L'eurocentrisme et les conceptions racistes sous-tendent les mensonges et la désinformation de l'OTAN
Dans leur hâte de condamner la Russie et de dissimuler leur propre rôle dans la provocation de la guerre en Ukraine, après le vote du 2 mars à l'Assemblée générale des Nations unies sur la résolution « déplorant l'agression de la Russie contre l'Ukraine », les milieux officiels des États-Unis, du Canada et de l'Union européenne se sont mis à déclarer que le monde entier est d'accord avec les États-Unis et l'OTAN pour dire que la Russie a lancé une attaque « non provoquée » et qu'elle est seule responsable des événements tragiques en Ukraine. La conception du « monde » et de la « communauté internationale » qu'ils épousent pour rejeter toute opposition à leur récit n'est pas seulement intéressée, mais aussi excluante et raciste jusqu'à la moelle.
Le « monde » s'est exprimé
S'exprimant sur le résultat du vote de la résolution soumise par son pays, l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré que « le monde s'était exprimé d'une voix claire et unie ». Elle a déclaré cela alors que 51 pays, dont les deux nations les plus peuplées de la planète, en plus de la Fédération de Russie, n'ont pas approuvé la résolution. Nombre de ceux qui l'ont fait ont sûrement été soumis à une forte pression de la part des États-Unis et de leurs partenaires de l'OTAN. Un membre de la délégation canadienne a envoyé un gazouillis pendant le débat : « Avons travaillé dur pour amener les pays à voter Oui avec nous. Avec l'Ukraine ».
Un autre qui s'est exprimé sur la façon dont « le monde » voit
les choses est le premier ministre Justin Trudeau. Il a déclaré
: « L'Occident et, en fait, les pays du monde entier sont unis
pour défendre l'Ukraine - pas seulement l'Ukraine, mais pour les
principes de la démocratie et de l'état de droit qui [ont]
conduit à une prospérité et une stabilité extraordinaires dans
notre monde au cours des 75 dernières années. »
Le premier ministre ne peut cacher son profond anticommunisme quand il fait référence à « la prospérité et la stabilité de notre monde » depuis la Deuxième Guerre mondiale. Selon ces affirmations sur les principes de la démocratie et de l'état de droit mises à part, il semble que le monde du premier ministre exclut non seulement les 52 pays qui n'ont pas voté en faveur de la résolution contre la Russie, mais aussi toute une partie de l'humanité qui ne jouit ni de la prospérité ni de la stabilité qu'il prétend que la démocratie libérale a conférées à « notre monde ».
Le premier ministre ne peut cacher son anticommunisme profond en faisant référence à « la prospérité et la stabilité dans notre monde » depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les déclarations de ceux qui représentent les puissances de la vieille Europe étaient tout aussi honteuses, et servaient leurs propres fins. Le représentant de l'Union européenne (UE) auprès des Nations unies a déclaré que le vote était historique et qu'il « montrait clairement l'isolement de la Fédération de Russie par rapport au reste de la communauté internationale ». L'Espagnol Josep Borrell, Haut représentant de l'UE en matière de politique étrangère et de sécurité, a déclaré : « Le monde a émis une condamnation retentissante des attaques illégales et non provoquées contre un État souverain. »
Les « valeurs européennes »
L'eurocentrisme raciste de la vieille Europe a également imprégné le discours d'Ursula von der Leyen, présidente allemande de la Commission européenne, prononcé devant le Parlement européen le 1er mars. Elle s'est exprimée après que le président Volodymir Zelensky soit apparu sur une vidéo plaidant pour que l'Ukraine soit acceptée dans l'UE. Ursula Von der Leyen a tenu à préciser que la lutte de l'Ukraine contre la Russie avait pour but de défendre les « valeurs européennes », qu'elle a également qualifiées de « valeurs universelles ». Elle a déclaré qu'il s'agissait d'un « choc entre l'état de droit et la loi du fusil ; le combat entre les démocraties et les autocraties ; entre un ordre fondé sur des règles et un monde d'agressions brutales ». Faisant référence au discours de Volodymir Zelensky, elle a déclaré : « Personne dans cet hémicycle ne peut douter qu'un peuple qui défend si courageusement nos valeurs européennes appartient à notre famille européenne. »
Les deux poids deux mesures racistes de la politique
européenne des réfugiés
En plus d'annoncer que l'UE fournirait une aide militaire de 500 millions d'euros à l'Ukraine, Ursula von der Leyen a promis que pour ceux qui fuient l'Ukraine, « l'Europe sera là pour eux, non seulement dans les premiers jours, mais aussi dans les semaines et les mois à venir ». Elle a proposé que le mécanisme de protection temporaire de l'UE soit activé « pour leur offrir un statut sûr et un accès aux écoles, aux soins médicaux et au travail. Ils le méritent. Nous devons le faire maintenant. Nous savons que ce n'est qu'un début. D'autres Ukrainiens auront besoin de notre protection et de notre solidarité. Nous sommes et nous serons là pour eux ».
On est loin de la façon dont les demandeurs d'asile originaires de pays d'Asie et d'Afrique ont été traités par l'UE, beaucoup d'entre eux ayant fui les guerres de destruction menées par les États-Unis et l'OTAN qui ont ravagé leur pays. Qui peut oublier les milliers de personnes qui se sont noyées en Méditerranée ou celles qui ont été accueillies par des clôtures de barbelés et des gardes armés pour les empêcher d'entrer dans des pays qui refusaient de les laisser entrer ? Combien d'Afghans seront-ils réinstallés en Europe ?
En 2016, au plus fort de la crise migratoire en Europe, une
flottille de l'OTAN dirigée par l'Allemagne, le Canada
fournissant également une frégate, a été déployée dans la mer
Égée entre la Grèce et la Turquie « pour endiguer le trafic
illégal et la migration illégale dans la mer Égée ». L'opération
a eu lieu alors que des dizaines de milliers de réfugiés,
principalement syriens, mais aussi d'autres personnes, ont
risqué leur vie en tentant d'atteindre les côtes européennes, en
partant de la Turquie et de la Libye dans des embarcations et
des radeaux surpeuplés, beaucoup espérant atteindre l'Allemagne.
Des réfugiés syriens et irakiens traversant la mer Égée fin 2015
En vertu du droit international, les personnes vulnérables qui fuient les conflits et les persécutions ne doivent pas se voir refuser l'accès à une protection et ont le droit de voir leur demande d'asile examinée. Mais la Turquie, membre de l'OTAN, a été payée par l'UE pour garder les demandeurs d'asile et les migrants sur son territoire et les empêcher de prendre la route de l'Europe. Tous les réfugiés recueillis lors d'un ratissage des eaux méditerranéennes devaient être contraints de retourner en Turquie. Ursula von der Leyen était à l'époque ministre allemande de la Défense. Elle aurait joué un rôle clé dans la conclusion d'une entente « solide » entre l'UE et la Turquie pour empêcher les réfugiés arrivant du sud d'entrer en Europe. Combien sont morts à cause de cet accord, risquant désespérément leur vie sur des routes plus dangereuses pour tenter d'atteindre les côtes européennes ?
Tout cela en dit long sur les valeurs « européennes » et « universelles » pour lesquelles la présidente de la Commission européenne affirme que l'Ukraine se bat aujourd'hui, au nom de « nous tous ». Cela montre également quel genre d'« état de droit » les chauvins européens, comme leurs homologues nord-américains, épousent, lorsqu'ils entassent les récriminations contre la Russie pour avoir menacé l'ordre international dans lequel les États-Unis et l'OTAN parviennent à établir les règles, à décider qui enfreint leurs règles et à leur infliger des sanctions, alors qu'eux-mêmes ne sont pas tenus de rendre des comptes pour leurs violations en série de la Charte des Nations unies et du droit international.
Loin d'accepter cet état de fait, les peuples du monde en ont
assez du double jeu et des doubles standards de « l'ordre fondé
sur des règles » des États-Unis et de l'OTAN ; des « valeurs
européennes » de ceux qui se croient des êtres moraux supérieurs
; et des notions arbitraires et racistes de qui fait et ne fait
pas partie de la soi-disant communauté internationale. Ce que
les conditions réclament, c'est la fin de tous les anciens
arrangements et de l'utilisation intéressée du racisme d'État,
de l'eurocentrisme et des mensonges qui n'ont pas leur place
dans une société moderne. Ils demandent également que les
peuples eux-mêmes mettent en place les nouveaux arrangements qui
les favorisent et permettent à la société de progresser sur la
base que toute personne a des droits en tant qu'être humain.
L'un de ces arrangements, que les événements préoccupants en
Ukraine et le bellicisme des États-Unis et de l'OTAN, qui
empiètent de plus en plus sur les frontières de la Russie,
mettent en évidence, est la nécessité pour les peuples de mettre
en place des gouvernements antiguerre.
(Photo : G.
Giannopoulos)
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 3 - 7 mars 2022
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