Les plans immédiats de l'OTAN

Réunion des autorités militaires du plus haut niveau de l'OTAN


Manifestation en Finlande, le 4 juin 2002, contre l'adhésion à l'OTAN

Le Comité militaire de l'OTAN, le plus haut niveau d'autorité militaire de l'alliance agressive, a réuni les chefs d'état-major à ses quartiers généraux à Bruxelles, en Belgique, le 9 mai. Le Comité militaire est la plus haute autorité militaire de l'OTAN et l'instance permanente la plus ancienne de l'OTAN après le Conseil de l'Atlantique nord. Les chefs d'état-major de l'OTAN sont généralement les plus hauts généraux militaires du pays concerné, comme le général Wayne Eyre pour le Canada et le général Mark Milley pour les États-Unis, président des chefs d'état-major interarmées. Alors que l'OTAN dispose d'un comité militaire, elle n'a pas ses propres forces armées. Au lieu de cela, chaque pays décide si elle enverra des forces et combien pour une guerre ou une agression militaire donnée, sous le commandement militaire des États-Unis.

Ont participé à la réunion du Comité militaire les chefs d'état-major des 30 pays membres de l'OTAN, ainsi que des représentants de la Suède et de la Finlande, qui avaient fait leur demande d'adhésion à l'OTAN quelques jours plus tôt. La réunion a été présidée par l'amiral Rob Bauer de la Marine royale des Pays-Bas, qui est le président du Comité militaire. Se sont joints à eux le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Tod Wolters, et le commandant suprême allié Transformation, le général Philippe Lavigne de France. Les chefs d'état-major des armées ont aussi rencontré des représentants de l'Australie, du Japon, de la Nouvelle-Zélande et de la République de Corée au sujet des développements dans la région indopacifique.

La réunion précède le sommet de l'OTAN à Madrid du 28 au 30 juin, où les chefs d'État des pays de l'OTAN doivent approuver une panoplie de recommandations « pour mieux adapter et consolider l'Alliance ainsi que le nouveau concept stratégique de l'OTAN ».

Dans ses remarques de bienvenue, l'amiral Bauer a déclaré que « l'adaptation est le principal sujet ici aujourd'hui. [...] Au cours de ces derniers mois, l'OTAN a démontré qu'elle est en mesure de changer sa posture rapidement et efficacement. Le fondement de cette réponse vient du travail que le comité a entamé il y a plusieurs années. Ensemble avec les commandants stratégiques, nous avons développé la stratégie militaire de l'OTAN, suivie du concept de dissuasion et de défense de la zone euro-atlantique (DDA), et le concept-cadre de l'OTAN sur la capacité à combattre (NWCC). » [1][2] L'adaptation de l'OTAN signifie comment elle s'y prendra pour étendre ses tentacules dans divers domaines, dont la gouvernance des pays de l'OTAN, utilisant des termes comme « leadership politique » ainsi que cyberespace.

Contre toute évidence, l'amiral Bauer a poursuivi en justifiant le bellicisme de l'OTAN en termes de défense collective contre une menace imminente et de la nécessité de se préparer à « s'attendre à l'inattendu, dans tous les domaines, d'un agresseur potentiel, dans n'importe quelle partie de la zone euro-atlantique ».

L'expansion de l'OTAN, de même que ses invasions et occupations de la Yougoslavie, de l'Afghanistan et de la Libye, ont engendré une instabilité et une insécurité continues pour les peuples d'Europe, d'Asie et d'Afrique. Néanmoins, l'amiral Bauer a dit : « C'est notre adversaire qui fixe notre calendrier, et c'est à nous en tant qu'alliance défensive de veiller à ce que nous soyons toujours prêts à protéger le milliard de citoyens qui vivent en territoire allié, et à organiser la dissuasion et la défense face aux menaces de la Russie et les groupes terroristes internationaux. Il est donc extrêmement important de donner aux leaders politiques un avis militaire objectif sur la posture de l'OTAN et sur l'adaptation continue, ce qui leur permettra de prendre des décisions informées ».

Lors de la première session de la réunion, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a breffé le comité militaire sur la situation géopolitique actuelle, discutant de l'environnement sécuritaire qui a été considérablement modifié et d'une plus grande adaptation de l'OTAN.


Manifestation à Göteborg, Suède, le 22 mai 2022, contre l'adhésion à l'OTAN

La deuxième session a abordé l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine avec la participation des chefs d'état-major de l'OTAN, de la Finlande, de la Suède et de l'Ukraine.

Le général Wolters a informé le Comité militaire sur la mise en oeuvre du concept de la dissuasion et de la défense de la zone euro-atlantique et de la posture à plus long terme de l'alliance.

Le général Lavigne a fait le point sur la mise en oeuvre du concept-cadre de l'OTAN sur la capacité à combattre, des opérations multi-domaine et de la « transformation numérique » continue de l'OTAN. Le Comité militaire a discuté de l'importance du nouveau concept stratégique et comment il était le moteur de l'adaptation militaire de l'OTAN.

À propos de la transformation numérique, le général Lavigne a dit : « Nous sommes avant tout convaincus que nous devons continuer de renforcer nos capacités de combattre et d'être en mesure de mener des opérations dans plusieurs domaines...dans les cinq domaines opérationnels : terre, mer, air, espace et cyberespace ». La transformation numérique rendra l'alliance « plus agile, et encore plus cohérente, et cette transformation numérique est le plus important facilitateur des opérations dans tous les domaines », a-t-il ajouté.

« La transformation n'est pas que technologique, elle est innovatrice, c'est un changement de mentalité, ce sont des gens et leurs nouvelles compétences », a poursuivi le général Lavigne. « L'agression russe contre l'Ukraine et les conséquences de cette guerre pour la sécurité de la zone euro-atlantique est un déclencheur additionnel qui ouvre plus rapidement la voie à la transformation. »

Le général Lavigne a dit que les opérations multi-domaine sont « à la fois un défi stratégique et une opportunité. C'est un défi, parce que nous devons développer la capacité de confrontation et de synchronisation face à de multiples acteurs, tant militaires, gouvernementaux, civils que de l'industrie. Et c'est aussi une opportunité parce que, ensemble, nous serons plus forts. »

L'accent sur le cyberespace en tant que partie intégrante des « opérations multi-domaine » est important compte tenu du haut degré de désinformation qui est fait au sujet de l'Ukraine et de l'opération militaire spéciale de la Russie en ce moment. Cet accent est également présent au Canada où les agences de cybersécurité tentent de diffamer ceux qui critiquent l'OTAN et son bellicisme comme étant des « agents de puissances étrangères ». Tout cela vise à miner l'opposition de longue date du peuple aux objectifs impérialistes agressifs de l'alliance de l'OTAN dirigée par les États-Unis.

Notes

1. Lors d'une réunion du Comité militaire en novembre 2021, le général américain Tod Wolters a dit que le concept de dissuasion et de défense de la zone euro-atlantique « concentre les efforts militaires menés à l'échelle des pays, des régions et du théâtre autour d'un objectif commun. Il donne aux pays un cadre permettant la mise en cohérence de leurs activités respectives de dissuasion militaire en temps de paix et, s'ils en reçoivent l'ordre, des mesures de défense en situations de crise et de conflit, et ce au titre de l'initiative OTAN 2030 ».

Selon l'OTAN, l'agenda OTAN 2030 est « un ambitieux document qui doit permettre à l'OTAN de demeurer prête, forte et unie pour une nouvelle ère, caractérisée par une intensification de la compétition à l'échelle mondiale ».

Pour de plus amples détails sur l'OTAN 2030, voir ici.

2. Selon le site web de l'OTAN, le concept-cadre de l'OTAN sur la capacité de combattre concerne « comment les alliés de l'OTAN doivent développer leurs forces militaires pour préserver l'avantage au cours des vingt prochaines années.

« Le concept offre une vision informée des menaces et des défis auxquels l'OTAN fait face aujourd'hui et demain, l'instrument militaire dont les alliés ont besoin pour le succès, et une voie réaliste pour y arriver en allant de l'avant et en peaufinant constamment le travail opérationnel le plus important pour développer les cinq impératifs du développement des capacités de combat ». Ces cinq « impératifs » sont : la supériorité cognitive, la résilience multicouche, la projection d'influence et de puissance, le commandement multimilieux et la défense multimilieux intégrée.


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Volume 52 Numéro 9 - 8 juin 2022

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