Une corruption inhérente à la politique des partis cartellisés

Le projet de loi 39, Loi de 2022 visant à améliorer la gouvernance municipale, a été présenté moins d'un mois après la tenue, le 24 octobre, des élections municipales en Ontario. Au cours des élections provinciales, le gouvernement Ford n'a jamais fait allusion aux changements proposés mais voilà que son gouvernement y va à fond de train pour s'accorder le pouvoir de dicter les affaires des municipalités, dont les maires de certains conseils municipaux représentent des partis rivaux. L'essentiel de la loi touche à l'immobilier, permettant au premier ministre de couper l'herbe sous les pieds de ses adversaires politiques, et de mettre leurs allégeances à l'épreuve. C'est inacceptable et pue les ententes à huis clos et la corruption politique des partis cartellisés.

Par exemple, l'une des villes les plus importantes dans la région de Peel est Vaughan, et c'est l'ancien chef du Parti libéral de l'Ontario, Steven Del Duca, qui vient d'en être élu maire. Le maire de Brampton, la deuxième ville en importance de la région de Peel, est Patrick Brown, l'ancien chef du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario avant qu'on ne se soit débarrassé de lui en fomentant un coup au sein de ce parti pour le remplacer par Ford. La mairesse de Mississauga est Bonnie Crombie, une ancienne députée libérale pour Mississauga-Streetsville qui serait, selon certains, dans la course à la direction des libéraux en Ontario.

En même temps, certains tiennent un double discours pour justifier cette législation antidémocratique qui accorde au premier ministre de nouveaux pouvoirs de police pour déterminer ce que les municipalités peuvent ou ne peuvent pas faire.

Le ministre des Affaires municipales et du Logement de l'Ontario, Steve Clark, a dit que « les changements proposés viennent appuyer notre plan audacieux et transformateur visant à bâtir 1,5 millions de maisons dans les prochaines dix années ».

Le maire de Toronto, John Tory, a dit qu'il avait « soulevé la nécessité de ce changement avec la province pour assurer que les logements puissent être construits le plus rapidement possible ». Un porte-parole du bureau de Tory a fait preuve d'un peu de retenu en déclarant que « toute application de la mesure proposée serait sûrement très rare et sera toujours précédée d'un rapport du personnel municipal et il [le maire] tentera toujours, sans exception, d'en arriver à un consensus au sein des conseils municipaux ».

Les excuses comme quoi l'objectif est de bâtir plus de maisons ne fait que mettre en lumière l'essence antidémocratique de ces mesures qui réduisent le rôle des élus à celui d'observateurs et d'instances consultatives qu'on peut balayer du revers de la main lorsqu'ils refusent d'acquiescer à ce que la province déclare est la voie à suivre pour la municipalité.

Le conseiller de Toronto, Josh Matlow, a dit des articles du projet de loi qui facilitent les changements de zonage à proximité des stations de transport en commun qu'ils sont « foncièrement absurdes ». « Premièrement, le conseil municipal a déjà approuvé une plus grande densité urbaine à proximité des principales zones de stations de transport en commun conformément à la directive provinciale de l'année dernière », a dit Matlow. « Deuxièmement, la province a déjà toute l'autorité voulue pour changer les zonages dans la ville de Toronto en vertu de la Loi sur l'aménagement du territoire. Si l'intention de Doug Ford est de bâtir des logements, il peut très bien le faire sans le projet de loi 39. »


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Volume 52 Numéro 72 - 8 décembre 2022

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