Vigile et point de presse
Une vigile et un point de presse ont eu lieu à Montréal le 22 septembre devant les bureaux du gouvernement fédéral au Complexe Guy-Favreau.Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées pour appuyer Mamadou Konaté, un demandeur d'asile ivoirien qui fait l'objet d'une mesure de renvoi de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) pour le 30 septembre. Mamadou vit au Québec depuis 2016, où il s'est réfugié après avoir été averti que s'il restait dans son pays d'origine, sa vie était en danger.
Depuis son arrivée au Québec, Mamadou a vu son permis de travail renouvelé à de nombreuses reprises et pendant les premières vagues de la pandémie, il a été employé comme travailleur essentiel dans les centres de soins de longue durée pour nettoyer les chambres des aînés vulnérables qui avaient contracté la COVID-19. À ce moment-là, il a également contracté le virus, mais n'a pas pu avoir recours aux soins de santé en raison de son statut précaire. Mamadou a également travaillé dans des entrepôts, a abattu des arbres pour Hydro-Québec et est actuellement employé d'entretien à l'Université Concordia.
A cette action, ont pris la parole : le Collectif de soutien à Mamadou, ainsi que Mamadou Konaté, son avocat Guillaume Cliche-Rivard, le député québécois de Laurier-Dorion Andrés Fontecilla, la porte-parole francophone d'Amnistie Internationale Canada, Marisa Berry Méndez, Carole Bénédicte Ze pour Solidarité sans frontières (SAB), Noémie Beauvais du Centre des travailleurs immigrants (CTI) et Frantz André du Comité d'action sur les personnes sans statut (CAPSS).
Un communiqué de presse publié pour l'occasion a été lu par Amelia Oreliana du Collectif de soutien à Mamadou, qui constate que malgré « toute la mobilisation, malgré tous les efforts déployés par Mamadou afin de prouver l'injustice sont il était victime », l'ASFC lui a remis une date d'expulsion, « soit le 30 septembre . L'histoire de Mamadou a été racontée maintes fois dans les médias au cours des dernières années, notamment en raison du rôle qu'il a joué dans les CHSLD durant la première vague de la pandémie. »
Au cours des dernières semaines, l'avocat de Mamadou, Guillaume Cliche-Rivard, a demandé à l'ASFC de reporter la date de son expulsion, mais cette demande a été rejetée le 20 septembre. Guillaume Cliche-Rivard avait également déposé une demande d'urgence d'autorisation et de contrôle judiciaire des risques avant renvoi (la dernière évaluation remonte à 2018), ainsi qu'une nouvelle demande de permis de séjour temporaire. La prochaine étape est une demande d'urgence auprès de la Cour fédérale pour un sursis d'expulsion, afin de gagner du temps pour une réponse sur les nouvelles demandes, ainsi que sur la demande d'exemption ministérielle de Mamadou, déposée il y a plus d'un an et demi, afin que son solide dossier humanitaire soit pris en compte.
Mamadou se voit refuser l'admissibilité en vertu du très controversé article 34 controversé de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés (déposée par le gouvernement libéral de Jean Chrétien quelques semaines à peine après le 11 Septembre), intitulé « Sécurité ». Cet article, lit-on dans le communiqué de presse, « prévoit que toute personne qui a participé, de près ou de loin, à une tentative de renversement d'un gouvernement en place ne sera tout simplement pas considéré pour ses demandes afin d'obtenir statut en sol canadien ». Le communiqué ajoute qu'au fil des ans, cette section a été maintes fois remise en question, notamment parce qu'elle « ne prend nullement en compte les différents contextes géopolitiques des pays. Alors que des personnes comme Mamadou se voient interdire un statut car elles ont eu le malheur de vivre dans des pays déchirés par des conflits armés, des politiciens directement impliqués dans ces mêmes conflits n'ont eu aucun problème à entrer au Canada, les bras grands ouverts. Mamadou n'est complice d'aucun crime, ni ici, ni dans son pays ;comment se fait-il qu'on lui ferme la porte au nez encore une fois ? »
Le communiqué de presse conclut : « L'histoire de Mamadou continue d'indigner la population québécoise et il est plus que temps que son statut soit régularisé, tout comme celui de milliers de personnes vivant des situations similaires. Il est de notre responsabilité, en tant que personnes vivant au Canada, de ne pas laisser passer ce genre d'injustices, d'autant plus que le gouvernement fédéral vient d'annoncer l'implantation prochaine d'un programme large de régularisation. » « Statut pour tous et toutes MAINTENANT ! »
Les participants à l'action du 22 septembre ont été informés qu'une autre action en soutien à Mamadou, cette fois à Rimouski, à quatre heures de route de Montréal, avait été organisée le même jour.
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 31 - 28 septembre 2022
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