L'apologie des affinités nazies de la vice-première ministre

– Peggy Morton –

Après un rassemblement organisé par le Congrès ukrainien canadien à Toronto le 27 février, la vice-première ministre Chrystia Freeland où on la voir aidant à tenir une écharpe rouge et noire portant le slogan « Gloire à l'Ukraine ». Les médias font remarquer que le maire de Toronto, John Tory, qui se tenait aux côtés de Mme Freeland, a partagé une photo d'eux dans laquelle on voit l'autre côté de l'écharpe portant le slogan « Gloire aux héros ». La ministre et le maire ont tous deux depuis retiré ces photos. 


Les drapeaux rouges et noirs représentent les « banderites », l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), l'aile militaire de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN-B), des organisations fascistes qui ont collaboré avec les nazis et perpétré des crimes de guerre sans nom, dont le massacre de plus de 100 000 Polonais et Juifs en 'Ukraine occidentale pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le slogan « Gloire à l'Ukraine » avec la réponse « Gloire aux héros » est le slogan de l'OUN-B[1].

Dès sa publication, la photo a soulevé un tollé d'opposition et elle a été enlevée et remplacée. Ensuite, l'attachée de presse de Chrystia Freeland a répondu : « C'est une tactique de salissage typique du KGB d'accuser les Ukrainiens et les Ukrainiens-Canadiens d'être des extrémistes de l'extrême-droite ou des fascistes ou des nazis. En effet, le but déclaré du président Poutine est la 'dénazification' d'un pays dirigé par un président juif-ukrainien. »

On nous dit que Chrystia Freeland voulait tout simplement être polie, ce qui laisse entendre qu'elle n'appuie pas les « banderites ». Puis, on nous dit que ces slogans sont ceux de l'Ukraine dans sa lutte contre la Russie, une prise de position. Pourquoi alors a-t-elle retiré la photo s'il n'y avait rien à cacher ?

L'attachée de presse poursuivi : « Plusieurs personnes cherchaient à se faire prendre en photo et donnaient des objets symboliques, comme des rubans, à la vice-première ministre. Celle-ci ne cherchait qu'à être amicale avec tous ceux qui l'approchaient. Quelqu'un lui a présenté un tissu rouge et noir. Une photo a été prise, gazouillée, et plus tard remplacée lorsque clairement certains comptes déformaient l'intention du rassemblement et de la photo. »

L'attachée de presse en ensuite déclaré que « Slava Ukraini » - « Gloire à l'Ukraine » était le « slogan de l'Ukraine dans sa lutte contre la Russie aujourd'hui », et que le premier ministre Justin Trudeau et le premier ministre britannique Boris Johnson ont aussi utilisé cette expression. »

Le cabinet de Chrystia Freeland suggère également que le rouge et le noir représentent la culture et l'histoire ukrainienne. Venant à la rescousse de la vice-première ministre, le directeur de l'Institut canadien des études ukrainiennes (ICEU) est allé jusqu'à dire que la symbolique rouge et noire a ses origines non pas chez les collaborateurs nazis mais dans le Hetmanat cosaque du XVIIe siècle.

Per Anders Rudling, un professeur associé du département d'histoire de l'Université de Lund en Suède, qui a beaucoup écrit sur le nationalisme ukrainien, affirme : « Le rouge et le noir sont les couleurs de l'aile Bandera de l'organisation des nationalistes ukrainiens. Le drapeau symbolise le sang et la terre, et a été adopté par cette organisation en 1941... »

Manifestation à Donetsk en 2014 contre le gouvernement issu du coup d'État

Les néonazis en Ukraine déploient le drapeau rouge et noir de Bandera. Ils le portent dans les parades aux flambeaux annuelles en hommage à Stepan Bandera, que les gouvernements ukrainiens ont « réhabilité » après le coup d'État de Maïdan en 2014. Stepan Bandera est maintenant officiellement un « Héros de l'Ukraine ». Sa fête a été officiellement célébrée le 1 janvier 2022 à Lviv, en Ukraine occidentale, la ville où la OUN a perpétré son premier pogrom contre le peuple juif en 1941.

Depuis 2015, des soldats canadiens forment la milice fanatique néonazie, la brigade Azov, dans le cadre de l'Opération Unifier. On peut voir les membres de la brigade Azov se faire photographier, portant des croix gammées à côté du drapeau de l'OTAN. Depuis 2015, les soldats canadiens ont participé aux cérémonies du Jour du Souvenir à Etobicoke, non pas avec des Ukrainiens-Canadiens qui se sont battus pour vaincre le fascisme, mais avec l'Association canadienne des anciens combattants ukrainiens (UWVA), les collaborateurs nazis de l'Allemagne hitlérienne.


Des représentants des Forces armées canadiennes, participent au « Jour du Souvenir ukrainien » à Etobicoke, le 11 novembre 2015, aux côtés de sympathisants de formations fascistes ukrainiennes de la Deuxième Guerre mondiale et de sympathisants d'organisations néonazies qui font partie du régime putschiste actuel.

Quant aux références au Hetmanat cosaque, rappelons qu'un hetman est un chef suprême militaire ayant des pouvoirs dictatoriaux sur les affaires de l'État. Plus récemment dans l'histoire, il est représenté par l'installation de Pavlo Skoropadsky par les Allemands en tant qu'Hetman de l'Ukraine d'avril à août 1918, un événement célébré par des ultra-réactionnaires en tant que « premier État ukrainien indépendant ». Les membres de sa famille ont plus tard créé un mouvement qui tentait de rétablir l'autorité du Hetman dans la Maison royale de Skoropadsky.

L'ICEU est lui-même un apologiste des crimes des banderites. L'encyclopédie en ligne de l'Ukraine, un projet d'ICEU, décrit l'UPA de façon élogieuse :

« Armée insurrectionnelle ukrainienne (Ukrainska povstanska armilia). Une formation militaire ukrainienne qui a combattu de 1942 à 1949, principalement en Ukraine, contre les régimes d'occupation allemands et soviétiques. Sa raison d'être immédiate était de protéger la population ukrainienne de la répression et l'exploitation allemande et soviétique ; son but ultime était un État de l'Ukraine indépendant et unifié... »

L'UPA a lancé l'appel à un nettoyage ethnique des Polonais et des juifs, et l'a fait en perpétrant des tueries de masse, montrant quel « État indépendant et unifié » il préconisait.

Le vice-premier ministre est passé de la poêle à frire au feu. L'apologétique ne parviendra pas à cacher ce que le gouvernement du Canada représente et fait en Ukraine.

C'est ce qui s'appelle tomber de Charybde en Scylla.


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Volume 52 Numéro 3 - 7 mars 2022

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