Lettre ouverte de Travailleurs unis du rail au Congrès et au président

Cher président Biden, chers leaders démocrates Pelosi et Schumer, leaders républicains McConnell et McCarthy, et tous les membres du Congrès des États-Unis :

Nous vous faisons parvenir cette lettre pour vous exhorter à abroger et rejeter la proposition du président Biden au Congrès visant à forcer les transporteurs ferroviaires et les travailleurs du rail à accepter une convention collective qui a été rejetée par quatre des douze syndicats du rail. Ces quatre syndicats constituent la majorité des travailleurs du transport ferroviaire de fret du pays. En imposant une convention collective que la majorité des membres de la base des syndicats ont déclaré complètement insatisfaisante, le président Biden et le Congrès iraient à l'encontre de la volonté démocratique exprimée par les travailleurs du rail.

Quoique l'entente de principe prévoit d'importantes augmentations salariales, les travailleurs des chemins de fer ont indiqué, clairement et de façon soutenue, que leur lutte n'est pas – en dehors du travail.

L'industrie du transport ferroviaire de fret est organisée comme un oligopole non-concurrentiel qui est dominé par sept transporteurs ferroviaires et fonctionne aux ordres de Wall Street, ayant comme priorité la maximisation des profits des dirigeants et des actionnaires du rail, même si cela met en péril le grand public et cause des dommages irréparables à la chaîne d'approvisionnement. Au cours des dernières décennies, l'industrie ferroviaire a adopté le modèle de transport ferroviaire de précision (TFP), qui a bénéficié aux investisseurs au détriment des travailleurs du rail et du grand public. Tel qu'indiqué dans le rapport du Conseil présidentiel d'urgence numéro 250, le modèle TFP a fait en sorte que les compagnies ferroviaires ont réduit leur main-d'oeuvre de près de 30 % en six ans, mis en place des modèles d'assiduité qui poussent les travailleurs à travailler jusqu'à l'épuisement, et réduit les procédures de sécurité et de contrôle dans le but de réduire les coûts et d'augmenter les profits.

En fait, l'industrie ferroviaire est l'industrie la plus rentable au pays. Cependant, les milliards de dollars de profits ont un prix, soit des travailleurs du rail qui sont sur appel pratiquement 24 heures par jour, 7 jours par semaine, sans pouvoir recevoir des soins de santé réguliers, sans pouvoir assister au décès de leurs êtres chers ou à la naissance de leurs enfants, tandis que d'autres meurent par centaines dans des accidents de travail. Cela affecte également le grand public car le TFP a créé une situation où il n'y a pas assez de cheminots actifs pour répondre à la demande à laquelle l'industrie ferroviaire est confrontée, ce qui en fait une cause directe de la crise actuelle de la chaîne d'approvisionnement et un facteur clé de l'inflation.

La revendication centrale des travailleurs du rail est l'augmentation des congés de maladie, ce qui est totalement absent de l'entente de principe. C'est pour cela que les travailleurs sont prêts à faire la grève. Les travailleurs du rail sont sans convention collective depuis trois ans, tentant de résoudre ces problèmes sans succès et sans appui de la part du Congrès et de la présidence. L'urgence d'agir n'est apparue que suite à la demande des grandes entreprises et non à celle des travailleurs.

Après qu'une coalition de plus de 400 groupes d'entreprises ont envoyé une lettre lundi [le 28 novembre] au Congrès pour exiger une action immédiate pour empêcher une grève du rail, l'administration du président Biden a agi rapidement, exhortant les membres du Congrès à agir à outrepasser la volonté des travailleurs du rail, à enchâsser l'entente de principe dans la loi et à forcer les travailleurs du rail à retourner au travail.

Le sénateur Bernie Sanders a gazouillé qu'il « bloquera toute étude du projet de loi ferroviaire jusqu'à la tenue d'un vote par appel nominal sur la question de garantir 7 jours de congés de maladie aux travailleurs du rail des États-Unis ». Nous saluons cet effort mais nous tenons aussi à souligner que les travailleurs du rail se battent pour 15 jours de congés de maladie et que les États-Unis sont le seul pays du monde développé qui ne garantit pas des congés de maladie payés. La menace d'une grève ferroviaire, qui paralyserait l'économie américaine si elle était mise à exécution, a offert à tous les travailleurs du pays l'occasion d'affirmer leur solidarité avec les travailleurs du rail et d'exiger qu'ils obtiennent ce qu'ils méritent, le droit de vivre dans la dignité.

Pendant que les travailleurs du rail sont pris dans une impasse, près de 50 000 travailleurs étudiants diplômés du système de l'Université de Californie sont en grève pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, leur principale revendication étant une clause d'indemnité de vie chère (COLA). Des milliers de travailleurs de Starbucks et d'Amazon, qui sont maintenant syndiqués et qui négocient présentement une convention collective, se sont joints à eux, sans oublier les travailleurs unis du charbon de Warrior Met Coal qui sont en grève depuis 19 mois, les milliers de locataires qui ont créé un syndicat de locataires et qui luttent pour de meilleures conditions de logement, les infirmières et les enseignantes et enseignants et divers secteurs de la classe ouvrière du pays qui mènent tous la même lutte, sous des formes différentes, pour un monde meilleur.

Alors que les membres du Congrès débattent les amendements à l'entente de principe pour éviter une grève du rail, nous exhortons le Congrès et le président à saisir cette occasion historique pour investir de pouvoir tous les travailleurs. Par conséquent, nous exhortons le Congrès à adopter les revendications suivantes :

Mettre les chemins de fer sous propriété publique : pour régler la crise actuelle de la chaîne d'approvisionnement, le Congrès doit prendre le contrôle de l'infrastructure ferroviaire comme cela se fait à l'échelle mondiale et doit la faire fonctionner dans l'intérêt public.

Des congés de maladie et familiaux universels : les États-Unis sont le seul pays développé à ne pas garantir de congés payés. Nos membres du Congrès jouissent du privilège d'avoir des congés de maladie et familiaux et ceux-ci doivent être accordés à tous les travailleurs.

Adoptez la Loi protégeant le droit d'organiser (PRO Act) et financez le Bureau national des relations de travail (NLRB) : le Congrès doit intervenir et garantir que le droit d'organiser de la classe ouvrière soit protégé en adoptant le PRO Act et en faisant en sorte que le NLRB est financé de manière adéquate pour répondre à la hausse accrue de la syndicalisation

Cordialement,
Les Travailleurs unis du rail

(30 novembre 2022. Traduction de l'anglais par LML)


Cet article est paru dans
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Volume 52 Numéro 75 - 15 décembre 2022

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