Blâmer le passé pour justifier le présent

Le rapport de 131 pages qui prétend traiter du racisme dans l'armée canadienne, intitulé « Groupe consultatif de la ministre de la Défense nationale sur le racisme systémique et la discrimination, notamment le racisme anti-Autochtones et anti-Noirs, les préjugés contre la communauté LGBTQ2+, la discrimination entre les sexes et la suprématie blanche — Rapport final », est composé de trois parties : Racisme systémique et discrimination dans l'Équipe de la Défense : origines et réalité actuelle ; Vision pour une équipe de la défense diversifiée et équitable ; et Possibilités d'amélioration et recommandations. Il comprend un résumé, un préambule intitulé « Il est temps de regarder les choses en face », des observations finales et plusieurs annexes.

Le rapport confirme et documente le fait que les forces armées ne reflètent pas la composition du Canada « en ce qui a trait au genre, à la race, à l'origine ethnique et à l'orientation sexuelle » et affirme que « les inégalités sur le plan de la représentation persistent dans tous les domaines » des forces armées, du recrutement à l'avancement professionnel en passant par le maintien en service, « risquant de ce fait de nuire à tous les progrès réalisés » qui sont « sérieusement entravés par une discrimination systémique ».

« Le racisme systémique »

La section de 21 pages intitulée « Racisme systémique et discrimination dans l'équipe de la défense : origines et réalité actuelle » attribue la discrimination dans les forces armées aux racines coloniales du Canada, c'est-à-dire non pas à la domination des bâtisseurs de l'empire britannique, mais au fait que « le système a été créé par les colons européens ». Le rapport affirme que « le racisme systémique et culturel qui est institutionnalisé par les règlements, les normes et les visions communes du monde au sein de l'équipe de la défense est une conséquence directe du passé colonialiste du Canada et du traitement qui en découle à l'égard des Autochtones, des Noirs et des personnes racisées. »

Utilisant une version traduite de la définition d'Oxford du colonialisme, le rapport dit : « Le colonialisme,' La politique ou la pratique consistant à acquérir le contrôle politique total ou partiel d'un autre pays, à l'occuper avec des colons et à l'exploiter économiquement'', est à l'origine de l'inégalité au Canada ».

Tout cela est présenté comme une « politique », et non comme une forme de domination dont découlent les politiques. Une fois que c'est une mauvaise politique, l'idée est qu'elle peut être remplacée par une bonne politique tandis que la domination raciste continue. Le rapport poursuit : « La colonisation du territoire que nous appelons aujourd'hui Canada par les Français et les Britanniques a entraîné le déplacement forcé, le génocide et les tentatives d'assimilation des peuples autochtones. L'établissement non consensuel du Canada en tant que colonie britannique a accru le contrôle et l'exploitation économique du pays par l'esclavage et le travail forcé. Les actions racistes et discriminatoires historiques et continues envers certains segments de la population canadienne ont conduit à un racisme et à des préjugés intériorisés qui continuent de façonner les préjugés et les pratiques au Canada et au sein de l'Équipe de la défense. »

Tout cela est une fraude de l'histoire parce que ceux qui ont décidé de tout cela et qui cela a servi est complètement dissimulé. Cette tentative d'imposer une fraude de l'histoire est mise en évidence par son incapacité à reconnaître l'héritage colonial dans le présent et le fait qu'il s'agit d'une structure imposée à la société elle-même, plutôt que le comportement présumé inhérent de certains membres de l'armée et de Canadiens racistes qui bénéficient de droits et de privilèges par rapport à ce qui a été fait et à ce qui est fait aux peuples autochtones et aux Noirs.

C'est sans parler de l'impact de la politique étrangère actuelle de l'État canadien, qui est axée sur l'ennemi. Cette politique divise le monde sur la base de ceux qui suivent le soi-disant « Occident » démocratique civilisé, dirigé par les États-Unis, et tous les autres, au sein desquels certains sont plus vilipendés, comme la Russie, la Chine, Cuba et tout autre pays qui ne se soumet pas aux normes et aux institutions de l'« Occident ».

À cet égard, sa section sur le « racisme anti-islamique » parle d'une augmentation des attaques depuis le 11 Septembre sans même mentionner le profilage et la criminalisation des musulmans par les États-Unis dans le cadre de la guerre contre l'Afghanistan, l'Irak et l'Iran.

Loin de là, le rapport présente la fraude selon laquelle des mesures ont été prises pour annuler le passé colonial et raciste. Le rapport déclare : « Le racisme au Canada n'est pas une défaillance du système, mais est le système en soi. Le colonialisme et les systèmes qui y sont associés tels que le patriarcat, l'hétéronormativité et le capacitisme constituent les causes profondes des inégalités au Canada. Tout au long de l'histoire du Canada, l'existence d'un racisme systémique et culturel a été établie par les règlements, les normes et les pratiques courantes. Le Canada a reconnu, et continue de reconnaître, son passé de discrimination raciale avec l'introduction de la Charte canadienne des droits et libertés, la Commission canadienne des droits de la personne et la Loi sur le multiculturalisme canadien, et avec l'abrogation de politiques et pratiques discriminatoires. »

Tout cela soulève les questions que doivent se poser les travailleurs, les femmes, les jeunes canadiens et tous ceux qui ont été transformés en catégories de « communautés racisées », de « Noirs » et autres divisions et attaques racistes contre leur droit d'être ce qu'ils disent être. La Charte des droits et libertés a-t-elle vraiment marqué une rupture avec le passé ? La Loi sur le multiculturalisme canadien marque-t-elle une rupture avec le racisme, ou s'agit-il d'une déclaration modernisée selon laquelle le corps politique canadien est composé de « deux nations fondatrices » et « d'autres » ? Abandonne-t-elle ou introduit-elle une terminologie raciste qui maintient les concepts sous-jacents de supériorité eurocentrique ?

Cette année est celle du 40e anniversaire de la Charte des droits et libertés. Elle est également celle du 30e anniversaire de l'Accord de Charlottetown - la dernière fois que l'élite dirigeante canadienne a osé ouvrir la Constitution à l'examen du peuple et lui a « permis » d'avoir son mot à dire sur les amendements à la Constitution qui auraient enchâssé dans la Constitution le concept de citoyenneté à plusieurs niveaux de la Loi sur le multiculturalisme canadien. Le moment est venu de réexaminer toutes ces questions.


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Volume 52 Numéro 6 - 24 mai 2022

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