Les travailleurs obligent le gouvernement Ford à annuler le projet de loi 28
Rejet de la notion d'«accords» sans consentement de Doug Ford
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a tenu une conférence de presse le lundi 7 novembre où il a déclaré qu'il annulera la nouvelle Loi de 2022 visant à garder les élèves en classe adoptée par son gouvernement quatre jours auparavant, si le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente 55 000 travailleurs de l'éducation, renonce à son droit de grève.
C'est en fait la même demande que celle formulée par le ministre de l'Éducation Stephen Lecce lorsqu'il a déposé cette loi antiouvrière qui impose aux travailleurs de l'éducation une convention collective qui comprend une clause dérogatoire rendant illégale toute contestation juridique. Par l'adoption de la loi anti-travailleur, mal nommée Loi de 2022 sur le maintien des élèves en classe, le gouvernement déclarait à toutes fins pratiques qu'il ne négocierait plus les salaires et les conditions de travail avec les syndicats. Elle avait été précédée de la menace d'imposer des sanctions draconiennes si le SCFP n'acceptait pas de renoncer à son droit de négocier une convention collective et à son droit de grève.
Doug Ford a fait son ultimatum en réponse aux plans des syndicats de tenir des manifestations à l'échelle de la province et d'autres actions pour soutenir la lutte des travailleurs de l'éducation contre la législation. Le SCFP a tenu une conférence de presse quelques heures après Ford en présence des dirigeants de nombreux autres syndicats des secteurs public et privé. Laura Walton, présidente du Conseil des syndicats des conseils scolaires de l'Ontario (CSCSO), affilié au SCFP, a dit que son syndicat avait accepté de mettre fin à sa manifestation politique en réponse à un engagement du premier ministre, qu'il a obtenu par écrit, d'abroger la loi et de reprendre les négociations avec le syndicat pour une nouvelle convention collective. Le gouvernement n'a cependant pas changé de ton et, dans sa réponse, le SCFP a clairement indiqué que le gouvernement devait maintenant tenir ses promesses et que le syndicat ne renonçait pas au droit de grève.
Mme Walton a dit en conférence de presse qu'elle espérait que le gouvernement ferait preuve de la même bonne foi à la table de négociation que le syndicat, qui a mis fin à son débrayage. Elle a déclaré que les travailleurs de l'éducation du SCFP seront de retour au travail mardi, bien qu'il revienne à chaque conseil scolaire de décider de la date de réouverture des écoles fermées en raison de l'action de protestation. Elle a ajouté que le SCFP est toujours en position de grève légale et qu'il est prêt à faire la grève si les nouvelles négociations échouent.
Le ministre de l'Éducation Stephen Lecce a confirmé dans une déclaration à la presse que le gouvernement abrogera la Loi 28 « dans son intégralité ». Comme si le SCFP était à blâmer pour ne pas être à la table des négociations, l'arrogant ministre a déclaré :
« Le SCFP a accepté de retirer son action de grève et de revenir à la table des négociations. En retour, à la première occasion, nous révoquerons la Loi 28 dans son intégralité et serons à la table pour que les enfants puissent retourner en classe après deux années difficiles. »
L'Assemblée législative ne siégeant pas actuellement, il faudrait donc que les députés soient rappelés pour une session hâtive pour que la loi soit abrogée cette semaine.
Les actions de masse des travailleurs de l'éducation de l'Ontario, soutenues par des travailleurs de tous les horizons, ont clairement réprimandé Doug Ford et son gouvernement arrogant. Félicitations !
Les travailleurs ont gagné une autre bataille et c'est important parce que cela montre que notre avenir réside dans la défense des droits de toutes et tous. La situation permet de croire que d'autres affrontements sont à venir.
Doug Ford semble penser qu'il peut, par décret, annuler le droit des travailleurs de retirer leur force de travail, qui est le seul pouvoir qu'ils ont pour garantir que les négociations aient lieu de bonne foi. Son offre d'annuler la loi en échange de la fin de la grève montre qu'il pense que les droits sont des privilèges qui peuvent être accordés pour bonne conduite. Or, les droits appartiennent à leur titulaire du fait de leur existence. Ils n'entrent pas dans la catégorie des privilèges qui peuvent être donnés et retirés, niés et refusés, puis restitués selon ce qui convient aux intérêts privés étroits qu'il sert et où le vent souffle.
Les conventions collectives ne peuvent être imposées par décret lorsqu'il n'y a pas d'accord ou de consentement. C'est se moquer de la conception que les droits appartiennent à leur titulaire. De plus, si le « Non ! » d'une personne n'a aucun pouvoir, alors son « Oui ! » n'a aucun sens.
Même s'il doit s'en aller en rampant, la queue entre les jambes, Doug Ford espère que sa désinformation qui blâme les syndicats et les travailleurs de l'éducation pour ne pas avoir négocié et pour tout ce qui ne va pas en Ontario créera le désarroi dans les rangs des travailleurs, causera de la confusion et les amènera à se soumettre à son diktat.
Les travailleurs et leurs syndicats savent pourtant qu'ils ont le droit de participer aux négociations sans être menacés de recours à la force. Si leur « Non ! » ne signifie rien, en quoi y a-t-il accord ? Quel accord ? C'est une farce.
Les conditions objectives requièrent plus de financement pour l'éducation – plus d'enseignants, plus de travailleurs de l'éducation, plus de personnel. Les conditions de travail des enseignants et des travailleurs de l'éducation sont les conditions d'apprentissage des élèves. Les conditions dans les écoles – le stress, le manque de soins pour les élèves qui en ont besoin, le manque de conditions sanitaires parce que le personnel d'entretien ne peut pas maintenir les normes, peu importe les efforts des personnes obligées de se débrouiller seules pour maintenir les normes, ne sont pas des choses qui tiennent de l'imaginaire des travailleurs ou de leurs syndicats.
Les travailleurs de l'éducation et, en fait, les travailleurs de toute la province, disent Non ! à ce que fait le gouvernement Ford. Les travailleurs qui ne peuvent légalement dire Non ! et le faire respecter sont des travailleurs asservis. La classe ouvrière de l'Ontario ne l'acceptera pas. Que Doug Ford, sa suite et ses porte-parole dans les médias et les intérêts privés étroits qu'il sert se le tiennent pour dit.
Négociations Oui ! Dicter Non ! Non veut dire non !
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 56 - 8 novembre 2022
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