La fortune amassée par la famille royale par la traite des esclaves

De la réduction à l'esclavage et de la déportation des Irlandais vers les colonies britanniques d'Océanie et des Antilles à l'enlèvement d'Africains, la Couronne britannique a tiré une grande partie de son immense fortune personnelle de la traite des esclaves humains. Tous les monarques et leur famille, depuis Élizabeth Tudor, étaient des financiers et des bénéficiaires de ce commerce de chair humaine.

Dans The Open Veins of Latin America (Les veines ouvertes de l'Amérique latine), Eduardo Galerno décrit comment Élisabeth I est devenue un partenaire commercial du capitaine John Hawkins en 1560. Décrit comme « le père anglais du commerce d'esclaves », John Hawkins a effectué sa première expédition d'esclaves en 1562 avec une flotte de trois navires et 100 hommes. Il a fait sortir clandestinement 300 esclaves de la Guinée portugaise « en partie par l'épée et en partie par d'autres moyens ». Selon James Walvin, dans son ouvrage Black Ivory, (Ivoire noir), Hawkins a vendu les esclaves à Hispaniola et a rempli ses navires « de peaux, de gingembre, de sucres et de quelques quantités de perles ». Un an après avoir quitté l'Angleterre, Hawkins est revenu « avec un succès approprié et beaucoup de gains pour lui-même et les aventuriers précédents ». Lorsque Hawkins a dit à Élisabeth I qu'en échange des esclaves, il avait une cargaison de sucre, de gingembre, de peaux et de perles, « elle pardonna au pirate et devint son partenaire commercial ». Elle l'appuya en lui prêtant pour une seconde expédition, le Jesus of Lubeck, un navire de 700 tonneaux acheté pour Henri VIII pour la Royal Navy.

Le 11 juillet 1596, Élisabeth I publia une proclamation stipulant que « tous les nègres et les blackamores » doivent être arrêtés et expulsés du royaume. Bien qu'elle-même ait eu un amuseur africain à la cour et qu'elle était déjà un des principaux investisseurs dans les expéditions d'esclaves hors d'Angleterre, elle proclama :

« Il y a depuis peu de nombreux esclaves noirs introduits dans ce royaume, et il y a déjà beaucoup de ces gens ici. Le plaisir de Sa Majesté est donc que ces gens soient expulsés du pays. »

Par conséquent, un groupe d'esclaves fut rassemblé et remis à un marchand d'esclaves allemand, Caspar van Senden, en « paiement » pour les tâches qu'il avait accomplies.

En 1632, le roi Charles Ier a accordé une licence pour transporter des esclaves de Guinée, d'où vient le nom de la pièce de monnaie, « la guinée ». Charles II était actionnaire de la Royal African Company, qui tirait de vastes profits du commerce des esclaves. Son gouverneur et principal actionnaire était James, duc d'York. Les actionnaires de son prédécesseur, les Royal Adventurers into Africa (1660-1672), comprenaient quatre membres de la famille royale, deux ducs, un marquis, cinq comtes, quatre barons, sept chevaliers et le philosophe John Locke.


Le navire négrier britannique Brookes, 1788, montrant comment les esclaves étaient rangés dans le navire (Cliquez pour agrandir)

Au XVIIIe siècle, la Grande-Bretagne était le premier trafiquant au monde. Environ la moitié de tous les Africains réduits en esclavage étaient transportés dans des navires britanniques. Quatre-vingts pour cent des revenus de la Grande-Bretagne étaient liés à ces activités. La famille royale ne s'est jamais excusée pour son rôle dans la traite des esclaves et le génocide des peuples autochtones. Elle n'a pas non plus versé un seul sou en réparation.

En 1833, la Grande-Bretagne a utilisé 20 millions de livres sterling, soit 40 % de son budget national, pour payer aux propriétaires d'esclaves des réparations pour avoir libéré leur « propriété ». Les contribuables britanniques, dont de nombreux descendants de personnes réduites en esclavage, ont payé des intérêts sur le montant emprunté pour financer la Loi d'abolition de l'esclavage (1835) jusqu'en 2015, date à laquelle la Grande-Bretagne a remboursé le prêt.

Cette carte montre les principales marchandises échangées entre l'Afrique, la Grande-Bretagne, les Caraïbes et l'Amérique du Nord au plus fort de la traite des esclaves. En plus des personnes réduites en esclavage, les commerçants britanniques ont pris d'autres produits, notamment de l'or, de l'ivoire et des épices, en Afrique.


Cet article est paru dans
Logo
Volume 52 Numéro 5 - 22 mai 2022

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2022/Articles/L520056.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@cpcml.ca