Les syndicats de la santé exigent l'application immédiate de solutions à la crise des soins de santé

Le 24 novembre, les cinq plus grands syndicats de la santé de l'Ontario ont tenu une conférence de presse conjointe au cours de laquelle ils ont lancé un nouvel appel au premier ministre Doug Ford et à la ministre de la Santé Sylvia Jones pour qu'ils prennent des mesures immédiates afin de remédier à la situation de pénurie de personnel, d'infirmières et d'autres travailleurs de la santé épuisés, et de la fermeture de salles d'urgence et des autres services dans toute la province.

Les syndicats sont l'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario (AIIO), le Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario, le Syndicat canadien de la fonction publique (CSHO-SCFP), le Syndicat des employées et employés de la fonction publique de l'Ontario (SEFPO), l'Union internationale des employés des services- division des soins infirmiers et Unifor.

Les actions immédiates que les syndicats réclament pour résoudre la crise des soins de santé sont :

- Respectez le personnel : annulez la loi 124 et laissez la négociation collective déterminer les salaires afin de stabiliser la dotation.

- Augmentez la dotation en première ligne : offrez des incitatifs réactifs à la main-d'oeuvre actuelle et des incitatifs au retour au travail aux gens qui sont partis.

- Soulagez la pression administrative : embauchez du personnel de soutien hospitalier.

- Investissez dans les gens, pas dans le profit : limitez le recours aux agences de placement privées.

- Pas de privatisation : engagez-vous à investir tous les nouveaux fonds dans les hôpitaux publics.

Dans leur déclaration commune, les syndicats demandent au premier ministre de les rencontrer pour discuter « d'une stratégie de rétention du personnel significative, cohérente et musclée » et soulignent que, sous la direction du premier ministre, le système de santé a été déstabilisé ; le roulement du personnel y atteint presque 15 %. Les hôpitaux de l'Ontario, disent-ils, doivent embaucher 47 000 personnes. Lors de la conférence de presse, les syndicats ont averti « qu'après plusieurs années de négligence, de sous-financement et d'incapacité à accroître les effectifs, le système de santé ploie sous le poids de graves pénuries de personnel, de surpopulation, du manque de capacité de pointe, de la propagation de la COVID-19 et d'une forte et précoce recrudescence de la grippe et d'autres maladies respiratoires ».

Le communiqué de la conférence de presse indique que : « En octobre, les cinq syndicats ont demandé une réunion urgente avec le premier ministre Ford et la ministre de la Santé Jones pour tenter de trouver des solutions axées sur la première ligne. Après des semaines sans réponse, ils affirment que Doug Ford ignore ouvertement le personnel de première ligne, les patientes et les patients. En fait, le premier ministre pousse sciemment le système de santé vers l'effondrement en en faisant le moins possible pour le soutenir. » Et ce, alors que la province affiche un excédent budgétaire de deux milliards de dollars, « sans compter les milliards de plus en fonds de prévoyance non dépensés et en revenus supplémentaires ». Ils estiment qu'il en coûterait deux milliards de dollars pour hisser l'Ontario du fond du classement en termes de dotation en personnel hospitalier à la moyenne canadienne.

La déclaration met l'accent sur la crainte que Doug Ford utilise la crise pour mener à bien son programme de privatisation et prévient que « les soins de santé à deux vitesses ne feront qu'aggraver la pénurie de personnel, le temps d'attente et les résultats pour les patients et patientes, puisqu'ils se disputeront un trop petit bassin de personnel qualifié, alors que le système public sera désavantagé par la faiblesse de ses salaires ».

Les travailleurs de la santé, leurs syndicats et les organismes communautaires de toute la province rendent publiques leurs demandes et leurs solutions afin de mobiliser l'opinion publique pour faire pression sur le gouvernement Ford pour qu'il investisse dans les soins de santé publique, traite les travailleurs de la santé avec dignité et respect et applique les solutions qu'ils ont proposées.


Une manifestation de travailleurs de la santé à Stouffville, le 2 décembre 2022, exige que le gouvernement Ford ne fasse pas appel de la décision du tribunal d'annuler la loi 124.  
  

Les dirigeants syndicaux sur la crise des soins
de santé en Ontario

Voici des extraits de ce qui a été dit lors de la conférence de presse du 24 novembre :

Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario (CSHO-SCFP) :

« La ministre de la Santé affirme que la fermeture de 80 salles d'urgence au cours de l'été et que les énormes pressions que subissent actuellement les hôpitaux pédiatriques ne sont pas des crises mais des événements planifiés. D'un côté, qui planifierait de telles défaillances du système ? Et de l'autre, nous savons que ce gouvernement se sert de la faiblesse actuelle du système hospitalier public contre lui pour privatiser les retards d'interventions chirurgicales et de diagnostics. Que la ministre n'ait pas présenté de plan pour répondre à la crise de dotation en personnel dans les hôpitaux est profondément troublant. »

Angela Preocanin, infirmière autorisée et première vice-présidente de l'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario (AIIO) :

« Nous voulons que les gens se rappellent qu'ils ont une voix, qu'ils ont du pouvoir et qu'ils peuvent se rallier à ceux d'entre nous qui offrent des soins pour exiger des mesures et un plan réel à ce gouvernement. Laisser les patients pédiatriques et adultes souffrir alors que le gouvernement affirme ne pas avoir d'argent pour rétablir la dotation en personnel de notre système de santé public alors qu'il dispose de milliards de dollars en fonds inutilisés pour les soins de santé est obscène. Les gens doivent exiger que le gouvernement finance les soins dont ils ont besoin et qu'ils méritent. Nous demandons au gouvernement de travailler avec nous pour trouver des solutions – pour le bien des Ontariens immédiatement. »

JP Hornick, président du Syndicat des employées et employés de la fonction publique de l'Ontario (SEFPO/OPSEU) :

« Après des années de choix politiques qui ont créé un sous-financement et une pénurie de personnel dans le système de santé de l'Ontario, les patients, leurs familles et les travailleurs de l'arc complet des soins aux patients souffrent des répercussions. Des salles d'urgence ferment, des appareils d'IRM et des tomodensitomètres ferment et les soins aux patients en souffrent – tout ça en raison d'un manque de personnel. Les travailleurs de première ligne ont des solutions ; nous savons également ce que notre solidarité peut accomplir – lorsque les travailleurs, leurs syndicats et les collectivités dont ils font partie s'unissent dans une vision et un but communs, nous obtenons gain de cause. Dans la lutte pour sauver nos hôpitaux publics – et contre la prestation à but lucratif à l'américaine – nous ne reculerons pas. »

Jackie Walker, présidente de la Division des soins infirmiers du SEIU Healthcare :

« Personne n'est satisfait d'un plan des conservateurs qui contribue objectivement à aggraver les répercussions dans l'ensemble du système de santé de l'Ontario. Ce n'est pas le plan des travailleurs qui connaît des ratés. Ce que nous constatons c'est le plan défaillant de Doug Ford. Encore une fois, nous apportons des solutions pratiques au premier ministre provenant des premières lignes pour régler la crise des soins. Le gouvernement provincial peut choisir notre nouveau plan éclairé provenant des travailleurs de la santé eux-mêmes ou il peut importer un programme de privatisation à l'américaine où les patients attendent plus longtemps afin que des intérêts privés puissent bénéficier davantage, en refusant aux patients ayant des conditions préexistantes un accès à des soins universels, comme à l'Hôpital Shouldice. Doug Ford avait promis de protéger la Ceinture de verdure, maintenant il la pave. Doug Ford avait promis un accès à l'Assurance-santé de l'Ontario, puis a forcé les aînés à se servir de leur carte de crédit pour obtenir un lit d'hôpital. Quelle est la prochaine étape ? »

Naureen Rizvi, directrice régionale d'Unifor de l'Ontario :

« La pandémie est encore difficile pour les Ontariens, avec de longs temps d'attente aux urgences, des hôpitaux bondés et des retards de chirurgies et de procédures. Entre-temps, les travailleurs de la santé sont épuisés et les pénuries de personnel continuent d'être un fléau dans notre système. Le système de santé est sous respirateur artificiel, pourtant ce gouvernement reste les bras croisés sans aucune intention de régler les problèmes. Le plan de Doug Ford est plutôt de laisser le système s'effondrer et d'encourager de plus en plus de prestataires privés à but lucratif à offrir les services. »

(Photos: OCHU, AIIO, SIEU)      


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Volume 52 Numéro 76 - 16 décembre 2022

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