Les gouvernements doivent mettre fin à l'exploitation et l'humiliation des étudiants internationaux

- Philip Fernandez -


Action d'étudiants migrants aux bureaux de l'immigration à Toronto le 23 avril 2022

Avec la nouvelle année universitaire en cours dans les collèges et universités du Canada, le mauvais traitement et la situation critique des étudiants internationaux, qui supportent maintenant plus de 40 % des coûts d'exploitation de ces établissements, sont plus évidents que jamais et doivent être abordés.

Pour mettre les choses en contexte, la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants a signalé en avril que, au cours des 20 dernières années, le financement fédéral des établissements postsecondaires a diminué de 40 %. Les établissements postsecondaires en sont venus à compter sur les frais d'inscription des étudiants internationaux pour combler ce manque.

Au cours des dix dernières années, de 2011 à 2021, le nombre d'étudiants étrangers fréquentant les collèges et universités canadiens est passé de 239 000 à 621 000. Le gouvernement libéral de Trudeau a fait du recrutement d'étudiants internationaux l'un des principaux piliers de sa politique d'immigration, affirmant que les étudiants internationaux apportent des compétences et des connaissances qui sont bénéfiques pour le Canada. Les étudiants internationaux contribuent actuellement plus de 21 milliards de dollars annuellement à l'économie canadienne.

Les recruteurs privés engagés par les collèges et les universités canadiennes et payés à la commission, dressent un tableau idyllique de la vie et des perspectives d'avenir des étudiants internationaux au Canada, faisant miroiter la perspective de la citoyenneté, tout comme le fait le gouvernement canadien. C'est ainsi que de nombreux étudiants de l'Inde et d'autres pays sont incités à venir au Canada, en Australie et dans d'autres pays pour améliorer leur avenir et, ce faisant, renforcer la sécurité et la prospérité de leur famille.

La plupart des étudiants sont issus de familles pauvres. Par exemple, 80 % des étudiants internationaux originaires du Pendjab sont issus de familles rurales qui survivent avec une moyenne de 10 hectares de terre. Ces étudiants constituent la majorité des plus de 250 000 étudiants indiens titulaires de permis d'études au Canada qui fréquentent des établissements d'enseignement postsecondaire au Canada et la plus grande cohorte d'étudiants internationaux qui arrivent au Canada chaque année.

Le fait que les étudiants internationaux doivent payer jusqu'à six fois plus de frais de scolarité que les étudiants canadiens pour les mêmes cours et la même instruction est une forme d'exploitation et de déni de justice. Les établissements d'enseignement postsecondaire peuvent fixer ces frais aussi haut qu'ils le souhaitent. À l'Université de Toronto, par exemple, un étudiant canadien de premier cycle paie en moyenne 6 100 dollars par an, alors que pour un étudiant international, les frais peuvent s'élever à 54 000 dollars, voire plus, selon le cours.

Sarom Rho, une organisatrice de l'Alliance des travailleurs migrants pour le changement (Migrant Workers' Alliance for Change), qui défend les droits des étudiants internationaux, qualifie le traitement réservé par le Canada aux étudiants internationaux de « ponction d'argent qui cible les familles racialisées, pauvres et ouvrières du monde entier ». Elle s'oppose également à ce qu'elle appelle les tactiques « de leurre » utilisées par les gouvernements fédéral et provinciaux pour recruter ces étudiants en leur promettant la résidence permanente et la citoyenneté, mais en les forçant à se débrouiller seuls à chaque étape du processus une fois qu'ils ont payé leurs frais et obtenu leur visa.

En plus des frais de scolarité élevés qu'ils doivent payer, les problèmes des étudiants internationaux sont aggravés par le manque de logements abordables, de soins de santé et d'autres aides sociales. Cela s'ajoute aux conditions de travail abusives et à une limite de 20 heures de travail rémunéré par semaine, ce qui n'est tout simplement pas suffisant pour que la majorité des étudiants internationaux puissent subvenir à leurs besoins, économiser pour payer leurs frais de scolarité et envoyer de l'argent chez eux pour subvenir aux besoins de leurs parents. Il y a eu des cas de jeunes étudiantes victimes de la traite à des fins d'esclavage sexuel pour joindre les deux bouts.

Ces conditions de traite des êtres humains et de maltraitance créées par l'État canadien et ses gouvernements sont la raison pour laquelle plus de 50 % des étudiants étrangers sont confrontés à des problèmes de santé mentale. C'est également la raison pour laquelle, selon un article récent du Globe and Mail, un salon funéraire de Brampton signale qu'il s'occupe de quatre à cinq décès par mois d'étudiants internationaux, principalement originaires de l'Inde. La plupart de ces décès sont des suicides ou des surdoses présumés.

Loin d'accepter cet état de fait, les étudiants étrangers ripostent. Dans la région du Grand Toronto, une organisation appelée Naujuwan Support Network a récupéré des centaines de milliers de dollars en salaires perdus pour des étudiants internationaux qui ont été exploités par des restaurants et d'autres lieux de travail. Migrant Students United, qui fait partie de l'organisation plus large Réseau des droits des migrants, organise des piquets d'information et des rassemblements militants et se bat pour les droits des étudiants internationaux. Leurs revendications comprennent la réduction des frais de scolarité, l'obligation d'obtenir des aides publiques comme les soins de santé et le logement, la suppression de la limite de 20 heures par semaine pour l'emploi, et un statut permanent pour tous les étudiants internationaux qui souhaitent rester au Canada afin qu'ils puissent vivre dans la dignité, la stabilité et la tranquillité d'esprit.

Les Canadiens ne veulent pas que ces mauvais traitements des étudiants internationaux se poursuivent et exigent que ces futurs citoyens qui contribuent au Canada dès leur arrivée soient traités avec respect et ne soient pas soumis à un traitement humiliant et arbitraire.

Le 18 septembre, le dimanche avant la reprise de la session d'automne du parlement prévue le mardi, un jour après les funérailles de la reine, le Réseau des droits des migrants organise une journée d'action nationale « pour exiger des droits égaux et le statut de résident permanent pour toutes les personnes sans papier, les travailleurs migrants, les étudiants, les familles et les réfugiés ». Le Parti marxiste-léniniste du Canada appelle tout le monde à se mobiliser pour faire de cette journée un succès !


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Volume 52 Numéro 27 - 16 septembre 2022

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