Entrevue

– Simon Lévesque, responsable de la santé et de la
sécurité à la FTQ-Construction –

Forum ouvrier : Dans ton intervention au rassemblement, tu as dit qu'essentiellement, ce n'est pas sur la question de la formation des représentants en santé et sécurité (RSS) que les employeurs s'opposent mais qu'ils s'opposent aux RSS en soi. Peux-tu nous en dire plus ?

Simon Lévesque : Le plus gros changement qui va entrer en vigueur le 1er janvier sur les chantiers de construction, ce sont les RSS à temps plein ou à temps partiel qui vont être à pied d'oeuvre sur l'ensemble des chantiers de construction. Cela fait 40 ans que la Loi sur la santé et la sécurité du travail prévoyait des RSS sur les chantiers de construction parmi les mécanismes de prévention de la loi mais ces mécanismes n'ont pas été promulgués dans la construction. Nous avons réussi, en luttant pour eux, à obtenir des RSS sur les plus gros chantiers.

Les représentants en santé et sécurité sont nommés par les travailleurs. Les travailleurs sont capables d'identifier les situations dangereuses qui existent sur les chantiers, cependant il existe un gros problème pour le faire. Le problème, c'est que les travailleurs de la construction ne sont pas libres de dénoncer ces situations dangereuses ni même de proposer des correctifs parce qu'il n'y a pas de sécurité d'emploi dans la construction. Au lieu de régler les situations dangereuses, les employeurs tendent à se débarrasser des travailleurs.

Par contre, les employeurs ne peuvent pas mettre les RSS dehors parce qu'ils exercent leurs fonctions et que leurs fonctions sont précisées dans la loi. Donc, le travail des RSS facilite la prise de parole de la part des travailleurs.

Les employeurs font beaucoup d'obstruction à l'entrée en fonction des RSS le 1er janvier. Ils ont demandé au gouvernement de la repousser d'un an. Ils disent qu'ils ne sont pas prêts, que l'industrie n'est pas prête. Mais nous, nous sommes prêts.

Dans les médias, ils utilisent le prétexte de la formation des RSS pour faire leur obstruction. Ils utilisent le fait que, par règlement, il va y avoir des formations pour les mécanismes de prévention qui vont entrer en vigueur en 2024, formulées par la CNESST. Mais l'entrée en vigueur des mécanismes eux-mêmes, dont les RSS, est prévue pour le 1er janvier 2013. En ce qui concerne les RSS qui existent déjà depuis une douzaine d'années sur les plus gros chantiers, les chantiers de 500 travailleurs et plus, nous les avons formés. Nous allons le faire pour les autres chantiers. Nous allons les former jusqu'à temps que la formation soit déterminée par la CNESST en 2024. Nous allons commenter cette formation à ce moment-là et nous allons nous-mêmes continuer à les former après qu'ils auront suivi la formation obligatoire de la CNESST.

Il faut comprendre que, sans les RSS, les employeurs peuvent contrôler les autres mécanismes comme les comités de chantier. Par exemple, c'est difficile de même faire le suivi de ce qui a été discuté par les comités de chantier, pour voir si on a fait les changements nécessaires, parce qu'on n'a pas de personne à temps plein pour le faire.

Le travail du RSS est central pour que la prévention se fasse sur les chantiers.


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Volume 52 Numéro 78 - 20 décembre 2022

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