Aux Nations unies

Manoeuvres américaines pour enliser

 les Nations unies

Le 25 février, comme on pouvait s'y attendre, la Russie a opposé son veto à une résolution que les États-Unis ont tenté de faire adopter par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) et qui aurait « déploré dans les termes les plus forts l'agression de la Fédération de Russie contre l'Ukraine ». La résolution demandait également que « la Fédération de Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine et retire toutes ses forces militaires immédiatement, complètement et sans condition du territoire de ce pays ».

La résolution ne mentionne pas les préoccupations de la Russie en matière de sécurité en raison de l'encerclement par les États-Unis et l'OTAN, l'énorme renforcement militaire, les provocations et l'utilisation de l'Ukraine comme base avancée contre la Russie. Elle a de nouveau appelé à s'appuyer sur les accords de Minsk, même si l'Ukraine ne les a pas respectés. La France et l'Allemagne, qui étaient signataires avec la Russie, n'ont rien fait pour s'assurer que l'Ukraine les respecte, alors qu'elle a poursuivi ses attaques meurtrières contre sa propre population dans le Donbass.


À gauche : Photos de certains des 152 enfants tués par les forces ukrainiennes dans la région du Donbass depuis 2014. À droite :  Jardin d'enfants gravement endommagé par les bombardements de l'armée ukrainienne dans le district Kievsky de Donetsk, mars 2022.

La Chine s'est abstenue lorsque les États-Unis ont présenté leur résolution au Conseil de sécurité, déclarant qu'il s'agissait d'une situation complexe et que le Conseil devait réagir « avec une grande prudence, avec des actions qui désamorcent, et non jettent de l'huile sur le feu ». L'ambassadeur Zhang Jun a souligné que la question de l'Ukraine n'est pas apparue aujourd'hui et que la situation actuelle n'a pas non plus émergé soudainement du jour au lendemain. Elle est plutôt le résultat de l'interaction de divers facteurs sur une longue période de temps. La sécurité d'un pays ne peut se réaliser au détriment de celle d'un autre, ajoutant que l'Ukraine devrait être un pont entre l'Est et l'Ouest, et non un « avant-poste des grandes puissances ».

Le plan des États-Unis est devenu clair lorsqu'ils ont invoqué une mesure procédurale rarement utilisée pour convoquer l'Assemblée générale afin de débattre de « l'opération militaire de la Russie en Ukraine », puis de faire voter par l'Assemblée générale une résolution similaire condamnant la Russie. Seules 11 sessions extraordinaires d'urgence de l'Assemblée générale ont été convoquées en vertu de cette mesure depuis 1950, quand elle a été votée, dont cette dernière sur l'Ukraine.

La mesure procédurale utilisée par les États-Unis est la résolution 377A(V), connue sous le nom de « L'union pour le maintien de la paix », introduite par les État-Unis pour la première fois en 1950 pendant la guerre de Corée. John Foster Dulles, le délégué des États-Unis aux Nations unies, avait déclaré que la guerre de Corée avait été l'une des principales raisons de l'adoption de cette règle de procédure. « Les États-Unis voulaient bénéficier du soutien de l'ONU pour leur guerre d'agression contre la Corée et devaient empêcher un veto soviétique. À l'époque, l'Union soviétique boycottait les procédures pour protester contre le refus de reconnaître les représentants de la République populaire de Chine comme les représentants légitimes de la Chine. La Chine n'avait pas encore pris place à l'ONU en raison de la forte opposition des États-Unis, qui exigeaient la même chose des autres membres du Conseil de sécurité.

La résolution « L'union pour le maintien de la paix » stipule que « dans tout cas où paraît exister une menace contre la paix, une rupture de la paix ou un acte d'agression et ou, du fait que l'unanimité n'a pas pu se réaliser parmi ses membres permanents, le Conseil de sécurité manque à s'acquitter de sa responsabilité principale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, l'Assemblée générale examinera immédiatement la question afin de faire aux Membres les recommandations appropriées sur les mesures collectives à prendre, y compris, s'il s'agit d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression, l'emploi de la force armée en cas de besoin, pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales ».

Il convient de noter que les États-Unis ne prennent généralement pas la peine d'obtenir l'approbation de l'ONU pour leurs guerres d'agression et leurs actions illégales contre une myriade de pays depuis les trente dernières années. Lorsqu'ils cherchent à obtenir cette approbation, comme dans le cas de leur performance à l'ONU concernant l'Irak, le fait qu'ils ne l'obtiennent pas n'a que peu de signification dans la mesure où ils poursuivent leurs guerres d'agression de toute façon. Les États-Unis agissent souvent de manière unilatérale, créent de prétendues coalitions de volontaires et foulent aux pieds de manière répétée la Charte des Nations unies et la règle de droit international. Ils tentent en outre d'imposer leur propre système, dit « fondé sur des règles », qui leur permet d'inventer les règles, de les modifier, de décider qui les respecte et qui ne les respecte pas, et de punir ceux qu'ils déclarent « illégaux » ou « terroristes ».


Bombardement « choc et stupeur » des États-Unis sur Bagdad, en Irak, pendant
l'invasion de 2003, mars 2003

En ce qui concerne l'Ukraine, les États-Unis et les pays de l'OTAN affirment que tout ceci est fait au nom de la Charte et des conventions de l'ONU. La résolution du Conseil de sécurité concernant l'Ukraine à laquelle la Russie a opposé son veto, par exemple, fait référence à la Charte qui exige que « les Membres de l'Organisation s'abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout État ». Toute l'histoire des États-Unis est marquée par la violation de cette obligation par ses guerres d'agression contre la Corée, le Vietnam, la Libye, l'Irak, l'Afghanistan, la Syrie, son ingérence, ses coups d'État et ses assassinats pour obtenir un changement de régime dans les Amériques, en Afrique et en Asie. Aujourd'hui, son objectif n'est pas de respecter les obligations qui lui incombent en vertu de la Charte des Nations unies et du droit international, mais d'amener l'ONU à approuver sa volonté de domination mondiale et à revendiquer sa supériorité morale. Les problèmes en Ukraine et le conflit entre l'Ukraine et la Russie ne seront pas résolus de cette manière. Le fait que l'ONU sanctionne les actions des États-Unis sape son autorité tout en alimentant la crise.

Les commentaires des États-Unis montrent clairement qu'ils cherchaient également à justifier d'autres mesures « extraordinaires ». L'ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a dit : « En demandant une session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale [nous] avons reconnu que ce n'est pas un moment ordinaire et que nous devons prendre des mesures extraordinaires pour faire face à cette menace pour notre système international. » Elle a souligné qu'une telle réunion de l'ensemble des membres de l'ONU était importante pour faire entendre leur voix sur « la guerre par choix de la Russie ». Les dirigeants des États-Unis ne veulent pas d'une discussion pour résoudre la situation de manière pacifique, avec l'aide de l'ONU, mais plutôt imposer leur dictat et justifier encore plus d'ingérence des États-Unis et de l'OTAN.


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Volume 52 Numéro 3 - 7 mars 2022

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