Poursuite contre les étudiants de l'Université McGill qui soutiennent la Palestine

B'nai Brith Canada a annoncé dans un communiqué de presse du 27 juillet qu'il « soutient la poursuite d'un étudiant de McGill contre l'université pour avoir omis de retenir les frais d'études » après ce qu'il appelle « des référendums anti-Israël répétés »[1].

La poursuite nomme l'Université McGill, l'Association étudiante de l'Université McGill (l'AÉUM) et Solidarité pour les droits humains palestiniens McGill (SPHR), qui a fait la promotion du référendum.

Dans son communiqué, B'nai Brith Canada déclare que « les membres de l'AÉUM ont approuvé un document accusant Israël de se livrer à un 'apartheid colonial contre les Palestiniens' et engageant l'AÉUM à boycotter toutes les entités 'complices' de cette activité, entre autres mesures. Le libellé du document était si large qu'il aurait obligé l'AÉUM à boycotter pratiquement tous les clubs et associations juifs du campus. »

B'nai Brith ajoute qu'il « a déjà demandé à l'université de ne pas financer la société étudiante et, bien qu'elle ait reçu l'assurance que McGill le ferait, elle continue de financer l'AÉUM. Pour aggraver les choses, McGill viole son propre protocole d'entente, promettant de cesser de financer l'AÉUM dans le cas où elle participerait au boycott d'Israël ou de groupes affiliés. »

Le communiqué tente de mettre sur le même pied le judaïsme et le sionisme, et de dépeindre comme « anti-Israël » la lutte de résistance légitime des Palestiniens face à l'occupation illégale et l'annexion en cours de leur patrie par les forces israéliennes. Michael Mostyn, directeur général de B'nai Brith Canada, a déclaré : « Il est inexplicable que McGill autorise un référendum anti-Israël après l'autre et continue à financer des activités qui violent ses propres politiques. En agissant ainsi, elle participe à la création d'un environnement antisémite. »

Pour enfoncer encore plus le clou en affirmant que les étudiants et les jeunes canadiens doivent abandonner leur combat juste et légitime en faveur de la cause palestinienne, Sam Goldstein, directeur des affaires juridiques de B'nai Brith Canada a déclaré : « Que cela serve d'exemple à toutes les universités du Canada qui autorisent ce type d'activité sur le campus. B'nai Brith ne tolérera plus cela. ... Ces types de référendums ne sont pas limités à McGill, c'est un problème dans les universités à travers le Canada, et nous espérons que les autres universités y prêtent attention. »

Le voleur qui crie « Au voleur ! »

Le plaignant – un étudiant juif de troisième année à McGill – est soutenu exclusivement par le Programme de défense juridique de B'nai Brith Canada.

« Nous défendons cet étudiant juif et, à travers lui, tous les étudiants juifs du campus qui ne se sentent pas en sécurité et ne sont pas les bienvenus en raison des référendums anti-Israël continus de leur société étudiante », a déclaré Michael Mostyn.

Il est intéressant de noter que l'« étudiant juif de troisième année à McGill » n'est pas un spectateur innocent dans cette affaire. Il écrit régulièrement pour un journal local appelé The Suburban, dans un quartier majoritairement juif de Montréal, et en mars, l'un de ses articles d'opinion a été publié dans le Jerusalem Post[2]. Dans cet article, il prend pour cible une professeure de l'Université McGill d'origine libanaise pour sa prise de position en faveur de la cause palestinienne, assimilant son soutien aux Palestiniens qui résistent à l'annexion à une « attaque du discours de paix avec Israël ». Elle a travaillé avec « Samah Idriss, la défunte écrivaine libanaise et militante antisioniste » qui « a également fait l'éloge du boycott, du désinvestissement et des sanctions contre Israël (BDS) ». Il a tenté de la dépeindre comme « semblant soutenir le terrorisme » dans un article que la rédaction du McGill Daily a refusé de publier.

En tant que citoyen américain, il est membre du Committee for Accuracy in Middle East Reporting and Analysis in America (CAMERA), une organisation américaine pro-israélienne qui promeut l'idée qu'Israël est injustement visé par les médias[3]. Les membres du CAMERA reçoivent 1 500 $ et doivent mener un certain nombre d'activités sur le campus, notamment « surveiller les médias du campus, les salles de classe et les professeurs, ainsi que les événements anti-Israël »[4].

Il a mené sans succès une campagne pour rejeter comme illégitime une motion visant à soumettre la politique de solidarité avec la Palestine à un référendum ouvert à tous les étudiants de premier cycle, motion qui a été adoptée par l'Assemblée générale de l'AÉUM en février, puis par son Conseil législatif.

Comme l'a déclaré un porte-parole du SPHR McGill lors du rassemblement du 10 août à Montréal en soutien à Gaza, les militants sont déterminés à poursuivre la lutte pour que les résultats du référendum de l'hiver 2022 sur la politique de solidarité avec la Palestine soient appliqués.

Question du référendum de l'hiver 2022 de l'AÉUM

Question du bulletin de vote : « Acceptez-vous l'adoption par l'AÉUM de la Politique de solidarité avec la Palestine ? »

Politique de solidarité avec la Palestine

Contexte et justification

Les statuts de l'AÉUM stipulent que « l'AÉUM s'engage à faire preuve de leadership en matière de droits de la personne [et] de justice sociale ».

Les étudiants de McGill ont toujours fait campagne pour le désinvestissement d'institutions ou de sociétés qui font preuve d'un manque de responsabilité, d'éthique et de respect pour les droits et la dignité d'autrui;

les étudiants palestiniens et pro-palestiniens s'efforcent depuis des années de sensibiliser leurs pairs à la complicité de l'Université McGill dans l'oppression des Palestiniens, tout en faisant face à de graves menaces à leur sécurité et à d'autres droits fondamentaux;

l'Université McGill investit ou collabore étroitement avec plusieurs sociétés et institutions complices d'un système bien établi d'apartheid colonial contre les Palestiniens;

ce système d'apartheid colonial se caractérise par un régime brutal de vol de terres, de postes de contrôle, de démolition de maisons, de destruction de l'environnement, de déportation et d'exécutions extrajudiciaires aux mains de soldats, de policiers et de colons;

sous ce même régime, les Palestiniens de la bande de Gaza continuent de vivre dans des conditions de plus en plus difficiles, sous un blocus destructeur, où les tentatives de protestation ou de résistance se heurtent aux balles des tireurs d'élite ou aux bombardements meurtriers;

l'Université McGill a coupé ses liens avec les institutions et les entreprises complices de l'apartheid sud-africain dans les années 1980, après un activisme étudiant concerté;

un nombre toujours croissant de syndicats étudiants, d'universités, de syndicats, de partis politiques et d'organisations religieuses ont appelé au boycott ou au désinvestissement des atrocités commises par les colons contre les Palestiniens, au Canada et dans le monde;

Mesures à prendre

Il est résolu :

L'AÉUM fera campagne pour que l'Université McGill condamne publiquement la Mission Canari et les autres campagnes de surveillance ou de dénigrement contre les étudiants palestiniens et pro-palestiniens.

L'AÉUM fera au moins une déclaration publique par semestre, y compris une déclaration lors du Jour de la Nakba, réaffirmant la solidarité de l'AÉUM avec les étudiants palestiniens et avec la libération de la Palestine de l'apartheid colonial. Chacune de ces déclarations sera rédigée par le Comité de solidarité avec la Palestine de l'AÉUM .

L'AÉUM boycottera complètement toutes les entreprises et institutions complices de l'apartheid colonial contre les Palestiniens.

L'AÉUM fera campagne pour le boycott complet par l'Université McGill de toutes les entreprises et institutions complices de l'apartheid colonial contre les Palestiniens.

L'AÉUM désinvestit complètement de toutes les entreprises complices de l'apartheid colonial contre les Palestiniens.

L'AÉUM fera campagne pour le désinvestissement complet de l'Université McGill de toutes les sociétés complices de l'apartheid colonial contre les Palestiniens.

L'AÉUM formera un Comité de solidarité avec la Palestine (CSP), composé d'au moins un coordonnateur de campagne politique de l'AÉUM (président), d'un membre de l'exécutif de l'AÉUM et d'au moins quatre membres de Solidarité pour les droits humains palestiniens McGill (SPHR).

En cas de question, de conflit ou d'incertitude concernant l'application correcte de la politique, le Comité de solidarité avec la Palestine prendra une décision contraignante, par un vote majoritaire. Cette décision devra ensuite être ratifiée par le corps étudiant lors du premier référendum subséquent de l'AÉUM.

Cette politique restera en vigueur pendant une période de 5 ans, à partir du moment de son adoption par le corps étudiant.


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Volume 52 Numéro 15 - 18 août 2022

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