroissement des aides financières mobiliseront considérablement les investissements et amélioreront la rentabilité économique des projets américains, ce qui détournera du Canada des capitaux, des talents et des matières premières si des mesures conséquentes ne sont pas prises. En tant qu'instrument susceptible d'attirer des capitaux privés, le FCC constituera un élément important des efforts du Canada pour répondre à l'IRA et demeurer concurrentiel. »
Ce que cela signifie, c'est que le FCC utilisera des fonds publics pour « développer » des entreprises privées et « tirer parti de l'abondance des ressources naturelles du Canada et renforcer les chaînes d'approvisionnement essentielles » pour servir l'économie de guerre des États-Unis.
La déclaration met en évidence certains stratagèmes pour payer les riches :
« À la suite de l'adoption de l'Inflation Reduction Act aux États-Unis, il est plus important que jamais de créer un crédit d'impôt concurrentiel pour les technologies propres au Canada.
« L'Énoncé économique de l'automne de 2022 propose d'établir un crédit d'impôt remboursable équivalant à 30 % du coût des investissements dans les technologies suivantes :
« - les systèmes de production d'électricité, y compris l'énergie solaire photovoltaïque, les petits réacteurs nucléaires modulaires, l'énergie solaire concentrée, l'énergie éolienne et l'énergie hydraulique (petite centrale hydroélectrique, courant de rivière, vague et marée) ;
« - les systèmes fixes de stockage de l'électricité exploités sans combustibles fossiles, ce qui comprend entre autres les batteries, les volants d'inertie, les supercondensateurs, le stockage d'énergie magnétique, le stockage d'énergie provenant d'air comprimé, le stockage d'énergie hydroélectrique par pompage et, le stockage d'énergie thermique ;
« - le matériel de chauffage à faibles émissions de carbone, y compris le matériel de chauffage solaire actif, les thermopompes à air et les thermopompes géothermiques ;
« - les véhicules industriels zéro émission et le matériel connexe de recharge et de ravitaillement, comme la machinerie lourde électrique ou fonctionnant à l'hydrogène utilisée dans l'exploitation minière ou dans la construction. »
La pratique régressive et inégalitaire qui consiste à distribuer des fonds publics à des entreprises privées est présentée comme favorable aux travailleurs et soucieuse de l'environnement naturel. Elle a pour but d'inciter les riches oligarques à s'installer au Canada. L'énoncé économique dit que « le ministère des Finances procédera également à des consultations sur toute technologie admissible supplémentaire (p. ex., nucléaire à grande échelle et hydroélectrique à grande échelle) » pour « inciter les entreprises à créer de bons emplois, celles qui respectent certaines conditions de travail seront admissibles au crédit maximal de 30 %, tandis que les autres seront admissibles à un crédit de 20 % ».
Le parti cartellisé au pouvoir promet également un autre stratagème pour payer les riches quand il dit : « Le gouvernement donne suite à l'engagement annoncé dans le budget de 2022 d'établir un crédit d'impôt à l'investissement dans la production d'hydrogène propre. [...] Le gouvernement propose d'offrir un crédit d'impôt à l'investissement d'au moins 40 % aux projets de production d'hydrogène propre qui présenteraient un niveau d'intensité carbonique sous le seuil le plus exigeant qui sera établi et qui répondrait à l'ensemble des exigences d'admissibilité. »
Ce qui n'est pas dit dans l'énoncé économique, c'est que le gouvernement continuera la pratique impérialiste d'emprunter de l'argent à des cartels privés pour financer ses déficits budgétaires et le service de sa dette. Les récents déficits ont poussé la dette publique envers les intérêts privés au-delà de 1,2 trillion de dollars. Les frais d'intérêt pour le service de la dette se sont élevés à 24,5 milliards de dollars l'année dernière. Le montant versé dans les poches déjà bien remplies de l'oligarchie privée mondiale pour le service de la dette a augmenté de 52 % au cours des cinq premiers mois de l'année fiscale, parallèlement à la hausse des taux d'intérêt. Cela signifie que les charges annuelles du service de la dette vont immédiatement doubler pour atteindre 49,8 milliards de dollars.
Ces paiements aux riches à partir du trésor public constituent un énorme fardeau pour les travailleurs, qui seraient mieux servis s'ils demandaient un moratoire sur le service de la dette existante, l'ouverture d'une enquête sur la légitimité de la dette publique existante et la criminalisation de l'emprunt du gouvernement auprès de prêteurs privés.
L'énoncé économique confirme la restructuration continue de l'État en tant que machine à garantir le contrôle de l'économie canadienne par une oligarchie impérialiste mondiale en soutien à la quête d'hégémonie mondiale des États-Unis. La capacité de l'État canadien de mobiliser les fonds publics et de contrôler la classe ouvrière par l'utilisation de ses prérogatives est utilisée pour subordonner le Canada à l'effort frénétique des États-Unis d'échapper à la guerre civile chez eux et d'alimenter leurs préparatifs de guerre qui plongeront le monde dans une dangereuse guerre mondiale.
Les travailleurs donneront à l'énoncé économique de l'automne une réponse appropriée en intensifiant leur lutte pour les droits de toutes et tous, en faisant valoir les revendications qu'ils sont en droit de faire à la société du fait qu'ils sont les producteurs de toute la richesse dont la société dépend. La demande d'un moratoire sur la dette contractée pour payer les riches et la suspension du paiement de l'intérêt sur cette dette montreraient combien d'argent est disponible pour financer les programmes sociaux et restaurer les systèmes de santé et d'éducation.
Cet article est paru dans
Volume 52
Numéro 2 - Novembre 2022
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