Hors d'Haïti !

Dénonçons le rôle du Canada dans l'organisation d'une intervention militaire étrangère en Haïti

Manifestation du 10 octobre 2022 en Haïti contre l'occupation étrangère et pour exiger la démission du premier ministre non élu

Depuis deux mois, les Haïtiens descendent dans les rues des grandes villes du pays pour exiger que cesse l'ingérence étrangère et la démission du premier ministre non élu Ariel Henry qui leur a été imposé par décision de la mission de l'ONU en Haïti et du Core Group dominé par les États-Unis. Ce groupe est composé du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, des ambassadeurs du Brésil, du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Espagne, de l'Union européenne, des États-Unis d'Amérique et du représentant spécial de l'Organisation des États américains (OÉA). Entre-temps, le gouvernement de Justin Trudeau est le visage public d'une campagne orchestrée par les États-Unis pour préparer le terrain à une grave escalade de l'ingérence étrangère. Le 7 octobre, nous apprenions finalement que cette ingérence prendrait la forme de l'envoi d'une « force armée internationale spécialisée » en Haïti pour mettre fin aux « gangs armés ».

Exigeant le départ du premier ministre haïtien non élu Ariel Henry

Les différentes manoeuvres jusqu'à présent laissaient croire qu'il n'y aurait pas une autre occupation militaire comme la mal nommée MINUSTAH, mission de « stabilisation » de l'ONU, lancée en 2004 juste après le coup d'État orchestré par les États-Unis, la France et le Canada contre le président Jean-Bertrand Aristide et le parti Lavalas. Le mandat de la MINUSTAH a duré jusqu'en 2017 et l'ONU n'a jamais eu à rendre compte des exécutions extrajudiciaires, des milliers de morts aux mains de forces étrangères, des multiples atrocités et de la destruction qu'elle a laissés dans son sillage. Cet héritage brutal est une raison plus que suffisante pour le peuple haïtien de ne plus jamais accepter l'« aide » de ces mêmes acteurs.

Le 21 septembre, le premier ministre du Canada Justin Trudeau a convoqué une réunion en marge de l'Assemblée générale des Nations unies pour discuter de la situation en Haïti et des mesures à prendre. Il a déclaré qu'il était nécessaire que les partenaires régionaux comme le Canada, les États-Unis et des pays de la Communauté des Caraïbes, ainsi que d'autres pays comme la France, interviennent pour aider Haïti à assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité de ses citoyens. Il a souligné que ce qu'il préconisait était une solution « menée par les Haïtiens ». L'ambassadeur du Canada auprès de l'ONU, Bob Rae, a déclaré que des erreurs avaient été commises dans le passé, lorsque des interventions ont eu lieu sans le soutien total du peuple haïtien. « Nous devons nous assurer que nous travaillons avec le peuple haïtien », a-t-il dit.

La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a fait à peu près la même déclaration lors d'une réunion qu'elle a convoquée en marge de l'Assemblée générale de l'Organisation des États américains (OÉA) à Lima, au Pérou, le 6 octobre, coprésidée par le secrétaire d'État américain Antony Blinken et le soi-disant ministre des Affaires étrangères d'Haïti Jean Victor Geneus. Une déclaration publiée par les présidents indique que 19 pays membres de l'OÉA se sont réunis pour discuter de la situation en Haïti et de la manière dont la communauté internationale peut répondre à la crise qui y sévit. Les pays n'ont pas été nommés. La déclaration parle de promouvoir « des solutions élaborées par et pour les Haïtiens » et appelle à la mise en place immédiate de couloirs humanitaires pour permettre au carburant de quitter le principal terminal du pays, bloqué depuis des semaines, et une « assistance solide en matière de sécurité » par la « communauté internationale », notamment en renforçant la police nationale haïtienne.

Pour essayer de donner de la crédibilité à la fraude d'une « solution menée par les Haïtiens », le fonctionnaire en chef de l'OÉA a été déployé pour dire au gouvernement d'Haïti, imposé par les États-Unis et l'ONU, de demander un soutien urgent à la communauté internationale et de définir les caractéristiques de la « force de sécurité internationale » qu'il demandait, ce qu'il a fait publiquement sur Twitter. Le premier ministre illégitime et son conseil des ministres ont fait ce qu'on leur a dit sans tarder. Le lendemain, ils ont adopté une résolution autorisant le premier ministre Ariel Henry à demander aux partenaires internationaux le déploiement immédiat d'une force armée spécialisée « en quantité suffisante » pour mettre fin à la crise qui sévit dans le pays et qui est causée « en partie par les actions criminelles de bandes armées ». Pour quiconque était assez naïf pour le croire, cela constituait sans doute la preuve que l'intervention à venir ne pouvait être considérée comme une invasion ou une occupation militaire étrangère, puisque les troupes étrangères seraient en Haïti à l'invitation du gouvernement du pays.

La demande officielle du gouvernement imposé par les États-Unis et l'ONU a été transmise immédiatement comme un appel à la « communauté internationale » et au Conseil de sécurité de l'ONU par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a conseillé de la considérer comme une question urgente. Les agences de nouvelles rapportent que dans sa lettre au Conseil de sécurité, Antonio Guterres propose l'envoi d'une force d'action rapide pour soutenir la police haïtienne dans son effort pour « éliminer la menace posée par les bandes armées et fournir une protection immédiate aux infrastructures et services essentiels ».

Toute cette affaire a suscité l'indignation de différentes forces en Haïti. Les dix derniers sénateurs élus du pays ont décidé à l'unanimité d'exiger la révocation immédiate de la résolution du gouvernement de facto invitant à une intervention armée. Ils ont déclaré que le premier ministre et le conseil des ministres de facto non élus n'étaient pas habilités à faire une telle demande, que seul le président du pays pouvait le faire en vertu de la constitution, et que ce poste n'était toujours pas pourvu. Ils l'ont qualifié de « tentative d'un gouvernement illégitime, impopulaire et de plus en plus contesté de recourir à des forces étrangères pour se maintenir au pouvoir à tout prix et ainsi retarder le retour d'Haïti à l'ordre constitutionnel et démocratique ». Dans leur contre-résolution, les sénateurs ont formulé des propositions de mesures politiques et pratiques à prendre en interne pour faire face à la crise.

D'autres forces politiques faisant partie de l'Accord de Montana ont dénoncé l'invitation à une force d'intervention étrangère comme un acte de trahison. Cet accord a été signé le 30 août 2021 par plusieurs partis et autres formations politiques d'Haïti pour mettre en place un gouvernement de transition suite à l'assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, jusqu'à ce que les conditions soient réunies pour la tenue de nouvelles élections. Tous les signataires de l'accord s'opposent au premier ministre de facto et à son gouvernement, imposés à Haïti dans le dos du peuple haïtien.

Entre-temps, les Haïtiens ont intensifié les manifestations en commençant avec une semaine de mobilisation le 10 octobre. Des milliers de personnes descendent dans la rue chaque jour pour dire « Non à l'invasion, Non à l'occupation ! À bas Henry ! » et pour exiger la fin de toute ingérence étrangère dans leurs affaires.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) condamne le gouvernement Trudeau pour le sale boulot qu'il fait contre le peuple haïtien en violant sa souveraineté et en planifiant un acte d'agression contre lui. Aucune force militaire canadienne ou de tout autre type ne doit être envoyée en Haïti sous aucun prétexte. Le Canada, les États-Unis et leur Core Group doivent cesser leur ingérence et respecter le droit du peuple haïtien d'élire les dirigeants et les gouvernements de son choix et de poursuivre ses propres projets d'édification nationale et ses modèles de développement, sans coercition.

Le PCC(M-L) salue le courage et la ténacité du peuple haïtien qui est déterminé à lutter pour ce qui lui revient de droit, comme l'ont fait ses ancêtres lorsqu'ils se sont libérés de l'esclavage et ont mis fin à la domination coloniale dans leur pays par leurs propres efforts. Le PCC(M-L) appelle les Canadiens et les Québécois à se joindre aux actions et à en organiser d'autres pour exiger que le Canada ne participe à aucune intervention armée en Haïti, qu'il cesse son ingérence et qu'il respecte la souveraineté et le droit à l'autodétermination d'Haïti.

Bas les pattes en Haïti !
Pas de troupes canadiennes en Haïti !
Tous avec le peuple haïtien contre l'ingérence et l'agression étrangères !

(Avec des informations de : Le Nouvelliste et Global news. Photos : Haïti Liberté)


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Volume 52 Numéro 41 - 13 octobre 2022

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