Le nouvel ordre mondial sera créé par les peuples

– Entrevue avec Pauline Easton –

LML : Le PCC(M-L) dit qu'on ne peut pas mettre sur un pied d'égalité l'action militaire russe en Ukraine et le bellicisme et l'expansion des États-Unis et de l'OTAN en Europe de l'Est. Peux-tu nous expliquer ?

Pauline Easton : Oui, bien sûr. Merci pour cette question. Nous avons reçu de nombreuses lettres cette semaine, certaines sceptiques ou carrément opposées à la position que nous avons adoptée, mais d'autres – en fait la plupart – nous soutiennent et nous remercient de l'appel à nous opposer au bellicisme, à la désinformation et aux mensonges des États-Unis et de l'OTAN afin de parvenir à des conclusions justifiées.

Du nord de l'Europe nous avons reçu ce commentaire :

« Les voix anti-OTAN sont très solitaires, rares et disperses cette semaine. Tous les préjugés idéologiques sont à l'oeuvre dans des rafales de désinformation hystérique. Ce sont les mêmes préjugés qu'au plus fort de la guerre froide, mais sans l'anticommunisme ouvert et avec le bavardage des médias sociaux qui rend les choses encore plus confuses. L'OTAN a attisé la colère de la Russie et maintenant... même 'l'extrême gauche' ici veut soudainement que l'OTAN soit déployée partout et que l'homme soit interné dans un asile. »

Cela rappelle la façon dont ils ont diabolisé Saddam Hussein. Le mouvement antiguerre était invité à faire de Saddam le problème plutôt que de s'opposer à ce que faisaient les États-Unis, mais il a fini par adopter une position claire, il a reconnu que notre responsabilité était de nous opposer aux visées américaines et à leur soi-disant coalition des volontaires et de laisser le peuple irakien s'occuper de Saddam Hussein. Et vous avez vu quels mensonges éhontés les États-Unis ont utilisés pour humilier le peuple irakien qui ne pouvait pas se défendre. Vous avez vu quelles souffrances ils lui ont fait subir, comment ils n'ont pas hésité à détruire son patrimoine culturel au nom de la paix, de la liberté et de la démocratie.

LML : Certains sont pris dans l'hystérie des médias sociaux et les allégations que la Russie s'en prend à des civils. Ils expriment leur sympathie en demandant à la Russie de retirer ses troupes d'Ukraine. Ils pensent que s'opposer à « l'agression russe » est le moyen de parvenir à la paix.

Pauline : Oui, malheureusement c'est le slogan que les États-Unis ont repris dans les résolutions qu'ils ont présentées à l'ONU. Les États-Unis et l'OTAN semblent avoir adopté toutes les positions du mouvement antiguerre, y compris l'opposition au recours à la force dans le règlement des conflits. Mais ce qu'ils défendent réellement va tôt ou tard se révéler.

En 1989-1991, au moment où les États-Unis et les grandes puissances de la vieille Europe, avec la complicité du Canada et de certains pays d'Europe de l'Est que les États-Unis avaient pris sous leur aile, poussaient des cris d'euphorie. La démocratie a triomphé, ont-ils proclamé. Ils ont décrété que le monde entier devait maintenant adopter les valeurs européennes, Hardial Bains a écrit un essai intitulé Époque dans lequel il souligne ceci :

« Les mots d'ordre mis de l'avant par les différentes forces ne correspondaient pas vraiment à leur nature. La droite a réclamé la démocratie, son ennemi juré. Les travailleurs ont demandé que soient portées au pouvoir les nouvelles forces qui, à coup sûr, agiraient à l'encontre de leurs intérêts. Bientôt toutes ces forces apparaîtront sous leur vrai jour. S'il est vrai qu'aucune force ne peut agir comme avant, il est également vrai qu'aucune force ne peut cacher sa vraie nature. Les mots reprendront leur sens et les choses et les événements se révéleront dans leur essence véritable. » (25 avril 1991)

Ce qu'il a écrit en 1991 caractérise également la phase actuelle de ce moment de redéfinition historique. Le caractère réel de toutes les forces en présence va se révéler. Les mots prendront à nouveau leur véritable sens et la qualité réelle des choses et des événements apparaîtra. Au cours de la période 1989-1991, l'euphorie des États-Unis et de leurs alliés, qui prétendaient que la démocratie avait triomphé, a été rapidement exposée, les riches devenant plus riches et les pauvres plus pauvres subissant le poids de l'offensive néolibérale antisociale. Des guerres de destruction ont été déclenchées par les États-Unis, qui se prétendaient la seule superpuissance. Aujourd'hui encore, les cercles dirigeants américains et ceux de leurs alliés sont euphoriques, ivres de croire que le monde entier est à leurs côtés.  La pression poussant à la réconciliation avec ce que font les États-Unis est énorme aujourd'hui. Mais cela n'apportera pas la paix, pas même à court terme, pas même pour éviter une guerre de plus grande envergure.

Nous sympathisons avec ceux qui déplorent la souffrance des civils dans toutes ces guerres, mais lorsqu'il s'agit de renverser la situation en faveur des peuples, cela ne suffit pas. Pas mal de gens au Canada, pas seulement dans les cercles officiels, mais aussi dans le mouvement syndical et même dans les cercles antiguerre, apprennent par l'expérience qu'ils doivent tôt ou tard assumer la responsabilité de ce qu'ils soutiennent quand ils se retrouvent du côté des cercles officiels. Nous avons tous cette responsabilité. C'est l'appel de l'histoire, pas une affaire de croyances, bonnes ou mauvaises, de chacun.

LML : Que veux-tu dire ?

Pauline : Les milieux officiels fomentent l'hystérie et font le salut des collaborateurs nazis de la Deuxième Guerre mondiale en criant « Gloire à l'Ukraine – Gloire aux héros », puis ils disent que ce slogan n'a pas une signification néonazie aujourd'hui. Les racistes et les suprémacistes blancs aux États-Unis et en Europe, et au Canada aussi, sont euphoriques. Comme la vice-première ministre et ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, ils semblent penser qu'ils ont gagné la guerre, qu'ils vont écraser la Russie et soutenir les visées américaines pour imposer leur dictat à l'Europe et dominer le monde. À leurs risques et périls, ils oublient qu'en Asie, en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, comme au coeur même de l'impérialisme – aux États-Unis, en Europe, au Canada et en Océanie –, les peuples luttent pour une liberté, une démocratie et une paix qui leur soient favorables. C'est la force prépondérante parmi les peuples du monde. Ce sont eux qui ont à gagner à ce que l'autorité soit à la hauteur des conditions. Ils réclament à la société la mise en place d'institutions gouvernantes qui répondent aux conditions, qui soient favorables à l'affirmation de leur droit d'être. Ils combattent ceux qui cherchent à dominer le monde à leurs dépens.

C'est ce qui se passe et il faut en tenir compte.

LML : Le PCC(M-L) a tenu des consultations avec ses membres aux niveaux national, régional et local dès que la Russie a lancé son opération militaire en Ukraine le 24 février. Le Parti a suivi le déroulement des événements et a déclaré que les causes et les leçons doivent être trouvées dans le « Nouvel ordre mondial » établi par les États-Unis et les grandes puissances de la vieille Europe en 1991, auquel le Canada et certains pays d'Europe de l'Est ont contribué. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?

Pauline : En novembre 1990, 34 pays, dont le Canada, se sont réunis à Paris lors du sommet de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) pour signer la Charte de Paris pour une nouvelle Europe. (La CSCE est devenue l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en décembre 1994). La Charte de Paris déclarait essentiellement que l'adhésion aux définitions américaines de l'économie de libre-marché, d'élections multipartites et des droits humains est la condition préalable à l'établissement de relations entre les pays. Ils ont appelé cela un « nouvel ordre mondial ». Cela comprend l'acceptation des « valeurs européennes » comme critère permettant de déterminer si un pays est ami ou ennemi. De récents documents déclassifiés de la Bibliothèque présidentielle Clinton confirment que c'est à ce moment-là que les discussions ont commencé dans les cercles officiels sur « une mise à jour et un réalignement de l'ensemble de l'architecture des relations entre les États-Unis et l'Europe ». Un des recherchistes écrit : « les partisans de la Russie craignaient que l'élargissement de l'OTAN n'aggrave les insécurités russes » ; les sceptiques de la Russie soutenaient l'élargissement parce qu'ils pensaient que l'OTAN devait tirer parti de la faiblesse temporaire de la Russie.

Les documents déclassifiés montrent que l'émergence du Partenariat pour la paix (PPP) de l'OTAN, initié par les États-Unis en 1994, « était un compromis entre les deux camps ». Le PPP a permis l'élargissement de l'OTAN aux membres de l'ancien Pacte de Varsovie, qui avait été dissous lors de la dissolution de l'Union soviétique en 1991.

Autrement dit, le plan de cibler la Russie n'était pas caché et il est en marche depuis ce moment-là.

En 1995, le président Bill Clinton s'est rendu à Kiev pour célébrer la décision de l'Ukraine d'adopter l'économie de marché et de renoncer à ses armes nucléaires.

Le Partenariat pour la paix a lancé un processus permettant aux pays d'adhérer à l'OTAN une fois qu'ils ont démontré qu'ils satisfaisaient aux conditions établies par la Charte de Paris et qu'ils se sont suffisamment endettés pour payer leurs contributions militaires à l'OTAN. Cela signifiait qu'ils avaient compromis leur souveraineté en se soumettant aux États-Unis et ont subordonné leur économie aux institutions financières sous contrôle américain. Depuis lors, la crise généralisée, avec la crise économique à la base, s'est aggravée tant aux États-Unis qu'à l'échelle mondiale. La tendance à l'enrichissement des riches et à l'appauvrissement des pauvres révèle rapidement des résultats insoutenables pour les pauvres et pour les structures des institutions dites démocratiques fondées sur l'inégalité, le racisme et les pouvoirs de police. Les oligopoles, qui représentent des intérêts supranationaux opérant par le biais de cartels et de coalitions, se sont emparés des pouvoirs de décision dans divers pays. Plus ils se querellent pour le contrôle du pouvoir exécutif aux États-Unis, plus les États-Unis lancent des guerres d'agression et d'occupation à l'étranger comme autant de tentatives, aussi infructueuses soient-elles, d'unifier leurs bureaucraties militaire et civile à l'intérieur du pays et de l'emporter sur leurs rivaux à l'étranger, y compris en Europe.

Le problème s'aggrave pour les États-Unis, il ne s'améliore pas, peu importe combien de pays sont forcés de se soumettre et de se joignent à leur quête de domination. À peine un ans après son arrivée au pouvoir, l'administration Biden a déjà subi trois échecs en matière de politique étrangère, le premier étant son humiliation en Afghanistan, le second, son incapacité à imposer un changement de régime à Cuba en juillet 2021 et maintenant, le troisième, son incapacité à forcer la Russie à se soumettre à la menace de l'usage de la force, même lorsqu'appuyée par le déploiement de troupes et d'armement. Et c'est sans compter l'assaut du Capitole le 6 janvier qui a certainement exposé l'incapacité des élections et des institutions dites démocratiques à assurer une transition pacifique du pouvoir.

La guerre actuelle en Ukraine survient parce que la Russie ne pouvait plus se permettre de tolérer la tentative des États-Unis de l'isoler, de l'encercler, de l'humilier et de l'écraser en utilisant l'Ukraine comme base avancée depuis 2014. Aucun pays n'accepterait que sa sécurité soit menacée toujours plus chaque jour, chaque année. Comment peut-on entretenir pacifiquement des relations économiques et commerciales, des relations diplomatiques, des relations culturelles et des relations dans tous les domaines de la vie dans de telles conditions ?

Dans cette situation, il n'est pas utile de vouloir mettre sur un pied d'égalité ce que fait la Russie et ce que font les États-Unis, car l'une des principales causes de l'anarchie et de la violence dans le monde est la quête de domination des États-Unis, avec leurs quelques 750 bases militaires à l'étranger, leur utilisation de l'OTAN pour forcer les pays à se soumettre à leur volonté, leur utilisation de la lie des forces fascistes de la Deuxième Guerre mondiale, ainsi que des contracteurs privés qui engagent cette lie et des mercenaires grassement payés. De même leurs guerres de destruction non provoquées contre des pays d'Asie et d'Afrique, contre la Yougoslavie, l'Amérique latine et les Caraïbes. L'imposition du « nouvel ordre mondial » américain, dans les conditions de déséquilibre actuelles, accroît l'anarchie et la violence et fait naître de nouveaux dangers. La « guerre contre le terrorisme » et tous les crimes commis en son nom n'en sont qu'un exemple. De même, les formidables forces productives humaines qui apparaissent sur la scène de l'histoire échappent au contrôle des intérêts supranationaux privés étroits et à celui des États-Unis. Ce qu'ils ne peuvent pas contrôler, ils le détruisent, ce qui engendre encore plus de violence et de guerres de destruction. Ce qu'il faut, c'est le contrôle des forces productives par les peuples de manière à servir l'environnement humain et naturel.

Si l'on ne s'attaque pas à ces problèmes, rien de ce que font la Russie ou les États-Unis n'apportera la paix, la liberté et la démocratie auxquelles les peuples aspirent, car ce qu'il faut, c'est un nouvel ordre mondial créé par les peuples eux-mêmes. Néanmoins, dans le contexte actuel, les arguments donnés par Cuba, la Syrie et d'autres pays, y compris la Chine, le Vietnam, la République populaire démocratique de Corée, le Mexique et le Venezuela correspondent à ce que les conditions exigent.

LML : Il semble que les États-Unis aient des difficultés à prévoir le résultat de leurs diverses actions, comme celles contre Cuba et la défaite en Afghanistan. Quel impact cela a-t-il sur la situation actuelle ?

Pauline : L'anarchie et la violence sont si étendues que rien n'est prévisible. Sur la base de quelles normes peut-on mesurer les choses lorsque les intérêts privés étroits font ce qu'ils veulent ? Les institutions existantes de la démocratie libérale ont été minées à tel point qu'il n'y a plus d'État de droit, seulement des pouvoirs de police concentrés dans la main des gouvernants. Les agences de renseignement américaines et celles de leurs alliés du « Groupe des cinq », et d'autres, ne peuvent plus prévoir le résultat des élections, et encore moins les aventures militaires et la politique de la corde raide. Ces échecs incluent les rivalités intenses aux États-Unis. Aujourd'hui, on ne parle pas de guerre civile, mais de quand. Il y a une vaste désinformation pour maintenir le public en déséquilibre. La législation accorde l'utilisation des pouvoirs de police au nom de la « guerre contre le terrorisme », de l'opposition à la « propagande haineuse » et des « dangers posés à la sécurité nationale », etc.

Chaque jour, des circonstances exceptionnelles sont déclarées qui nécessitent des pouvoirs d'urgence et de guerre permanents, concentrés entre les mains des dirigeants des pays, des États et des institutions privées. Les violations de la constitution et de l'état de droit ont suscité de nombreuses oppositions. L'hégémon américain et ses alliés de l'OTAN, au sein desquels le Canada joue un rôle de premier plan, ont concocté ce qu'ils appellent « l'ordre international fondé sur des règles », dont ils établissent les règles au fur et à mesure, à l'improviste. Il en résulte davantage d'anarchie et de violence, ce qui convient aux oligopoles qui peuvent intervenir en toute impunité, jouant les bouts contre le milieu pour librement s'emparer du butin. Mais cela signifie également que les agences de renseignement, ainsi que les instituts de sondage et les groupes de réflexion, ne peuvent plus prédire les résultats. Pendant ce temps, « l'ordre international fondé sur des règles » sert à tester la capacité de résistance des rivaux, en utilisant la menace de la force pour les amener à se soumettre. C'est également pour tâter le terrain et voir comment les peuples réagiront aux demandes américaines, jusqu'où les États-Unis peuvent détourner et diviser leurs mouvements pour l'affirmation de leurs droits.

Les forces revanchistes aux États-Unis, au Canada et en Europe trouvent leur origine dans les jours de la Première Guerre mondiale, lorsque les empires tsariste, ottoman, austro-hongrois et britannique se sont effondrés. Ils reprochent à la Grande Révolution d'Octobre leur expropriation et la perte de leurs titres aristocratiques que le Nouvel ordre mondial est censé rétablir. Ils étaient particulièrement virulents contre l'Union soviétique communiste qui les a expropriés et maintenant contre la Russie et son président qui gardent sous contrôle russe ce qu'ils convoitent.

La principale caractéristique du « nouvel ordre mondial » imposé par les États-Unis et les grandes puissances de la vieille Europe est que la Fédération de Russie, la Chine et tous les pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine, des Caraïbes, ainsi que l'Europe, doivent se soumettre aux États-Unis et accepter que les États-Unis règnent désormais en maîtres. Tout le monde, en particulier la Chine et la Fédération de Russie, doit se prosterner devant les États-Unis.

De cette notion de « nation indispensable », où toutes les autres sont considérées comme non indispensables, découlent tous les crimes commis au nom de grands idéaux et la promotion de la prétendue supériorité des valeurs américaines et européennes, une idée raciste.

Les sanctions contre la Russie et d'autres pays ont pour but d'assurer la prédominance d'un seul système économique, dominé par une seule Banque mondiale, un seul Fonds monétaire international et une seule Organisation internationale du commerce, tous sous le contrôle des États-Unis. La condition préalable à ce « nouvel ordre mondial » est que tout le monde doit se soumettre à ces institutions. L'ironie est qu'après des années d'imposition de sanctions financières, commerciales et économiques qui n'ont pas atteint leur but, le renforcement de ces mêmes sanctions à l'heure actuelle n'est pas susceptible de l'atteindre non plus.

Au contraire, cela pourrait bien conduire à la création de systèmes alternatifs, indépendants du dollar américain et fonctionnels. Cela pourrait bien conduire à l'humiliation des États-Unis, et non de la Russie, de la Chine et de tous les autres pays qui cherchent à commercer sur la base de règles qui s'appliquent de manière égale à tous, et non pas fixées et contrôlées par des intérêts unilatéraux des États-Unis à leur détriment.

Le bellicisme des États-Unis et de l'OTAN pour justifier l'encerclement de la Russie dans l'espoir qu'elle cède et se soumette au diktat américain n'a rien à voir avec l'aide au peuple ukrainien, ni avec la défense collective de l'Europe, ni avec un quelconque principe. Chaque action que les États-Unis et l'OTAN, y compris le Canada, ont menée depuis qu'ils ont proclamé leur « nouvel ordre mondial » viole le droit d'être de toutes les nations qui composent l'Europe, et pas seulement de la plus grande d'entre elles, qui est en effet la Russie.

Loin d'être une force qui défend les droits humains, la paix et la démocratie, les États-Unis ont ressuscité les descendants des collaborateurs nazis, qu'ils appellent, dans la tradition nazie, des « combattants de la liberté », et les engagent dans des activités contre-révolutionnaires systématiques – en Ukraine, au Canada, aux États-Unis et ailleurs, surtout partout en Asie, en Afrique et en Amérique latine où ils incitent à des insurrections pour pouvoir pêcher en eaux troubles.

Les États-Unis et leurs « alliés » et « coalitions de volontaires » violent également, en toute impunité, le droit d'être de tous les pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes, et ont intégré le Canada en bloc à leur économie et leur machine de guerre.

C'est en réaction à ce « nouvel ordre mondial » justement que, à l'échelle mondiale, la conscience des peuples s'approfondit, non seulement en ce qui concerne les problèmes économiques auxquels ils sont confrontés – toutes sortes de privations, toutes sortes d'insécurité – mais aussi en termes de génocide et de discrimination à l'égard de divers peuples jugés inférieurs et de classes de personnes dont l'oppression et l'asservissement sont justifiés par les gouvernants. Il y a aussi l'intensification de l'exploitation sur la base de la domination d'un pays par un autre, sans compter les problèmes de l'environnement, de qualité de vie, etc. Cette conscience grandit partout. Nulle part les peuples ont-ils abandonné la lutte pour leurs droits.

C'est l'autre caractéristique du « nouvel ordre mondial » impérialiste américain. Les peuples se battent. Ils réclament leurs droits en s'appuyant de plus en plus sur leur propre matière intellectuelle et cherchent à voir le monde d'une position qui les avantage plutôt que du point de vue des impérialistes et de toute la réaction.

Les peuples résistent : ils perfectionnent leur capacité d'organisation afin d'établir des arrangements et des institutions modernes qui les servent.

Dans ce contexte, les champions du « nouvel ordre mondial » américain font tout en leur pouvoir pour que les peuples n'établissent pas leur propre perspective qui leur permette d'activer l'action humaine et intervenir d'une manière qui leur soit favorable.

Aujourd'hui, alors même que le conflit s'intensifie, que les États-Unis, le Canada et les autres fauteurs de guerre de l'OTAN condamnent les actions militaires de la Fédération de Russie en Ukraine, les États-Unis utilisent des drones armés pour bombarder la Somalie et ont lancé une attaque de missiles contre la Syrie. Où était la condamnation ? Où est l'indignation ? Pourquoi la vie de certains en Europe vaut-elle plus que celle du reste du monde ?

La résolution présentée par les États-Unis à l'ONU se contente d'exiger que les troupes russes quittent l'Ukraine, fermant les yeux sur le fait que ce que demande la Russie concernant la garantie de sa sécurité n'est pas du tout du même ordre de choses que l'objectif hégémonique pour lequel les troupes américaines se battent dans le monde entier.

L'adoption officielle de bannières et de slogans néonazis qui, selon ce narratif, sont les défenseurs du peuple ukrainien, va de pair avec un chauvinisme américain et eurocentrique virulents et un racisme pur et simple. Cela se voit dans leurs déclarations et dans l'abandon et les mauvais traitements qu'ils infligent aux immigrants noirs d'Afrique et des Caraïbes en Ukraine, ailleurs en Europe et aux États-Unis même. Pendant ce temps, le 200e vol d'expulsion illégale de l'administration Biden a envoyé 129 Haïtiens à Port-au-Prince, au nombre des plus de 2 millions de personnes expulsées depuis que Joe Biden a assumé ses fonctions.

LML : Que voudrais-tu dire pour conclure ?

Pauline : Le PCC(M-L) demande à ses membres de redoubler d'efforts pour mettre en garde les Canadiens contre les pièges que leur tendent les cercles officiels, tels que l'exploitation de leurs préoccupations concernant les victimes de la guerre et les préjugés personnels contre le président russe Vladimir Poutine. Ces pièges comprennent notamment soutenir les appels qui gravitent autour de l'humiliation de la Russie en mettant ce qu'elle fait sur un pied d'égalité avec ce que font les États-Unis et l'OTAN.

Humilier et écraser la Russie ne résoudra pas le déséquilibre qui existe à l'échelle mondiale d'une manière favorable aux peuples. Soutenir le régime ukrainien antirusse dans lequel des néonazis sont financés, armés, entraînés et déchaînés pour lâcher la folie meurtrière contre les Ukrainiens russophones, qui représentent un tiers de la population, n'apportera pas la paix. Les États-Unis tentent de retourner l'opinion publique mondiale en leur faveur en qualifiant la Russie d'agresseur, mais c'est une mauvaise interprétation de la définition de l'agression issue des procès de Nuremberg à la conclusion de la Deuxième Guerre mondiale. Il est important de ne pas permettre aux États-Unis, à l'OTAN et à leurs autres alliés de se déclarer champions de la paix, de la liberté et de la démocratie.

Le nouvel ordre mondial doit être créé par les peuples eux-mêmes. C'est l'appel de l'histoire.


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Volume 52 Numéro 3 - 7 mars 2022

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