Le système électoral dysfonctionnel mis en évidence
Avec la dysfonction des élections de mi-mandat, nous voyons un harcèlement accru des citoyens et une exacerbation de la crise de légitimité du système électoral lui-même. Les travailleurs électoraux locaux, dont c'est la responsabilité de vérifier l'admissibilité des électeurs aux bureaux de vote et d'assurer l'intégrité des bulletins de vote, se font plus harcelés que jamais. Ils sont photographiés, leurs plaques d'immatriculation sont notées et plusieurs reçoivent des menaces de mort. Depuis l'élection de 2020, plus de 1 000 messages d'intimidation ont été reçus par les travailleurs électoraux, et plus de 120 de ces messages sont passibles de poursuites au criminel.
Les menaces ne sont pas provoquées par des quelconques actions des travailleurs électoraux mais plutôt par des histoires fabriquées par les représentants élus dans les médias monopolisés liées au « Grand vol » ou au « Grand mensonge ». Des groupes tels que « First Amendment Auditors » (Vérificateurs du Premier amendement) dans le comté de Maricopa, en Arizona, qui comprend Phoenix, par exemple, ont encerclé le département des élections, munis d'équipement tactiques. Ils ont photographié les travailleurs du comté et leurs plaques d'immatriculation. En outre, des individus ont harcelé des travailleurs et ont menacé des directeurs électoraux du comté sur les réseaux sociaux.
La promotion de la propagande du « Grand vol » et, en contrepartie, celle d'élections « libres et équitables », sert à voiler la nature frauduleuse bien connue des élections américaines et à fomenter des divisions au niveau local. Ce qui n'est pas discuté, c'est que la classe ouvrière n'a aucun mot à dire ni dans la sélection des candidats, ni dans l'élaboration de l'ordre du jour, ni à faire entendre ses solutions pour discussion. Les tactiques pour empêcher les électeurs d'aller voter, les campagnes négatives et les millions et les milliards de dollars requis pour présenter sa candidature sont monnaie courante et montrent que les élections sont couramment volées et ne sont pas du tout équitables.
Le système majoritaire uninominal à un tour signifie que le président et les autres représentants du Congrès sont élus par un petit pourcentage d'électeurs admissibles.
Une autre indication de comment les élections sont utilisées contre le peuple sans résoudre les conflits entre dirigeants est le fait que plusieurs personnes appuyées par Trump se présentent comme candidats au poste de secrétaire d'État. Depuis l'adoption du « Help America Vote Act » (HAVA) suite à la fraude électorale en 2000 impliquant Bush et Gore, le secrétaire d'État est chargé de l'approbation finale du décompte des votes et de la certification des électeurs ayant voté au collège électoral. Bien que les grands électeurs doivent refléter le vote populaire, le secrétaire d'État peut avoir recours aux pouvoirs de police que lui octroie son poste pour contester ou rejeter le décompte, certifier les grands électeurs d'un candidat différent, demander des vérifications et des recomptages, etc., comme Trump l'a fait dans divers États comme la Géorgie et l'Arizona en 2020.
Dans l'Indiana, l'Arizona, le Michigan et le Nevada, qui sont des États chaudement disputés dans la lutte présidentielle, des candidats se présentent dans l'intention d'utiliser ce poste pour assurer la victoire de Trump, tout en restreignant le droit de vote, en éliminant par exemple les votes par correspondance, le vote par anticipation, etc. La faction Biden s'inquiète ouvertement du fait que pour l'élection présidentielle de 2024, si des fonctionnaires électoraux refusent de certifier le vote, cela « pourrait déclencher une crise constitutionnelle ». Ils injectent des dizaines de millions de dollars dans ces courses.
Dans des États comme la Pennsylvanie, la Floride et le Texas, où le secrétaire d'État est nommé par le gouverneur, l'élection d'un gouverneur joue un rôle similaire.
En réalité, la crise constitutionnelle fait déjà rage puisque la constitution n'a pas réussi à empêcher la dysfonction des institutions de gouvernance actuelles. Ses pouvoirs de prérogative ont ouvert la voie à l'exacerbation actuelle de la crise. Depuis les élections Bush/Gore, l'anarchie est devenue autorité, tel que reflété dans les nombreuses autorités rivales dans les élections, dans le traitement du droit de vote, de l'immigration, etc.
Avec un gouvernement de pouvoirs de police, non seulement les élections et les institutions comme le Congrès, les tribunaux et la présidence ont perdu leur légitimité, mais les dirigeants ne peuvent même plus s'occuper de défendre leur légitimité. Ils sont plutôt préoccupés par comment réussir à usurper le pouvoir de la présidence. Comme en attestent les conflits continus dans leurs rangs, les dirigeants font tout pour accroître le chaos et les divisions, pour détourner l'attention de leur impunité et leur incapacité à résoudre les problèmes. Ils blâment plutôt les arrangements existants et justifient le recours à des pouvoirs de police encore plus grands et à l'impunité comme étant nécessaires pour « rétablir l'ordre » et protéger « la sécurité nationale ».
Dans un contexte où une guerre civile violente gronde, les efforts des deux factions visent à faire obstacle à ce que les gens puissent développer un mouvement politique efficace servant leurs propres intérêts, et à les pousser à se ranger derrière l'une ou l'autre des factions. Biden prétend que la « démocratie » peut être préservée en défendant la forme constitutionnelle tout en outrepassant ses limites en ayant recours aux pouvoirs de police, tandis que Trump préconise de totalement ignorer la constitution, ce qui serait nécessaire pour « sauver l'Amérique ». Aucun des deux ne soulève la question de l'économie de guerre ou des actes pro-guerre de la classe dirigeante dans son ensemble. Les deux appellent aux pouvoirs de police, avec leur impunité, leur absence de reddition de compte et leur criminalisation de la résistance. Les deux visent l'hégémonie américaine, mais avec des tactiques différentes.
Le problème tel qu'il se pose au peuple est de ne pas suivre l'un ou l'autre et de ne pas se laisser entraîner dans des débats sur qui est le pire des deux, mais de poursuivre et d'élargir la lutte pour investir le peuple du pouvoir. L'élection est l'un de ces champs de bataille, mais il y a aussi beaucoup d'autres batailles en cours pour défendre les droits de tous et toutes, qui mettent les intérêts du peuple au premier rang et qui exigent que la démocratie fasse de même.
(Voix de la révolution)
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 57 - 9 novembre 2022
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