La signification des résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis

Les Américains demeurent en colère et mécontents mais engagent différentes initiatives

– Voice of Revolution –


Manifestation antiguerre à Minneapolis, au Minnesota, le 15 octobre 2022

Une des grandes caractéristiques du résultat des élections de mi-mandat aux États-Unis est que partout les Américains restent en colère et insatisfaits de la direction du pays. Les élections n'ont rien fait pour apporter de l'espoir, des solutions unificatrices ou un sentiment de changement favorable au peuple.

La nature antidémocratique des élections de mi-mandat était également évidente dans le faible taux de participation, soit 47 %, soit moins de la moitié de la population malgré les déclarations à propos d'une participation « élevée ». Les élus ont généralement obtenu entre 25 et 30 % des suffrages exprimés. C'est particulièrement évident là où le décompte des voix a été très serré, et cela s'est produit à plusieurs endroits, avec parfois une différence de pourcentage de seulement un à trois.

Un sondage réalisé par CNN à la sortie des urnes, par exemple, montre que 73 % des électeurs étaient « mécontents de la façon dont les choses se passent » dans leur pays et que 34 % étaient en colère. Ce niveau de colère et d'insatisfaction est aussi probablement représentatif des 53 % de la population en âge de voter qui n'ont pas voté. Le sondage de sortie des urnes confirme d'autres sondages qui font état d'une grande majorité d'insatisfaits de la direction prise par le pays. Les Américains ont besoin d'une nouvelle direction prosociale, pas de la direction proguerre anti-peuple qu'on leur impose, et ils la réclament.



Grève des travailleurs de Starbucks à Kansas City (en haut) et à New York, deux des 111 grèves lors de la « Journée de la tasse rouge », le 17 novembre 2022

Les nombreuses grèves et luttes menées ces dernières années indiquent également la revendication d'une nouvelle direction. Cela inclut la grève des travailleurs de 111 magasins Starbucks la « Journée de la tasse rouge », le jour le plus achalandé pour Starbucks. Comme les travailleurs de la santé, les enseignants et bien d'autres, ils font grève pour obtenir une amélioration des salaires et une augmentation du personnel et exigent que Starbucks négocie avec leur syndicat, Starbucks Workers United. Les travailleurs du rail sont également sur le point de faire la grève (le 6 décembre), car quatre des principaux syndicats ont rejeté les propositions contractuelles qui ne répondent pas à leurs revendications concernant des conditions de travail sécuritaires, notamment en matière d'horaires et de jours de maladie payés.

Plus de 60 manifestations contre la guerre ont eu lieu dans des villes de tout le pays en octobre, notamment pour exiger que le gouvernement cesse de financer la guerre et qu'il finance les programmes qui subviennent aux besoins de la population. Les infirmières se sont également mobilisées et ont fait grève pour obtenir des conditions de travail sécuritaires, une augmentation du personnel et une norme fédérale qui réponde aux besoins des infirmières, du personnel, des patients et de leurs communautés.

Une autre indication de la direction réclamée par le peuple est donnée par les réponses aux questions inscrites sur le bulletin de vote dans les États. Pour arriver à faire inscrire des questions sur les bulletins de vote, il faut beaucoup d'organisation et de persévérance. Pour les pétitions, les exigences sont rigoureuses et varient d'un État à l'autre. La nature antidémocratique du système actuel fait que seuls 26 États autorisent des questions sur le bulletin de vote. Dans plusieurs États, les assemblées législatives ont agi de manière à ne pas permettre les questions sur le bulletin de vote. Sinon elles s'arrangent pour que les réponses aux questions ne soient pas contraignantes, et seuls dix-huit États permettent de modifier la constitution de l'État par le biais de questions ou de référendums.

Entre 1996 et 2022, 28 initiatives en faveur de l'augmentation du salaire minimum ont été inscrites sur les bulletins de vote des États, dont 26 ont été adoptées. Cette année, dans l'Illinois, les gens ont voté pour modifier la constitution de l'État afin de garantir le droit à la syndicalisation et à la négociation collective, un rejet clair des pressions antisyndicales comme chez Amazon et d'autres monopoles. Au Nebraska, les électeurs ont voté pour l'augmentation du salaire minimum de 9 à 15 dollars de l'heure d'ici 2026 en plus d'une augmentation annuelle en fonction du taux d'inflation. Beaucoup de travailleurs se sont battus pour cette augmentation, y compris environ 20 % des travailleurs de l'État.

Les Névadains ont voté pour étendre une augmentation du salaire minimum de 10,50 à 12 dollars de l'heure à presque tous les travailleurs. Le système actuel de salaire minimum à plusieurs niveaux, qui pénalise les travailleurs des entreprises offrant une assurance maladie, sera également supprimé. Les électeurs du district de Washington ont voté à une écrasante majorité en faveur d'une hausse de 300 % du salaire minimum pour les travailleurs à pourboire, qui passera de 5,35 dollars à 16,10 dollars de l'heure d'ici 2027, ce qui les mettra sur un pied d'égalité avec les autres travailleurs. À Tukwila, dans la banlieue de Seattle, 82 % des électeurs ont voté en faveur d'une augmentation du salaire minimum à 19 dollars de l'heure d'ici l'année prochaine, l'un des plus élevés du pays.

Le salaire minimum fédéral reste à un niveau inférieur au seuil de pauvreté, soit 7,25 dollars. Le revenu annuel d'une famille de quatre personnes se situe actuellement au niveau de la pauvreté, soit 27 750 dollars. Compte tenu de l'augmentation des loyers et des services publics, on estime qu'il faut 25 dollars de l'heure à une famille de quatre personnes pour payer un modeste appartement d'une ou deux chambres. C'est le salaire minimum que réclament les travailleurs dans tout le pays.

La colère provoquée par l'attaque brutale de la Cour suprême contre les femmes, avec son récent arrêt contre les droits des femmes en matière de soins de santé et d'avortement, a poussé des personnes de plusieurs États à s'organiser pour faire inscrire la question au bulletin de vote. Ces efforts font suite à la défaite d'un amendement anti-avortement au Kansas en août.

Les sondages à la sortie des urnes indiquent qu'environ 60 % des électeurs de mi-mandat sont favorables à la loi sur l'avortement. Au Kentucky, où les lois sont parmi les plus restrictives, un amendement anti-avortement a été rejeté. Cette victoire ouvre la voie au rétablissement de l'accès à l'avortement dans cet État. Au Michigan, les électeurs ont approuvé une initiative populaire qui inscrira le droit à l'avortement dans la constitution de l'État, empêchant ainsi l'interdiction de l'avortement de 1931 de prendre effet. La Californie et le Vermont ont également approuvé des amendements à leur constitution d'État qui protégeront le droit à l'avortement.

Pour d'autres États, comme la Pennsylvanie, le Wisconsin et l'Arizona, les gouverneurs élus sont susceptibles d'opposer leur veto à une éventuelle loi anti-avortement. L'Arizona, par exemple, tente de ramener une loi de 1901 interdisant les avortements. Les gouverneurs peuvent opposer leur veto à une loi, et pour renverser un veto il faut un vote à la majorité des deux tiers à l'assemblée législative.

Dans tout le pays, les femmes ont mené le combat pour la reconnaissance du droit aux soins de santé pour toutes et tous, y compris le droit spécifique des femmes de recevoir tout ce dont elles ont besoin pour élever et nourrir la prochaine génération. Les femmes, leurs filles et leurs petites-filles, étant donné leur expérience d'être considérées comme des choses à éliminer, voire à tuer, en fonction des actions du gouvernement, rejettent la démocratie des riches et cherchent et travaillent à construire des alternatives.


Manifestation antiguerre à Washington, DC, durant le jour d'action pour la justice
climatique, le 12 novembre 2022

Voice of Revolution est publié par l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis.


Cet article est paru dans
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Volume 52 Numéro 63 - 23 novembre 2022

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