Le gouvernement du Québec dépose ses offres aux travailleurs et travailleuses du secteur public

Les travailleurs et les travailleuses rejettent la tentative d'imposer les salaires et les conditions de travail

Les travailleurs du secteur public québécois livrent leurs revendications à
l'Assemblée nationale, le 28 octobre 2022.

Le 15 décembre, la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel, a déposé les offres du gouvernement du Québec aux quelque 600 000 travailleurs et travailleuses du secteur public et parapublic dont les conventions collectives viennent à échéance le 31 mars 2023. Elle a annoncé l'offre salariale du gouvernement et présenté l'approche gouvernementale sur ce qu'elle a appelé l'élargissement du débat en ce qui concerne les « résultats sur le terrain » dans l'organisation du travail. Les syndicats ont dénoncé la proposition salariale qu'ils ont qualifiée d'insultante de même que l'approche au sujet de l'organisation du travail comme des mesures inacceptables que le gouvernement essaie d'imposer au lieu de négocier les salaires et les conditions de travail dans une « négociation de bonne foi ».

L'opposition du gouvernement à la négociation collective

La moitié de la conférence de presse sur les offres gouvernementales a été consacrée à l'annonce de la tenue de forums publics entre les « partenaires » comme le gouvernement, les syndicats, les associations patronales de la santé, les ordres professionnels, d'autres peut-être encore. Trois forums publics sont prévus : l'Équipe classe, l'Équipe soins et l'Équipe santé mentale.

Lors de la ronde précédente de négociations, les travailleurs et travailleuses du secteur public se sont opposés à de tels forums comme une façon d'éviter la négociation collective aux tables où les travailleurs et leurs syndicats amènent leurs revendications et leurs solutions qu'ils veulent voir mises en oeuvre. Selon le gouvernement, les forums vont se tenir concurremment avec les négociations et tout au long de celles-ci. En plus, le gouvernement va allouer des sommes d'argent pour des mesures non négociées, selon ce qu'il déclarera ses priorités.

« On doit mieux identifier ce qui facilitera la mise en place des changements fondateurs dans les secteurs identifiés comme prioritaires par notre gouvernement », a dit la présidente du Conseil du trésor pendant la conférence de presse.

Elle a souligné l'objectif des forums pour garantir les « changements fondateurs » en disant :

« Tant du côté syndical, patronal que du côté des autres acteurs concernés, nous devons tous sortir de notre zone de confort. On doit aller au-delà des processus traditionnels, des acquis respectifs et des façons de faire habituelles. On est conscient que ce virage important pourrait provoquer des inconforts. Mais nous souhaitons que tous saisissent cette opportunité pour faire beaucoup mieux pour nos gens sur le terrain. »

La performance du gouvernement démontre qu'il ne se soucie pas des « gens sur le terrain ».

Les mots-clés qui reviennent dans la conférence de presse sont « flexibilité », « décloisonnement » et « agilité », tous des mots à la mode qui accompagnent le définancement et la privatisation des services. Les travailleurs et les travailleuses savent déjà très bien ce qu'ils signifient, la détérioration des conditions de travail et des soins dans le système, la suppression de la participation des travailleurs à la solution des problèmes, l'épuisement professionnel, etc.

Le gouvernement Legault procède à toute vitesse à l'offensive néolibérale et antisociale qui dévaste les programmes sociaux et détruit les services publics. Plus les intérêts privés étroits usurpent l'autorité politique, plus ils dictent que les travailleurs doivent se subordonner aux salaires et aux conditions de travail qu'ils veulent imposer. Ce qu'on appelait la négociation collective menée de bonne foi n'existe plus. Ceci laisse aux travailleurs l'unique option de mener la lutte à la défense de leurs droits dans le tribunal de l'opinion publique.

Les travailleurs et travailleuses du secteur public ont rejeté ce que le gouvernement appelle ses « offres » et ils intensifient leur lutte de masse pour leurs droits, qui est aussi la lutte pour les services dont les gens ont besoin.


Une offre salariale insultante

Le gouvernement veut que les travailleurs signent des conventions collectives de cinq ans avec une offre salariale totale de 9 %, 3 % la première année et 1,5 % pour les quatre prochaines années, soit 1,8 % en moyenne par année. À cela s'ajouterait un montant forfaitaire de 1 000 $ versé une fois, à la signature de la convention, qui n'est pas compté dans le salaire et n'est donc pas calculé lorsque vient le temps de comptabiliser les revenus de retraite et les vacances. Le gouvernement dit ajouter un pourcentage de 2,5 % qu'il inclut faussement dans l'offre salariale alors que le montant va dépendre de ce que le gouvernement appelle la réalisation de « ses priorités ». L'offre salariale ne comprend aucune clause d'ajustement au coût de la vie. Avec un taux d'inflation de 6,8 % pour 2022 et un taux prévu d'environ 5 % au Québec en 2023, l'offre constitue une coupure importante des salaires réels des travailleurs et travailleuses du secteur public. Selon l'Institut de la statistique du Québec, les travailleurs et travailleuses du secteur public gagnent en moyenne 9 % de moins que ceux du secteur privé qui effectuent des tâches similaires. Cette offre va directement à l'encontre de la demande du personnel et de la population pour l'attraction et la rétention de la main-d'oeuvre dans les services publics.

Tout montant additionnel est conditionnel à la soumission des employés du secteur public au diktat du gouvernement sur la direction des services publics. C'est une négation de la valeur immense que les travailleurs et travailleuses du secteur public créent pour la société et c'est aussi une insulte qui leur est faite alors qu'ils maintiennent les services à bout de bras, soignant les gens, sauvant des vies et enseignant aux jeunes, au risque de leur propre santé, alors que les gouvernements néolibéraux qui se sont succédé n'ont cessé de dévaster ces services.

Pendant la conférence de presse où l'annonce des offres a été faite, la présidente du Conseil du trésor a donné la rengaine habituelle que l'offre salariale doit tenir compte de la capacité de payer du gouvernement du Québec. Le gouvernement a une capacité de payer illimitée quand il s'agit de payer les riches à même la dilapidation des fonds publics, mais il considère ses travailleurs comme un coût à réduire et non comme des créateurs de la richesse sociale qui est à la base de la construction du Québec et à laquelle ils font une réclamation en tant que droit.

Son cynisme est si grand qu'elle dit partager l'opinion des travailleurs qu'en elle-même la question des salaires ne peut pas résoudre tous les problèmes auxquels les services publics sont confrontés.


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Volume 52 Numéro 79 - 21 décembre 2022

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