Funérailles de la reine et Jour de deuil national

Qu'est-ce que le deuil national exactement ?

Les marxistes-léninistes se sont joints aux nombreux Canadiens et Québécois qui revendiquent la non-succession de la monarchie au Canada et au Québec. Ils font valoir le besoin d'un renouveau démocratique dans lequel le peuple s'investit du pouvoir de décider de toutes les questions qui le concernent, plutôt que de laisser ce pouvoir décisionnel entre les mains d'une élite privilégiée qui gouverne en son nom et à laquelle il doit se soumettre sans poser de questions. S'attaquer de front à cette importante préoccupation parmi les Canadiens et les Québécois, c'est défendre le droit humain à la conscience, lequel passe nécessairement par l'attribution de la souveraineté au peuple.

Le monarque n'est pas seulement un symbole sans signification dans nos vies. Lorsqu'un nouvel arrivant devient citoyen canadien, il doit prêter serment à la « reine du Canada ». Il en va de même pour les membres du Parlement, des assemblées législatives provinciales et de l'Assemblée nationale du Québec, pour les juges et tous ceux dont le travail est « au service de la Couronne » et de ses institutions. Et pourtant il n'y a pas de discussion sur ce que représente la monarchie à laquelle nous prêtons allégeance. Avec tout le faste entourant le décès de la reine, ses funérailles et la succession dynastique au trône de son fils aîné Charles, il est important d'engager des discussions qui permettent de comprendre ce que le Canada pleure et célèbre à la fois.

Tous les discours des élites et de leurs médias à la gloire de la reine méritent qu'on s'y attarde, car ils brossent un tableau bien caractéristique de valeurs dites universelles avec lesquelles tout le monde serait d'accord. On fait valoir l'importance de la succession pour la pérennité d'un ordre constitutionnel qui serait vraisemblablement la clé de notre stabilité et de notre bonheur futurs. Ce n'est pas pour rien que ceux qui représentent des intérêts partisans rivaux qui servent à diviser le corps politique parlent d'une seule voix quand il s'agit de faire l'éloge de la reine et de la succession de l'ordre constitutionnel. D'une seule voix, Trudeau le libéral, Poilievre le conservateur et Jagmeet Singh le néodémocrate interviennent pour parler de la Reine comme la personne d'État qui assure la stabilité du système parce qu'elle représente l'unité de la nation et qu'elle est au-dessus des intérêts partisans et ne se mêle pas des affaires politiques. Vraiment ? Quelle est la signification de la monarchie au Canada, au Québec ? Pour les peuples autochtones ? Pour les peuples du monde ?

Seules les victimes de cet ordre constitutionnel et les forces éclairées qui ne veulent pas taire leur conscience pour des gains de carrière ou autres, parlant en leur propre nom, prennent une position digne sur cette question. Elles sont les seules à parler de l'expérience concrète de cet ordre constitutionnel qui apporte tout de suite la nécessité d'un renouveau démocratique qui investisse le peuple du pouvoir souverain plutôt qu'une souveraineté à l'image gravée d'un personnage fictif de l'État auquel tout le monde est censé rendre hommage.

Il est temps plus que jamais d'explorer la vérité de ce que représente cette monarchie. Déjà, la vérité sur les atrocités coloniales commises contre les peuples autochtones et ceux réduits à l'esclavage ou massacrés au nom du progrès ou utilisés comme chair à canon pour servir la cause de l'Empire britannique est de mieux en mieux connue. Ces dernières années, la violence génocidaire subie par les Premières Nations a été mise en lumière grâce aux efforts des peuples autochtones eux-mêmes, qui ont mené à l'enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, à la création de la Commission de vérité et de réconciliation et à la confirmation du génocide commis à leur encontre, notamment à cause du système des pensionnats. Jusqu'à ce jour, l'ordre constitutionnel du Canada continue de soutenir la doctrine de la découverte contenue dans les bulles papales et utilisée par les reines et les rois d'Angleterre pour établir l'ordre constitutionnel imposé au Canada par des actes brutaux de suppression de tous ceux qui se sont battus pour affirmer leur droit d'être, leurs traditions et leur histoire. Tout cela est dit « légal » et immuable.

Ce n'est pas pour rien que cet ordre constitutionnel est basé sur une personne d'État fictive comme symbole d'une unité nationale et de valeurs universelles qui nient le droit d'être du peuple. Prétendre aujourd'hui que le nouveau monarque se fera le champion de la réconciliation et d'un environnement social et naturel sain, comme on prétend qu'Elizabeth II l'a fait de son vivant – ce qui est manifestement faux – n'est pas seulement une mauvaise plaisanterie, c'est une plaisanterie qui ne peut être cachée derrière le voile du faste, de l'apparat, de la richesse et des privilèges. Au contraire, plus ces éléments sont exposés, plus ils sont considérés comme anachroniques.

Les personnes qui prennent des positions dignes font remarquer que dans « vérité et réconciliation », l'important est la vérité. Et quels que soient leurs efforts, cette vérité ne peut plus être contenue par les élites dirigeantes qui cherchent désespérément à perpétuer leur pouvoir. Pour servir leurs intérêts, elles disent que peu importe les opinions que les gens sont en droit d'avoir sur la reine ou la monarchie, notre avenir dépend de la défense de l'ordre constitutionnel du Canada. Lorsque les choses se gâtent, cet ordre montre sa véritable essence en niant les demandes de réparations pour les crimes que l'État commet et tolère chaque jour contre le peuple.

Néanmoins, à mesure que les gens parlent de leur propre expérience, la lourde chaîne que l'ordre constitutionnel les oblige à porter autour du cou sera levée.


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Volume 52 Numéro 28 - 19 septembre 2022

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