Les travailleurs de l'éducation en Ontario
Les travailleurs réagissent à ce que dictent leurs conditions matérielles
Action de solidarité dimanche devant les bureaux du premier ministre Doug Ford, le 19 novembre 2022
En luttant pour des salaires et des conditions de travail qui leur sont acceptables, les travailleurs de l'éducation de l'Ontario répondent à ce que leur dictent leurs conditions matérielles et non à des caprices, qui, selon le gouvernement, ne sont pas abordables. Ils ont été informés le dimanche 21 novembre que le syndicat en était arrivé à une entente de principe qui est soumise à un vote en ligne qui se tient du jeudi 24 novembre au dimanche 27 novembre. Tout ce qui avait été rendu public jusqu'ici, y compris aux membres à la base, est la rumeur que le syndicat avait accepté une augmentation horaire de 1 dollar par année pour une convention de quatre ans et que le point d'achoppement dans les négociations était la question de l'augmentation des effectifs du personnel de soutien dans les écoles pour pallier la pénurie de personnel à tous les niveaux. La revendication d'augmenter le personnel et d'améliorer les conditions de travail est primordiale pour les travailleurs de l'éducation, les enseignants, le personnel administratif, les étudiants et les parents, parce que la situation dans les écoles est actuellement intolérable et insoutenable. Les travailleurs se demandent aussi de quoi l'augmentation monétaire aura l'air par rapport au coût de la vie dans quatre ans.
Lorsque le gouvernement de l'Ontarion a adopté un projet de loi, la Loi visant à garder les élèves en classe, qui imposait une convention collective inscrite dans la loi, et qu'il a eu recours à la disposition de dérogation de la Loi constitutionnelle de 1867 du Canada pour la protéger de toute révision judiciaire, les revendications des travailleurs de l'éducation ne relevaient plus du droit du travail. Leurs revendications se sont transformées en contestation politique contre un gouvernement qui a eu recours à ses pouvoirs de police pour imposer un ordre du jour intéressé qu'il refuse même de discuter. Tout est formulé en termes vides de sens. Même le titre, Loi visant à garder les élèves en classe trahit les mauvaises intentions du gouvernement qui veut isoler les travailleurs de l'éducation et les enseignants qui sont solidaires avec eux parce que les conditions lamentables dans les écoles sont les conditions d'apprentissage des enfants et qu'elles affectent tout le monde, y compris les parents et la société elle-même.
Ce qui sous-tend ces attaques est l'objectif antisocial du gouvernement Ford et des élites dirigeantes de façon générale, qui est de démanteler le système d'éducation public fondé sur un projet visant à servir le bien public et de présenter cela comme un fait accompli. Les gouvernements de pouvoirs de police remplacent le système d'éducation public par des systèmes privatisés d'apprentissage en ligne qui transforment les enseignants et les étudiants en choses qu'il faut pourvoir des compétences requises par les intérêts privés étroits qui ont usurpé les pouvoirs de l'État. Ces intérêts ont besoin d'une main-d'oeuvre jetable, parfois non qualifiée et parfois qualifiée, qui s'intègre à leurs corridors d'énergie, de communications, de transport et de sécurité. L'État puise à même les fonds publics pour financer ces nouvelles infrastructures et les installations requises pour les mines, l'agroalimentaire, le transport et les autres secteurs. L'État utilise les fonds publics pour financer les nouvelles infrastructures et installations nécessaires dans les mines, l'agroalimentaire, les transports et d'autres secteurs. Cela comprend trouver la main-d'oeuvre pour les entrepôts et les magasins de détail, l'industrie des services, ainsi que les soins de santé de plus en plus privatisés, les soins de longue durée, les foyers pour personnes âgées, les services aux anciens combattants et la liste ne s'arrête pas là.
Les travailleurs de l'éducation ont refusé de se soumettre à ce diktat et leur grève s'est transformée en une protestation politique qui a duré deux jours. Elle a été arrêtée seulement lorsque le gouvernement a accepté d'abroger le projet de loi et a déclaré que celui-ci n'avait jamais été adopté.
Il est important de souligner que les travailleurs n'ont jamais
renoncé à leur droit de grève lorsqu'ils ont accepter d'arrêté
leur protestation politique. Ils ont refusé de se soumettre
devant l'utilisation des pouvoirs de police du gouvernement et
continuent d'affirmer leur droit de négocier leurs salaires et
leurs conditions de travail malgré le fait que les gouvernements
ces jours-ci ne veulent pas négocier quoi que ce soit et
veulent tout imposer. Tout le monde est donc intéressé de savoir
ce que contient l'entente de principe et si une entente négociée
qui offre des solutions acceptables aux travailleurs de
l'éducation est sur la table. D'après ce que le syndicat a dit,
l'entente ne répond pas aux besoins des travailleurs, mais le
gouvernement doit l'entendre de la bouche des travailleurs
eux-mêmes par un vote.
Il a été confirmé que l'entente de principe SCFP-CSCSO comprend une augmentation salariale forfaitaire, mais le montant exact de l'augmentation n'a pas été confirmé. D'après les déclarations du SCFP-CSCSO, il est clair que l'entente ne comprend pas le niveau d'augmentation salariale que les travailleurs exigeaient pour garder et attirer des gens dans le domaine, et qu'elle ne prévoit pas non plus un financement adéquat pour les services dont les élèves de l'Ontario ont besoin. La question maintenant est si les travailleuses et travailleurs de l'éducation et leurs alliés peuvent établir une voie vers l'avant qui unit tout le monde pour forcer le gouvernement à reculer. Ce gouvernement refuse de négocier de bonne foi ou de soutenir une règle de droit qui ne cherche pas à imposer sa volonté par des menaces de recours à la force et par l'utilisation des pouvoirs de police pour faire taire le mouvement de résistance.
En parlant de l'accord, la présidente du SCFP-CSCSO , Laura Walton, a dit : « Comme il se doit, le comité de négociation central recommandera aux membres d'accepter l'accord lors du vote de ratification. » S'adressant directement aux travailleurs de l'éducation, elle a déclaré : « Vous avez confié une lourde mission à l'équipe de négociation : obtenir des gains salariaux réels, améliorer les conditions de travail et renforcer les services dont nos étudiants ont besoin et sur lesquels nos parents comptent. Vous avez mis toute votre énergie dans ce combat. Vous vous êtes organisés, vous avez passé des appels téléphoniques, vous avez bâti la solidarité et vous méritez tellement plus. Je suis incroyablement fière du travail que vous avez accompli et maintenant c'est à votre tour de faire entendre votre voix au gouvernement et aux conseils scolaires avec le vote de ratification. »
S'adressant aux parents, Laura Walton a dit : « L'ensemble du comité de négociation central souhaitait pouvoir amener le gouvernement à faire les investissements dans l'éducation publique que vous avez non seulement souhaités, mais dont vous avez besoin et que vos enfants méritent. Cette lutte ne se termine pas avec un seul revers. Nous continuerons à représenter vos besoins et à nous battre pour vous et avec vous. Nous continuerons de faire pression pour obtenir le type d'écoles et de classes solidaires, sûres et enrichissantes que tous les enfants méritent. »
Entre-temps, lorsque le ministre de l'Éducation Stephen Lecce s'est adressé aux médias pour annoncer l'entente de principe, il a passé le plus clair de son temps à répéter le mantra du gouvernement, que le maintien des enfants en classe, quelles que soient les conditions, est la chose la plus importante pour son gouvernement et qu'il fera tout ce qui est « humainement possible » pour que les enfants restent en classe. Il a également profité de l'occasion pour lancer une menace voilée à tous les autres syndicats de l'éducation en cours de négociation, dictant ce que les enseignants et les travailleurs de l'éducation feront de leur temps de bénévolat. Il a dit : « C'est un résultat positif pour toutes les parties, mais les plus grands bénéficiaires de cet accord, ce sont nos enfants qui vont avoir une certaine stabilité et rester à l'école, avec tous les avantages des activités parascolaires et des clubs et des sports, les avantages éducatifs, le tutorat, tout cela sera fourni à nos enfants demain et à chaque jour... »
La balle est maintenant dans le camp des travailleurs de l'éducation. Ils décideront de ce qu'ils feront ensuite.
Pour entendre le discours intégral de Laura Walton à la presse, écoutez ici.
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 62 - 22 novembre 2022
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