Le gouvernement de Marcos fils continue de commettre des crimes contre le peuple


Manille, les Philippines, le 10 décembre 2022

Depuis son arrivée au pouvoir le 30 juin suite à des élections truquées, le gouvernement du président Ferdinand « Bongbong » Marcos fils, avec l'appui des États-Unis, a intensifié son offensive antisociale contre les Philippins[1]. Ainsi, le nouveau président emboîte le pas au gouvernement précédent tant détesté et discrédité de Rodrigo Duterte.

Il a mené entre autres des campagnes de « contre-espionnage » influencées par l'armée américaine contre les personnes soupçonnées d'être communistes, contre les défenseurs des droits humains, les leaders paysans, les activistes étudiants et d'autres, invoquant la Loi anti-terroriste de 2020 et son Conseil antiterroriste composé de militaires et d'agents de la sécurité et ciblant quiconque est opposé au régime. En juin, Luis Jalandoni, un activiste des droits humains réputé et ancien membre du Front démocratique national des Philippines (FDNP), a été accusé de « terrorisme » en vertu de cette loi antiterroriste. Depuis plusieurs années déjà, le FDNP entretient de façon sporadique des pourparlers de paix avec le gouvernement philippin.

Plus récemment, la ville de Himamaylan à Negros, où la résistance du peuple est forte, 15 000 personnes ont été délogées par un siège militaire comprenant des frappes et des mitraillages au sol contre la population civile et l'arrestation et la torture de sept dirigeants agricoles. Les activistes des droits humains continuent d'être traqués et menacés pour leurs dénonciations du gouvernement Marcos fils.

Cristina Palabay, du groupe des droits humains philippins Karapatan, affirme que, suite à la campagne contre-insurrectionnelle de Ferdinand Marcos fils, son organisation a documenté au moins 17 cas d'exécutions sommaires ainsi que quatre autres incidents de violence où les victimes ont survécu. Elle a aussi rapporté que le nombre de prisonniers politiques détenus aux Philippines continue d'augmenter, avec 828 personnes détenues depuis le 30 novembre. Au moins 25 d'entre elles ont été détenues dès que Marcos fils a accédé au pouvoir à la fin de juin.

Le président Ferdinand Marcos fils a déclaré que les Philippines ne seront plus membres de la Cour pénale internationale (CPI). L'ancien président Rodrigo Duterte avait retiré son pays de la CPI en réponse à une enquête lancée par le tribunal pour faire la lumière sur les plus de 6 000 exécutions sommaires perpétrées dans le cadre de « la lutte contre les stupéfiants » notoire de Rodrigo Duterte. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a exhorté l'administration Marcos à répondre des exécutions sommaires et des violations des droits, mais le gouvernement philippin a nié qu'il existe une culture de l'impunité.

Le 10 décembre, Journée internationale des droits de l'homme, des manifestations ont eu lieu à Manille pour dénoncer le nombre grandissant de violations des droits humains sous la nouvelle administration de Ferdinand Marcos fils. À cette occasion, Karapatan a affirmé : « Le peuple philippin se battra sans relâche pour tenir le gouvernement responsable de ses violations de leurs droits civils et politiques et défendra ses idéaux démocratiques et les droits humains, peu importe les nombreux défis et les menaces qui se poursuivent. »

Note

1. Lors des élections aux Philippines en mai de cette année, le cabinet-conseil international Cambridge Analytica a été embauché par Marcos dans le cadre de sa campagne pour justifier le passé brutal du régime de Ferdinand Marcos père, qui a décrété la loi martiale et gouverné les Philippines avec une main de fer de 1972 à 1986. La firme a réussi à faire supprimer des témoignages défavorables à la dictature Marcos dans les médias sociaux afin de se gagner la faveur des jeunes électeurs. Le groupe d'observation Investigate Philippines, composé de soixante défenseurs des droits internationaux, dont certains du Canada, ont rapporté qu'il y avait eu « de l'intimidation aux urnes, des erreurs dans le système électronique de comptabilisation des votes, de la mésinformation, des listes noires et des menaces, et même des exécutions » pendant les élections, remettant en cause la légitimité des résultats électoraux.

(Bulatlat.com, Karapatan, Rappler. Photos : ILSP)


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Volume 52 Numéro 77 - 19 décembre 2022

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