Le droit au logement

Rassemblement à Montréal pour exiger du gouvernement qu'il règle la crise du logement



Le lundi 12 décembre, trois rassemblements ont eu lieu à Montréal à la défense du droit au logement. Une vingtaine de projets de logements sociaux est maintenant remis en question et c'est une grande préoccupation pour les citoyens. Près de 200 personnes se sont réunies successivement dans le sud-ouest de Montréal, Rosemont et Saint-Léonard pour ensuite se rassembler à St-Léonard, accompagné d'un char allégorique conçu par le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) pour dénoncer cette situation inacceptable.

Les crises du logement s'enracinent et les mesures mises en place s'effritent comme une peau de chagrin. Les 17 groupes logement membres du FRAPRU à Montréal ont dénoncé l'absence de nouveaux investissements gouvernementaux dans les programmes comme AccèsLogis, pour développer de nouveaux projets de logements sociaux. Des centaines de logements sociaux sont actuellement bloqués, voire menacés, parce que le financement de Québec n'est pas au rendez-vous, indiquent-ils. Les quartiers se transforment et les logements sont de plus en plus inabordables.

Le FRAPRU indique dans son communiqué : « À Verdun, il y a des projets de logement social qui sont bloqués par le manque de financement d'AccèsLogis pour des nouveaux projets. Sur le boulevard Gaétan-Laberge, il y a un projet de plus de 150 logements sans but lucratif pour familles, personnes seules et personnes aînées qui est bloqué par la négligence du gouvernement du Québec. Ça fait depuis 2015 qu'il n'y a pas de logements sociaux pour familles qui se construisent à Verdun, alors que la crise du logement n'arrête pas d'empirer, ça n'a pas d'allure de laisser des projets qui répondent aux besoins », a témoigné Steve Baird, coordonnateur du Comité d'action des citoyennes et citoyens de Verdun.

« À Pointe-Saint-Charles, il y a 2 projets de logements sociaux qui traînent depuis plus de 10 ans faute d'un financement adéquat. Des locataires à l'origine de ces projets ont eu le temps de mourir avant de les voir sortir de terre », a pour sa part témoigné Hassan El-Asri, coordonnateur du Regroupement Information logement (RIL) de Pointe-Saint-Charles, avant de préciser qu'à Pointe-Saint-Charles, seulement sur la liste locale de requérantes et requérants pour une coopérative ou un organisme sans but lucratif d'habitation, il y a 965 ménages en attente.

Le POPIR-Comité logement a parlé de deux projets actuellement retardés ou menacés dans son secteur, dont l'organisme sans but lucratif (OSBL) ACHIM à Ville-Émard-Côte-Saint-Paul. « C'est un projet de 113 unités pour les familles et les personnes seules très attendues dans un secteur où aucun logement social n'a été développé depuis 10 ans », explique Ines Benessaiah, organisatrice communautaire au POPIR. « Il n'a pas été retenu dans le PHAQ, et il n'y a aucune unité de disponible dans AccèsLogis ». Le PHAQ est le Programme d'habitation abordable Québec mis sur pied par le gouvernement Legault au printemps 2022. Ce programme lui permet de verser des subventions aux promoteurs privés pour construire des logements « abordables ». C'est une privatisation de l'aide au logement. Rien à voir avec assurer à toutes et à tous un logement décent et abordable.

Depuis le début du premier mandat du gouvernement Legault, en 2018, à peine 5 000 unités ont été construits en 4 ans, dont quelques 2 500 à Montréal. Le rapport annuel de gestion de la SHQ fait mention de seulement 527 logements réalisés avec AccèsLogis Québec et AccèsLogis Montréal, en 2021-2022. Quand aux 1 700 unités financées avec le nouveau Programme d'habitation abordable Québec (PHAQ), elles sont déjà attribuées et il y en a seulement 434 à Montréal, très loin du 40 % des unités réservées à la métropole dans AccèsLogis. Le rapport annuel de 2021-2022 du Tribunal administratif du logement confirme que le nombre de causes de non-paiement de loyers est en hausse; le dernier Bilan-faim confirme l'accroissement des demandes d'aide alimentaires aussi. « Les chèques sporadiques du gouvernement, les banques alimentaires et la guignolée ne peuvent pas remplacer le filet social; un financement adéquat des programmes sociaux, comme le logement social, est indispensable », martèle Catherine Lussier, organisatrice communautaire responsable des dossiers montréalais au FRAPRU.

Les membres du regroupement pour le droit au logement interpellent maintenant les ministres responsables de l'Habitation et de la Métropole pour que ce dossier devienne une véritable priorité en vue du prochain budget. Le FRAPRU demande le financement d'un chantier de 50 000 logements sociaux en 5 ans, développés par des coopératives, des OSBL et des offices d'habitation, dont 22 500 à Montréal. Le regroupement demande que cela soit fait par le biais de constructions neuves, pour lutter contre la pénurie, mais aussi par l'achat, puis la rénovation d'immeubles existants, transférés à des propriétaires sans but lucratif pour sortir des logements locatifs encore abordables du marché spéculatif.

Jusqu'à la mi-février 2023, le FRAPRU sillonnera les routes du Québec afin de rendre visibles les besoins dans les différentes régions et les projets de logements sociaux nécessaires pour y répondre. À l'approche du budget, le char sera déposé devant l'Assemblée nationale, à Québec, lors d'une manifestation qui se tiendra le 16 février.

En février 2022, des actions avaient été organisées dans plusieurs villes du Québec pour exiger que le gouvernement Legault investisse dans le logement social. Les manifestants avaient exigé que le gouvernement du Québec cesse d'être l'instrument du diktat des intérêts privés au détriment du droit et du besoin urgent en logement des Québécoises et des Québécois, en particulier de logement social qui répond à leurs besoins et ne fonctionne pas sur la base du profit privé étroit.


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Volume 52 Numéro 78 - 20 décembre 2022

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