Le cas de Mamadou tel que présenté par l'avocat Guillaume Cliche-Rivard
« Le soutien à Mamadou est absolument incroyable. ... et c'est grâce au soutien que vous lui apportez, qu'il est encore là devant vous. ... Mamadou devrait déjà avoir ses papiers (...) être régularisé et nous tous ne devrions pas avoir à être ici, quoi qu'il arrive, pour le défendre. »
« Le dossier de Mamadou est extrêmement compliqué mais si nous le simplifions, il y a deux grands volets : le premier est que les risques au retour n'ont pas été évalués par le gouvernement canadien depuis 2018 ... à savoir si la situation politique et sécuritaire en Côte d'Ivoire permet son retour. ... Sur le plan sécuritaire, la situation s'est vraiment aggravée, tout comme la répression politique en raison de la déstabilisation actuelle du gouvernement. ... L'ancien premier ministre Guillaume Soro a tenté de prendre la présidence. Il y a beaucoup de tensions. Rien de tout cela n'a été évalué par les services frontaliers ou par l'IRCC [Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada]. » Il ajoute que ce qui n'a pas non plus été évalué, ce sont les affirmations de Mamadou selon lesquelles il est retourné en Côte d'Ivoire à plusieurs reprises et qu'à chaque fois, il a été arrêté, détenu et incarcéré.
« La personne qui le recherche, qui lui veut du mal est aujourd'hui lieutenant général de l'armée en Côte d'Ivoire et ce qui n'a pas non plus été évalué, à savoir, s'il avait les capacités de le faire. Évidemment il aurait les capacités de s'en prendre à Mamadou. »
« En outre, il y a aussi la question de la grande visibilité médiatique de son dossier, le fait qu'il s'est battu corps et âme pour ne pas y retourner. Tout le monde sait là-bas, en Côte d'Ivoire que lorsque Mamadou descendra de l'avion, il sera arrêté, détenu, interrogé et malheureusement peut-être même torturé.
« Et tout cela a été confirmé dans un rapport d'Amnistie internationale, un rapport récent remis aux services frontaliers signé par le directeur général d'Amnistie internationale en Côte d'Ivoire. Sa conclusion c'est que, malheureusement, monsieur Konaté subira un interrogatoire, une arrestation, une détention et des traitements inhumains à son retour.
« C'est confirmé par un expert sur le terrain et pour l'instant, les services frontaliers du Canada, s'entêtent à vouloir l'expulser. Nous allons donc bien sûr faire appel à la Cour fédérale la semaine prochaine et on vous tiendra au courant de la date de son expulsion. Mais, la Cour fédérale a le pouvoir de suspendre son renvoi et si elle n'abonde pas dans ce sens, il y a toujours le Comité des droits de l'homme des Nations unies, où on pourrait loger une plainte contre le Canada au nom de monsieur Konaté. Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter son expulsion le 30 septembre.
« Au-delà de tous les risques, il y a aussi son dossier positif, tout le travail que monsieur Konaté a fait pendant la COVID-19 dans les CHSLD [Centres d'hébergement et de soins de longue durée]. Il a travaillé dans trois d'entre eux. Il a lui-même contracté le virus de la COVID, ce qui a bouleversé sa vie pendant un certain temps, puis il est retourné au travail et continue d'y travailler aujourd'hui. Il a également un appui considérable de la part de la classe politique ainsi que de la société civile. Tous ces facteurs positifs sont réunis pour lui accorder un statut temporaire. »
« On met la pression sur le gouvernement fédéral, car c'est lui qui peut accorder le statut. Autant le ministre de la Sécurité publique, monsieur Mendicino que le ministre de l'Immigration Sean Fraser doivent réagir rapidement, bloquer l'expulsion de monsieur Konaté et lui accorder un statut, mais un statut permanent, car il est hors de question que nous continuions à revenir ici toutes les trois semaines, tous les six mois ou tous les ans pour défendre, puis combattre pour monsieur Konaté. »
« Et donc Mamadou, j'espère vraiment que cette fois-ci, cette mobilisation est la bonne et j'espère que tu pourras retrouver la paix d'esprit. »
(Photo : Amnistie internationale Canada francophone)
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 31 - 28 septembre 2022
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