Opinion du Parti marxiste-léniniste du Québec sur la mort de la reine

Élisabeth II, reine du Royaume-Uni et de ce qu'on appelle les « 14 autres royaumes du Commonwealth », est décédée le 8 septembre dans sa résidence de Balmoral en Écosse. Son fils, le prince Charles, est devenu roi du Royaume-Uni et a pris le nom de roi Charles III. À ce titre, il devient automatiquement chef d'État du Canada, dont le Québec.

La définition d'un « royaume » est « une communauté ou un territoire sur lequel règne un souverain ». Le terme est « couramment utilisé pour décrire un État monarchique ou dynastique ».

Voilà donc ce qu'il faut comprendre en langage clair. Nous savions que le Canada n'était pas une république, mais maintenant nous pouvons dire avec certitude que c'est un royaume ! C'est honteux !

D'autre part, on nous dit que la monarchie est symbolique et rien de plus. Est-ce vraiment le cas ?

Le PMLQ exprime son désaccord avec les partis cartellisés qui ont réagi à la mort de la reine en disant, sous des angles en apparence différents, que la monarchie est sans conséquence pour le Québec. Ils ont dit que c'est essentiellement symbolique et donc « la vie continue ». Bref, il n'y a pas de raison de s'arrêter davantage sur le fait que le Québec est constitutionnellement lié à la monarchie britannique.

Ils n'ont sûrement pas oublié que la Constitution de 1982, avec sa Charte canadienne des droits et libertés et ses limites non raisonnables sur les droits et une formule d'amendement irréalisable – les deux sources de crises perpétuelles – porte la signature d'Élisabeth II.

C'est également un fait que toute loi adoptée au Canada et au Québec doit recevoir la « sanction royale », par l'intermédiaire d'un « gouverneur général » ou d'un « lieutenant-gouverneur ». Il s'agit de postes non électifs que l'on dit symboliques mais qui ne le sont pas du tout. C'est précisément l'institution qui maintient l'ordre constitutionnel au Canada et au Québec et cet ordre constitutionnel est conçu pour garder le peuple à l'écart du pouvoir.

Ce n'est pas une coïncidence si, à chaque fois que l'Assemblée nationale du Québec essaie de se débarrasser de ce « symbole », par respect de soi, différents constitutionnalistes s'empressent de dire que c'est impossible, que cela ne peut pas être fait.

Bien sûr que cela peut être fait ! C'est le droit fondamental d'un peuple de décider de toutes les questions qui le concernent. Le peuple peut élire une Assemblée constituante et rédiger une Constitution qui lui confère la souveraineté sur une base moderne – plutôt que de le conférer à la personne d'un monarque étranger auquel tous les élus et hauts fonctionnaires, y compris les juges, doivent prêter serment d'allégeance !

Dire que la Constitution canadienne ne le permet pas devient un argument de plus en plus ridicule puisqu'il est évident que cette constitution ne le permettra pas. C'est le document qui a créé l'État canadien en tant que « royaume » de la Couronne britannique, sur la base de la suppression et de la négation de la nation québécoise et sur la base du génocide des peuples autochtones. Il défend avant tout son « ordre constitutionnel » qui perpétue le statut quo. Voilà pourquoi le Québec n'a jamais signé la Constitution du Canada quand elle a été rapatriée en 1982 sans répondre à aucune des demandes d'une des nations dites fondatrices. C'est la définition même d'un pouvoir au-dessus du peuple.

Mais la question demeure : si la monarchie n'est que symbolique, alors pourquoi la garder ? Pour préserver ce « symbole » nous allons devoir maintenant « payer notre part » de cérémonies funéraires grandioses et opulentes. Nous allons payer qui sait combien pour sacrer le nouveau « symbole » qui régnera sur ses « sujets » dans son incarnation de « représentant de Dieu sur terre » et maître de toutes les affaires temporelles. Lors du couronnement, le nouveau « symbole » portera lui-même deux des symboles de son règne : l'orbe et le sceptre.

L'orbe est le symbole de la puissance divine. Formé d'un globe surmonté d'une croix, il représente la domination de Dieu sur la terre. Le sceptre, qui porte également la croix, représente la domination du souverain sur les affaires temporelles – la moralité, la croyance, la conscience et les valeurs du pouvoir souverain. Ce sont ces valeurs qui sont présentées comme des valeurs canadiennes et, avec quelques nuances, comme des valeurs québécoises également. En d'autres termes, c'est tout le domaine du crime et du châtiment, de la guerre et de la paix, du jugement de ce qui est raisonnable et ce qui ne l'est pas.

Aujourd'hui, ces symboles se manifestent par l'anarchie et la violence qui règnent au pays et à l'étranger. Ce que les gouvernants appellent la paix, la stabilité et la prospérité se manifeste par la suppression du droit humain de s'exprimer et la criminalisation de toute dissidence jugée extrémiste et, à l'étranger, par des guerres de destruction et des menaces de recours à l'arme nucléaire pour imposer la volonté de domination mondiale des États-Unis, appuyés par les Royaume Uni, le Canada et les pays de l'OTAN. Rien de tout cela n'est décidé par le peuple, mais c'est censé représenter le peuple.

Si une enquête impartiale conclut qu'il s'agit de simples « symboles » qui ne sont plus pertinents dans la vie moderne, alors reconnaissons qu'ils proviennent de l'époque médiévale, qu'ils représentent un pouvoir établi au-dessus du peuple et qu'il est grand temps de s'en débarrasser.

Il est grand temps que les Québécoises et les Québécois adoptent les symboles issus de leur propre vécu, comme la ceinture fléchée des habitants qui ont mené une lutte « la patrie ou la mort » contre la domination coloniale britannique au début du 19e siècle. Ils se sont battus pour établir une République qui reconnaît le principe que tous sans exception ont le droit de se gouverner eux-mêmes. La ceinture fléchée, tissée aux doigts, représentait l'unité du peuple, quels que soient la richesse, l'origine nationale, la couleur de la peau, le sexe ou les croyances.

Et si l'on conclut au contraire que les symboles de la monarchie ne sont pas de simples symboles du passé, n'est-il pas grand temps de tirer les conclusions qui s'imposent et d'adopter un ordre constitutionnel et des symboles qui signifient quelque chose pour le peuple, qui représentent sa volonté de s'investir du pouvoir souverain, plutôt que de célébrer le pouvoir décisionnel d'un monarque, et encore moins d'un monarque étranger ?

À quoi bon parler d'« identité québécoise » si c'est pour empêcher les Québécois de saisir le moment et de se doter d'une Assemblée nationale qui s'investit du pouvoir de décision souverain, supprime son lien avec le monarque étranger et élit un chef d'État sur la base de critères qu'elle aura elle-même établis pour exécuter un mandat qu'elle se sera donné ? L'Assemblée nationale devrait pouvoir demander des comptes au chef d'État et le démettre de ses fonctions s'il ne remplit pas le mandat qui lui a été confié. Elle pourra fixer un salaire raisonnable, des conditions de vie et de travail, ainsi que les droits nécessaires à l'accomplissement des tâches qui lui sont confiées. Pas de privilèges, pas d'ostentation et de prétention, pas d'existence au-dessus du peuple ou en dehors de son contrôle.

Le PMLQ pose la revendication de la non-succession de la monarchie au Québec et de l'instauration d'une république comme partie intégrante de la revendication d'un renouveau démocratique dans lequel le peuple s'investit du pouvoir de décision sur toutes les affaires qui le concernent. Cela fait partie du travail pour bâtir de nouvelles institutions qui affirment la souveraineté du peuple, à un moment où les anciennes institutions ont été usurpées par des intérêts privés étroits qui accumulent toutes les richesses et tous les pouvoirs et dont les décisions créent de graves dangers pour le peuple.

Il ne s'agit pas de soi-disant querelles entre « fédéralistes et séparatistes ». Il ne s'agit pas de « briser » le Canada ou des autres niaiseries habituelles qu'on lance pour susciter les passions et surtout pour désinformer. En ce 21e siècle, se libérer des arrangements anachroniques n'est pas seulement une nécessité, c'est un droit.

Ces arrangements anachroniques imposés dans le passé font payer un très lourd tribut à la société. Ils consacrent des prérogatives sur lesquelles le peuple n'exerce aucun contrôle. Il s'agit d'une forme d'ordre constitutionnel qui nuit au bien-être des peuples du Canada et du Québec dans tous les sens du terme.

Les forces qui se libèrent d'arrangements qui ne leur conviennent pas sont celles qui mettent en place de nouveaux arrangements qui leur conviennent. Quoi qu'il en soit, les Québécoises et les Québécois doivent établir leur propre point de vue. Ils doivent intervenir pour résoudre la crise à laquelle la société et le monde entier sont confrontés d'une manière qui leur soit favorable, plutôt que d'être victimes de « solutions » qui favorisent encore une fois des élites dominantes qui sont devenues superflues et un énorme fardeau pour la société.

Tout en oeuvre pour investir le peuple du pouvoir souverain de décider !
Notre avenir est dans la défense des droits de toutes et tous !
Le renouveau démocratique maintenant !



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Volume 52 Numéro 26 - 15 septembre 2022

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