Le « bon combat pour mieux échouer » de Biden ne tiendra pas la route
Les élections de mi-mandat sont censées servir d'indicateur de l'état de la présidence Biden. C'est une présidence qui n'a en aucun cas servi à atténuer les conflits qui s'intensifient au sein des factions au pouvoir. En effet, lorsque Biden n'a pas réussi à faire adopter son projet de loi phare Build Back Better Act (loi pour reconstruire en mieux), le dysfonctionnement du Congrès et de la présidence a été pleinement étalé. Depuis lors, des financements massifs ont été approuvés pour le Pentagone et la guerre afin d'isoler la Russie et de susciter des conflits ailleurs. Beaucoup ont qualifié les efforts de Biden pour inciter les gens à appuyer sa campagne de reconstruire en mieux, le « bon combat pour mieux échouer ».
Les travailleurs américains font les frais des échecs du gouvernement, qu'il s'agisse de la COVID ou d'un appauvrissement accru avec des salaires très inférieurs à l'inflation, ou de l'environnement, avec les canicules de l'été, les incendies de forêts, puis les ouragans. Pourtant, tout le monde est appelé à continuer à appuyer Biden et à faire un meilleur travail pour échouer.
Les échecs de Biden ne sont pas seulement sur le front intérieur. Malgré les efforts déployés depuis longtemps aux États-Unis pour séparer les préoccupations à l'intérieur du pays de la politique étrangère, ce concept s'effrite lui aussi. Il existe une relation entre les deux, y compris la relation entre la guerre civile et la guerre impérialiste, l'une donnant lieu à l'autre.
On donne l'impression que Biden réussit sur le front à l'étranger, qu'il unit l'OTAN et l'Europe contre la Russie en utilisant le conflit en Ukraine. Certes, des dizaines de milliards de dollars ont été fournis en armes et en matériel de guerre. Mais l'OTAN reste divisée. L'Allemagne se militarise à grande vitesse et s'organise pour aller à l'encontre de la norme en vigueur depuis la Deuxième Guerre mondiale selon laquelle elle n'aurait pas de troupes stationnées à l'étranger. La question allemande, qui se pose depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et qui fait partie de la raison d'être de l'OTAN, demeure : il s'agit de tenir la Russie à l'écart, l'Allemagne neutralisée et les États-Unis en position supérieure. Au lieu de cela, l'Allemagne s'est renforcée et des conflits comme celui du gazoduc Nord Stream et du pétrole se poursuivent.
Le Japon s'efforce également d'enfreindre le mandat constitutionnel qui lui interdit d'envoyer des troupes à l'étranger et de participer aux nombreux exercices de guerre imposés par les États-Unis, comme celui qui a récemment réuni les États-Unis, le Japon et la Corée du sud contre la République populaire démocratique de Corée. Si l'on ajoute à cela les projets de l'UE de se doter de sa propre force armée, les conflits liés au Brexit et la crise qui s'étend en Grande-Bretagne, il est évident que la rivalité entre ces grandes puissances est forte. Et toutes sont confrontées à la colère et à la résistance des peuples face aux réunions de l'OTAN, aux exercices de guerre et au financement massif de la guerre, ainsi qu'aux demandes de respect de leurs droits.
C'est dans ce contexte qu'ont eu lieu les élections de mi-mandat, mais la question de la guerre et les demandes de paix sont passées sous silence. Elle ne figure pas parmi les questions soulevées dans les sondages ou les reportages des médias. Il en va de même pour le fait que, par millions ces dernières années, les travailleurs de tout le pays ont pris position contre le racisme du gouvernement et la guerre impérialiste et pour l'égalité, la justice, la paix et la démocratie. Cela inclut des manifestations antiguerre en octobre dans plus de 60 villes.
Les travailleurs de la santé et les enseignants sont également en grève et réclament des droits. Les jeunes travailleurs des entrepôts et du commerce de détail, comme chez Amazon, Trader Joe's, Starbucks et ailleurs, s'avancent pour organiser leurs propres syndicats et participer aux luttes autour de la COVID, pour des conditions de travail et des équipements de protection sécuritaires, et contre le racisme évident dans le manque de soins et la mort disproportionnée de Noirs, par exemple. Cette résistance organisée par le biais de grèves, de manifestations, de réunions et de campagnes de toutes sortes et plus encore se poursuit.
Les Américains sont de plus en plus conscients qu'ils ne peuvent pas se fier sur les élections et l'État pour obtenir les changements nécessaires pour résoudre les problèmes urgents auxquels l'humanité est confrontée. C'est aussi un autre échec des dirigeants car, malgré toutes leurs affirmations sur la démocratie et le gouvernement « pour le peuple », les illusions à ce sujet se dissipent rapidement. On reconnaît de plus en plus que les peuples doivent compter sur eux-mêmes et concevoir une démocratie de leur propre cru.
L'ordre constitutionnel existant a toujours été un compromis avec l'esclavage et la monarchie, ce qui explique pourquoi la présidence dispose de telles prérogatives pour « remplir ses fonctions de président », comme le stipule le serment. Il s'agit d'une structure d'inégalité, qui maintient le peuple à l'écart du pouvoir et réduit sa voix au silence. Les élections font partie de cette structure d'inégalité. S'il y a des candidats qui peuvent être appuyés, l'essentiel est de le faire d'une manière qui favorise le peuple.
Les élections sont un domaine dans lequel la volonté du peuple de s'investir du pouvoir de décider peut être renforcée. Mais seulement si cela est pris comme point de départ. En d'autres termes, comment les élections peuvent-elles être utilisées pour renforcer la volonté du peuple d'instaurer une démocratie populaire, où le peuple est le décideur ? Comment la voix du peuple peut-elle être entendue et non réduite au silence ? Comment les énergies peuvent-elles être dirigées vers le renforcement de la résistance et la construction d'alternatives, et non vers le choix d'un camp ? Telles sont les questions à soulever pour concevoir l'organisation. Le débat n'est pas tant de savoir quel candidat est plus ou moins de droite, mais de renforcer notre unité et d'organiser des alternatives qui servent nos intérêts et occupent l'espace pour que le peuple puisse s'exprimer en son nom propre, avec ses solutions. Les groupes de discussion, les webinaires et les réunions à domicile sur ces questions et la construction d'alternatives pour mettre la prise de décision entre les mains du peuple, contribuent à cette direction maintenant et après les élections.
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 57 - 9 novembre 2022
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