Pourquoi les Ontariens doivent se joindre aux manifestations politiques contre le projet de loi sur le «maintien des élèves en classe»

Le Conseil des syndicats des conseils scolaires de l'Ontario (CSCEO) rapportait le 2 novembre qu'« après avoir déposé une loi conçue pour bafouer les droits fondamentaux, Stephen Lecce a déclaré aux médias que le gouvernement Ford avait fini de négocier. On rapporte que le ministère de l'Éducation dit que les négociations peuvent reprendre si nous faisons un mouvement substantiel et révoquons l'avis de grève. »

Le CSCEO a répondu : « Les négociations n'ont jamais cessé. Notre Comité de négociation central est à la table, tout comme le gouvernement et le Conseil des associations de conseillers scolaires. Nous espérons intervenir une entente qui investit dans la réussite des élèves et assure de bons emplois aux travailleurs et travailleuses. Si une entente négociée et équitable pour les travailleurs et travailleuses, les élèves et les familles n'est pas conclue, la grève sera déclenchée. »

« Cet après-midi, nous avons été informés que la médiation était terminée. Peu importe les efforts déployés par votre comité de négociation du CSCSO pour parvenir à une entente qui respecte les besoins des travailleurs, des élèves et des familles, le gouvernement conservateur de Ford n'a pas voulu faire les investissements nécessaires pour parvenir à cette entente.

« Il est clair que ce gouvernement n'a jamais eu l'intention de négocier. Le temps et les efforts qu'il a consacrés au projet de loi 28, qui prive les travailleurs de l'éducation de leurs droits en vertu de la Charte, auraient dû être consacrés à un accord qui aurait respecté les travailleurs et aurait également garanti les services dont les élèves ont désespérément besoin.»

Cela montre la nature perfide du gouvernement Ford et l'essence de son projet de loi 28, sous le titre trompeur de Loi pour garder les élèves en classe. Le projet de loi a passé la lecture finale en après-midi du 3 novembre, a reçu l'assentiment royal et est devenu loi. Tout gouvernement qui considère les enseignants et les travailleurs de l'éducation comme des ennemis, en affirmant qu'ils ne veulent pas « garder les élèves à l'école », mérite d'être condamné. En fait, il se condamne lui-même parce que c'est lui qui refuse de négocier de bonne foi et qui recourt à ses positions de pouvoir et à sa majorité pour faire chanter et criminaliser ceux qui enseignent et s'occupent des enfants et des jeunes. La loi qu'il adopte lui confère des pouvoirs de police contre la population et montre les dangers auxquels les Ontariens sont confrontés.

S'attaquer à la partie la plus vulnérable de ceux qui travaillent dans le secteur de l'éducation est une tactique méprisable. Elle repose sur la conviction que ceux qui sont moins vulnérables ne les soutiendront pas, eux ou leur syndicat, dans ce cas le SCFP et d'autres qui donnent aux travailleurs de l'éducation une protection syndicale. C'est ainsi que les attaques dirigées par le gouvernement fédéral ont eu lieu contre les plus vulnérables dans les bureaux de poste et que des sentiments sont suscités contre les travailleurs migrants, les immigrants récents et les réfugiés. On prétend qu'ils sont un fardeau pour les services publics et pour la majorité des utilisateurs. On invoque des idéaux supérieurs pour justifier l'injustifiable.

À maintes reprises, les questions de fond sont occultées par des discours de diversion et de division. On nous dit qu'il est très bien de soutenir les travailleurs les plus vulnérables, mais « il n'y a pas d'argent », ce qui est faux. Cela masque qui décide de la direction de l'économie, à quoi l'argent est dépensé et qui en profite. Au lieu de cela, on dit aux enseignants que si les travailleurs de l'éducation doivent recevoir des salaires et des conditions de travail conformes à ce qu'ils disent exiger, l'argent sera prélevé sur les chèques de paie des enseignants. On leur dit que l'insistance des syndicats à vouloir négocier va perturber la vie des enseignants qui sont déjà suffisamment stressés.

Ces arguments et d'autres sont des tentatives grossières de nier que les enseignants, les travailleurs de l'éducation et le personnel scolaire à tous les niveaux ne font qu'un. Avec les élèves, les parents et les tuteurs, ils forment un tout dont la société dépend. Les tentatives du gouvernement de nier l'existence d'une société et, au contraire, d'appliquer le diktat que chacun doit se débrouiller seul, sont médiévales, irrationnelles et immorales. Tous les syndicats de l'Ontario doivent condamner les agissements de ce gouvernement et unir leurs membres pour les condamner. Toutes les organisations populaires dans tous les secteurs de l'économie et les gens de tous les horizons doivent condamner ce que fait le gouvernement de l'Ontario.

Les travailleurs et leurs représentants syndicaux ont clairement fait savoir que leurs manifestations sont maintenant des protestations politiques parce que le gouvernement a amené les droits des travailleurs dans le domaine politique, le domaine qui concerne l'ensemble du corps politique. L'utilisation de la clause nonobstant prévue par la Loi constitutionnelle du Canada de 1982 rend absurde toute prétention à la démocratie. Invoquer l'exercice des pouvoirs de police pour forcer les travailleurs à se soumettre à des conditions d'asservissement ne marche pas dans une société qui condamne les régimes autoritaires à l'étranger et se présente comme le grand défenseur de la démocratie. Criminaliser les réclamations que les travailleurs sont en droit de faire à la société sous prétexte qu'elles mettent en danger la sécurité nationale et l'intérêt national est inacceptable.

La position du CSCSO est courageuse et juste. Elle fait échec à la position du gouvernement Ford qui blâme le syndicat pour la crise actuelle. Elle mérite le soutien de tous.

Soutenir les droits des travailleurs de l'éducation, c'est soutenir les droits de tous. Rejoignons les manifestations politiques contre la désinformation et l'impunité du gouvernement.


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Volume 52 Numéro 53 - 3 novembre 2022

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