Déclin des investissements dans les moyens de production fixes
Statistique Canada rapporte que l'inflation des prix a augmenté de 7,7 % de mai 2021 à mai 2022. De façon générale, cela veut dire qu'il y avait trop d'argent en circulation en quête des biens et des services disponibles.
Avec des incitatifs comme les taux d'intérêt à la baisse, les grandes banques et d'autres institutions financières ont mis des quantités massives d'argent neuf en circulation en émettant des prêts. En outre, l'élite dirigeante, forte de son contrôle politique, a cédé des quantités faramineuses de fonds publics à des intérêts privés par l'entremise de stratagèmes pour payer les riches et a fait sombrer l'économie dans un abîme de production inutile pour la guerre et les préparatifs de guerre, y compris l'expansion des engagements envers le NORAD et les plans bellicistes mondiaux des États-Unis pour l'OTAN.
L'apport d'argent neuf dans l'économie n'avait pas comme objectif de développer ou de moderniser les moyens de production. L'investissement dans les moyens de production fixes est en déclin depuis 2015 alors que l'ensemble des forces productives fixes par travailleur a chuté au point de ne pas suivre la dépréciation ou la croissance de la population. De façon générale, ceci a un impact sur l'inventaire disponible de moyens de production fixes tels que les bâtiments non résidentiels, les travaux publics, la machinerie, l'équipement et les logiciels, les outils dont les travailleurs ont besoin pour produire.
Statistiques Canada décrit le déclin des moyens de production fixes depuis 2015 comme suit : les travaux de construction ont baissé de 3 %; les machineries et équipements ont baissé de 17 %; les bâtiments non résidentiels ont baissé de 1 %; et, ce qui est surprenant, les logiciels et les autres biens intellectuels ont baissé de 12 %.
Dans l'ensemble, l'inventaire des forces productives fixes dans toutes les catégories a subi un déclin général de 5 % en 2015. Dans son rapport du mois de juin, Statistique Canada rapporte également que la productivité de l'économie a chuté de 0,5 % au premier trimestre de cette année – son septième déclin trimestriel consécutif. Tout cela reflète la destruction des forces productives matérielles du Canada non seulement en termes relatifs mais en termes absolus, ce qui a fait dire aux éditorialistes du Financial Post que c'est « tout à fait alarmant ». Ils rappellent que la seule période historique au cours de laquelle l'inventaire des forces productives par travailleur avait décliné pendant plusieurs années était pendant la crise économique (la grande dépression) des années 1930.
La réduction des forces productives a un impact direct sur la production de biens et services et peut aussi avoir un impact négatif sur le taux de développement de la productivité par travailleur. Ces deux phénomènes exerceraient une pression sur les prix, les faisant augmenter ou, du moins, les empêchant de chuter. En fait, ils ont maintenant augmenté. En outre, les sanctions mondiales et les tarifs imposés par les États-Unis aux pays ciblés tels que l'éventail de sanctions contre la Russie et d'autres mesures plus spécifiques telles le fait d'imposer une restriction aux activités de la compagnie technologique chinoise Huawei, réduisent l'approvisionnement d'objets à vendre, ce qui exerce une pression à la hausse sur les prix dans les secteurs touchés et sur certains biens tels que l'énergie, propageant l'inflation des prix de façon générale.
La productivité diminue le temps de travail nécessaire pour produire un bien ou un service. Dans une économie fondée sur les biens en tant que marchandises, où la production est destinée à être vendue sur un marché, la valeur monétaire des biens et services est en grande partie déterminée par le temps de travail requis pour produire un bien. La productivité et l'approvisionnement accrus de biens et services sans ajuster l'approvisionnement monétaire en fonction de ces facteurs engendre la déflation, ce qui veut dire qu'un dollar pourrait acheter une plus grande quantité de biens et services. La déflation des prix rend fou les intérêts privés qui contrôlent l'économie, puisqu'elle diminue le rendement sur les biens et services qu'ils vendent ainsi que la valeur monétaire des moyens de production et d'autres propriétés qu'ils ont achetées et dont ils sont les propriétaires.
Pour contrer la diminution de la valeur monétaire des biens engendrée par la productivité et un plus grand approvisionnement, l'élite dirigeante submerge l'économie avec plus d'argent que la valeur monétaire des biens et services disponibles, tout en adoptant d'autres mesures. Cet approvisionnement d'argent excédentaire se produit de plusieurs façons : des institutions financières créent de l'argent en émettant des prêts; le gouvernement concocte des stratagèmes pour payer les compagnies mondiales, ce qui est maintenant de rigueur lorsqu'il y a d'importants investissements privés; des prix élevés pour les contrats gouvernementaux en infrastructure sont garantis; il y a destruction des forces productives en diminuant les investissements dans les nouveaux moyens de production et en ralentissant la modernisation des forces productives périmées; et la richesse sociale disponible est destinée à la guerre et à la production de guerre. Cela se fait surtout par l'intégration dans l'économie de guerre des États-Unis, l'approvisionnant en ressources naturelles canadiennes plutôt que de canaliser les investissements dans la construction d'une économie canadienne autonome dans des programmes sociaux répondant aux besoins et au mieux-être du peuple.
Une combinaison de tous ces facteurs, y compris l'assaut néolibéral contre les avantages sociaux et le pouvoir d'achat de la classe ouvrière au cours des trois dernières décennies, et maintenant la guerre par procuration des États-Unis/OTAN et les sanctions contre la Russie, ont fait en sorte que le barrage des prix, pour ainsi dire, a éclaté. L'économie ne peut pas produire suffisamment de biens et services pour suivre le montant de devises (l'argent) en circulation. Cette activité engendrant l'inflation est exacerbée parce qu'une portion massive de l'économie est canalisée vers le matériel de guerre et le stationnement de troupes et d'équipements à l'étranger et le financement des guerres actuelles en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, etc. et maintenant la guerre par procuratoin des États-Unis/OTAN contre la Russie et l'injection de matériel de guerre en Ukraine et en Europe, tout en antagonisant la Chine et se préparant à lui faire la guerre.
Dans le Financial Post, on écrit, sans spécifier quel est l'objet des dépenses ni qui s'y prête : « Les prix augmentent rapidement parce que les dépenses augmentent rapidement, mais la production n'augmente pas. La capacité de notre économie de produire est au point de stagnation parce que les investissements commerciaux ont été si faibles que le stock de capital productif [sic] [on devrait dire forces productives matérielles – note éditoriale du LML] par travailleur est en chute libre. Si nous ne changeons pas la situation, la perspective d'une croissance réelle du niveau de vie dans les mois, les années et les décennies à venir est sombre. »
Pour le peuple, le fait de connaître les problèmes et même les solutions ne mène pas en soi à des résultats parce qu'il n'a pas de pouvoir politique. Les formes politiques coloniales anachroniques ne lui permettent pas de donner suite à sa compréhension et son besoin de solutions. Alors comment dissiper la morosité de cette fraude économique et politique alors que l'élite dirigeante et ses intérêts privés, celle-là même qui est responsable de la crise, maintient toujours leur contrôle économique, politique et social ?
Le peuple ne peut mettre en oeuvre ses solutions à ces problèmes que conjointement avec ses revendications de pouvoir politique. En bâtissant de nouvelles organisations politiques, de nouvelles formes et des relations économiques et sociales et des relations au sein du peuple et avec la nature sur la base d'une nouvelle pensée, de nouvelles institutions et des nouvelles façons de faire, il sert le mieux-être et le bien collectif. Cela donne au peuple le pouvoir politique de résoudre les vrais problèmes sur la base de vraies solutions.
L'élite dirigeante ne se mettra pas tout d'un coup à ne plus mener des guerres sans fin, détruisant et saignant l'économie pour le profit maximum, et manipulant la politique pour servir ses intérêts privés étroits. Elle est prise dans un système impérialiste qui fait qu'elle devient plus riche et plus destructrice, pendant que le peuple s'appauvrit. L'élite dirigeante n'est pas du tout motivée à changer sa façon de faire ou même à contempler de le faire. Il est temps pour le peuple de se lancer avec audace dans la mêlée et de bâtir le Nouveau comme il l'entend.
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 30 - 26 septembre 2022
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