Les relations d'affaires de l'Ontario avec les peuples autochtones

L'Ontario offre aux Premières Nations une participation à l'expansion massive des infrastructures hydro-électriques

Pour les Canadiens et les Québécois, la réconciliation signifie l'établissement d'une relation nouvelle et moderne avec les nations autochtones qui harmonise l'environnement naturel et social d'une manière qui respecte les droits de tous. Pour nous, la réconciliation ne consiste pas à essayer d'« intégrer » les nations autochtones dans une économie dont le but et l'orientation sont de payer les riches, de traiter les personnes comme des choses et d'utiliser la nature et ses richesses pour enrichir ceux qui sont au pouvoir. Pourtant, il semble que cette conception de la réconciliation soit présentée comme correspondant à la conception des Canadiens, des Québécois et des Premières Nations, bien qu'elle soit en complète contradiction avec elle.

Le 22 septembre, Hydro One, le principal service public de transmission et de distribution de l'Ontario, a annoncé un nouveau « modèle de partenariat d'équité » avec les Premières Nations pour les nouveaux projets de lignes de transmission d'une valeur supérieure à 100 millions de dollars. Ce modèle « offre aux Premières Nations une participation de 50 % dans tous les futurs projets de lignes de transmission à grande échelle », a déclaré Hydro One. Hydro One était un service public jusqu'à ce qu'elle soit privatisée en 1999. La province est maintenant l'actionnaire majoritaire avec une participation de 47 %.

Les projets de lignes de transmission entre London, Windsor et Sarnia nécessiteraient un financement d'un milliard de dollars et devraient être réalisés par étapes jusqu'en 2030. Ils ont nécessité un décret déclarant trois des projets « prioritaires », ce qui simplifie le processus d'approbation réglementaire de la Commission de l'énergie de l'Ontario (CEO) afin de pouvoir commencer les travaux immédiatement.

Hydro One a également déclaré qu'elle augmenterait ses « dépenses d'approvisionnement en produits indigènes à 5 % de tous les matériaux et services d'ici 2026 et s'assurerait que 20 % de ses dons et parrainages d'entreprise soutiennent les communautés autochtones ».

Le modèle s'appliquera aux cinq lignes de transmission qu'Hydro One développe actuellement dans le sud-ouest de l'Ontario. En annonçant le projet, le ministre de l'Énergie de l'Ontario, Todd Smith, a clairement indiqué que l'objectif était d'utiliser des fonds publics pour fournir l'infrastructure qu'exigent les monopoles de l'automobile et de l'agroalimentaire basés dans le sud de l'Ontario. « Notre gouvernement soutient l'incroyable croissance du Sud-Ouest de l'Ontario en accélérant le développement de cinq nouvelles lignes de transport qui alimenteront la nouvelle usine de batteries de Stellantis-LGES, la filière croissante de l'agriculture en serre et d'autres créateurs d'emplois, a déclaré Todd Smith. Depuis que le gouvernement a réduit les coûts d'exploitation, notamment en abaissant les tarifs de l'électricité de l'ordre de 15 à 17 % pour les gros clients commerciaux et industriels, nous avons vu de nouveaux investissements importants se faire. Aujourd'hui, nous démontrons notre engagement à construire les infrastructures essentielles pour favoriser la création de ces nouveaux emplois. »

Megan Telford, directrice des ressources humaines d'Hydro One, a déclaré avec un sans-gêne inouï : « Pendant trop longtemps, les Premières Nations ont souffert des impacts du développement des infrastructures sur leurs territoires traditionnels sans en voir les bénéfices. Nous reconnaissons que nous n'avons pas toujours bien fait les choses, et ce modèle d'équité marque un changement important dans la façon dont Hydro One travaillera avec les Premières Nations. Pour notre réussite collective, nous devons continuer de repousser les limites existantes. Hydro One s'engage à prendre des mesures significatives pour faire avancer la réconciliation et nous continuerons d'écouter et d'apprendre des communautés autochtones en mettant l'accent sur l'établissement de relations de confiance et qui sont durables. »

Ce que Megan Telford ne dit pas, c'est que l'objectif de ces nouveaux modèles est d'utiliser les fonds à la disposition de divers bras d'investissement soutenus par les Premières Nations pour payer les grands monopoles qui exigent que les Ontariens paient pour les aider à mettre la main sur les terres et les ressources pour enrichir des intérêts privés étroits. Ce n'est pas un modèle qui favorise les intérêts des peuples autochtones, à commencer par le fait qu'ils ne donnent pas de consentement éclairé.

Ce projet est néanmoins présenté comme étant bon pour les Ontariens et les peuples autochtones alors qu'il échappe totalement à leur contrôle. Le fait que les lignes de transmission devront passer par les terres des nations autochtones est un problème majeur dont sont très conscients Hydro One, le gouvernement et les entreprises qui s'installent. Que se passe-t-il lorsque les exigences des riches, qui veulent être payés sous la menace de tout prendre avec eux, ne correspondent pas à celles des nations autochtones ou des personnes vivant sur leurs territoires ?

Tout cela reste caché car les personnes vivant dans les régions concernées n'ont pas leur mot à dire sur ce qui se passe ou sur la direction que prend la province. Tout cela se fait dans le dos du peuple et avec la valeur créée par le travail. Ce n'est pas une réconciliation, c'est une nouvelle forme d'utilisation des fonds publics pour payer les riches.


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Volume 52 Numéro 37 - 4 octobre 2022

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