La réponse des syndicats
Les syndicats représentant les travailleurs et travailleuses du
secteur public ont immédiatement dénoncé les offres du
gouvernement.
Le Front commun
Le 15 décembre, le Front commun a émis un communiqué de presse : « Appauvrir les travailleuses et les travailleurs des services publics, la pire des solutions ». Le Front commun, qui représente 420 000 travailleuses et travailleurs des services publics, est constitué de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).
Après avoir dénoncé les offres salariales du gouvernement, il écrit :
« Est-ce que le gouvernement est sérieux quand il affirme que les services publics sont importants ? Si oui, pourquoi maintient-il les réseaux en situation d'échec ? Pourquoi offre-t-il si peu sachant que les salaires des autres travailleuses et travailleurs vont augmenter davantage ? Les deux dernières années de pandémie nous ont pourtant offert un cruel constat de ce qui ne tourne pas rond dans nos services publics. En mettant sur la table des conditions de travail si désavantageuses, c'est la pénurie de main-d'oeuvre et tous les problèmes qu'elle engendre qu'il choisit de pérenniser .
« Devant de tels chiffres, pensez-vous que les gens vont choisir les services publics ou des emplois offrant de meilleures conditions ? Ce n'est pas au personnel des services publics de faire encore une fois les frais de la reprise économique ou de la lutte contre l'inflation. Va-t-on demander à nos membres — des femmes, à 78 % — de se serrer la ceinture encore une fois pour favoriser la reprise économique ? Si le gouvernement est sérieux dans sa volonté d'apporter des solutions durables pour les services à la population, il devra retourner à la table à dessin et reconsidérer ses offres.
« Le Front commun revendique, d'une part, un mécanisme permanent de protection contre l'inflation et, d'autre part, un enrichissement visant un rattrapage salarial général. Ainsi, pour l'année 2023, il revendique 100 $ par semaine ou l'IPC [Indice des prix à la consommation ]+ 2 % (selon la formule la plus avantageuse), pour 2024, l'IPC + 3 %, et finalement, pour 2025, l'IPC + 4 %. »
Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)
Dans son communiqué du 16 décembre, abordant la question des offres sectorielles annoncées par le Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux, la FSSS, qui compte plus de 140 000 membres, écrit :
« Si le gouvernement reconnaît enfin les problèmes que nous
vivons, nous attendons toujours qu'il se montre ouvert à
implanter les solutions des travailleuses et des travailleurs.
« Pour la FSSS-CSN, ce qui ressort de ce dépôt, c'est le silence
qu'il garde sur plusieurs enjeux majeurs. Par exemple, le dépôt
patronal fait référence au Plan santé du ministre Dubé, sans
mentionner que ce celui-ci vise à accentuer la place du privé en
santé, tandis qu'il faudrait plutôt mettre nos énergies à
consolider le réseau public. »
« Le gouvernement ne propose rien pour épauler le personnel qui
doit accueillir la relève, rien pour reconnaître l'expérience,
rien pour implanter des ratios, rien pour accorder plus de
vacances au personnel épuisé, rien pour lutter contre la
privatisation et pour miser sur l'expertise du réseau. Pas un
mot non plus sur des mesures environnementales. Toutes ces
propositions innovantes venant de notre large consultation de
nos membres sont autant d'occasions à saisir pour remettre le
réseau sur ses pieds. »
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Dans son communiqué du 15 décembre, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) , qui représente environ 76 000 membres, écrit :
« Les offres salariales patronales sont de 9 % sur 5 ans, alors que les demandes de la FIQ sont de 12 % sur 3 ans accompagnées d'une protection du pouvoir d'achat et d'une mise à niveau pour combler l'inflation des derniers mois.
« On est loin du compte, les offres du gouvernement ne sont clairement pas à la hauteur des sacrifices que les professionnelles en soins subissent depuis trop longtemps. Clairement, le gouvernement rate sa cible s'il veut devenir un employeur de choix. Nos membres s'attendent à des changements significatifs pour de meilleures conditions salariales et de pratique. On mérite de pouvoir avoir le sentiment du devoir accompli lorsqu'on rentre chez soi après notre quart. On veut être reconnue à notre pleine valeur et on mérite d'avoir une conciliation travail—vie personnelle équilibrée. L'offre actuelle lorsqu'elle sera connue de nos membres les offusquera sans aucun doute. »
Au sujet des forums publics elle écrit :
« Le gouvernement propose encore beaucoup trop de forums de discussions sur de nombreux sujets. Il veut créer plein de comités pour parler de différents sujets comme la stabilité des équipes, le TSO et l'aménagement du temps de travail. Cette façon de faire est totalement inefficace pour régler rapidement les problèmes du réseau de la santé.
« En fait, il n'y a rien de concret pour mettre fin au TSO, rien de concret pour diminuer progressivement le recours au personnel des agences, rien de concret pour valoriser le travail des professionnelles en soins et diminuer la charge de travail, comme avec des ratios [employés/patients].
« Les enjeux prioritaires, c'est à la table de négociation que ça se passe. Pas besoin de forums qui s'éternisent. La FIQ a des propositions concrètes, réalisables et applicables rapidement pour sauver le réseau de la santé. Le réseau est brisé, on doit agir et vite. »
La FIQ revendique entre autres un engagement du gouvernement
sur l'adoption d'une loi sur les ratios sécuritaires
professionnelles en soins/patients.
Fédération autonome de l'enseignement
Le 15 décembre, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui compte environ 60 000 membres, a écrit dans un communiqué de presse :
« Une première analyse à chaud permet de constater que plusieurs des propositions sont les mêmes que lors des derniers dépôts. La situation est paradoxale, considérant que le gouvernement demande aux enseignantes et enseignants d'être agiles et novateurs, de faire preuve de souplesse, de créativité et de flexibilité, et de sortir du cadre traditionnel, alors qu'il leur sert les mêmes recettes. En langage enseignant, l'agilité, la flexibilité et la souplesse demandées tout au long du dépôt dans différentes mesures risquent d'être reçues négativement par les enseignantes et enseignants. La pression que le gouvernement met aujourd'hui sur eux représente un alourdissement de la tâche.
« Actuellement, beaucoup de profs dans le réseau ont étiré
l'élastique au maximum et sont en situation de détresse.
Nombreux sont celles et ceux pour qui l'élastique s'est brisé.
D'autres ont fait le choix de quitter avant que ce soit le cas.
Un roulement du personnel et une pénurie d'enseignantes et
d'enseignants sans précédent sévissent dans le milieu de
l'éducation. Malheureusement, malgré la volonté gouvernementale
de trouver des solutions pour régler les problèmes les plus
criants du système scolaire, le présent dépôt ne remplit pas
trois critères : il ne donne pas le goût aux étudiantes et
étudiants d'aller se former en enseignement ; il contribue peu à
l'amélioration des conditions de travail des profs en exercice
et il ne favorise pas le retour des enseignantes et enseignants
qui ont quitté le réseau. Enfin, en raison de l'urgence de la
situation, le dépôt de ces offres aurait dû fournir des
conditions de travail qui préviennent la détresse psychologique
et les absences prolongées, ce qui n'est pas le cas. »
Syndicat de professionnelles et professionnels
du gouvernement du Québec
Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), qui compte 32 650 membres, écrit dans son communiqué du 15 décembre :
« Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) est particulièrement déçu des offres d'à peine 9 % sur cinq ans au personnel de l'État présentées aujourd'hui en conférence de presse. En 2022, l'indice des prix à la consommation au Québec a été de 6,60 %. Il devrait être de 4,94 % en 2023 et de 3,41 % en 2024. Nos membres ont vu leur pouvoir d'achat se réduire comme une peau de chagrin avec une augmentation d'à peine 2 % en 2022.
« Dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre, les offres présentées aujourd'hui sont nettement insuffisantes pour attirer et retenir le personnel professionnel de l'État. ‘ Le gouvernement est loin d'être un employeur de choix, comme le laisse entendre la présidente du Conseil du trésor. Déjà, le gouvernement peine à pourvoir ses postes vacants parce qu'un rattrapage salarial est nécessaire. Plusieurs postes demeurent affichés de longs mois, ajoutant une pression indue sur le personnel en place et créant ainsi d'autres départs dans un cercle vicieux déplorable ', tonne le président du SPGQ [Guillaume Bouvrette].
« Finalement, le SPGQ a soulevé d'autres problèmes très
importants, notamment en ce qui a trait à l'organisation du
travail, au télétravail, aux assurances et à la retraite. Le
syndicat s'attend à ce que l'employeur s'y attaque aussi avec
sérieux et avec le respect que le personnel professionnel
mérite. »
(Photos: FSSS-CSN, Common Front, FIQ, FAE.)
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 79 - 21 décembre 2022
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