Prises de parole à la défense de Mamadou

Plusieurs personnes ont pris la parole lors du point de presse :

Andrés Fonticella, qui était député de la circonscription de Laurier-Dorion à l'Assemblée nationale du Québec avant le déclenchement des élections, a commencé par raconter que même si la ministre de l'Immigration du Québec de l'époque, Nadine Girault, avait été appelée à se prévaloir des pouvoirs du Québec en matière d'immigration pour intervenir en faveur de monsieur Konaté, « elle n'a pas levé le petit doigt ».

Le fait, a-t-il dit, que Mamadou ait risqué sa vie pendant la COVID-19 « mérite la gratitude de l'ensemble de la société québécoise, non seulement pour ce qu'il a fait pendant la pandémie, mais aussi pour toutes les autres personnes au statut de migrant précaire qui ont travaillé dans le système de santé, dans les entrepôts, dans les abattoirs. Ce sont ces personnes qui ont permis à la société de fonctionner pendant la COVID-19. S'il y a un devoir de reconnaissance dans la société québécoise, c'est envers tous ces sacrifices de ces gens qui ont tant donné....

« Je suis aussi ici pour me faire le porte-parole de tous ceux et celles qui, au Québec, comprennent la situation, qui ne comprennent pas pourquoi le gouvernement du Québec est si fermé d'esprit. » Il a ajouté que pendant la campagne électorale, il aurait aimé voir « un seul député de la CAQ, un seul candidat de la CAQ, dire : 'Oui, monsieur Konaté mérite de rester ici' et 'Oui, il mérite la reconnaissance' ».

« On nous appelle à nous mobiliser au Québec pour appuyer Mamadou Konaté et empêcher cette 'injustice de le renvoyer dans son pays... où il aura des problèmes... à mobiliser aujourd'hui la société québécoise, tous ceux et celles qui appuient les migrants à statut précaire d'appuyer la cause de monsieur Konaté ... »

Marisa Berry Mendez est la porte-parole d'Amnistie internationale Canada francophone. Elle a déclaré que Mamadou a été jugé inadmissible « alors que le droit de demander l'asile est un droit universel selon la Déclaration universelle des droits de l'homme ». Elle a ajouté que malgré le rapport du bureau d'Amnistie internationale en Côte d'Ivoire, « le Canada juge qu'il est inadmissible pour demander une demande d'asile. En fait, depuis son arrivée au Québec, les droits de Mamadou ont été bafoués à plusieurs reprises : son droit de demander l'asile a été violé par la clause sur l'inadmissibilité contenue dans la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, son droit à des soins de santé a été brimé, l'accès aux soins de santé dits universels lui a été refusé sur la base de l'inadmissibilité que j'ai mentionnée précédemment.

« Le droit à la liberté de Mamadou a également été bafoué à plusieurs reprises, lorsqu'il a été détenu à quatre reprises au Centre de surveillance de l'immigration de Laval. »

Elle a ajouté qu'il est « un membre très apprécié de la communauté montréalaise, il a été un travailleur essentiel depuis son arrivée ici, un voisin, un ami et un collègue et continue de se battre courageusement pour que ses droits soient reconnus par les institutions canadiennes, et nous le soutenons.... Aujourd'hui, nous exigeons l'annulation de l'expulsion de Mamadou Konaté et qu'un permis de séjour temporaire lui soit accordé en attendant les résultats des demandes soumises par son avocat ».

Carole Bénédicte Ze a pris la parole au nom de Solidarité sans frontières. Elle a raconté sa propre expérience de demandeuse d'asile et comment, avec l'aide de Guillaume Cliche-Rivard, elle n'a pas perdu son statut et est maintenant résidente permanente. Elle a parlé du stress et de la peur qu'elle a éprouvés et a soulevé l'absurdité du fait que, d'un côté, le gouvernement fédéral prépare un programme de régularisation pour les personnes sans statut et que, de l'autre, il expulse Mamadou.

Bien que le Canada se targue de la liberté à longueur de temps, elle a déclaré : « Il s'en fout. Il ya des personnes qui ne sont pas encore considérées comme des êtres humains, seulement comme des objets pour travailler et après on les met dehors et elles sont renvoyées dans leur pays d'origine. Nous sommes venus dans ce pays pas généralement par choix, mais parce que nous n'avons pas d'autre choix et nous ne sommes pas venus pour demander l'aumône. Nous travaillons dur, nous faisons des sacrifices. Il y a un manque de main-d'oeuvre. Je travaille dans le secteur de la santé, non pas parce que je suis obligée, mais parce que je vois qu'il y a une pénurie de main d'oeuvre. Et c'est comme ça dans tous les secteurs d'activité. C'est incompréhensible qu'après tous ces sacrifices, on vous dise que vous ne serez pas accepté. » Elle a ajouté que cela équivaut à « l'esclavage moderne du XXIe siècle' » et à « du racisme et de la discrimination ».

Noémie Beauvais, du Centre des travailleurs immigrants, a pris la parole avant tout en tant qu'amie de Mamadou. Elle a expliqué qu'après 11 ans de lutte contre l'expulsion de personnes comme lui, il n'y a rien qui n'a pas été dit dans le combat pour qu'elles soient traitées avec humanité, dignité et respect.

« Aujourd'hui, nous sommes de nouveau ici, pour empêcher l'expulsion de Mamadou pour la quatrième ou cinquième fois, ce qui n'est rien comparé à Mamadou lui-même, qui a été convoqué peut-être 20 fois, juste pour qu'on lui pose les mêmes maudites questions, pour qu'on le convoque à nouveau et qu'il revive constamment le même cirque, la même illusion de justice. C'est tout simplement absurde.

« Tout le monde critique la décision, personne ne comprend.... Hier, en cherchant des articles sur Mamadou, j'en ai trouvé pas moins de 60 écrits par les médias et même si beaucoup d'articles sont dénigrants, tous les commentaires écrits par des Québécois sont toujours élogieux envers Mamadou. »

Selon elle, même ses amis et sa famille, qui vivent loin de Montréal et ne sont pas impliqués dans le mouvement, connaissent l'histoire de Mamadou. « Mamadou, tout le Québec est derrière toi. »

« L'histoire de Mamadou, c'est une histoire remplie de souffrance et d'injustice, pleine de travail précaire dont des décisions difficiles. Mais l'histoire de Mamadou, c'est d'abord et avant tout une lutte pour la démocratie, pour la justice sociale et pour les droits humains. »

Se tournant vers Mamadou, elle a dit en terminant : « Dans ce pays, on sent qu'on a besoin de beaucoup plus de gens comme toi. »

Frantz André, du Comité d'action des personnes sans statut (CAPSS), a déclaré : « Nous sommes ici aujourd'hui pour exiger le respect du droit de Mamadou, un droit universel, de pouvoir aller et vivre dans un pays avec sérénité, d'élever des enfants pour leur donner l'espoir que l'humanité est encore vivante. Monsieur Legault a été le premier à parler des travailleurs essentiels comme des'anges gardiens'. Et nous avons devant nous ici un ange gardien, et peut-être ... pas de la bonne couleur, qui est rejeté et ça, il faut en parler. ... de François Legault qui parle de payer des salaires de 53 000 dollars à des gens de l'Europe, je serais curieux de savoir le salaire que Mamadou a gagné à travailler des heures et des heures pendant la pandémie.

« Je suis fils d'immigrants qui sont arrivés ici dans les années 60. Ma mère a dû travailler dans l'illégalité. J'ai souffert d'avoir été séparé de mes parents pendant quatre ans en Haïti. Demandez à Mamadou la souffrance qu'il éprouve encore aujourd'hui, celle d'être loin de sa famille.

« À chaque fois que je viens ici, je me rappelle ce que mes parents ont dû endurer. Chaque fois, je revis leur douleur. À tous les jours, je participe à guider des gens à se donner une raison de rester au Canada, parce que le Canada a dit que la diversité c'est notre force. C'est ce que monsieur Trudeau continue de répéter. Même Justin Trudeau voyage dans d'autres pays, pour entraîner les militaires, et, en particulier, accueille des gens ici en provenance de l'Ukraine lorsqu'ils arrivent par avion, en leur offrant un permis de travail et un logement, soi-disant au nom de la démocratie. Mais si nous regardons Mamadou ici ... et nous regardons qui le Canada choisit comme futurs citoyens, on ne peut pas continuer à appliquer deux poids deux mesures. »


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Volume 52 Numéro 31 - 28 septembre 2022

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