L'ordre du jour antinational du gouvernement Legault

Hydro-Québec - un « fleuron québécois » en perdition

– Fernand Deschamps –

Le jour où Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie du gouvernement Legault, a été assermenté comme ministre, il a déclaré qu'au Québec, « nous consommons beaucoup trop d'électricité, comme résidents ». Les Québécois sont en droit de se demander pourquoi il dit cela alors qu'il ne manque pas d'électricité au Québec pour laquelle, en tant que résidents, on leur fait payer toujours plus cher.

Dans une lettre parue dans Le Devoir, une conseillère budgétaire à l'Association coopérative d'économie familiale (ACEF) du Nord de Montréal a réagi à cette déclaration du ministre Fitzgibbon. Elle rappelle dans sa lettre comment l'énergie est essentielle dans la vie quotidienne pour se chauffer, manger, se laver, être en bonne santé, travailler et étudier. Elle remet en question le plan du gouvernement Legault de donner priorité aux entreprises énergivores.

Et c'est précisément là que l'on peut voir ce qui en est véritablement du programme du gouvernement Legault pour une économie plus verte. L'auteure de la lettre soulève à juste titre la question du changement de vocation d'Hydro-Québec, car on a toujours dit aux Québécois que la nationalisation des entreprises privées d'électricité, il y a 60 ans de cela, a été faite dans le but d'être « Maîtres chez nous ». Ce n'est vraiment plus le cas comme on peut le constater notamment en matière d'énergie électrique. Hydro-Québec s'en va à la dérive à cause des stratagèmes pour payer les riches des gouvernements qui se sont succédé depuis le début des années 1990, lorsque le néolibéralisme a orienté l'économie au détriment du peuple, de la société et de l'édification nationale.

Dans le discours fait par François Legault lors de l'assermentation des ministres de son cabinet le 20 octobre dernier, il a annoncé la mise sur pied d'un « Comité sur l'économie et la transition énergétique » qui va encore plus concentrer ce pouvoir décisionnel entre les mains du Cabinet où règnent les grands intérêts privés étroits.

Ces grands intérêts privés sont représentés au sein même des réunions d'Hydro-Québec par des firmes privées telles que le cabinet-conseil McKinsey. Sylvain Audette, membre associé à la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de l'École des hautes études commerciales (HEC) de Montréal avait ceci à dire à propos de la présence de ce puissant cabinet-conseil américain dans les réunions d'Hydro-Québec : « Ces consultants, même s'ils signent une clause de confidentialité, s'ils font un mandat pour un autre [client], leur cerveau n'est pas effacé. » Lors de réunions auxquelles les consultants participent, ils « peuvent avoir accès à des informations qui ne sont pas nécessairement couvertes par les ententes de confidentialité », a-t-il expliqué.

Il faut garder à l'esprit que, de manière alarmante, ce sont les agences de renseignement et la machine de guerre des États-Unis qui mènent la barque en tant que partie intégrante de ces intérêts privés étroits. Alors que toutes les infrastructures et installations doivent être modernisées à la suite des développements de la révolution technique et scientifique et qu'il est urgent de mettre fin à l'utilisation des combustibles fossiles, la question fondamentale reste de savoir à qui sert l'économie. Vendre les ressources naturelles et humaines du pays et les mettre à la disposition de la machine de guerre des États-Unis au nom de « l'écologisation de l'économie » est vraiment cynique. Les Québécois n'accepteront pas ce genre de « nationalisme » de la part d'aucun gouvernement, quelle que soit sa couleur politique.


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Volume 52 Numéro 67 - 2 décembre 2022

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