- Discours du président de Cuba
Miguel Diaz-Canel Bermudez -
Session de
l'Assemblée nationale du pouvoir populaire, le 16
décembre 2020
Discours
de Miguel Mario Diaz-Canel Bermudez, président de la
République de Cuba, à la clôture de
la 6e Période ordinaire de sessions de
l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire, dans
sa 9e Législature, au Palais des Conventions,
le 17 décembre 2020, «
Année 62 de la
Révolution »
Cher
général d'armée Raul Castro Ruz et
chers compañeros de la
Génération historique,
Compañero
Esteban Lazo, président de l'Assemblée nationale
du Pouvoir populaire et président du Conseil
d'État,
Députés,
Le
président de Cuba, Miguel Mario Diaz-Canel Bermudez
Compatriotes,
Cuba a l'honneur, en un jour
comme celui-ci, d'accueillir le compañero Gerardo
Hernandez Nordelo en tant que membre de notre Conseil
d'État, alors que nous célébrons le 6e
anniversaire de son retour à la Patrie (Applaudissements).
Il y a un an, depuis cette même tribune, nous avions
déclaré : « Ils ont
tiré pour nous tuer et nous sommes vivants ! »
Nous présumions à l'époque que rien ne
pouvait être pire que cette escalade de mesures visant
à renforcer le blocus impérialiste et
à attaquer les sources d'approvisionnement en
énergie, les brigades médicales et toute
possibilité de financement.
Jusqu'à
ce qu'arrive 2020, une année dure et pleine de
défis comme peu d'autres à cause de la
pandémie imprévue de COVID-19 qui a
fermé brusquement, et pendant des mois, les portes de
l'économie et de la vie elle-même.
Tout
a empiré, car son impact est universel et a atteint des
niveaux insupportables, du fait du renforcement opportuniste du blocus
étasunien, preuve définitive de la profonde
malveillance de nos adversaires.
Ils se sont
obstinés à nous tuer ; mais nous nous
sommes obstinés à vivre et à vaincre.
Cuba Vivante est allée au-delà de ses propres
possibilités.
C'est le destin de ce
peuple : grandir face aux défis. C'est dans les
gènes de la nation cubaine, forgée dans la
résistance et la rébellion des esclaves qui ont
refusé de l'être et dans la volonté des
immigrés chargés de rêves ;
c'est dans l'héritage des leaders
indépendantistes qui brûlèrent leurs
richesses dans le feu de la Révolution ; dans les
mères de ses enfants nés au milieu du combat, et
dans la forte identité du créole qui a
mûri durant les longues années où la
Patrie ne fut libre que dans la manigua [forêt
tropicale]. C'est dans les générations
successives qui ont laissé sang et semence dans des combats
inégaux dans les rues et dans les montagnes
jusqu'à la victoire.
Il n'est pas
possible d'expliquer l'existence de la Révolution, son
triomphe et sa survie face à un harcèlement sans
pitié et de douloureux abandons, sans ces essences qui
chaque jour nous mettent face à une histoire qui accumule
désormais tant d'héroïnes et de
héros par habitant qu'il devient difficile de les compter.
Mais l'exemple est contagieux. Au cours de ces mois de
pandémie, nous avons été
témoins d'exploits quotidiens de personnes de tous
âges et de tous métiers, femmes et hommes, jeunes
et personnes âgées. Y compris les enfants, qui
sont devenus des éducateurs exemplaires de leurs parents
quant à l'utilisation du masque, du lavage des mains ou de
la distanciation physique, les trois piliers de la
responsabilité individuelle dans cette bataille de tous.
Je tiens à dire ici aujourd'hui que chaque heure de
ces mois de lutte contre la COVID-19 a été une
heure de croissance et d'apprentissage. Il y a eu des
journées tendues et épuisantes, mais nous n'avons
jamais été gagnés par le
découragement, tout particulièrement
grâce au peuple.
Le
découragement n'a pas de place lorsque l'on a face
à soi l'héroïsme, non pas d'une personne
ou d'un groupe, mais de toute une nation. Et cet
héroïsme nous porte constamment, nous inspire
à donner davantage, à agir davantage,
à avoir honte quand le corps nous demande du repos.
Tout en supportant des pénuries de toutes sortes,
des files d'attente épuisantes et un renoncement temporaire
aux fêtes et aux embrassades, nous, les Cubains, avons
accepté les défis les plus difficiles en cette
année 2020.
Le nouveau
coronavirus est un défi gigantesque au milieu de la crise
imposée par le blocus. Mais nous l'avons assumé
sans crainte. Nous avons eu moins de médicaments, moins de
nourriture, moins de transports..., mais aussi moins de contagions,
moins de malades et moins de décès. Cela ne peut
s'expliquer que par le fait que nous avons eu plus de
volonté politique, plus de solidarité et plus de
justice sociale. Plus de socialisme.
Dans le
domaine de la science et de la médecine, nous avons
établi des records en matière de
dévouement et de sacrifices personnels et collectifs, ce qui
a permis de placer très tôt le pays parmi ceux qui
ont réussi à contrôler la
pandémie.
Pour illustrer
cela avec l'évidence des chiffres : le pays
accumule 1 294 052 tests
réalisés, avec 9 771 cas
positifs, dont, malheureusement, 137
décès, pour un taux de
létalité de 1,40, inférieur
au taux mondial de 2,25, et également
inférieur au taux de la région des
Amériques de 2,54.
Nous sommes
l'un des rares pays au monde à n'avoir enregistré
aucun décès de femmes enceintes, d'enfants ou de
personnels de la santé du fait de la COVID-19.
Près
de 90 % des personnes infectées se sont
rétablies grâce aux solides protocoles qui sont
constamment améliorés. Les unités de
soins intensifs ne se sont pas effondrées. Et
parallèlement aux soins médicaux, les
professionnels de la santé travaillent à plus
de 800 recherches, qui ont abouti à des centaines
de publications scientifiques. Plus d'une douzaine de produits
biopharmaceutiques cubains sont utilisés dans les
traitements, tandis que quatre candidats vaccins sont en phase d'essai
et que des prototypes de trois modèles de respirateurs
pulmonaires ont déjà été
conçus, lesquels seront fabriqués par l'industrie
nationale.
De même que l'histoire, avec
ses siècles de lutte et de résistance, l'oeuvre
éducative et le modèle de
développement humain que la Révolution a choisis
pour ses enfants, nous ont placés, dans la lutte contre la
pandémie, devant des pays au développement
semblable ou supérieur.
Le talent
naturel du peuple et cette affirmation prémonitoire de Fidel
selon laquelle nous deviendrions un pays d'hommes — et de
femmes — de science, mais surtout son idée mise en
pratique dans la volonté politique d'investir dans des
domaines aussi nouveaux et presque exclusifs du premier monde, comme le
génie génétique et la biotechnologie,
les neurosciences et la production de médicaments, nous ont
permis de nous placer à l'avant-garde des études
sur la pandémie et les protocoles de soins, ainsi que sur le
suivi des personnes infectées.
Un
principe humaniste, inséparable de la
Révolution : la vie humaine en tant que bien
suprême de la société est à
la base de la stratégie nationale de lutte contre
l'épidémie à Cuba et dans 39
autres pays, où quelque 3 000
professionnels cubains ont été
dépêchés durant ces derniers mois,
regroupés dans 53 brigades du Contingent Henry
Reeve.
Le harcèlement, la
persécution, la diffamation et les pressions
grossières exercées par l'actuel gouvernement des
États-Unis contre d'autres pays pour avoir reçu
ou simplement demandé le soutien du prestigieux Contingent,
sont sans précédent.
Mais
l'oeuvre de ces brigades a déjà touché
si profondément les pays qui les accueillent que de leur
gratitude est née la proposition d'attribution du Prix Nobel
de la Paix au Contingent Henry Reeve, une candidature qui honore
profondément un projet de Fidel dans ce monde
régi par les égoïsmes et les lois du
marché. Une reconnaissance pour l'abnégation avec
laquelle nos travailleurs de la santé sauvent des vies dans
les conditions les plus difficiles et dans les endroits les plus
reculés, où jamais n'arrivera la moindre
aumône de ses persécuteurs.
Contingent de la Brigade
médicale internationale Henry Reeve se prépare
à quitter pour l'Afrique du Sud pour porter assistance au
combat contre la COVID-19, le 25 avril 2020.
Sans
céder à un excès d'optimisme, toujours
dangereux dans la mesure où cela démobiliserait
les actions qui doivent être maintenues dans le temps, nous
traversons toutes les épreuves de la pandémie
grâce au peuple et à l'impulsion
précise de la science, un puissant moteur de traction
multiple, si vous me permettez l'analogie.
Car il
faut dire que les apports de l'intelligence collective ne se
réduisent pas au domaine vital de la médecine et
des services de santé publique. Nous sommes reconnaissants
du fait que certains des plus brillants esprits de notre pays soient
restés attentifs et aient contribué, à
partir des plates-formes numériques, avec une
acuité critique, aux analyses scientifiques qui,
également à partir de l'économie et
des sciences sociales et historiques, devraient doter la nation d'un
corps théorique indispensable à ce moment rempli
d'urgences.
Les apports depuis le savoir et
l'engagement envers le destin de la nation ne sont jamais insignifiants
ou banals. C'est un signe qui distingue les nombreux Cubains qui
accompagnent la Révolution dans tous ses efforts et qui
veulent aider à la conquête de la
prospérité en suspens. Et pour ceux d'entre nous
qui remplissent aujourd'hui le devoir de gouverner, cela nous aide
à rectifier dans le cours de la marche, ce dont nous
n'aurons jamais honte et que nous ne nierons jamais. Nous savons que le
fait d'étudier, d'apprendre et de prendre des
décisions, à partir des savoirs collectifs,
conduit toujours à des voies plus sûres et plus
justes.
Compatriotes :
En cette
année 2020, nous avons été
confrontés à des conditions
économiques exceptionnelles. Tout adjectif serait
insuffisant pour qualifier l'atroce combinaison d'un blocus
renforcé et d'une pandémie sur
l'économie et la société.
Il
s'agit d'effets cumulatifs de la traque financière et du
siège de toute source de revenus en devises, qui se
renforcent de façon opportune en pleine pandémie
et de la contraction économique mondiale qu'elle provoque,
associée à l'interruption de
l'activité touristique, l'une des principales sources de
revenus du pays ; la contraction des importations ;
la diminution de l'activité productive et des services, tant
dans le secteur étatique que non étatique, les
dépenses de santé supplémentaires
à celles prévues dans le plan, ainsi que
l'augmentation des financements depuis le budget de l'État,
entre autres.
Lors de l'élaboration du
Plan de l'Économie pour l'année 2020,
nous avions prévu, y compris dans des conditions de fortes
restrictions, d'atteindre une croissance de l'ordre
de 1 %. Comme cela s'est produit dans pratiquement
toutes les régions et dans tous les pays, la COVID-19 nous a
obligés à modifier toutes les
prévisions.
Le fait est qu'il n'y aura
pas de croissance. Comme nous l'avons signalé ici, elle
diminuera d'environ 11 %.
L'économie
va chuter, mais elle ne s'interrompra pas. Nous avons
approuvé la Stratégie économique et
sociale et le Plan national de Développement
économique et social jusqu'en 2030, et nous avons
achevé les études pour la mise en oeuvre de la
réorganisation monétaire, qui débutera
le 1er janvier.
Au milieu du pire des
scénarios, nous avons terminé d'importants
travaux d'investissements dans les principaux programmes de
développement, notamment dans le secteur immobilier, avec
l'achèvement de 47 400
logements ; du tourisme, avec 2 000
nouvelles chambres ; la première centrale
bioélectrique en fonctionnement dans le pays et des
investissements dans le secteur hydraulique et de la production
alimentaire, entre autres.
Parallèlement, 29
projets d'investissements étrangers ont
été approuvés, pour un total
de 2,455 milliards de dollars, 5 d'entre eux dans la
Zone spéciale de développement de Mariel,
importante enclave économique et stratégique du
pays, où opèrent des entreprises de 21
pays et 11 multinationales. Cinquante-cinq entreprises y ont
été approuvées, avec un montant
d'investissement engagé de plus de 3 milliards de
dollars, générant 11 763
nouveaux emplois.
Même si dans le
scénario dans lequel a lieu l'élaboration du Plan
économique pour 2021 prévaut
l'incertitude liée à l'évolution de la
pandémie et à ses graves répercussions
sur l'économie mondiale, l'année prochaine, nous
prévoyons un processus progressif de reprise, avec une
croissance comprise entre 6 et 7 %, ce qui
exigera un travail intense de la part de tous les acteurs
économiques. Pour atteindre cet objectif, il nous faut
maintenir le contrôle de la COVID-19, afin de ne pas
être confrontés à des reculs dans
l'ouverture du tourisme que nous avons déjà
amorcée et dans l'activité productive en
général.
Le pays continuera
à travailler à son développement. Le
plan d'investissement est augmenté de 22 %
par rapport à
l'année 2020 ; 60 % des
ressources étant concentrées dans les secteurs
prioritaires : production alimentaire, médicaments,
défense, tourisme, sources d'énergie
renouvelables, programme de logement et usines de production de ciment
et d'acier.
Malgré la contraction que
nous laisse cette année, nous ne renonçons pas
à atteindre la croissance prévue pour la
deuxième phase du Plan national de développement
économique et social, couvrant la période
de 2022 à 2026.
À
cette fin, nous devons continuer à avancer avec plus de
rapidité et avec des priorités claires dans la
mise en oeuvre de la Stratégie économique et
sociale, et maintenir l'inflation sous contrôle, en
évitant qu'elle ne dépasse pas les niveaux
prévus dans la réorganisation
monétaire ; encourager la création de
nouveaux emplois, principalement dans l'activité productive.
Aussi est-il indispensable de promouvoir le développement
local, en donnant la priorité au tourisme, en soutenant sa
reprise progressive et en mettant l'accent sur les produits
destinés au commerce de détail en monnaie
nationale, en particulier ceux qui sont très
demandés.
La priorité sera
également accordée à la stimulation
des investissements dans la Zone spéciale de
développement de Mariel et à l'augmentation des
ventes des entreprises nationales à la Zone
au-delà de ce qui est prévu dans le Plan, ainsi
qu'à la participation de l'industrie nationale en tant que
fournisseur pour les ventes au détail et en gros en devises.
Dans ce contexte, il sera nécessaire
d'améliorer le déficit budgétaire
prévu, sur la base d'une plus grande efficience des
dépenses publiques et de l'augmentation des recettes du
budget de l'État.
Avec le
début de la réorganisation monétaire,
l'année 2021 sera décisive pour la
reprise progressive de l'économie, à condition
que nous parvenions à créer des conditions plus
favorables au développement du secteur productif national.
Ces priorités sont liées à
certains des progrès réalisés au cours
de cette année difficile, tels que les programmes de
développement territorial, la gestion de la science et de
l'innovation, les réseaux de laboratoires de biologie
moléculaire, les nouvelles facultés
accordées au système des entreprises, le
programme de promotion de la femme, la politique de commercialisation
des produits agricoles, la création de parcs technologiques
et de sociétés commerciales en tant qu'interface
entre les universités et les entreprises.
La
conduite de l'économie a été
conçue selon le principe d'assurer, comme objectifs
essentiels, l'accès à la nourriture, au
carburant, aux engrais et pesticides, aux médicaments, la
satisfaction des exigences de la défense, ainsi que la
priorité dans l'obtention de financements pour l'industrie
nationale, en rendant effectif l'objectif de ne pas importer ce que
nous pouvons produire efficacement dans le pays.
Le
principe a été d'introduire des modifications
pour obtenir une plus grande flexibilité,
objectivité et innovation dans la réponse aux
problèmes et la recherche de solutions.
Compañeras
et compañeros,
Le
défi de la période que nous évaluons
aujourd'hui a été supérieur
à tout autre moment, dans la mesure où nous avons
projeté, durant l'année de la pandémie
et de l'intensification du blocus, de lancer la mise en oeuvre de la
réorganisation monétaire, tout en respectant un
calendrier législatif très intense qui donnerait
une force pratique à notre Constitution.
La
Tâche de réorganisation est, sans aucun doute, le
processus économique le plus complexe de ces
dernières années. Mais le reporter aurait
été encore plus coûteux dans le temps.
Nous suivons avec intérêt et respect les
préoccupations de la population, dont nous sommes
déterminés à construire le
bien-être. Afin d'y répondre, des ministres et des
spécialistes expliquent et expliqueront à maintes
reprises et en détail les questions qui pourraient
générer des doutes, qui sont presque tous dus
à la nouveauté du processus.
Il
existe des inquiétudes à propos des salaires,
ainsi que sur les tarifs de l'électricité. Nous
pourrions donner une réponse unique, en nous limitant
à expliquer le maintien de subventions importantes aux
secteurs qui consomment le moins ; mais dans le cadre de la
réorganisation monétaire, aucune mesure ne peut
être envisagée en dehors du contexte
économique national et mondial, où les prix et
l'accès aux carburants obligent les pays les moins
développés à ajuster leur consommation.
Ce que nous pouvons affirmer catégoriquement, c'est
qu'il ne s'agit pas d'une politique de thérapie de choc, ni
de « corralitos »
financiers [mesures économiques restrictives], comme
certains insistent à le présenter. Ce qui doit
être revu sera revu et ce qui doit et peut être
corrigé sera corrigé (Applaudissements).
La Révolution insiste sur sa ferme intention de ne
laisser personne à l'abandon.
Il est
vrai que nous avons dû recourir à des mesures
telles que l'ouverture des magasins en monnaie librement convertible,
tellement contestées, mais essentielles pour encourager les
envois d'argent, les canaliser et résoudre une contradiction
relevée de manière persistante et critique par
des économistes et autres spécialistes,
à savoir la fuite de devises à
l'étranger qui drainait les maigres revenus du pays par le
biais des acheteurs privés.
La solution
a été d'attirer ces ressources sur le
marché intérieur et, avec les recettes en monnaie
librement convertible, financer les dépenses du pays en
aliments et en carburant, à un moment où nous ne
pouvions même pas compter sur l'arrivée de
touristes et où la pandémie pesait lourdement sur
les maigres capitaux disponibles.
Le vice-premier
ministre Alejandro Gil Fernandez l'a déjà
expliqué plus d'une fois : la vitalité
du service national de l'énergie électrique et
les minima du panier de base réglementé dont
personne ne veut se passer, ne pourraient pas être garantis
sans les devises, dont la disponibilité mettra encore du
temps à se redresser à travers les productions et
les exportations nationales.
Mesdames et messieurs
les députés,
Beaucoup d'entre
vous ont certainement constaté les manipulations et les
pressions croissantes à travers lesquelles on accuse Cuba de
retarder et de paralyser le calendrier législatif. Ils
tentent de prendre les devants sur la direction de la
Révolution, d'effacer plus de 60 ans de lutte pour
les droits de la femme et contre toutes sortes de discriminations et
d'abus, contre la violence et l'exclusion des secteurs sociaux qui,
jusqu'en 1959, ne comptaient pas pour la politique nationale.
Au cours de cette session, conformément aux
dispositions transitoires de la Constitution, deux lois importantes ont
été approuvées, qui viennent
compléter les normes requises pour l'organisation et le
fonctionnement des organes locaux du Pouvoir populaire.
Nous
avons pu constater que les deux dispositions normatives ont fait
l'objet d'un travail ardu de la part des responsables de leur
élaboration, notamment en raison du nombre
élevé d'avis résultant des processus
de consultation menés, tant au sein du gouvernement que
parmi les dirigeants des provinces et des municipalités, les
députés et le monde universitaire.
Comme
il est spécifié dans les deux organes juridiques,
leurs contenus feront l'objet d'évaluation par
l'Assemblée nationale, un an après son
entrée en vigueur. L'expérience acquise dans leur
application nous permettra de procéder aux ajustements
appropriés, compte tenu de la nouveauté d'une
partie des institutions qui y sont établies.
Au
total, six lois ont été approuvées
cette année, conformément au calendrier
législatif que nous avons dû réajuster,
et elles sont l'expression de l'effort déployé
pour respecter ce calendrier dans les circonstances complexes
imposées par la COVID-19.
L'activité
législative et, en particulier, les groupes de travail
chargés d'élaborer les avant-projets ne se sont
pas interrompus. Dans certains cas, en raison de la
complexité des normes, il a été
nécessaire d'étendre les consultations et de
corriger plusieurs de leurs contenus.
Comme vous le
savez, l'élaboration de normes ne se limite pas aux seules
lois. Comme il a été indiqué ici, le
Conseil d'État a approuvé cette
année 25 décrets-lois, dont 11
conformément au calendrier établi, ce qui montre
également l'effort consenti dans cette activité.
Le réajustement approuvé aujourd'hui
montre une plus grande objectivité, résultat des
expériences acquises depuis leur approbation par cette
Assemblée.
Dans le cas particulier du
Code des familles, nous restons déterminés
à avancer dans tout ce qui est nécessaire,
malgré les circonstances actuelles. Cette norme, comme nous
le savons, a un large impact sur la société et
exige la plus grande préparation, éducation et
consensus social.
Le groupe de travail,
coordonné par le ministère de la Justice et
composé de spécialistes du Droit de la famille,
de psychologues et de chercheurs de diverses institutions, a
effectué un travail intense visant à
définir les politiques fondamentales.
De
même, nous avons été contraints de
remettre à plus tard d'autres dispositions
législatives, y compris certaines de celles
prévues dans les dispositions transitoires de la
Constitution et d'autres réglementant des questions
d'intérêt pour la population.
Nous
souhaitons ratifier l'invariable volonté de
persévérer dans l'objectif de disposer des normes
juridiques nécessaires pour mettre en oeuvre le nouveau
texte constitutionnel et éviter tout vide juridique
à l'avenir.
Dans les circonstances
exceptionnelles que nous a imposées la pandémie,
nous avons travaillé intensément pour faire
avancer la discussion et l'approbation de lois visant à
approfondir la justice sociale et renforcer l'État de droit.
Et nous exigerons plus de dynamisme afin de respecter le mandat de
rendre effective la Constitution.
Avec l'insistance
permanente du général d'armée Raul
Castro Ruz à la tête de ces processus, notre Parti
et notre gouvernement ont accordé la plus haute
priorité au respect d'un programme tendu et complexe, auquel
nous travaillerons jusqu'à ce que les consultations soient
épuisées et que les points de vue, les jugements
et les évaluations, souvent contradictoires, de la
majorité de la population aient été
pris en compte. Ce n'est pas quelque chose que nous pouvons
résoudre à la légère, car
nous irions à l'encontre de l'esprit de notre Constitution.
Légiférer est un acte très
sérieux, qui détermine le destin de tous les
citoyens. Il nous appartient de le faire dans le moins de temps
possible, mais toujours, avant toute chose, en partant du principe que
nous sommes une assemblée libre des pressions des
lobbyistes. Nous sommes l'Assemblée du peuple cubain et nous
nous devons à ses exigences et à son temps.
À personne d'autre (Applaudissements).
Compañeras,
compañeros,
Passant aux
questions de l'agenda international, nous devons également
souligner l'impact unique et inattendu de la pandémie, qui a
aggravé les contradictions déjà
existantes dans le monde et les tensions d'une économie
mondiale qui tendait à la
décélération des volumes de production
et des flux commerciaux.
De même que dans
des situations historiques similaires, le plus grand fardeau de la
crise est retombé sur les plus
défavorisés et les plus démunis qui,
dans la plupart des pays, ont subi l'aggravation de leurs
difficultés, tandis que la pauvreté en
général s'accroît
parallèlement aux inégalités et
à la polarisation sociale.
Incroyablement,
les plus grandes fortunes de la planète, celles dont
quelques-uns jouissent, ont obtenu des profits sans
précédent avec la pandémie. Et, pour
les majorités, les perspectives ne sont pas plus
prometteuses pour l'année à venir.
L'impact
général des déséquilibres
déjà constatés continuera à
s'aggraver, avec de grandes interrogations sur le moment et la
manière dont la production manufacturière
générale et la prestation de services vont se
redresser dans les grands centres économiques et dans les
pays en développement ; avec une incertitude sur
les flux commerciaux, l'emploi et la stabilité
financière.
La politique
extérieure ouvertement agressive et unilatérale
des États-Unis au cours de ces dernières
années a aggravé les menaces qui
pèsent sur la paix, la sécurité et les
mécanismes multilatéraux, régionaux et
internationaux qui, depuis des décennies, et même
avec des restrictions, ont soutenu le système des relations
internationales, la coopération et le Droit international en
tant que cadre de référence pour l'interaction
entre les nations.
Pour Cuba et pour la plupart des
pays, les possibilités d'échanges directs se sont
réduites. Les réunions internationales ont
dû recourir à des
délibérations virtuelles, avec l'utilisation des
technologies de la communication, ce qui a introduit une forme
novatrice de pratiquer la diplomatie bilatérale et
multilatérale, mais qui limite l'effet
irremplaçable de l'interaction personnelle dans la promotion
de la connaissance mutuelle, l'instauration de la confiance et la
possibilité de délibérations
approfondies sur des questions sensibles.
Dans ce
contexte compliqué et sans cesser de prendre en charge
aucune des priorités, le pays a continué
à renforcer et à développer ses
relations avec la communauté internationale, sur la base des
principes de la Charte des Nations unies, en s'efforçant
toujours de promouvoir la paix et la protection de l'environnement, en
promouvant les postulats du Mouvement des pays non alignés
et en restant constamment attaché à
l'unité et à l'intégration des peuples
d'Amérique latine et des Caraïbes.
Nous
avons démontré notre capacité
à maintenir et à étendre la
coopération solidaire à de nouveaux domaines, ce
qui constitue la pierre angulaire et la caractéristique
singulière de notre politique
étrangère.
Tôt ou
tard, l'Histoire de cette pandémie néfaste et de
son impact au niveau mondial sera écrite. Si elle est
racontée avec honnêteté, il sera
impossible d'ignorer le rôle de Cuba et celui de milliers de
Cubains qui se sont volontairement rendus dans d'autres pays pour faire
face au danger et pour honorer le serment d'Hippocrate qui accompagne
dans la conscience et dans le coeur nos travailleurs
dévoués de la santé.
Par
ailleurs, nous avons adopté des mesures visant à
protéger et à soutenir les citoyens cubains qui
se trouvent à l'étranger. À cette fin,
et compte tenu de la nécessité de respecter des
protocoles rigoureux en matière de protection et de
distanciation physique, nous avons facilité les
formalités consulaires à distance.
Malgré la nécessaire annulation des vols
réguliers pendant environ sept mois, nous avons soutenu la
réalisation de 94 vols charter qui ont permis le
retour à Cuba de plus de 5 000
compatriotes de 56 pays, tout en adoptant des mesures
exceptionnelles comme la prolongation automatique de séjour
à l'étranger.
La
volonté de continuer à renforcer les liens entre
Cuba et ses ressortissants à l'étranger est
irrévocable.
Il y a quelques jours,
le 8 décembre, nous avons tenu le 7e
Sommet Caricom-Cuba, qui a confirmé le renforcement des
étroites relations avec nos frères et nos soeurs
des Caraïbes, fondées sur le soutien mutuel, la
coopération et la solidarité face aux
défis que nous devons relever dans le système
international injuste et inégal.
En ces
temps où la coopération devient plus
nécessaire, nous sommes fiers de partager la
volonté et le dévouement de nos
médecins et de nos professionnels de la santé qui
fournissent des services dans tous les pays de la Communauté
des Caraïbes et, pour la première fois,
également dans cinq territoires non indépendants.
Nous remercions la solidarité et le respect des
Caraïbes envers Cuba et nous défendons
résolument l'amitié mutuelle.
Quelques
jours plus tard, nous avons tenu le 18e Sommet de l'ALBA-TCP,
où nous avons ratifié notre rejet du comportement
d'ingérence de l'impérialisme dans
l'hémisphère et des tentatives d'imposer
à nouveau la doctrine Monroe, tout en réaffirmant
notre soutien à la Révolution bolivarienne et
chaviste et au gouvernement frère du Nicaragua, et nous
avons célébré le retour de
l'État plurinational de Bolivie au sein de cette
organisation.
La quatrième et
dernière année de l'actuel gouvernement des
États-Unis, le douzième depuis le triomphe de la
Révolution, est sur le point de s'achever. Engagé
auprès des secteurs les plus farouchement anti-cubains de ce
pays, il a déclenché une guerre sordide contre
Cuba pendant cette période, avec la prétention
absurde de nous mettre à genoux, de briser la
résistance de la Révolution et de nous forcer
à faire des concessions, tant en politique
extérieure que dans notre réalité
intérieure. Son échec est retentissant et notoire.
Les conséquences sur l'économie et leur
impact sur la vie et le bien-être de millions de Cubains ont
toutefois été de grande envergure. La guerre
économique a été dirigée
avec perfidie contre les principales sources de revenus et contre
l'approvisionnement en carburant, avec des mesures de nature non
conventionnelle, indignes en temps de paix. L'intention
d'étouffer les performances économiques du pays a
été ouvertement déclarée,
et certains se sont mis à compter les jours publiquement.
À l'effet déjà
écrasant du blocus, se sont ajoutées des mesures
qui le portent à un niveau qualitativement
supérieur.
L'utilisation du
Titre III de la loi Helms-Burton pour sanctionner ou menacer ceux qui
font du commerce avec Cuba en toute légitimité ou
qui y font des investissements, l'attaque des transferts d'argent,
l'élaboration de listes fantasques pour appliquer des
restrictions supplémentaires au système
commercial cubain, les limitations additionnelles aux
possibilités réduites de voyage, la traque
criminelle de l'approvisionnement en carburant, le
harcèlement des transactions financières dans
tous les coins du monde et la campagne de pression contre les pays
tiers pour qu'ils renoncent à solliciter notre
coopération médicale, même lorsqu'ils
en ont besoin, sont des actions qui portent la marque de Trump et le
cachet de la cohorte d'extrémistes sans scrupules qui
dirigent aujourd'hui ce pays.
Dans les
médias nationaux et dans les forums
multilatéraux, nous avons expliqué avec force de
détails le coût pour l'Île de cette
guerre que les États-Unis ont renforcée avec une
volonté cruelle et impitoyable, dans le contexte de la
pandémie.
Comme nous l'avons
déjà dit, c'est une chose que nous, les Cubains,
ne pourrons pas oublier. La vérité ne peut
être cachée : le blocus
économique est moralement et juridiquement insoutenable. De
nombreux hommes politiques étasuniens avec lesquels nous
avons eu des échanges depuis des années en sont
conscients, et nous serions surpris si quelqu'un pouvait encore
soutenir le contraire.
Aucun dirigeant ne pourrait
justifier, d'un point de vue éthique, qu'il est
légitime de faire usage de la puissance
économique et technologique écrasante d'une
superpuissance comme les États-Unis pour soumettre
pendant 60 ans à un étouffement
économique une nation relativement petite, dotée
de peu de richesses naturelles.
D'aucuns
prétendent qu'il existe des divergences politiques entre nos
deux gouvernements, et évidemment, il y en a. Nous avons de
fortes divergences et des réserves sur ce qui se passe aux
États-Unis. Mais cela ne donne pas à ce pays le
droit de tenter d'imposer sa volonté par la force
à cette terre et à ce peuple. Nous avons fait
preuve d'une capacité de résistance unique et
nous maintenons la ferme détermination à rejeter
une telle entreprise.
Nous insistons sur la
conviction qu'il est possible de construire une relation respectueuse
et durable entre les deux nations et, comme cela a
été dit avec une suffisante clarté,
nous sommes prêts à discuter de tout sujet. Ce que
nous ne sommes pas prêts à négocier et
ce sur quoi nous ne cèderons pas d'un iota, c'est sur la
Révolution, le socialisme et notre souveraineté.
Les principes ne seront jamais sur la table !
(Applaudissements.)
Compatriotes,
Nous
n'oublierons certainement pas que ce scénario aussi complexe
que nous avons décrit aujourd'hui a
coïncidé dans le temps avec la période
électorale de notre voisin du Nord. Et Cuba est redevenue
une question à l'ordre du jour électoral
national. Les menaces ont plu et l'argent aussi pour favoriser ce que
beaucoup considéraient comme le coup de grâce
à Cuba, au Nicaragua et au Venezuela lors d'un second mandat
du président encore en exercice. Ou une situation
d'instabilité et de tensions qui empêcherait tout
retour éventuel du dialogue en cas de victoire
démocrate.
Ils nous sont
tombés dessus sans réserve, des provocations
à partir d'attitudes mercenaires connectées
à de fausses grèves de la faim de soi-disant
artistes qui cherchaient à attirer l'opinion publique et les
intellectuels pour imposer des dialogues camouflés dans des
préoccupations authentiques du secteur. Mais les
réclamations extra-artistiques étaient bien plus
nombreuses dans le but évident de servir de plate-forme
à des projets de confrontation préalablement
articulés, avec pour objectif de créer une
opposition politique sans base sociale.
Et en toile
de fond, des actions terroristes, de fausses nouvelles et des menaces
violentes sur les réseaux sociaux. C'est, en quelques mots,
le résumé du coup d'État, pas si doux,
qui a été préparé pour Cuba
comme prime de fin d'année difficile. C'est quelque chose
que nos médias ont expliqué, courageusement et en
détail, raison pour laquelle on tente, sans
succès, de les dénigrer sur certaines plateformes
financées depuis l'étranger.
Nous
avons vu se projeter en temps réel les anciens et les
nouveaux plans des services spéciaux étasuniens
contre la Révolution, fruit des cours de formation au
leadership de la NED et de l'USAID, l'attention qu'ils
prétendent hypocritement accorder aux problèmes
qui touchent et irritent la population, la plupart d'entre eux
causés par le cruel blocus de ce même gouvernement
qui les exacerbe afin de provoquer du mécontentement, mais
aussi du fait de lacunes et d'erreurs de nos institutions dans leur
lien indispensable avec ceux qui développent des
activités qui leur sont rattachées.
Il
s'agit d'une guerre sans pitié, qui ignore
l'éthique et les principes et qui, sous couvert de prix et
autres largesses, par l'intermédiaire de soi-disant ONG et
agences dépendantes de gouvernements étrangers,
financent des groupes et des actions visant à
dénigrer et à affaiblir l'État.
Les « leaders formés en
laboratoire » semblent prendre leurs distances par
rapport aux violents, se déguisent en
négociateurs politiques pacifiques et tentent d'imposer
leurs agendas, en pariant sur l'explosion sociale si leurs demandes ne
sont pas satisfaites. Sous ce feu, qui prétend nous
distraire des tâches essentielles, il nous appartient de
continuer à nous battre pour un pays meilleur,
inlassablement.
Ce n'est pas la première
fois dans l'histoire que les ennemis de la Révolution
cubaine tentent de la frapper de manière opportuniste,
à un moment difficile pour l'économie et la
société. Ce n'est pas la première fois
que les loups se déguisent en brebis et essaient de prendre
une tête de pont. Ce n'est pas la première fois
qu'ils mentent et présentent au monde un pays
différent de ce qu'il est en réalité.
Le récit est presque romanesque et des
médias puissants ne manquent pas pour l'amplifier en
espagnol et en anglais. Ils gonflent tellement les faits que,
à un moment où les défis et les
urgences sont si nombreux, nous courons le risque de
détourner notre attention des questions qui concernent la
vie de la nation pour prendre le rythme de ceux qui veulent la
détruire.
Ce gouvernement n'est pas un
gouvernement cloîtré dans des bureaux,
déconnecté du peuple. Nous parcourons
systématiquement les provinces, visitons les
universités, les centres de recherche, les usines, les
écoles, les hôpitaux, les pôles
agricoles. Nous y avons dialogué avec ceux qui pensent et
qui travaillent en tant que pays, avec ceux qui font en sorte que Cuba
vive au milieu des attaques et des difficultés les plus
dures.
N'oublions pas que pour chacun de ceux qui
s'unissent sur les réseaux, convoqués par la
haine, le revanchisme et le désir de nuire à un
gouvernement, quitte à nuire à l'ensemble du
peuple, il y en a beaucoup d'autres qui sont unis dans la passion de le
sauver, de le faire avancer et de le rapprocher un peu plus de la
prospérité souhaitée.
Pour
la performance de nombreuses structures, institutions et espaces
étatiques cubains, cette année a
été une année de crise à
cause de la COVID-19. Une année de crise sanitaire,
économique et productive, mais elle a aussi
été l'occasion d'apprendre à mieux
utiliser les outils offerts par la technologie et de donner une
impulsion, encore trop lente, à l'administration en ligne,
nécessairement connectée aux
préoccupations et aux questions des citoyens.
Il
est également urgent de promouvoir des changements plus
profonds au niveau structurel afin de libérer les forces
productives, d'en finir avec la bureaucratie et de couper la voie
à la corruption. Il nous appartient à tous de
promouvoir les transformations avec agilité et
lucidité. C'est un défi auquel participent
actuellement des équipes multidisciplinaires, afin que
chaque action soit soutenue par des critères scientifiques
de gestion et ait lieu avec le moins de traumatisme possible.
Nous avons donné l'instruction et nous exigeons que
les organismes et les institutions aient comme priorité dans
leur agenda le lien réel et constant avec leurs bases et
avec la population en général.
La
vie nous a prouvé à maintes reprises que les
mauvaises décisions, et les erreurs qui en
découlent, peuvent être corrigées en
temps utile si l'on garde l'oreille collée au sol, ce qui,
en ce moment, peut signifier une attention attachée au
battement de coeur du peuple, que ce soit virtuellement ou
personnellement.
Je l'ai dit et je le
répète : c'est la synergie indispensable
pour le développement dans une société
participative comme la nôtre. C'est la manifestation
contemporaine de l'efficacité de l'authentique Pouvoir
populaire.
Compañeras et
compañeros,
Bien que
nous nous soyons étendus aujourd'hui plus que de coutume, il
y a une réflexion que je ne peux pas manquer de partager
avec vous et avec tout notre peuple.
En marge des
manipulations à travers les réseaux sociaux, de
l'utilisation de médias et de formules qui
s'avèrent efficaces pour des publics sensibles et
cultivés, nous nous posons la question : Pourquoi
s'en sont-ils pris à notre culture ?
Il
n'est pas difficile de déchiffrer le mystère.
À Cuba, Culture et Révolution sont des
équivalents depuis l'origine même de la
nationalité. Il suffit de se souvenir de ce 20
octobre, où Perucho Figueredo écrivit les paroles
de l'Hymne de Bayamo, monté sur la croupe du cheval sur
lequel il s'était lancé dans le combat aux
côtés de Céspedes.
Viser
la Culture, la fracture de la Culture cubaine, c'est viser le coeur de
la Révolution cubaine, l'identité nationale.
Qui, si ce n'est nos grands intellectuels et artistes, sont
les créateurs de l'idéologie de la
rébellion et de l'anti-impérialisme ? Ce
sont eux qui ont toujours marqué, avec leurs
idées et leurs oeuvres, les limites de tout dialogue dans la
nation qui émergea avec une identité
très bien définie, en luttant contre un empire
pour son indépendance et contre un autre pour sa
souveraineté.
De leur génie
est née la nation qui a inscrit son destin dans la
loyauté supérieure envers le testament politique
de José Marti : anti-impérialiste
où qu'on le lise. Un peuple qui a
défié les puissances impériales et qui
est cruellement sanctionné par le plus long blocus de
l'histoire pour sa décision de conquérir toute la
justice, comme une aspiration authentique, et de construire le
socialisme, les fusils en main et Fidel et Raul à
l'avant-garde, à seulement 90 miles.
Le
contexte est plus complexe et plus agressif que jamais et nous ne
pouvons pas être naïfs. Il existe un essaim
annexionniste qui veut détruire notre projet de pays, qui
tente de tirer parti de nos pénuries et de paralyser les
transformations en cours. L'industrie de la
contre-révolution brasse beaucoup d'argent et exige des
actions de la part de ceux qu'elle paie. C'est pourquoi les vandales
affichent leur violence et les terroristes n'ont aucune honte
à déclarer leurs opérations.
Le scénario du coup d'État en douceur
est toujours actif et la guerre non conventionnelle cherche les espaces
les plus divers pour se déclencher. De nouvelles
provocations sont en cours, et nous les vaincrons à nouveau.
Avec unité, avec cohérence, avec
empressement, sans crainte, avec le peuple, sans attendre de
directives, sans retards, avec fermeté, d'une main
sûre, avec intelligence, avec décence, avec
lucidité et attachés à notre
Constitution et aux principes que nous défendons, nous
pouvons vaincre toujours et chaque fois de manière plus
énergique (Applaudissements).
Il nous
appartient également d'évaluer les failles, les
lacunes, l'accommodement, l'insensibilité, le formalisme, la
bureaucratie et l'immobilisme enkysté dans certaines
institutions.
Revenons sans cesse sur le concept de
Révolution que Fidel nous a légué,
ainsi que sur son avertissement selon lequel seules nos erreurs
pourraient conduire à l'autodestruction de la
Révolution.
Renforcer le travail du
gouvernement et des institutions en interaction directe avec les
citoyens est une responsabilité qui a
été approfondie dans le cadre de la nouvelle
Constitution.
Il est vital pour la nation de
maintenir vivant et en développement ascendant le dialogue
avec les jeunes dans toutes les institutions et à tous les
niveaux. Nous avons le devoir et la responsabilité de les
attirer, en stimulant leur épanouissement personnel et
professionnel, leur participation à des tâches
importantes et aussi avec respect et prise en compte de leurs
propositions.
Nous devons bannir
définitivement le formalisme dans nos réponses
à la population, aller au fond des questions et, chaque fois
que cela sera possible, en face à face. Il ne s'agit pas
seulement d'écouter et d'enregistrer chaque plainte ou
chaque questionnement. Il s'agit de répondre efficacement et
sans délai, chaque fois que cela sera possible, par une
solution.
Cette obligation doit nous conduire
constamment aux bases, pour écouter, prendre en charge,
garantir la participation citoyenne, sans laquelle la
démocratie socialiste n'a pas de sens. L'objectif est de
faciliter l'accomplissement des tâches fonctionnelles de
chaque entité.
Traiter les
problèmes sociaux froidement et formellement, c'est trahir
l'essence de la participation populaire que nous exigeons. Il doit
être clair que les institutions doivent affronter et
résoudre les problèmes qui leur correspondent
dans leur champ d'action.
Compatriotes,
En
raison de son impact sur la vie de tous, le renforcement de
l'économie et l'accélération du
développement du pays constituent une priorité
nationale.
Nous ne pouvons plus remettre
à plus tard ce que le peuple a demandé lors des
derniers congrès du Parti. Nous devons mettre en oeuvre sans
délai tout ce qui est en suspens, aiguillonner le
système d'entreprises, assurer la réorganisation
et faire face intelligemment à la hausse des prix.
Nous faisons également appel au
nécessaire secteur privé et
coopératif. Il nous faut bannir les
égoïsmes et la recherche exclusive du profit
personnel qui poussent certains à pêcher dans les
eaux agitées des nécessités du plus
grand nombre, en augmentant abusivement les prix.
Ce
peuple, noble et travailleur, a survécu à tous
les sièges et à tous les abus
impériaux avec une dose extraordinaire de
solidarité et de générosité
qui est désormais une partie inséparable de
l'être national. L'égoïsme est une
attitude qui ne prospérera pas dans notre Patrie.
Cuba
appartient à tous ont réclamé certains
ces jours-ci, mais il serait injuste d'en revendiquer la possession
sans prendre en charge ses besoins. N'insistons pas sur le fait qu'elle
nous appartient. Comprenons ce que signifie le fait de lui appartenir.
« La patrie est un autel, non un
piédestal » déclara
José Marti, marquant les profondes différences
entre ceux qui sont prêts à se sacrifier pour la
servir et ceux qui voudraient se servir d'elle ou la livrer
à d'autres.
Les organisations politiques
et de masse sont appelées à être plus
proactives et inclusives. Ne jamais négliger l'importante
composante sociale dans leur travail politique et
idéologique et travailler avec tous, non seulement avec les
convaincus, mais aussi avec les apathiques, ceux d'entre nous qui n'ont
pas pu les inclure ayant une part de responsabilité dans
leur indifférence.
Aborder sans
restriction le débat et l'attention aux questions sociales
telles que la marginalité, la
malhonnêteté, la vulgarité, les
addictions, les dysfonctionnements familiaux, l'abandon scolaire, la
situation des plus vulnérables, le féminicide,
les discriminations de toutes sortes et autres problèmes
qui, un jour, nous tombent dessus à travers les plateformes
numériques, mais pas par les organismes qui ont la
responsabilité de fouiller le terrain avec leurs ongles.
Les organisations sont appelées en permanence
à agir dans les rues. Pas seulement pour organiser des
meetings ou proclamer nos slogans. Elles sont appelées
à travailler, à visiter des écoles,
des quartiers, à interagir, à connaître
les problèmes et les réalités de nos
gens.
Nous ne pouvons pas permettre à
trois ou quatre provocateurs de transformer une zone communautaire en
un dépotoir médiatique pour ceux qui la
présentent comme un territoire de gens qui
détestent la Révolution.
Cubaines
et Cubains,
Après une année
aussi difficile et éprouvante, notre peuple
mérite de célébrer ses
avancées et sa résistance dans le meilleur
environnement possible.
Travaillons socialement et
intégralement à des projets avec les familles
dans leur quartier, en les comblant de respect, d'identité
et d'estime de soi, afin que tous leurs voisins se sentent fiers de ce
bout de patrie, de leur pays, de leur gouvernement et de leur
Révolution.
Nous avons montré
notre capacité à relever tous les
défis. Nous travaillons de manière
organisée et nous sommes ici. Une fois de plus, nous avons
vaincu et désarticulé les intentions les plus
perverses de l'empire pour détruire la Révolution.
Le peuple a grandi en cette année 2020, si
difficile, qui a mis à l'épreuve notre
résistance, notre solidarité, notre
unité, mais nous a apporté de plus grands
apprentissages. Et nous a donné la victoire.
Forts
de ces apprentissages, l'horizon 2021 se présente
à nous intense et stimulant, comme une étape vers
le dépassement de nos propres limites, sur la voie du
perfectionnement et de la continuité.
Nous
devons nous consacrer à traduire en actes la conviction
partagée que l'oeuvre de justice sociale que nous avons
entreprise aura son meilleur soutien dans la croissance productive et
efficiente à partir de nos propres réalisations.
En ces jours de fin d'année, de réunion
indispensable pour continuer ensemble à « pousser
le pays », comme l'a écrit le
poète, nous sentons au plus profond de nous l'absence de
voix aimées qui, pendant de nombreuses années,
ont incorporé aux analyses et aux débats du
Parlement la beauté et la force des idées qui
tissent la nationalité cubaine, le sentiment de Patrie, la
communauté d'intérêts et de
rêves.
Nous nous souvenons en premier
lieu de Fidel, qui a su, avec sa voix et ses idées,
élever la pensée invulnérable de la
nation face aux adversaires. Son fauteuil est toujours là,
immortalisant l'héritage insurpassable de leçons
politiques qu'il nous a laissées comme une tâche
permanente.
Et, plus récemment, nous
regrettons la présence de l'un de ses plus proches disciples
et collaborateurs dans la mission de parler au peuple : le
tribun du côté de la salle : Don Eusebio
de La Havane, qui nous a toujours apporté ici le flux infini
de l'intellectualité cubaine, dont se nourrissait son
inoubliable éloquence.
Ils nous
rappellent que toute pensée est une semence. Penser en tant
que pays, c'est semer et fertiliser l'avenir.
Nous
vous appelons à continuer à penser et
à agir en tant que pays pour renforcer la certitude de
triomphe et de créativité de cette Cuba vivante
qui est devenue la prémisse des jours actuels.
Des
raisons pour célébrer existent encore, d'autant
plus de raisons que les épreuves que nous avons
surmontées ont été plus difficiles.
Félicitations aux Cubaines et aux Cubains !
Nous sommes Cuba Vivante ! Nous sommes le pays qui
s'est obstiné à résister et
à vaincre les sièges et les attaques les plus
cruelles et les plus perverses. Et nous sommes ici : vivant,
résistant, créant et triomphant.
En
avant 2021 ! Cuba t'attend, vivante et
fortifiée dans les batailles de l'année qui
s'achève. Les enfants de la Génération
du centenaire, ainsi que notre peuple, ont le devoir, l'engagement et
l'honneur de donner continuité à l'Histoire qui
nous a amenés jusqu'ici. Et notre devise demeure :
La patrie ou la mort !
Venceremos !
(Ovation)
Vignettes
en anglais de la chanson « Con Cuba No te
Metas » (« Avec Cuba, on ne plaisante pas
») reproduite dans le vidéo ci-dessus en cliquant ici.
(Traduction
de la version sténographique de la Présidence de
la République. Granma)