À titre d'information

Partenariat de plusieurs millions de dollars entre Hydro-Québec et l'armée américaine

Un article paru récemment dans le Journal de Montréal informe que dès 2016, Hydro-Québec et le U.S. Army Research Laboratory (ARL) travaillaient ensemble pour développer un nouveau modèle de batterie rechargeable au lithium-ion qui aurait des applications tant civiles que militaires.

Le 29 juin 2018, Hydro-Québec a publié un communiqué de presse concernant ce qu'il a appelé « une percée dans le domaine des matériaux pour les batteries au lithium-ion » par les chercheurs d'Hydro-Québec et de l'ARL. Selon le communiqué, les chercheurs « ont réussi une première mondiale : fabriquer une batterie au lithium-ion de 1,2 ampère-heure ayant une tension de 5 volts », une batterie rechargeable composée principalement de lithium, de cobalt et de phosphate.

La recherche s'inscrit dans le cadre d'un contrat de 8 millions de dollars américains entre Hydro-Québec et le U.S. Army Research Laboratory (ARL) qui s'étendait de février 2016 à novembre 2020 et dont les partenaires ont partagé les coûts à parts égales. Le directeur général du Centre d'excellence en électrification des transports et en stockage d'énergie d'Hydro-Québec à l'époque, Karim Zaghib, a déclaré ce qui suit au sujet de cette percée :« La tension élevée de cette nouvelle batterie nous permet d'atteindre une énergie massique très élevée. C'est une propriété qui est très en demande et qui peut améliorer les batteries ciblant une foule d'applications ».

Le site web de l'ARL, sous la rubrique « Qui nous sommes », indique ce qui suit : « Le laboratoire de recherche de l'armée de terre de l'U.S. Army Combat Capabilities Development Command (DEVCOM) est stratégiquement placé sous le Army Futures Command en tant que seul laboratoire de recherche fondamental de l'armée axé sur la découverte scientifique de pointe, l'innovation technologique et la transition des produits de la connaissance qui offrent un potentiel incroyable pour améliorer les chances de l'armée de survivre à et de gagner tout conflit futur. »

Et sous la rubrique « Collaborez avec nous », l'ARL mentionne que « les avancées révolutionnaires en science et technologie au DEVCOM Army Research Laboratory sont rendues possibles par des collaborations importantes entre les chercheurs de l'armée et les membres de l'écosystème scientifique et technologique plus large. Afin de résoudre les défis les plus difficiles de l'armée, nous invitons les coéquipiers potentiels de l'industrie privée, du milieu universitaire et d'autres domaines dans le monde entier à explorer les nouvelles frontières de la modernisation de l'armée avec nos experts en la matière hautement expérimentés. »

Le type de recherche promu par l'armée américaine, comme le montre l'exemple de ce partenariat entre Hydro-Québec et l'ARL, s'inscrit dans la lignée de ce que les impérialistes américains ont en tête lorsqu'il s'agit de fabriquer des armes et des équipements militaires qui utilisent largement les batteries rechargeables au lithium-ion et d'autres minéraux critiques à la « sécurité nationale » des États-Unis, dans le cadre de leur quête d'hégémonie mondiale.


Communiqué de presse 2018
d'Hydro-Québec (cliquez pour agrandir)

Dans un article intitulé « Viewpoint : Offshore Battery Production Poses Problems for Military » paru dans le numéro de novembre 2018 du magazine américain National Defense, Marc D. Gietter, ingénieur industriel retraité de la branche des abris tactiques du Commandement des communications et de l'électronique de l'armée américaine (CECOM), explique :

« Les piles au lithium — qu'elles soient rechargeables ou non — sont devenues omniprésentes dans presque tous les systèmes d'armes utilisés par le département de la Défense. Bien qu'elles soient un consommateur relativement faible de technologies de batteries au lithium par rapport au marché commercial, l'importance de ces technologies ne peut être sous-estimée.

« Presque toutes les pièces d'équipement électronique portatif essentielles au succès des combattants américains sur le champ de bataille sont alimentées par une forme de batterie au lithium. La dépendance à leur égard devrait croître de manière exponentielle avec la prochaine génération d'armes — comme les nouveaux véhicules terrestres tactiques, les systèmes sans pilote et les armes à énergie dirigée — conçue autour de la haute densité énergétique et du faible poids d'une technologie de batterie au lithium[1]. »


Les intentions derrière une « économie verte »

Invité à commenter le partenariat entre la société d'État québécoise de l'énergie et l'armée américaine, Daniel Breton, président et chef de la direction de Mobilité électrique Canada, une association à but non lucratif « vouée exclusivement à la promotion de l'électromobilité », a déclaré ce qui suit : « Le plus gros consommateur de pétrole institutionnel au monde, c'est l'armée américaine. Ils veulent trouver une façon de réduire leur dépendance au pétrole. Ils sont conscients que les événements les plus perturbateurs des prochaines décennies seront les enjeux liés aux changements climatiques. »

En d'autres mots, il est acceptable pour les États-Unis de continuer à instiguer des guerres d'agression et d'occupation, à financer des guerres par procuration et des coups d'État qui créeront encore plus de destruction, de chaos, de crises humanitaires de réfugiés, etc. en tant qu'« événements les plus perturbateurs » , tant que cela se fait dans le cadre d'une économie « plus verte ».

Les Québécois et les Canadiens ne souscrivent pas à une telle vision qui désinforme sur les véritables enjeux de la lutte pour un avenir radieux pour eux-mêmes et pour toute l'humanité. Plus précisément, ils rejettent cette notion selon laquelle une économie « verte » signifie que les économies du Québec et du Canada doivent être intégrées à la machine de guerre des États-Unis.

Note

1. Voir « Joignez-vous à la grève mondiale pour le climat ! Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour résoudre la crise climatique », Le Renouveau, 24 septembre 2021.

(Avec des informations de Le Renouveau, Hydro-Québec, ARL, National Defense et Journal de Montréal)


Cet article est paru dans
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Volume 52 Numéro 67 - 2 décembre 2022

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