Journée internationale des
femmes 2021
Les femmes aux premiers rangs de
la lutte pour la paix, la liberté et la démocratie
En cette journée du 8 mars 2021, Le
Marxiste-Léniniste transmet ses salutations
les plus chaleureuses et militantes à toutes les
femmes combattantes dans les rangs du Parti
communiste du Canada (marxiste-léniniste) et aux
femmes du Québec, du Canada et du monde qui sont
aux premiers rangs de tous les combats historiques
pour la paix, la liberté et la démocratie qui est,
en essence, une lutte pour investir le peuple, et
non les riches, du pouvoir. Partout où se mène la
lutte pour humaniser l'environnement naturel et
social, les femmes n'ont pas d'égales.
À l'occasion de la Journée internationale des
femmes 2020, Le Marxiste-Léniniste dédie
ce supplément aux femmes combattantes partout dans
le monde. Tout au long des périodes coloniales,
anti-esclavagistes, anti-impérialistes, les femmes
ont toujours été aux premiers rangs des batailles
historiques. À chaque époque, elles se sont
attaquées aux conditions auxquelles elles
faisaient face et ont agi pour s'opposer à ce qui
bloquait l'affirmation de leurs droits et pour
donner naissance au Nouveau.
Aujourd'hui, elles réclament leurs droits en tant
que femmes, en tant que créatrices de la
génération future, en tant que travailleuses
opposées à toutes formes d'exploitation et
d'oppression, en particulier l'exploitation et
l'oppression des plus vulnérables dont les
travailleurs migrants. Les femmes luttent en tant
qu'êtres humains, pour le droit à un moyen de
subsistance selon un standard digne d'une société
moderne, le droit au logement, à la santé, à
l'éducation et à une retraite en sécurité qui soit
garantie. Les femmes agissent d'une seule voix en
tant que membres égaux du corps politique,
affirmant leur droit de participer aux prises de
décisions sur toutes les questions qui les
concernent. C'est ce qu'elles doivent faire pour
exercer leur humanité et leur féminité et
participer à tous les aspects de la vie.
Partout dans le monde, les femmes sont celles qui
subissent le plus le fardeau de l'offensive
antisociale néolibérale mondiale et des sanctions,
de l'agression et de la guerre impérialistes qui
l'accompagnent. Elles résistent et s'efforcent de
changer la situation en faveur du peuple. La
domination de la vie par l'oligarchie financière
ne permet pas aux femmes de s'affirmer et
d'éliminer les obstacles et la violence brutale
qu'elle impose. Les femmes exigent que
lorsqu'elles disent non !, leur non ! devienne
effectif et réel. Chacune de ces luttes fait
ressortir le conflit qui existe entre le mouvement
des femmes et les aspirations des femmes et
l'autorité politique actuelle et le besoin urgent
de se donner du pouvoir pour mettre en oeuvre les
solutions pour lesquelles elles se battent.
Nous vivons un tournant historique auquel les
femmes sont confrontées tous les jours et
notamment en ce jour du 8 mars, Journée
internationale des femmes. En utilisant leur
parole, leurs arguments, leurs dénonciations et
actions, les femmes exigent un changement de la
direction de l'économie et le renouveau
démocratique. Dans ce sens, la conscience sociale
des femmes joue un rôle crucial pour avancer les
réclamations de la société pour la paix, la
sécurité, la justice et l'humanisation de
l'environnement naturel et social et c'est tout à
leur honneur.
En cette Journée internationale des femmes 2021,
Le Marxiste-Léniniste publie ce
supplément pour souligner le rôle héroïque des
femmes dans la lutte de l'humanité pour la paix,
la liberté et la démocratie. Contrairement à de
nombreux récits officiels qui cherchent à reléguer
les femmes à des positions secondaires dans ces
luttes historiques pour le progrès humain, les
femmes n'ont jamais été des « assistantes » et ont
toujours été des combattantes courageuses aux
premiers rangs de la lutte de l'humanité pour
s'investir du pouvoir de décider.
Les origines de la Journée
internationale des femmes
Deuxième conférence internationale des femmes
socialistes, 26-27 août 1910, Copenhague, Danemark
où des femmes de partout dans le monde ont adopté
la résolution pour fonder la Journée
internationale des femmes.
C'est le rôle dirigeant combatif joué par les
femmes partout dans le monde au coeur de toutes
les luttes décisives de leur époque qui a mené à
la décision d'organiser une journée internationale
pour célébrer leur courage et leur détermination
et faire valoir leurs réclamations à la société
comme une question de la plus haute importance.
1907 : La communiste allemande Clara
Zetkin propose l'idée d'une manifestation annuelle
en appui aux femmes ouvrières et aux droits des
femmes lors de la Première conférence
internationale des femmes socialistes à Stuttgart,
en Allemagne.
1909 : Une « Journée de la femme » est
organisée aux États-Unis le 28 février, organisée
par le Comité national des femmes du Parti
socialiste américain. Des manifestations mettent
en lumière la revendication du vote des femmes
ainsi que des droits des femmes ouvrières, en
particulier dans l'industrie du textile. Elles
rendent aussi honneur aux milliers de femmes qui
mènent de nombreuses luttes grévistes à ce
moment-là dans des villes telles que Montréal,
Chicago, Philadelphie et New York.
Les ouvrières du textile aux États-Unis
organisent plusieurs grèves pour faire valoir
leurs
droits en tant que femmes et ouvrières.
1910 : Une
résolution proposée par Clara Zetkin à la Deuxième
conférence internationale des femmes socialistes à
Copenhague, au Danemark, pour créer une Journée
internationale des femmes est adoptée.
1911 : Les premiers rassemblements de la
Journée internationale des femmes ont lieu en
Autriche, au Danemark, en Allemagne et en Suisse
le 19 mars, auxquels participent plus d'un million
de femmes et d'hommes.
1912 : Les femmes de France, des Pays-Bas
et de Suède célèbrent à leur tour la Journée
internationale des femmes. Dans la période menant
à la Première Guerre mondiale, ces activités sont
menées contre la guerre impérialiste, pour
exprimer la solidarité entre les femmes ouvrières
de différents pays et pour rejeter l'hystérie
empreinte de chauvinisme national des cercles
dominants.
1913 : Les femmes russes observent leur
première Journée internationale des femmes le 23
février selon le calendrier julien (le 8 mars,
selon le calendrier grégorien). La réaction
tsariste sanguinaire empêche la tenue de
manifestations publiques mais, dirigées par les
femmes communistes, les femmes trouvent
différentes façons de célébrer cette journée.
Première édition de Rabotnitsa
(L'Ouvrière)
|
1914 : La première édition de Rabotnitsa
(L'Ouvrière), un journal pour les femmes de la
classe ouvrière, est publiée en Russie. Le Comité
central bolchévique crée un comité spécial pour
organiser la Journée internationale des femmes.
Des réunions ont lieu dans les usines et les lieux
publics pour discuter des questions en lien avec
l'oppression des femmes et pour élire des
représentantes devant veiller à la mise en oeuvre
des propositions adoptées à ces réunions au sein
du nouveau comité.
1917 : En Russie, la Journée
internationale des femmes de 1917 est une période
de lutte intense contre le régime tsariste. Les
travailleurs, dont les femmes des industries du
textile et de la métallurgie, sont en grève dans
la capitale, Saint-Pétersbourg. Le 8 mars (le 23
février selon le calendrier julien), des milliers
de femmes travailleuses d'usine à
Saint-Pétersbourg sont en grève, revendiquant le
pain et la paix. Elles revendiquent « Du pain pour
nos enfants » et « Que nos époux reviennent des
tranchées ». C'est le début de la Révolution de
février qui mènera à l'abdication du tsar et à la
création d'un gouvernement provisoire qui
reconnaît le suffrage universel ainsi que les
droits égaux des femmes
Lors de la Journée internationale des femmes en
1917, des milliers de femmes ouvrières des usines
de Saint-Pétersbourg font la grève pour du pain et
la paix.
Clara Zetkin (gauche) et
Rosa Luxembourg, 1910
|
1920 : V.I. Lénine a une importante
discussion avec Clara Zetkin, qu'elle relate dans
la brochure Lénine sur la question des femmes,
dans laquelle il affirme qu'il « faut absolument
que nous créions un fort mouvement international
des femmes, sur une base théorique claire ». Il
rappelle que dans l'organisation des femmes :
« Il faut fortement insister sur le lien
indissoluble entre la position sociale et la
position humaine de la femme, et la propriété
privée des moyens de production. Cela permettra
d'établir une ligne de démarcation claire et
indéracinable entre notre politique et le
féminisme. Et cela fournira également la base pour
considérer la question féminine comme une partie
de la question sociale, du problème des
travailleurs, et ainsi la lier solidement à la
lutte de classe prolétarienne et à la révolution.
Le mouvement des femmes communistes doit être
lui-même un mouvement de masse, une partie du
mouvement de masse général. Non seulement du
prolétariat, mais de tous les exploités et
opprimés, de toutes les victimes du capitalisme ou
de toute autre domination. C'est en cela que
réside sa signification pour les luttes de classe
du prolétariat et pour son oeuvre historique, la
société communiste. »
1921 : Le 8 mars devient officiellement la
Journée internationale des femmes lorsque des
femmes bulgares, membres du Secrétariat
international des femmes de l'Internationale
communiste, proposent une motion voulant que
l'événement soit célébré partout dans le monde le
8 mars. Cette date est choisie pour rendre hommage
aux femmes de la Révolution russe, reconnaissant
ainsi leur rôle comme une contribution à la lutte
des femmes pour leur émancipation sur le plan
international.
1928 : Le premier rassemblement de la
Journée internationale des femmes a lieu en
Australie. Il est organisé par des femmes
communistes pour exiger une journée de travail de
huit heures, à travail égal, salaire égal, des
congés annuels payés et un salaire décent pour les
sans-emploi.
1937 : Des femmes espagnoles manifestent
contre les forces fascistes du général Francisco
Franco pour souligner la Journée internationale
des femmes.
Grève des travailleurs du textile à Montréal en
1937
1943 : Les femmes italiennes soulignent la
Journée internationale des femmes par de
militantes manifestations contre le dictateur
fasciste Benito Mussolini qui envoie leurs enfants
mourir dans la Deuxième Guerre mondiale.
Ainsi, depuis 1911, la Journée internationale des
femmes est à la fois une journée de célébration
des femmes pour leurs droits et les droits de tous
et une journée pour affirmer de manière militante
l'opposition des femmes à la guerre et à
l'agression impérialiste, et pour le droit des
peuples de décider de leur avenir. L'esprit de
cette journée a toujours été de souligner que pour
remporter les droits des femmes et lutter pour la
paix et la sécurité, les femmes doivent
elles-mêmes être aux premiers rangs de ces luttes
et des gouvernements qui représentent ces
revendications.
La contribution des femmes fait progresser la
lutte pour l'affirmation politique
Assemblée des chartistes à Kennington Common en
1848
Anne Knight; congrès mondial contre l'esclavage de
1840; Elizabeth Pease
1836 : Le mouvement des chartistes émerge
en tant que mouvement de la classe ouvrière en
Grande-Bretagne pour obtenir des droits politiques
et investir la classe ouvrière du pouvoir, sur la
base des principes démocratiques, mais aussi de la
lutte contre la corruption. Bien que l'un de ses
premiers objectifs soit le suffrage universel qui
était réservé aux hommes propriétaires, les femmes
y ont joué un rôle dirigeant. Parmi elles, il y a
les femmes qui se sont fait valoir dans le
mouvement pour l'abolition de l'esclavage sous
l'empire britannique, dont plusieurs étaient des
quakers. Plusieurs deviennent plus tard des
dirigeantes du mouvement pour le vote des femmes
qui s'est développé vers la fin du XIXe siècle.
1871 : Les femmes jouent un rôle
exceptionnel dans la création et la défense de la
Commune de Paris, qui est la première prise de
pouvoir de l'État par le prolétariat et une des
plus glorieuses pages de l'histoire de la classe
ouvrière internationale. Avec l'Union des femmes
comme organisation dirigeante, elles organisent
les travailleuses sur les barricades, les postes
d'ambulance et les cantines. L'Union des femmes
les mobilise également pour lutter pour
l'émancipation des femmes. Chaque arrondissement
de Paris dispose de comités de l'Union pour le
recrutement des femmes travailleuses militantes.
Nathalie Lemel, membre de l'Union des femmes,
appelle les femmes à se joindre au travail : «
Nous sommes arrivées au moment suprême, où nous
devons pouvoir mourir pour notre nation. Plus de
faiblesse ! Plus d'incertitude ! Toutes les femmes
aux armes ! Toutes les femmes au devoir !
Versailles doit être anéanti ! »
Louise Michel (debout à gauche); croquis de
femmes de la Commune de Paris
Une autre combattante exceptionnelle est Louise
Michel du Comité de vigilance de Montmartre, qui
en est élue présidente. Le comité organise des
ateliers, recrute des infirmières ambulancières,
aide les femmes de soldats, envoie des
conférencières dans les clubs, etc. Elle est
combattante et travailleuse médicale au 61e
bataillon de Montmartre.
1904 : L'Alliance internationale pour le
vote des femmes est fondée à Berlin suite à des
décennies de luttes des femmes pour le droit de
suffrage universel, affirmant en même temps leur
rôle sur toutes les questions brûlantes du jour,
telles que l'abolition de l'esclavage et la
défense des droits des travailleurs. Les femmes
propriétaires obtiennent le droit de voter sur
l'Île de Man en 1881. Les femmes de ce qui était à
l'époque une colonie britannique, la
Nouvelle-Zélande, obtiennent le droit de vote en
1893. En Australie, les femmes obtiennent
progressivement le droit de vote entre 1894 et
1911. Au Canada, certaines femmes ont obtenu le
droit de vote au niveau fédéral en 1917, alors
qu'une grande partie des femmes non-autochtones
ont obtenu le suffrage universel en 1918. En
Grande-Bretagne et en Allemagne, les femmes
peuvent voter dès 1918. En Autriche et dans les
Pays-Bas, dès 1919. Et aux États-Unis, en 1920.
Réunion des suffragettes en Angleterre en 1908 ;
Manifestation devant le tribunal de police en 1911
Mouvement des suffragettes aux États-Unis
Lors de la journée internationale des femmes de
1917, des milliers d'ouvrières de
Saint-Pétersbourg font la grève pour le pain et la
paix qui a mené à la Grande Révolution d'Octobre
huit mois plus tard. Après la Révolution
d'Octobre, outre l'instauration du suffrage
universel, tous les arrangements politiques
nécessaires ont été mis en place pour permettre la
pleine participation des femmes à la vie sociale,
culturelle et politique.
La lutte des femmes pour le droit de vote au
Canada
Les femmes du Manitoba, de la Saskatchewan et de
l'Alberta ont obtenu le droit de vote au niveau
provincial en 1916, avant les provinces de l'Est.
Dans tout le pays, la reconnaissance des droits a
toujours été une lutte contre les intérêts de
propriété qui considèrent le pouvoir du peuple de
décider contraire à leurs intérêts. Les droits ne
sont pas reconnus en raison du fait que tous les
membres du corps politique sont égaux et ont droit
de participer à la gouvernance de la société dont
ils dépendent pour leur subsistance. Au contraire,
tout le discours porte sur ce que la Couronne veut
bien « accorder » comme si les droits étaient une
manne qui tombe du ciel.
Au Canada, les droits sont liés à la propriété et
aux rapports de propriété, comme le montre le fait
que les veuves propriétaires et les femmes
célibataires propriétaires au Québec et en Ontario
n'ont été autorisées à voter au niveau municipal
qu'en 1884. Au Nouveau-Brunswick également, le
droit de vote au niveau municipal a été étendu à
partir de 1886 à toutes les femmes propriétaires «
à moins que leur mari ne soit électeur ». En
Nouvelle-Écosse, les femmes ont obtenu le droit de
vote au niveau municipal en 1886 et dans
l'Île-du-Prince-Édouard, les veuves propriétaires
et les femmes célibataires propriétaires ont
obtenu ce droit en 1888.
Au niveau provincial, au Manitoba, en
Saskatchewan et en Alberta, les femmes avaient
déjà obtenu le droit de vote en 1916. Elles ont
formé des organisations qui, tout en ayant comme
principal objectif d'organiser les femmes pour
qu'elles votent, se sont également occupées de
questions sociales et éducatives, notamment en
exigeant des améliorations des conditions dans les
usines, en particulier celles des ouvrières.
Janvier 1916. Photo de l'équipe de direction de
la Women's Equality League prise juste après
l'adoption par l'Assemblée législative du Manitoba
du projet de loi modifiant la loi électorale pour
donner le droit de vote aux femmes.
Au sujet de l'action de la Political Equality
League (PEL), active entre 1912 et 1916, formée
d'abord au Manitoba, puis dans d'autres provinces
des Prairies, Linda McDowell de la Nellie McClung
Foundation de Winnipeg écrit :
« Le manque d'argent a été un problème au début
car la Ligue devait pouvoir fournir des
conférenciers pour transmettre leur message dans
les petites villes et les fermes du Manitoba ainsi
qu'au public de Winnipeg. Mme Hample a fourni un
financement initial. Par la suite, elle a
recueilli des fonds en vendant des adhésions et,
lorsque Nellie McClung s'est jointe à la Ligue,
elle a proposé qu'elle pourrait ajouter une
conférence sur le suffrage des femmes aux lectures
publiques déjà très réussies de ses livres. Elle
demandait 25 cents par personne et pouvait ainsi
payer ses propres dépenses. Nellie était
extrêmement populaire, et a tenue 100 conférences
de lecture au Manitoba en 1911 et elle pouvait
faire rassembler jusqu'à 3 000 personnes comme à
Brandon. L'activité la plus célèbre de la Ligue,
le Parlement des femmes de 1914, a permis de
financer la plus grande partie du reste de leur
campagne.
« Les conférencières de la Political Equality
League ont souvent inspiré des communautés telles
que Carberry ou Portage la Prairie (ou Moosomin,
Saskatchewan) à créer leurs propres Political
Equality League, affiliées au groupe de Winnipeg.
La Roaring River Suffrage Association a été créée
indépendamment par les soeurs Twilley et leurs
amies, mais elles travaillaient également avec la
Winnipeg League. Les groupes islandais pour le
suffrage ne sont pas affiliés aux groupes anglais,
mais ils étaient en contact, et se joignaient
généralement à la Political League pour présenter
des pétitions et des revendications au premier
ministre.
« La Ligue a eu de nombreuses excellentes idées
pour mobiliser les citoyens dans leur campagne.
Leur bureau des présidents comprenait des membres
de la PEL, comme Mme A.V. Thomas, Mlle Francis
Beynon, Mlle Winona Flett (qui a épousé Fred Dixon
en 1914) et Mme Nellie McClung. Ses journalistes
écrivaient constamment des articles pour les
journaux et Francis Marion Beynon écrivait sur le
suffrage et les droits des femmes dans sa « Page
des femmes » du The Grain Growers' Guide. Mme
Thomas a également utilisé sa chronique dans le
journal et les clubs féminin qu'elle a organisés
dans les Prairies pour transmettre le message. En
1913, la Ligue a commandé cent banderoles « Votes
for Women » qui ont été placées sur les tramways
de Winnipeg. En 1913, elle a également tenu un
stand au Stampede de Winnipeg et distribué des
pamphlets. C'était un grand avantage que le
programme du Stampede comprenne autant de femmes
-- des championnes du lasso et de l'équitation !
Le Parlement des femmes de 1914 fut l'activité la
plus réussie de la Ligue. Non seulement il a
permis de recueillir de l'argent, mais le suffrage
des femmes est soudain devenu très respectable et
tout le monde a voulu s'impliquer. »
Les femmes de Winnipeg avec des pétitions de la
Women's Political Equality League ; Emily Howard
Stowe, fondatrice de la Canadian Women's Suffrage
Association.
À la fin de 1922, les femmes avaient obtenu le
droit de vote dans toutes les provinces, sauf au
Québec. Terre-Neuve, qui était alors un pays
séparé, a finalement reconnu le droit de vote des
femmes en 1925.
Le Conseil de l'organisation des femmes du Québec
pour le suffrage des femmes, de la Ligue des
droits de la femme.
Au Québec, les femmes ont poursuivi leurs luttes
militantes contre le fait d'être traitées par
l'Église et les gouvernements comme la propriété
de leur conjoint sans la permission duquel elles
ne pouvaient même pas avoir de compte bancaire ou
agir en leur propre nom de quelque façon que ce
soit. Elles ont finalement obtenu le droit de vote
en 1940.
La grève des allumettières de la compagnie E.B.
Eddy de Hull, Québec, 1919.
Pendant cette période, dans tout le pays, les
femmes ont également été les premières à se battre
pour leurs revendications : la journée de huit
heures et des conditions salariales et de travail
décentes.
En ce qui concerne le droit de vote aux élections
fédérales ou provinciales, aucune personne
d'origine dite « orientale » n'a été autorisée à
voter, et encore moins à occuper un poste d'élu,
avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en
1948. Les Inuits n'ont pas été autorisés à voter
avant 1950, et les membres des autres nations
autochtones n'ont été reconnus comme citoyennes
que si elles renonçaient à leur statut issu de
traités. Ce n'est qu'en 1960 que les hommes et les
femmes autochtones ont été autorisés à voter aux
élections fédérales sans avoir à renoncer à leurs
droits issus de traités.
Irene Parlby, Louise McKinney, Nellie McClung,
Henrieta Muir Edwards et Emily Murphy, connues
comme les « Cinq femmes célèbres », ont remporté
leur cause en 1929, une action en justice pour
faire reconnaître légalement les femmes comme des
personnes au Canada.
Les femmes dans la Guerre civile d'Espagne et la
Deuxième Guerre mondiale
Les femmes ont fait des contributions
remarquables à la cause de la République durant la
Guerre civile en Espagne.
1936-1945 : Les femmes ont fait des
contributions remarquables du côté des
Républicains dans la Guerre civile espagnole
(1936-1939) et dans la défaite du fascisme nazi
pendant la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945).
Les femmes de littéralement tous les pays d'Europe
et d'Eurasie, conjointement avec les femmes de
toutes les Amériques, ont joué un rôle primordial
comme espionnes, messagères, radiotélégraphistes,
fabricantes de grenades et de bombes,
ambulancières, secouristes, saboteuses,
combattantes de guérilla, simples soldats,
tireuses d'élite et pilotes. Plusieurs sont
torturées sans jamais divulguer des
renseignements. Plusieurs sont exécutées — par
pendaison, guillotine, peloton ou sous les balles
d'un seul bourreau, dans les crématoires nazis, ou
à la suite des coups reçus ou aux conditions
insupportables des camps de prison nazis.
Neus Català est une femme catalane et une
communiste qui, lorsque les troupes de Franco ont
envahi la Barcelone en 1939, a conduit 200
orphelins de la guerre civile espagnole au-delà
des montagnes enneigées des Pyrénées jusqu'en
France. Elle demeure en France afin de combattre
le fascisme nazi pendant la Deuxième Guerre
mondiale avec la résistance française. Elle est
finalement capturée par les Allemands et déportée
au camp de concentration pour femmes de
Ravensbruck puis à un camp de travaux forcés où
elle et ses camarades sabotent les bombes et
munitions qu'elles sont forcées de produire. «
Nous, femmes, n'étions pas des assistantes »,
écrivait-elle plus tard dans ses mémoires, « nous
étions des combattantes. » Neus Català décède le
13 avril 2019 à l'âge de 103 ans.
Assunta Adelaide
Luigia Modotti Mondini, connue sous le nom de «
Tina Modotti », née à Oudine, dans la région
Frioul-Vénétie Julienne, Italie, en 1896, était
photographe et communiste révolutionnaire et a
contribué à la lutte contre le fascisme au sein du
Secours rouge international. Utilisant différents
pseudonymes, elle se rend dans des pays sous
domination fasciste pour aider les familles des
prisonniers politiques. Pendant la guerre civile
espagnole, elle organise l'évacuation vers le
Mexique et l'Union soviétique des enfants
orphelins de la guerre. En 1939, lorsque Barcelone
est occupée par les forces fascistes de Franco,
elle parvient à fuir au Mexique, y poursuivant son
travail auprès des réfugiés de la guerre civile
espagnole. Elle y est décédée en 1942.
En Hollande, en
1940, les jeunes soeurs Freddie et Truus
Oversteegen participent avec leur mère, une
communiste, dans la distribution de journaux et de
tracts illégaux pour la résistance. En 1941, les
adolescentes commencent à entreprendre des
missions plus périlleuses : sortir clandestinement
des enfants juifs du pays, dynamiter des ponts et
des chemins de fer, et attirer, embusquer et tuer
des Allemands nazis et leurs collaborateurs
hollandais.
Née dans une
famille indienne patriotique, Noor Inayat Khan est
née à Moscou en 1914 et grandit en France. Son
arrière-arrière-arrière-grand-père Tipu Sultan est
mort en combattant le pouvoir britannique en Inde
en 1799. Sa famille déménage en Grande-Bretagne en
1940. Dans sa volonté de contribuer à la défaite
du fascisme hitlérien, elle devient membre des
femmes auxiliaires de l'armée de l'air en
Grande-Bretagne où elle suit une formation de
radiotélégraphie, mais pas sans être interrogée
par les agents recruteurs au sujet de sa loyauté
envers la couronne britannique. Inayat leur a
répondu que tant que durera la guerre contre
l'Allemagne, ils pouvaient compter sur sa loyauté
envers la couronne et le gouvernement
britanniques, mais qu'après la guerre elle
pourrait devoir revoir sa position et soutenir
l'Inde dans sa lutte pour l'indépendance contre la
Grande-Bretagne. En 1943, elle est envoyée au
coeur de la France occupée en tant qu'agent secret
avec le réseau Prosper de la Résistance française.
Le réseau, cependant, est hautement infiltré et la
plupart de ses membres sont arrêtés. Dans une
citation posthume saluant son courage moral et
physique, il est dit que « Khan a refusé
d'abandonner ce qui était devenu le poste le plus
important et dangereux en France, bien qu'on lui
ait offert la possibilité de retourner en
Angleterre, parce qu'elle ne voulait pas laisser
ses camarades français sans communications et elle
espérait aussi pouvoir reconstituer son groupe ».
Quelques mois plus tard, Khan est trahie et faite
prisonnière par la Gestapo. Elle subit un
interrogatoire des plus brutaux, mais ne divulgue
que de faux renseignements. Elle est ensuite
envoyée dans un camp de prisonniers en Allemagne
et éventuellement à Dachau où elle et trois autres
femmes agents sont exécutées en septembre 1944. Le
dernier mot de Khan avant son exécution devant le
peloton est : « Liberté ! »
Olga Benàrio
Prestes est née en 1908 dans une famille juive de
Munich. À l'âge de 15 ans, elle commence à
travailler avec l'organisation clandestine de la
jeunesse communiste allemande. Après son
arrestation à la suite des accusations de « haute
trahison » et après avoir aidé une camarade à fuir
de prison, elle s'enfuit de l'Allemagne pour aller
en Union soviétique où elle suit une formation
militaire et stratégique. En 1934, elle a la
responsabilité d'accompagner et de protéger le
communiste brésilien Luis Carlos Prestes lorsque
celui-ci sort de l'exil pour retourner au Brésil.
Ils arrivent à Rio de Janeiro en plein coeur du
soulèvement qu'appuie le Parti communiste contre
le dictateur Getulio Vargas. Benàrio et Prestes
sont arrêtés et en septembre ils sont extradés en
Allemagne nazie. Au camp de prisonniers de
Ravensbrück, elle poursuit son travail
révolutionnaire antifasciste au sein d'un réseau
clandestin de prisonniers communistes. En 1942,
elle est envoyée aux chambres à gaz avec des
centaines d'autres prisonniers politiques.
En Union soviétique, 800 000 femmes se rendent
directement au Front de l'Est pendant la Grande
Guerre patriotique, appellation de la Deuxième
Guerre mondiale. Elles font partie des troupes
régulières de l'Armée rouge et d'autres unités de
combat.
Des tireuses d'élite de l'Armée rouge prêtes à
aller au front ; des ouvrières sur les lignes de
production à l'usine de tracteurs de Stalingrad
Le 588e régiment des bombardiers de nuit de
l'Armée rouge
Deux Ukrainiennes
qui se sont démarquées sont la tireuse d'élite
Lyudmila Pavlichenko qui a à son actif 309 ennemis
tués, et la pilote Nadezhda Popova, membre du
redouté escadron de bombardiers de nuit que les
Allemands nommaient les « Sorcières de nuit ».
Popova a mené 852 missions dangereuses en basse
altitude dans un vieux biplan en contreplaqué et
bien que son avion ait été abattu à de nombreuses
reprises, elle en est sortie indemne.
Étudiante en quatrième année d'histoire à
l'Université de Kiev, Pavlichenko s'engage
immédiatement lorsque l'Allemagne commence son
invasion de l'Union soviétique en juin 1941.
Pavlichenko fait partie du premier groupe de
volontaires au bureau de recrutement, où elle
demande à s'engager dans l'armée au lieu de
devenir infirmière. Formée comme tireur d'élite,
elle se bat pour défendre Odessa puis Sébastopol
dans la péninsule de Crimée. Après avoir été
blessée au combat en juin 1942, Pavlichenko est
envoyée au Canada et aux États-Unis pour une
visite publicitaire et devient la première
citoyenne soviétique à être reçue par un président
américain lorsque Franklin Roosevelt l'accueille à
la Maison-Blanche. Pavlichenko est ensuite invitée
par Eleanor Roosevelt à faire une tournée
américaine pour raconter ses expériences. À
Chicago, elle se tient devant de grandes foules,
réprimandant les États-Unis pour qu'ils
soutiennent le second front.
« Messieurs, dit-elle, j'ai 25 ans et j'ai tué
309 occupants fascistes à l'heure actuelle. Ne
pensez-vous pas, messieurs, que vous vous cachez
depuis trop longtemps? » Ses paroles se sont
répandues parmi la foule qui a répondu par des
cris d’appui. Les États-Unis lui offrent un
pistolet semi-automatique Colt.
Elle reçoit un fusil à lunette Winchester,
maintenant exposé au Musée central des forces
armées à Moscou. Pavlichenko, Vladimir Pchelintsev
(camarade tireur d'élite) et Nikolai Krasavchenko
(commissaire aux carburants de Moscou) sont
accueillis par des milliers de personnes à la gare
Union de Toronto.
Ayant atteint le grade de major, Pavlichenko
devient instructeur et forme des tireurs d'élite
soviétiques jusqu'à la fin de la guerre. En 1943,
elle reçoit l'étoile d'or d’héroïne de
l'Union soviétique et est commémorée sur un
timbre-poste soviétique.
En 1941, Zoïa
Kosmodemyanskaïa, 18 ans, participe à une unité de
sabotage menant des activités de guérilla contre
les forces nazies qui occupent un village
soviétique. Elle est capturée en pleine mission et
torturée sans divulguer de renseignements. Le
matin suivant, elle est pendue devant les
villageois locaux, mais avant de mourir elle
déclare du haut du gibet : « Je ne crains pas de
mourir, camarades. C'est une joie que de mourir
pour son peuple ! » Et à l'intention de ses
exécuteurs allemands : « Vous me pendez
maintenant, mais je ne suis pas seule. Nous sommes
deux cents millions. Vous ne pouvez pas tous nous
pendre. Je serai vengée par eux. » Zoïa est la
première femme à être déclarée Héros de l'Union
soviétique pendant la guerre et elle devient un
symbole populaire de la résistance.
L'adolescente Zoïa Kosmodemyanskaïa défie ses
bourreaux.
En 1943, Lepa Radi,
17 ans, une communiste serbe bosniaque et membre
des partisans yougoslaves, est capturée alors
qu'elle protège les femmes et les enfants qui
fuient les forces nazies par un barrage de tirs
sur les troupes SS qui avançaient. Elle est pendue
après avoir été torturée sans rien divulguer.
Avant d'être pendue, elle exhorte son peuple à se
battre pour sa liberté et à ne pas capituler.
Lorsqu'on lui offre un pardon de dernière minute à
condition qu'elle divulgue le nom de ses camarades
et dirigeants, elle réplique qu'elle ne trahira
pas son peuple et que ses camarades se feront
connaître le jour où ils vengeront sa mort.
D'autres femmes, comme Mala Zimetbaum, une juive
de Belgique, a aussi confronté ses bourreaux de
façon semblable, en se moquant d'eux et en les
défiant, attirant sur elle un sort encore plus
cruel. Mala est la première femme à s'évader du
camp de prisonniers d'Auschwitz-Birkenau, mais a
été capturée et exécutée.
La cinéaste de l'Armée rouge Ottilia Reizman
10 février 1945 - Ottilia Reizman, cinéaste de
l'Armée rouge, filme les combats de rue à
Budapest. Avant 1944, elle travaillait dans les
détachements de partisans biélorusses. Son travail
a permis de filmer les partisans de Biélorussie.
Le 26 octobre 1941, Maria Brouskina, combattante
de la résistance antifasciste, capturée et
exécutée par les nazis, reste défiante jusqu'à la
fin.
Maria Brouskina, une jeune juive de 17 ans, fille
d'un sculpteur renommé de Minsk, en Biélorussie,
aide les prisonniers de guerre de l'Armée rouge à
fuir les camps de concentration, falsifie des
documents pour eux et fournit aux prisonniers de
la nourriture et des vêtements. En octobre 1941,
elle établit des contacts avec d'autres résistants
antifascistes de la ville. Ils organisent
l'évasion de plusieurs prisonniers de guerre de
l'Armée rouge capturés mais sont trahis aux nazis.
Le groupe est arrêté et pendu publiquement à Minsk
(tous ont entre 16 et 21 ans).
Exécution d'Alexandra Pavlovska-Afinogenova et
Maria Sakharova
en Finlande en décembre 1941
Alexandra Pavlovska-Afinogenova et Maria
Sakharova sont deux combattantes antifascistes en
Carélie. Toutes deux ont tenté d'organiser des
groupes de résistance antifasciste dans la ville
de Medvejiegorsk et ont été exécutées par les
troupes finlandaises en décembre 1941.
Des combattantes partisanes en Ukraine, Russie,
Pologne, Bélarus, Yougoslavie et Italie
Les héroïnes des Amériques à la fin du XIXe
siècle
Du XVIe au XIXe siècle : Une période de
lutte anticoloniale et anti-esclavagiste dans les
Amériques s'ouvre avec le début de la colonisation
européenne vers la fin du XIVe siècle. Elle
connaît un développement prodigieux au début du
XIXe siècle avec le triomphe des anciens esclaves
africains sur les Français lors de la Révolution
haïtienne de 1804.
Anacaona à Hispaniola
|
Anacaona est la première femme des Amériques à se
soulever contre les conquérants espagnols. Elle
naît en 1474 sur l'île d'Hispaniola (maintenant
Haïti et République dominicaine), où Christophe
Colomb a débarqué pour la première fois en
décembre 1492. Lorsqu'elle apprend les abus que
commettent les colonialistes contre les femmes des
Caraïbes, elle mène le peuple de Xaragua à la
résistance contre les Espagnols. Le Xaragua resta
le seul territoire insoumis à l'arrivée d'Ovando
(nouveau gouverneur espagnol) en Ayiti en 1502.
Elle sera pourchassée par Ovando pendant six mois.
Lorsqu'elle est capturée, il lui propose de
l'épargner si elle devient sa concubine. Elle
refuse et est pendue publiquement en 1504. Elle
avait 29 ans.
Aqualtune Ezgondidou Mahamoud
|
Aqualtune Ezgondidou Mahamoud da Silva Santos
(circa 1635-675), la fille du roi de Mani-Kongo,
dirige une armée de près de 10 000 guerriers pour
défendre le règne de son père en Afrique contre
les Portugais. Elle est capturée en 1665 à l'âge
de trente ans par des mandataires, enchaînée et
expédiée comme esclave, des rives d'Elmina
(aujourd'hui le Ghana) jusqu'à Recife, au Brésil.
Au huitième jour du voyage, elle se met à la tête
d'une insurrection à bord du bateau d'esclaves. À
Recife, elle tente à nouveau de prendre la fuite
en plongeant dans la mer. Elle est vendue à une
plantation à Puerto Calvo dont la spécialité est
l'élevage de bétail et d'hommes, à proximité de
Palmares. Six mois plus tard, elle et ses
camarades détruisent la Casa Grande et ses hôtes.
Elle est à la tête d'un groupe grandissant de 200
Africains kidnappés, elle fonce sur Palmares,
démolissant et incendiant tout ce qui se trouve
sur son passage. Elle devient la commandante du
quilombo de Subupuira, au nord-est de Macoco, la
cité royale et la capitale de Palmares qui
deviendra le Mocambo de Subupuira (les mocambos
sont les villages qui constituent un quilombo).
Aqualtune devient l'une des dirigeantes de la
première République noire indépendante de Palmares
(Quilombo dos Palmares, circa 1600-1695), une
redoute dans une région montagneuse de 30 000
habitants dans le nord-est du Brésil, établie par
des marrons (des Africains fugitifs), des
Amérindiens et des Blancs pauvres qui fuient la
misère des plantations de canne à sucre.
Quilombo dos Palmares, le plus connu des
quilombos et des palenques d'Amérique latine,
s'inspire de la pensée africaine de son peuple. Ce
n'est pas qu'un refuge où les Noirs convergent,
c'est aussi un grain de sable dans l'engrenage du
système d'esclavage imposé au Brésil par les
colonisateurs portugais. Palmares est la
république élue d'un peuple libre, uni, vivant en
communauté et dans la prospérité. Le peuple y crée
un nouvel ordre social qui s'inspire de la
gouvernance, de l'expérience et de l'héritage
africains. La nécessité d'une production capable
de nourrir des milliers de personnes et l'urgence
de promouvoir une fraternité partagée font en
sorte que le quilombo est organisé comme un petit
État. Les décisions les plus importantes sont
prises en assemblée.
Contrairement à la monoculture de la canne à sucre
des colonisateurs à des fins d'exportation, à
Palmares on plante le maïs, les haricots, le manioc,
la canne à sucre, la pomme de terre et des légumes.
La terre appartient à la collectivité, une tradition
venant d'Afrique, et la population entière déménage
d'endroit de temps à autre pour se protéger des
attaques des colonisateurs. Les habitants de
Palmares font fréquemment des incursions dans les
villes avoisinantes pour y libérer d'autres
esclaves, obtenir des armes, de la poudre et des
outils et pour veiller à ce que justice soit rendue
aux esclavagistes.
De nombreuses expéditions militaires ont été
organisées par les colonisateurs portugais et les
hollandais contre Palmares. Entre 1672 et 1694,
Palmares tient le coup contre en moyenne une
attaque à tous les quinze mois. Les habitants de
Palmares ont recours à ce qu'on appelle la guerre
de la jungle, évitant l'ennemi, l'attaquant
soudainement à l'improviste pour ensuite se cacher
dans la jungle. Les Palmariens comptent aussi sur
les nouvelles des expéditions ennemies grâce aux
esclaves des plantations et les colons à qui ils
achètent des armes et des outils. On dit
qu'Aqualtine est tombée au combat vers 1675 dans
un assaut des troupes de Manuel Lopez Galvao, qui
a rapporté 2 000 paires d'oreilles à Bahia.
Dandara dos Palmares
|
Dandara dos Palmares, une des dirigeantes les
plus célèbres et la conjointe du petit-fils
d'Aqualtine, Zumbi, lutte contre l'esclavage à
partir du quilombo de Palmares. Bien que ses
origines soient peu connues, Dandara, dont le nom
veut dire « la plus belle » (a mais bela),
est — contrairement à l'histoire officielle qui la
marginalise comme étant uniquement une conjointe —
une guerrière et une reine de plein droit. La plus
représentative des femmes dirigeantes de la
République de Palmares, selon les dires, Dandara
participe est de tous les combats dans ce qui est
créé, organisé, vécu et souffert dans cet État.
Dandara contribue à la construction de la société
de Palmares, à son organisation socioéconomique et
politique.
En 1678, le peuple de Palmares s'oppose au Traité
de Paix conclu avec le gouverneur portugais pour
accommoder les quilombolas en proposant une
promesse de paix et de liberté pour les esclaves
fugitifs, et ainsi tenter de subvertir le
mouvement de résistance pour la libération de tous
les esclaves. Le peuple ne peut accepter que
certains Noirs soient libres et d'autres maintenus
en esclavage. L'entente négociée exige que les
habitants de Palmares se rendent sur les terres de
Vale do Cacau ( a Vallée du Cacao). Dandara meurt
le 6 février 1694 après la destruction du Quilombo
dos Macacos appartenant à Palmares. Elle et
plusieurs autres quilombolas (les habitants de
quilombo) se lancent du plus haut promontoire
plutôt que de se soumettre à l'esclavage.
Tereza de Benguela
|
Tereza de Benguela est la dirigeante quilombola
et conjointe de Quilombo de Quartere ou de Piolho,
dirigeant des marrons dans l'État de Mato Grosso.
Elle commande la structure politique, économique
et administrative du quilombo, et maintient un
système défensif d'arme échangées avec les
Portugais ou saisies par les esclaves. Ils
survivent jusqu'au moment des soulèvements des
Indiens boliviens qui perturbent les autorités des
couronnes espagnole et portugaise. Tereza est
arrêtée dans une de ces confrontations et,
refusant d'accepter l'esclavage, elle se suicide.
Na Agontimé, la reine du Bénin, est vendue comme
esclave à (l'État de) Maranhao, où on lui donne un
nouveau nom, Maria Jesuina. Elle fonde la Casa das
Minas (la Maison des mines) et la reconstruit en
tant que maison pour le culte des Ancêtres.
Tia (Aunt) Simoa dirige la lutte contre
l'esclavage dans l'État de Ceara. Elle fait partie
du Grupo de Mulheres Negras do Cariri (le Groupe
de femmes noires de Cariri), le Prestas Simoa.
Maria Aranha est la dirigeante de Quilombo de
Mola, dans l'État de Tocantins. Elle vainc toutes
les attaques visant à réduire le peuple à
l'esclavage et organise toute la société en cet
endroit.
Nanny
|
« Nanny » également connue sous le nom de « Reine
des Maroons » est née dans ce qui est aujourd'hui
le Ghana en Afrique. Au début du XVIIIe siècle,
elle dirige dans les collines de la Jamaïque une
communauté d'Africains anciennement réduits en
esclavage, connus sous le nom de Windward Maroons.
Elle organise des raids dans les plantations
britanniques pour libérer des centaines de
personnes de l'esclavage qui continuent à lutter
contre les colonialistes britanniques. Elle est
une héroïne nationale de la Jamaïque, célèbre pour
son succès en tant que dirigeante, tacticienne et
stratège militaire.
Bartolina Sisa; statue de Sisa et Tupac Katari à
El Alto, Bolivie
Bartolina Sisa est une femme aymara qui se bat
aux côtés de son mari, le chef Tupac Katari, et sa
soeur Gregoria Apaza, à la tête d'une armée de 40
000 personnes dans une rébellion indigène contre
les colonialistes espagnols dans le sud du Pérou
(aujourd'hui la Bolivie). Ils assiègent la ville
de La Paz pendant 184 jours, se retirent seulement
après l'arrivée de nouvelles troupes coloniales de
Lima et de Buenos Aires. Sisa et Katari sont
trahies et capturées. Sisa est brutalement
torturée mais ne divulgue aucune information.
Après avoir été forcée de voir son mari noyé et
écartelé publiquement, elle subit un sort tout
aussi horrible moins d'un an plus tard. Son corps
est ensuite coupé avec sa tête et ses membres
exposés dans les villages autochtones pour envoyer
un message d'avertissement le 5 septembre 1782. En
son honneur, le 5 septembre est reconnu en Bolivie
comme la Journée internationale de la femme
autochtone.
Micaela Bastidas
|
Micaela Bastidas est la conseillère de son mari,
le dirigeant indépendantiste inca Tupac Amaru II,
et elle-même une dirigeante révolutionnaire à part
entière. Elle commande un bataillon d'insurgés et
est connue comme une stratège militaire audacieuse
et remarquable. En 1781, après un soulèvement
raté, elle est capturée par les Espagnols et
exécutée sur une place publique avec son mari et
un de leurs fils pour avoir organisé la rébellion.
Solitude
|
Une révolution des travailleurs asservis des
plantations à Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti),
commencée en août 1791, a obligé la France à
abolir légalement l'esclavage dans ses colonies
moins de trois ans plus tard. En 1802, cependant,
les forces de Napoléon ont cherché à ressusciter
l'économie basée sur le sucre de Saint-Domingue,
de la Guadeloupe et d'autres exploitations
françaises dans les Caraïbes en ré-asservissant
les esclaves libérés qui vivaient en tant que
citoyens français depuis huit ans. Les Africains
et leurs descendants ont résisté avec acharnement
aux forces françaises - avec succès à
Saint-Domingue, sans succès en Guadeloupe.
Solitude est une héroïne en Guadeloupe pour son
rôle dans cette lutte pour une liberté durable en
1802.
Solitude avait rejoint la colonie marron de La
Goyave au milieu des années 1790, et lors d'une
attaque du général français Desfouneaux, elle
devint le chef d'un petit groupe qui s'échappa sur
les collines de la Guadeloupe, échappant à la
capture. Le 5 mai 1802, des navires français
arrivent à Pointe-à-Pitre avec des troupes prêtes
à appliquer le décret de Napoléon pour rétablir
l'esclavage dans les îles. Des batailles éclatent
alors que les Africains et leurs descendants, dont
Solitude et ses partisans, se battent pour
préserver leur liberté. Les rebelles marrons,
surpassés en nombre par les troupes françaises,
décidèrent de faire un dernier geste en laissant
les Français avancer sur leur territoire avant de
faire exploser des stocks de poudre à canon, se
tuant ainsi avec des centaines de soldats
français. Solitude et plusieurs autres ont survécu
et ont été capturés et condamnés à mort par un
tribunal militaire français. Comme elle était
enceinte à l'époque, Solitude ne devait être
pendue qu'après la naissance de son enfant, car
celui-ci allait devenir la propriété d'un
propriétaire d'esclaves. Le matin suivant
l'accouchement, selon les récits, Solitude est
sortie de prison paisiblement alors que le lait
maternel tachait sa chemise de nuit. « Vivre libre
ou mourir » seront ses derniers mots avant d'être
pendue, devenant ainsi une martyre et un symbole
pour toutes les femmes et les mères qui se sont
sacrifiées et ont lutté contre vents et marées
pour défendre les idéaux de liberté et d'égalité.
Près de 200 ans plus tard, une statue a été placée
en sa mémoire sur le boulevard Héros aux Abymes en
Guadeloupe.
Catherine Flon, Sanité Bélair et Cécile Fatiman en
Haïti ont joué un rôle important dans les luttes
anticoloniales de leur pays.
Les femmes jouent un rôle central dans tous les
aspects de cette révolte en organisant d'autres
esclaves pour qu'ils refusent un travail
dangereux, en pratiquant des rituels spirituels
qui inspirent à se joindre à la cause de la
liberté, par un travail de renseignement et en
combattant contre les Français. Peu de temps après
qu'Haïti ait gagné son indépendance et rejeté le
joug de l'esclavage, une vague d'insurrections se
produit dans les colonies établies par les
Espagnols. Les femmes jouent également un rôle
crucial dans ces rébellions, notamment en tant que
dirigeantes au combat, et font preuve d'une
bravoure exemplaire.
Juana Azurduy de Padilla
|
Juana Azurduy de Padilla est une combattante de
la guérilla qui se bat aux côtés de son mari,
Manuel Ascencio Padilla, pour l'indépendance
bolivienne. Elle se mérite le grade de
lieutenant-colonel. Elle est connue pour son appui
indéfectible aux peuples autochtones du Haut-Pérou
et son leadership militaire. En 1815, au cours
d'une bataille à Pintatora, elle quitte le champ
de bataille pour donner naissance à son quatrième
fils, revient quelques heures plus tard sur les
lignes de front pour rallier ses troupes, et
capture personnellement l'étendard des forces
espagnoles vaincues.
« La Pola » affrontant la mort avec défiance
En Colombie, Policarpa « La Pola » Salavarrieta
est une espionne courageuse et efficace pour les
forces révolutionnaires, faisant rapport sur les
forces loyalistes et gagnant leurs soldats à la
cause de l'indépendance. Capturée en 1817, à 22
ans et condamnée à mort pour haute trahison. Les
mains liées, La Pola marche jusqu'à sa mort
accompagnée de deux prêtres. Au lieu de répéter
les prières qu'ils lui demandent de réciter pour
sauver son âme, elle maudit les Espagnols et
prédit leur prochaine défaite. Ses derniers mots
devant le peloton d'exécution sont de rallier ses
camarades d'armes : « J'ai plus qu'assez de
courage pour subir cette mort et encore mille
autres. N'oubliez pas mon exemple. » La Pola est
une héroïne nationale de la Colombie.
Manuela Saenz
L'héroïne révolutionnaire d'origine équatorienne
Manuela Saenz rejoint son compagnon, le libérateur
Simón Bolívar, sur le champ de bataille et joue un
rôle politique important pendant les guerres pour
libérer la Nouvelle-Grenade (aujourd'hui le
Venezuela, la Colombie et l'Équateur) de la
domination coloniale espagnole.
Maria Andrea Parado de Bellido
|
Maria Andrea Parado de Bellido, une
révolutionnaire indigène péruvienne, transmet des
informations aux forces patriotes pour les aider
dans leur lutte contre les royalistes espagnols.
Capturée et amenée devant un peloton d'exécution
en 1822, elle rejette l'offre de dernière minute
de ses ravisseurs de lui épargner la vie si elle
divulgue le nom de ses collaborateurs, déclarant :
« Je ne suis pas ici pour vous divulguer des
informations, mais pour me sacrifier pour la cause
de liberté. » En 1925, une statue a été érigée à
sa mémoire à l'endroit où elle a été exécutée.
Murale en hommage au sacrifice de Gertrudis
Bocanegra pour l'indépendance du Mexique
sur la place publique qui porte aujourd'hui son
nom à Morelos, Michoacan, Mexique
María Gertrudis Teodora Bocanegra Mendoza rejoint
les forces de la guerre d'indépendance du Mexique
(1810-1821) à ses débuts. Elle est une messagère
qui aide à former un réseau de communication entre
les principaux lieux de la rébellion. Elle est
capturée en 1817 et soumise à la torture pour
révéler les noms d'autres rebelles, ce qu'elle
refuse fermement de faire, et est exécutée pour
trahison.
Zacimba Gaba; Zéférina; Maria Quitéria de Jesus
Zacimba Gaba, une princesse angolaise, incite une
révolte des esclaves dans l'État d'Espirito Santo
contre la Casa Grande et dirige le quilombo où
elle est reine. Pendant plusieurs années, elle
commande des attaques contre des bateaux
d'esclaves, apparaissant au coeur de la nuit dans
des détroits périlleux pour rescaper les esclaves
africains. Elle meurt au cours d'une de ces
confrontations.
Zeferina, la
dirigeante du quilombo d'Urubu à Bahia, enfant,
est transportée au Brésil de l'Angola. Zeferina
mène la révolte contre les capitaes-do-mato (les
capitaines de la forêt, des mercenaires) en 1826.
Selon plusieurs histoires, elle les confronte
munie d'un arc et de flèches.
Maria Quitéria de Jesus de Bahia, au Brésil,
combat dans la guerre d'indépendance contre le
Portugal (1822-24) dans un uniforme d'homme. Elle
est promue au grade de lieutenant et décorée de
l'Ordre impérial pour sa bravoure et ses
compétences et est reconnue comme une héroïne
nationale de son pays.
Mariana Crioula, une mucama (femmes esclave) dans
Vila das Vassouras, à Rio de Janeiro, avec son
conjoint Manuel Congo, dirige la plus importante
révolte à Rio de Janeiro le 5 novembre 1838 et
forme ensuite un quilombo avec lui.
Juana Saltitopa
Juana de la Merced Trinidad (1815-1860), mieux
connue sous le nom de Juana Saltitopa, militante
dominicaine et femme militaire, est reconnue comme
un symbole de l'héroïsme féminin pour ses efforts
pendant la guerre d'indépendance.
Carlota, une femme
esclave d'origine Yoruba originaire d'Angola,
saisit la machette le 5 novembre 1843 et dirige
l'héroïque soulèvement à la raffinerie de sucre
dans la province de Matanzas à Cuba. La grande
plaine de Havana-Matanzas est l'emporium de
l'oligarchie propriétaire d'esclaves, en raison de
la richesse de la terre et de l'essor de
l'industrie de la canne à sucre. La population
esclave de Cuba s'accroît de près de 30 000 en
1774 à 436 000 en 1841, lorsque les esclaves
constituent 45 % de la population. Au XIXe siècle,
plus de 600 000 Africains sont transportés dans
l'île comme esclaves.
Carlota et ses capitaines, suivant leur plan
secret, partent de Triunvirato pour se diriger
vers la plantation de canne à sucre d'Arcana pour
libérer leurs frères et soeurs, particulièrement
Fermina, qui avait été très active dans une
rébellion antérieure le 2 août, et un homme du nom
d'Evaristo. Fermina est arrêtée, enchaînée et
incarcérée. Fermina et d'autres sont libérées mais
Carlota est capturée au cours d'une bataille
inégale et tuée brutalement.
La révolte dirigée a des répercussions
internationales. Quelques jours après le début de
la rébellion, le Vandalia, une corvette de
la marine américaine, se pointe dans le port de la
Havane sous le commandement du contre-amiral
Chauncey, le porteur d'une lettre « officielle »
de l'attaché d'affaires espagnol à Washington, qui
avise le capitaine général O'Donnell qu'il peut
compter sur l'aide des États-Unis pour écraser la
rébellion « afro cubaine », un document que le
commandant Chauncey, accompagné de M. Campbell, le
consul des États-Unis à la Havane, présente au
gouverneur colonial lors d'une cérémonie
diplomatique qui se déroule en grande pompe.
Pour lui rendre hommage, on donne son nom à
l'Opération Black Carlota de Cuba en 1980 en
Afrique du Sud, dont le haut fait est la bataille
de Cuito Cuanavale et la défaite de l'armée
raciste et fasciste de l'Afrique du Sud lors d'une
bataille acharnée.
Monument à la rébellion de Carlotta
Ana Bétancourt
|
Ana Betancourt, combattante de l'indépendance
cubaine, s'adresse en 1869 à l'Assemblée
constitutionnelle des patriotes cubains à Guáimaro
et déclare à l'occasion de la proclamation de la
première constitution anticoloniale
insurrectionnelle de Cuba : « Citoyens : la femme
cubaine a attendu avec patience et résignation
dans le coin sombre et calme de sa maison, cette
heure sublime, pour une juste révolution pour
briser son joug et libérer ses ailes. [...] Vous
avez détruit l'esclavage basé sur la couleur en
émancipant l'esclave. Le moment est venu de
libérer la femme ! »
1837-1838 :
Les femmes prennent place aux côtés des hommes
lors de la Rébellion de 1837 pour établir la
nation québécoise et lutter contre la domination
coloniale britannique. Lors de réunions publiques
au printemps de 1837, avant la rébellion, des
femmes comme Emily Boileau-Kimber jouent un rôle
crucial. Parmi les autres femmes notables,
mentionnons Julie Papineau, épouse de Louis-Joseph
Papineau, chef du Parti patriote. Elle est une
personnalité politique à part entière et participe
à la fondation d'un comité de femmes patriotes.
Lorsque la lutte armée commence, les femmes aident
à produire les balles et à fabriquer des
cartouches pour la poudre à fusil.
Drapeau des patriotes
|
Madame Masson et Madame Dumouchel, parmi les plus
ardentes des Patriotes, conçoivent et tissent le
premier drapeau québécois planté en décembre 1837
par les combattants de Saint-Eustache. Les femmes
sont réputées pour leur compassion exceptionnelle
dans le traitement de toutes les victimes du
conflit, de quelque côté qu'elles soient. Émilie
Gamelin se fait connaître pour son aide aux
prisonniers politiques et aux rebelles capturés.
Sojourner Truth
|
Aux États-Unis, Sojourner Truth est une
abolitionniste afro-américaine et militante des
droits des femmes, plus connue pour son discours
sur les inégalités raciales prononcé en 1851 à
l'Ohio Women's Rights Convention. Elle est née
esclave. Vendue aux enchères à l'âge de 9 ans et
deux fois de plus par la suite, elle s'échappe
avec sa petite fille en 1826, prend le nom de
Sojourner Truth et consacre sa vie à la cause de
l'abolition de l'esclavage, des droits politiques
des femmes et de la réforme pénitentiaire. Connue
comme l'une des principales dirigeantes des
abolitionnistes, elle insiste sur le fait que la
communauté abolitionniste doit lutter pour les
droits civils des femmes noires comme des hommes.
En 1865, près de 100 ans avant le mouvement pour
les droits civiques aux États-Unis, Truth tente de
forcer la déségrégation des tramways à Washington
en utilisant des voitures destinées aux blancs.
Elle décède en 1883.
Harriet Tubman
|
Née vers 1822, Harriet Tubman est une
abolitionniste afro-américaine et militante
politique pour le suffrage des femmes. Elle
échappe à l'esclavage et devient connue comme la
plus célèbre « chef de train » du chemin de fer
clandestin, le réseau secret de maisons sûres
utilisé pour ramener les fugitifs de l'esclavage
vers le nord. Année après année, elle revient dans
le sud pour servir de guide aux personnes qui
fuient l'esclavage. Elle n'est jamais capturée
malgré la récompense de 10 000 $ pour son
arrestation. Tubman souffre toute sa vie de son
traitement brutal, y compris d'un traumatisme
crânien qui l'a laissée partiellement sourde, mais
cela ne l'arrête pas. Pendant la guerre civile,
elle travaille pour l'armée de l'Union en tant que
cuisinière et infirmière, mais également en tant
que scout et espionne armée. Première femme à
diriger une expédition armée pendant la guerre,
elle a dirigé le raid sur la rivière Combahee, qui
a libéré plus de 700 esclaves en Caroline du Sud.
Elle est décédée à l'âge de 93 ans et a été
enterrée avec les honneurs militaires au cimetière
de Fort Hill à Auburn, New York.
Mary Ann Shadd Cary
|
Mary Ann Shadd Cary, née en 1823 dans le
Delaware, est une activiste anti-esclavagiste et
pour les droits des femmes et la première femme
noire à fonder un journal en Amérique du Nord. En
1850, lorsque le Congrès des États-Unis adopte la
Loi sur les esclaves fugitifs visant à
décourager toute aide aux esclaves en fuite et à
ordonner leur arrestation, Shadd s'établit au
Canada où le reste de sa famille vient rapidement
la rejoindre. En 1858, son père Abraham devient le
premier noir à être élu au Canada, au poste de
conseiller de la municipalité de Raleigh en
Ontario. À Windsor, en Ontario, Mary Ann Shadd
fonde une école intégrée racialement, démontrant
son engagement à la lutte contre le racisme par
l'éducation. Elle fonde également et est la
rédactrice d'un journal hebdomadaire
anti-esclavagiste, le Provincial Freeman. C'est le
premier journal qui donne une voix aux
Afro-Américains. Elle le publie jusqu'en 1861 dans
le sud de l'Ontario. Après la guerre civile, Shadd
retourne aux États-Unis où elle devient la
deuxième femme afro-américaine à obtenir un
diplôme de droit et se joint à l'Association
nationale pour le suffrage des femmes et fait
campagne aux côtés de Susan B. Anthony et
Elizabeth Cady Stanton.
La bataille de Little Big Horn dépeinte par
Kicking Bear
1864-1879 : Les événements marquants pour
les Cheyennes sont le massacre de Sand Creek en
1864 et la bataille de la rivière Washita en 1868.
Dans les deux cas, c'est l'armée américaine qui
attaque des colonies cheyennes manifestement
pacifiques. Plusieurs centaines de Cheyennes sont
tués au cours de ces deux batailles, pour la
plupart des civils, des vieillards et des enfants.
Certains récits de Sand Creek en particulier
racontent l'histoire de Mo-chi, une femme qui,
après le massacre de Sand Creek, repousse un
violeur, aide à mettre les survivants à l'abri
chez des parents du nord et devient guerrière.
Muts-i-mi-u-na
Une série de batailles ont lieu, connues plus
tard sous le nom de Grande Guerre des Sioux. Chez
les Cheyennes, la bataille de Rosebud est connue
sous l'épithète de «Bataille où la fille a sauvé
son frère ». Muts-i-mi-u-na (Femme du sentier du
jeune buffle) des Tsitsistas (Cheyennes) sauve son
frère blessé, Me'enonehne'e (Chef vient en vue).
Sa bravoure inspire les Cheyennes qui remportent
la victoire. Plus tard la même année, elle se bat
aux côtés de son mari Coyote Noir dans la célèbre
Bataille de Little Bighorn. La tradition orale
cheyenne du Nord lui attribue le mérite d'avoir
fait tomber de son cheval le lieutenant-colonel
George Armstrong Custer. Pour ses actions à
Rosebud et à Little Bighorn, Muts-i-mi-u-na s'est
mérité l'épithète de «femme brave ».
Thasina Mani
|
On raconte qu'un Sioux nommé Fast Eagle a ensuite
tenu Custer à terre pendant qu'une autre Sioux,
Thasina Mani (Femme à la robe changeante), le
poignardait. Une autre femme qui a combattu
l'armée de Custer est Minnie Hollow Wood, qui a
acquis le droit de porter le couvre-chef de guerre
pour sa bravoure au combat. Éhyophsta (Femme aux
cheveux jaunes), elle aussi membre des Sociétés
guerrières cheyennes, a également pris part à la
fameuse bataille.
Osh-Tisch
|
L'héroïsme de deux autres femmes à la bataille de
Rosebud mérite une mention : Osh-Tisch, dont le
nom se traduit par Trouve-les et tue-les, et
L'Autre Pie, toutes deux femmes de la
Nation-des-Corbeaux qui défendent férocement leur
peuple sur le champ de bataille. À la fin des
années 1890, Osh-Tisch est emprisonnée par un
agent du gouvernement américain. La
Nation-des-Corbeaux se rassemble à sa défense et
exige le départ de l'agent, qui est renvoyé peu
après. Osh-Tisch meurt en 1929.
Guerrière apache Lozen
Lozen est née vers 1840 et est morte le 17 juin
1889 chez les Apaches de Chihenne Chiricahua. Elle
était la soeur du célèbre guerrier Victorio. Selon
les légendes, Lozen était capable d'utiliser ses
pouvoirs au combat pour apprendre les mouvements
de l'ennemi. Le mot « lozen » est un titre de
guerre apache, qui signifie celle qui a volé des
chevaux lors d'un raid.
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