Le Canada n'a pas à s'ingérer dans la péninsule coréenne

– Philip Fernandez –

Le 4 octobre, le ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a publié une déclaration demandant au Canada de mettre fin à ses provocations contre son pays. On y lit que « le Canada suit les États-Unis dans sa politique hostile à la RPDC depuis plus de 70 ans, en commençant par sa participation à la guerre de Corée. Il s'est constamment engagé dans des actes hostiles contre notre République. » Le ministère des Affaires étrangères de la RPDC demande au Canada de cesser cette activité militaire « irresponsable », affirmant qu'en suivant les États-Unis, le Canada ne fait qu'« envenimer une situation qui ne cesse de s'aggraver en Asie du Nord-Est ».

https://cpcml.ca/images2017/Antiwar/170409-Montreal-Syrie-20.jpgLe ministère des Affaires étrangères souligne : « Depuis 2018, le Canada envoie du matériel militaire, y compris l'avion de patrouille CP-140 Aurora de l'armée de l'air canadienne, plusieurs fois par an, à proximité de la péninsule coréenne. » L'opération NEON du Canada, affirme-t-il, ne fera qu'« entraîner une aggravation de la situation dans la région », en haussant les tensions dans la péninsule coréenne[1]. « Selon quelle disposition des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU, écrit le ministère, est-il mentionné que vous pouvez maintenir une surveillance au-dessus de l'espace aérien et des eaux territoriales à proximité d'un État souverain pour surveiller l'évasion des sanctions de l'ONU » et demande quelle affaire le Canada a en Asie du Nord-Est, « à des milliers de kilomètres de chez lui » ?

De bonnes questions en effet. En fait, rien dans la douzaine de sanctions injustes imposées par le Conseil de sécurité de l'ONU à la RPDC, en grande partie conçues par les États-Unis, ne stipule que les États membres peuvent prendre des mesures militaires pour faire appliquer ces sanctions.

Il est inacceptable que le Canada s'ingère dans les affaires de pays étrangers à la demande des États-Unis.

Le Canada doit réparer les torts historiques qu'il a causés au peuple coréen. Ces torts sont nombreux et comprennent la légitimation de la mise en place de la République de Corée (RdC) dominée par les États-Unis dans le sud du pays avec l'installation du régime anticommuniste de Syngman Rhee, une marionnette des États-Unis. Le Canada a été nommé par les États-Unis pour faire partie de la Commission temporaire des Nations unies en Corée (UNTCOK) qui a supervisé les élections frauduleuses de 1948 que les Coréens ont massivement boycottées. Le Canada a participé à l'injuste guerre de Corée qui a entraîné la mort de quelque 4 millions de Coréens – hommes, femmes et enfants – et maintenant, avec les États-Unis et d'autres pays, il applique des sanctions économiques, une forme de guerre et de violation des droits humains et du droit à l'existence, et il contribue à maintenir la division de la Corée par la force.

La déclaration de la RPDC mérite une réflexion sérieuse. Pour promouvoir la cause de la paix, le Canada doit changer sa ligne de conduite et faire amende honorable. Les Canadiens veulent la paix. Le peuple de la RPDC et son gouvernement souhaitent également la paix et des relations amicales avec tous les pays, y compris le Canada. En appuyant les positions justes de la RPDC et en s'opposant à l'attitude raciste du gouvernement canadien à l'égard de la RPDC, on contribuera à la paix dans la péninsule coréenne et on renforcera les liens fraternels entre les peuples du Canada et de la Corée.

Note

1. L'opération NEON, selon le ministère de la Défense du Canada, « témoigne de l'importance que le Canada accorde à la sécurité dans la région de l'Indopacifique et dans le reste du monde, ainsi qu'au régime de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU. Elle prouve en outre la détermination du Canada à soutenir ses alliés et ses partenaires dans le respect des valeurs canadiennes. Elle est conforme à la politique de défense du Canada Protection, Sécurité, Engagement. » L'opération NEON comprend une frégate et un avion de surveillance CP-140 Aurora qui patrouillent les eaux coréennes avec des navires de guerre et des avions des États-Unis, de l'Australie, de la République de Corée et d'autres pays qui tentent de faire respecter les sanctions de l'ONU contre la RPDC.

(Avec des informations du ministère des Affaires étrangères de la RPDC, Affaires mondiales Canada)


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Volume 52 Numéro 51 - 1er novembre 2022

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