Nouvelles mesures de répression d'Israël contre la résistance palestinienne


Funérailles à Naplouse, le 9 août, pour trois jeunes tués dans cette ville par l'armée israélienne

Ce qui suit sont des extraits d'un article intitulé « Le gréviste de la faim et le 'lion de Naplouse' » par Mariam Barghouti, publié le 10 août sur le site web Mondoweiss.

Le 9 août 2022, les forces israéliennes ont tué quatre Palestiniens dans deux incidents distincts. À Naplouse, trois Palestiniens, dont Ibrahim Nabulsi, un remarquable résistant des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa (l'aile armée du Fatah), ont été assassinés en plein jour dans un raid militaire, alors qu'au Hébron Jaber Momin, 17 ans, a été tué dans lors de confrontations, les forces d'occupation ayant raflé la ville[1]. En outre, la mort d'Ibrahim Nabulsi, « le lion de Naplouse », est liée à la lutte continue du prisonnier palestinien Khalil Awawdeh, dont la grève de la faim se poursuit depuis cinq mois, et qui est maintenant détenu dans l'infirmerie de la prison de Ramleh.

Tous ces incidents font partie de la même histoire — la campagne israélienne visant à éradiquer la résistance palestinienne.

La récente série de tueries par Israël, y compris l'assassinat de Nabulsi et le meurtre de Hussein Taha, 16 ans, a eu lieu à peine 48 heures après la déclaration d'un cessez-le-feu négocié par l'Égypte pour mettre fin au plus récent assaut israélien contre Gaza — nommé opération Breaking Dawn[2]. L'objectif de Breaking Dawn était de cibler de façon préventive des membres du mouvement du Jihad islamique palestinien (JIP) que l'armée israélienne « soupçonnait » d'avoir planifié une attaque contre Israël.

Cependant, le fait de se concentrer sur le JIP visait à dissimuler ce qui avait eu lieu plusieurs semaines avant l'attaque. L'armée israélienne avait entrepris une série d'opérations en Cisjordanie comme partie intégrante de l'opération Break the Wave, lancée au printemps de cette année[3]. Le 24 juillet, l'armée israélienne a envahi l'ancienne ville de Naplouse, attaquant de nombreuses maisons et des secteurs résidentiels de balles réelles, d'explosifs et de gaz lacrymogène.

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Un aspect essentiel de l'accord de cessez-le-feu du Jihad islamique palestinien était le respect de trois principales revendications : la libération du dirigeant principal du JIP, Bassam al-Saadi (que l'armée israélienne détenait à Jenin le 1 août), qu'Israël arrête de prendre pour cibles les membres du JIP ou leurs affiliés en Cisjordanie, et la libération immédiate du gréviste de la faim Khalil Awawdeh, 41 ans, en détention administrative sans procès ni accusation.

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Le 5 janvier, Awawdeh devait être libéré suite à son arrestation par les autorités israéliennes sur des allégations d'incitation sur son compte Facebook, mais son cas en est devenu un de détention administrative quelques jours plus tard. Selon le rapport trimestriel de janvier-mars de 7amleh, neuf personnes avaient été incarcérés par Israël pour incitation[4]. Awawdeh a entamé sa grève de la faim il y a 150 jours pour contester sa détention administrative. En raison de la détérioration de son état de santé, il n'a pu comparaître devant les tribunaux le 9 août, puisqu'il est toujours en détention dans l'infirmerie de la prison de Ramleh à l'intérieur de la Ligne verte. Cette pratique de transporter des personnes occupées hors du territoire occupé est illégal en vertu du droit international. L'état de santé d'Awawdeh continue de se détériorer, et il continue d'être illégalement retenu en détention administrative. En effet, Israël agit hors la loi de façon routinière pour atteindre ses objectifs de « sécurité ». Un important exemple est le meurtre extrajudiciaire de Nabulsi et des dirigeants du JIP tels que Tayseer Jaabari à Gaza. Ce que ces cas ont en commun c'est qu'ils sont décidés et exécutés sur la base de spéculations par les autorités et les agences de renseignements de l'armée israélienne.


Action le 1er août 2022 en appui au gréviste de la faim Khalil Awawdeh, devant l'édifice de la Croix-Rouge à Gaza

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Comme l'état de santé d'Awawdeh continue de se détériorer, Israël semble nier que la libération de Saadi et d'Awadeh était un élément essentiel de l'accord de cessez-le-feu[5]. Et pourtant, l'assassinat ciblé et brutal d'un jeune de 19 ans dont la réalité a voulu qu'il devienne un résistant n'est pas le propre d'une faction politique unique, mais s'étend de Gaza à Jenin à Naplouse, et aux communautés palestiniennes ayant la citoyenneté israélienne, comme nous l'avons vu dans la ville de Lydd l'année dernière[6]. Alors qu'un sentiment de deuil pèse sur les Palestiniens, il existe de nouvelles craintes d'attaques renouvelées par l'armée israélienne et des colons enhardis contre les villes et villages palestiniens[7].

Puisque les capacités de renseignement et anti-insurrectionnelles de l'armée israélienne sont parmi les plus développées au monde sur le plan technologique, activement appuyées par les États-Unis, la résistance palestinienne est poussée de plus en plus à la clandestinité. Awawdeh continue de lutter le ventre vide. Nabulsi était un jeune de 19 ans ayant refusé d'accepter l'agression militaire israélienne, et Israël l'a par conséquent ciblé, lui et ses camarades, non pas pour des « raisons de sécurité », mais en raison de ce qu'ils sont devenus — des symboles de la résistance et de l'espoir d'une éventuelle libération.

Notes

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(Photos : Wafa, Mondeweiss. Traduction : LML)


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Volume 52 Numéro 15 - 18 août 2022

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