Les réactions aux excuses du pape

Voici quelques réactions aux excuses du pape aux peuples autochtones présentées au Vatican le 1er avril.

***

« Des excuses ne veulent rien dire. Ce dont nous avons besoin, c'est de la responsabilité. Il y a beaucoup de prêtres et de religieuses qui ont abusé des enfants qui étaient dans les pensionnats, et ils sont toujours en vie. Est-ce que l'un d'entre eux va être poursuivi en justice ? Est-ce que l'un d'entre eux va aller en prison ? Pourquoi ne pouvons-nous pas avoir quelque chose comme les procès de Nuremberg, une sorte d'enquête pour quiconque a été impliqué dans les charniers ? Le gouvernement était au courant. L'Église le savait. Mais ils n'étaient pas très ouverts à ce sujet. Alors pourquoi ne pouvons-nous pas savoir exactement ce qui s'est passé ? »
- Nakuset est directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, Crie de Lac la Ronge, Saskatchewan, dont la mère était une survivante du pensionnat de Prince Albert

***

« Vous pouvez dire des mots gentils et fantaisistes parce que tout le monde se concentre sur des excuses, mais ce ne sont que des mots vides. Ce qu'il faut, c'est plus que des excuses. Nous sommes toujours régis par la Loi sur les Indiens. Nous sommes toujours pupilles de la Couronne. Nous avons toujours affaire à des femmes autochtones assassinées et portées disparues. Nous sommes toujours aux prises avec le système de protection de l'enfance, avec un manque d'eau potable. Tenez les églises et le gouvernement responsables de ces tombes anonymes. Et tenez pour responsables tous les prêtres et les religieuses, ces frères et les membres du personnel qui dirigeaient ces institutions – je déteste utiliser le mot écoles, car ce n'étaient pas des écoles. Vous devez tenir ces agresseurs sexuels responsables. Arrêtez de les protéger. L'église doit abandonner ces agresseurs et ils doivent être inculpés pénalement. »
- Claudette Commanda, membre de la Première Nation algonquine survivante des externats indiens

***

« Les excuses peuvent être creuses si elles ne sont que des mots. Les actions parlent plus fort que les mots, alors c'est ce que j'espère... Cela ne peut pas se limiter à 'Je suis désolé, c'est dommage que certains d'entre nous aient fait ça'. Il faut que ce soit : 'Vous savez quoi ? Nous avons fait de l'argent en prenant vos terres, en prenant vos ressources. Et à cause de cela, nous avons laissé trop d'entre vous sans leur véritable identité. Nous allons faire en sorte que vous puissiez la retrouver.' »
- Chef Jason Henry, Première Nation de Kettle et Stoney Point

***

« Je pense qu'il est très important pour les survivants d'entendre les excuses du pape. Une partie de moi était triste pour les survivants qui ont témoigné devant la Commission et qui attendaient ces excuses, et triste que de nombreux survivants n'aient pas pu entendre ces mots car le temps était écoulé pour eux... Il serait important que le pape vienne au Canada pour que les survivants puissent partager leurs expériences et leurs sentiments après avoir entendu ces mots... Tout comme il était important qu'il se rende en Amérique du Sud et qu'il présente des excuses aux peuples autochtones d'Amérique du Sud. »
- Juge Murray Sinclair, ancien président de la Commission de vérité et réconciliation7

***

« Les excuses du pape François nous laissent espérer qu'il y aura d'autres mesures de réconciliation à venir. Nous espérons que ces excuses indiqueront d'autres mesures à l'avenir, notamment des excuses en sol canadien et la publication des dossiers des pensionnats. »
- L'Association des femmes autochtones du Canada

« Je ne sais pas si cela permet nécessairement de tourner la page parce qu'il y a encore beaucoup de gens qui n'ont pas été tenus responsables des actions qui ont eu lieu dans ces institutions... Il doit y avoir plus de responsabilité de leur part et la divulgation des dossiers de ces établissements, afin que nous puissions nous assurer que nous avons tous les documents nécessaires pour reconnaître correctement tous les enfants qui ont été dans ces établissements... parce qu'à l'heure actuelle, c'est encore un obstacle énorme. »
- Janice Monture, directrice générale du Woodlands Cultural Centre, installé dans l'ancien Mohawk Institute, un pensionnat administré par les anglicans de 1828 à 1971

***

« Aucun mot ne peut effacer l'impact des sévices endurés par les familles inuites ... Par contre, ces excuses constituent un pas en avant important sur le long chemin de la réconciliation. »
- P.J. Akeeagok, premier ministre du Nunavut

***

« Le récit de la 'guérison' renvoie le fardeau sur les victimes. Nous devons parler du récit de la 'justice ' avec plus de force, parce que c'est là que les excuses trouvent un sens.

« J'aimerais que le Vatican et le parlement érigent des espaces d'éducation publique bien en évidence sur leur terrain et en reconnaissent ce qu'ils ont fait et comment nous pouvons tous éviter que cela ne se reproduise.

« Les victimes ont dû demander des excuses à l'Église et se sont rendues chez le perpétrateur pour les obtenir. C'était la même chose avec le gouvernement canadien. Je rends hommage à ceux qui y sont allés. Je suis simplement triste qu'ils aient dû y aller. Les meilleures excuses sont un changement de comportement. »
- Cindy Blackstock, directrice générale de la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations du Canada

***

« C'est un moment historique, rempli à la fois de tristesse et d'espoir. Plus de 150 000 enfants ont été arrachés à leur foyer et forcés d'aller dans les pensionnats entre les années 1880 et 1996 : un nombre encore brut à entendre au milieu de ces excuses et des milliers de tombes non marquées qui sont découvertes. »
- Grand chef intérimaire Eric Redhead de l'Assemblée des chefs du Manitoba

***

« Ce moment, je pense, reflète la détermination et le courage de nombreuses personnes qui ont maintenu le combat au fil des ans. »
- Phil Fontaine, ancien grand chef de l'Assemblée des Premières Nations et membre de la délégation de l'APN au Vatican

***

« Les excuses présentées aujourd'hui constituent un pas en avant dans la reconnaissance de la vérité de notre passé. Nous ne pouvons pas séparer l'héritage du système des pensionnats des institutions qui l'ont créé, maintenu et exploité, y compris le gouvernement du Canada et l'Église catholique. Les excuses d'aujourd'hui vont faire resurgir de fortes émotions de douleur et de traumatisme pour bien des gens. Le gouvernement continuera de soutenir les communautés autochtones de tout le pays en leur fournissant le financement et les ressources dont elles ont besoin pour continuer à rechercher les lieux de sépulture anonymes, découvrir la vérité sur ce qui s'est passé dans les pensionnats et poursuivre leur processus de guérison. »
- Le premier ministre Justin Trudeau

***

« Des excuses ne sont pas seulement symboliques, elles ont des répercussions réelles et concrètes sur la façon dont nous allons de l'avant en tant que pays. C'est une étape importante vers la responsabilisation, la réconciliation et la guérison des familles, des survivants et des communautés qui vivent encore aujourd'hui les répercussions de politiques discriminatoires. »
- Marc Miller, ministre des Relations Couronne-Autochtones


Cet article est paru dans
Logo
Volume 52 Numéro 5 - 22 mai 2022

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2022/Articles/L520052.HTM


    

Site web :  www.pccml.ca   Courriel :  redaction@cpcml.ca