Les élections du 3 octobre au Québec

Faire entendre la voix de la classe ouvrière

– Pierre Chénier –

Dans ces élections, le Parti marxiste-léniniste du Québec est le champion des demandes des travailleurs. Les partis de l'Assemblée nationale et les grands médias sont silencieux sur les luttes que les travailleurs mènent pour leurs droits et les droits de tous et de toutes.

Présentement, le monopole anglo-suisse Glencore déverse son arsenic et ses autres produits polluants dans l'air, en particulier à Rouyn-Noranda, en toute impunité. Où donc est le gouvernement alors qu'il faut soumettre Glencore aux standards environnementaux officiels ? Ceci nous amène à penser que ces standards existent sur papier, tout comme les systèmes de gestion de la sécurité dans l'industrie ferroviaire qui sont une prérogative privée des grandes sociétés ferroviaires. Sous les pressions du lobby de l'industrie, le gouvernement du Québec a haussé en avril la limite quotidienne d'émissions de nickel dans l'air, permettant au même Glencore et à d'autres de déverser cinq fois de plus de poussière de nickel sur le Québec. Les travailleurs en navettage de Glencore au Nunavik viennent tout juste de finir une grève de plusieurs mois contre le même Glencore pour obtenir des conditions de vie et de travail qu'ils jugent acceptables. Ils luttent contre l'utilisation systématique de la sous-traitance qui empêche les jeunes travailleurs de monter les échelons de formation et salariaux et alors il devient de plus en plus difficile de les garder et de les attirer.

Les travailleurs de l'usine du monopole britannique Rolls-Royce à Lachine viennent juste de terminer un lockout de plusieurs mois contre le monopole britannique qui voulait simplement détruire leur régime de retraite à prestations déterminées. Le monopole américain Ash Grove tient les travailleurs de sa cimenterie de Joliette en lockout depuis 16 mois pour imposer aux travailleurs qu'ils seront une main-d'oeuvre jetable sans conditions de travail stables. Le mélange qui est utilisé pour fabriquer le ciment est présentement importé pendant le lockout alors que ce sont les travailleurs de la cimenterie de Joliette qui le produisent en temps normal.

Rien de tout cela n'a même été mentionné par les médias monopolisés ou les partis cartellisés pendant la campagne électorale, sans parler que pas un mot est mentionné des luttes des travailleurs et travailleuses de la santé pour des conditions qui leur permettent de défendre leur santé et de soigner les patients de manière humaine et professionnelle. Pendant ce temps, les travailleurs et travailleuses de la santé et leurs syndicats ont mis de l'avant des solutions, comme une loi à l'échelle du Québec de ratios sécuritaires professionnelles de la santé/patients, qui doivent être discutées au sein de l'opinion publique parce qu'elles proviennent de ceux et celles qui livrent les services, qui nous soignent et qui sauvent des vies souvent au péril de leur propre vie.

Au lieu d'être au centre des élections, les travailleurs se font dire « votez pour moi » et vous verrez bien ce qui vous arrivera » parce que la promesse électorale est proférée en toute impunité et rien n'oblige le gouvernement à rendre des comptes lorsqu'il viole ses promesses. La vieille idée selon laquelle le rôle des travailleurs est de comparer la plateforme des partis de l'Assemblée nationale et de faire leur choix parmi eux sur cette base, ne libère pas l'initiative des travailleurs ou ne leur donne aucun contrôle sur les décisions, ni sur quel genre de Québec est bâti.

On entend dire que cette exclusion des travailleurs serait en fait normale parce que la véritable sphère d'activité des travailleurs c'est la négociation de conventions collectives. C'est là qu'ils se protègent, dit-on, évidemment seulement en autant qu'ils sont syndiqués. On sait que le taux global de syndicalisation au Québec est d'environ 31 %.

Cela aussi est plus que problématique parce que les grands intérêts privés qui gouvernent le Québec et leur gouvernement attaquent de façon brutale la négociation en tant que moyen pour les travailleurs de mettre de l'avant leurs revendications et d'obtenir des conditions qu'ils jugent acceptables. Le diktat remplace la négociation. Les grands monopoles du secteur minier/métallurgique qui ont été évoqués au début de cet article ont tous des façons de déplacer la production dans d'autres parties de leur empire dans le cas de disputes. C'est justement contre cela et d'autres formes de leur diktat que les travailleurs mènent aujourd'hui des campagnes d'appui, y compris financier, pour les travailleurs en grève ou en lockout. Ces campagnes s'adressent aussi aux travailleurs d'autres syndicats que ceux auxquels appartiennent les grévistes ou les travailleurs en lockout. C'est une façon de s'attaquer au problème de la destruction de la négociation.

Des centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses de la santé et des services sociaux ont mis près de trois ans à signer leurs conventions collectives, vers la fin de 2021. Celles-ci arrivent à leur renouvellement en 2023, et très peu de ce qu'ils ont signé a changé sérieusement leurs conditions et il semble que la lutte est toujours à refaire. Un exemple frappant ce sont les heures-soins que les professionnelles de la santé ont obtenues dans leur convention collective qui ne sont toujours pas en vigueur alors que la convention collective arrive à terme en mars prochain.

Les travailleurs prennent en main de faire entendre leur voix d'une manière qui est efficace dans le sens de faire connaître leur situation, d'échanger l'information avec d'autres et travailler diligemment pour gagner l'opinion publique aux solutions qu'ils proposent pour les problèmes qu'eux et la société confrontent. Entre autres actions, ils participent à des rencontres zoom ou en personne où les problèmes sont mis sur la table et les travailleurs présentent leurs préoccupations et discutent de solutions.

Cela prépare directement le terrain pour établir un régime qui donne aux travailleurs un véritable contrôle sur le pouvoir politique et économique. C'est ainsi qu'ils vont être en mesure de mobiliser le facteur humain/conscience sociale à la tête d'un projet national qui sert les intérêts du peuple.

Faire entendre la voix indépendante de la classe ouvrière est une préoccupation et un travail constants, qui se mène également en temps d'élection pour développer l'initiative des travailleurs.

Pierre Chénier est le chef du PMLQ et son candidat dans Marie-Victorin.


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Volume 52 Numéro 36 - 3 octobre 2022

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