Des demandes et des actions urgentes pour le droit au logement


Manifestation à Québec, le 16 septembre 2022, pour demander des solutions à la crise du logement

À l'occasion de l'élection québécoise, les organisations qui se dédient à la défense du droit au logement se font entendre concernant la crise du logement qui frappe particulièrement les personnes et familles à revenus faibles et modestes. Elles présentent des revendications, basées sur le logement social, pour contribuer à résoudre la crise.

Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) ont organisé une manifestation le 16 septembre à Québec pour exiger des solutions à la crise du logement, dont le contrôle des loyers et le logement social.

Dans son communiqué du 26 août, le FRAPRU écrit :

« À l'instar des villes et de plusieurs autres organismes, le FRAPRU s'inquiète de la détérioration sans précédent de la situation du logement locatif au Québec : hausse rapide des loyers des logements disponibles, rareté critique de logements familiaux, multiplication des stratagèmes frauduleux induites par la spéculation immobilière. Le regroupement constate l'appauvrissement tout aussi rapide des ménages locataires, de plus en plus nombreux à risque de se retrouver à la rue. Selon l'organisme, des solutions structurantes existent et sont connues. 'Le logement social est une des réponses incontournables et pérennes à la crise qui sévit actuellement.

« Parce qu'il est sans but lucratif et subventionné par l'État, il sort le logement de la logique du profit, met les locataires à l'abri des dérives du marché privé, en leur offrant un toit sécuritaire, qu'ils sont capables de payer. Mais surtout, en étant de propriété collective, le logement social, qu'il soit coopératif, sans but lucratif ou public, demeure abordable indéfiniment', rappelle Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. »

Selon le FRAPRU, les dernières données disponibles de Statistiques Canada sont très claires sur les besoins de logements sociaux.

Il écrit : « Plus de 195 000 ménages locataires québécois consacrent déjà la moitié ou plus de leur revenu pour se loger, c'est-à-dire bien au-delà de la norme de 30 % reconnue par la Société d'habitation du Québec. Selon l'organisme, les longues listes d'attente des offices d'habitation pour un logement à loyer modique (HLM) — qui totalisent plus de 37 000 inscriptions — illustrent l'urgence d'agir, mais sont un indicateur partiellement représentatif des besoins, en ne comptabilisant que les ménages admissibles qui ont fait une demande. Cette liste ne prend pas non plus en compte les milliers de ménages qui espèrent obtenir une place dans un Organisme sans but lucratif (OSBL) ou en coopérative d'habitation. »

Le FRAPRU présente les revendications suivantes aux partis qui sont en lice à l'élection du 3 octobre :

« La réalisation de 50 000 logements sociaux, en 5 ans, autant par des coopératives, des OSBL que des offices d'habitation;

« Le financement de tous les logements sociaux déjà programmés depuis plusieurs années dans AccèsLogis, mais toujours attendus, malgré la promesse du gouvernement sortant (qui n'en a finalement livré que le tiers);

« La mise en place d'une politique globale en habitation basée sur le droit au logement, le développement et la protection des logements sociaux et une meilleure protection des droits des locataires;

« Que les sommes investies dans le développement de l'habitation soient exclusivement réservées au logement social. »

Quelques jours après le déclenchement des élections, LML s'est entretenu avec Véronique Laflamme, qui a précisé l'importance que les organisations de défense du droit au logement accordent au logement social. Elle a dit :

« Comme on le voit, la crise du logement fait partie des préoccupations de la population du Québec, notamment la hausse du coût des loyers. Pour sortir de cette crise du logement et que les locataires à faibles et modestes revenus aient un peu d'espoir de sortir du cul-de-sac où on les accule en ce moment, cela prend des engagements ambitieux et ces engagements doivent concerner le logement social hors marché privé.

« On voit en ce moment un glissement où on parle de logement abordable plutôt que de logement social en essayant de dire que logement social est égal à logement subventionné, ce qui ouvre la porte à faire passer des aides au privé pour du logement social.

« Le logement social c'est du logement hors marché privé, du logement de propriété collective, sur lequel personne ne fait de profit. Cela peut être du logement public HLM, ou encore du logement coopératif ou sans but lucratif. En instaurant un nouveau programme, le programme Habitation abordable Québec, qui finance aussi les propriétaires privés, cela rend encore plus problématique ce changement de vocabulaire. Il y a une privatisation de l'aide au logement qui vient avec cela, sans qu'on informe combien de ces logements vont réellement être sociaux, c'est-à-dire hors marché privé.

« Pendant ce temps, il y a un abandon du programme AccèsLogis qui était depuis 25 ans le programme qui finançait exclusivement le logement social au Québec et ce système était sous-financé. »

En guise de conclusion, Véronique Laflamme a appelé à une mobilisation de masse pendant la campagne électorale, dont a fait partie la manifestation du 16 septembre pour des solutions à la crise du logement.

« Nous invitons les locataires à se faire entendre pendant la campagne. Déjà les gens prennent la parole sur divers médias, ils rappellent que les loyers sont trop élevés, que cela prend du logement social.

« Je veux dire aussi en conclusion qu'il ne faut pas tomber dans le piège des baisses d'impôt que des partis ont annoncées dès les premiers jours de la campagne. Ces baisses ne mettront pas plus d'argent dans les poches des ménages à faible revenu et on se prive avec cela de milliards de dollars. Une baisse d'impôts de 2 milliards c'est 12 000 logements sociaux par année qu'on pourrait construire. On a les moyens, c'est une question de choix politique. »


À Québec, le 16 septembre 2022

(Photos : LML, FRAPRU)


Cet article est paru dans
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Volume 52 Numéro 36 - 3 octobre 2022

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