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              du Marxiste-Léniniste

Numéro 9

1er août 2021


Élections ou pas
Des sujets de préoccupation pour le corps politique

Défendons les droits de toutes et tous
et faisons du Canada une zone de paix!

Le spectre des élections de la cyberguerre et la nécessité
de faire du Canada une zone de paix

- Anna Di Carlo -

Le Canada se joint aux allégations de cyberattaques et
aux préparatifs de guerre des États-Unis

- Pauline Easton -

Les dépenses d'infrastructure pour maintenir les privilèges
et le contrôle de classe et intégrer davantage le Canada à l'économie
de guerre des États-Unis

- Barbara Biley -


À titre d'information
Mise à jour de la COVID-19 au Canada


Félicitations aux défenseurs du 1492 Land Back Lane

Les Haudenosaunee de la rivière Grand remportent
une autre bataille territoriale

- Philip Fernandez -


L'esprit de 46: 75e anniversaire de la grève de Stelco de 1946

La contribution des métallos à la ville de l'acier

- Rolf Gerstenberger -

Nos salutations à la section locale 1005 des Métallos
et à l'esprit de 46

75e Anniversaire de la grève de Stelco de 1946

Poème : L'esprit de 46

- Bill Mahoney -


Rassemblement de masse des travailleurs devant le siège
social de BlackRock à New York

Les mineurs de charbon de l'Alabama en grève adoptent le slogan audacieux Nous sommes un!


Conflits croissants entre les agences de police aux États-Unis

Conflit entre autorité fédérale et étatique: le département
de la Justice poursuit le gouverneur du Texas

- Kathleen Chandler -
Le gouverneur du Texas ajoute d'autres policiers
de l'État à la frontière


Inde

La lutte des fermiers pour les droits de tous se poursuit sans relâche
- Jaspal Singh -




Élection ou pas
Des sujets de préoccupation pour le corps politique

Défendons les droits de toutes et tous et faisons du Canada une zone de paix!

Les spéculations vont bon train quant au déclenchement prochain d'une élection fédérale. Pendant ce temps, le premier ministre Justin Trudeau continue d'insister sur le fait qu'il ne veut pas d'élections, même s'il parcourt le pays en utilisant sa position de premier ministre pour faire des cadeaux pour attirer des votes au Parti libéral, tout en se plaignant que l'opposition rend le parlement dysfonctionnel. Il fait comme si tous les partis à la Chambre, y compris le Parti libéral, n'avaient pas voté une motion contre le déclenchement d'une élection pendant la pandémie. Malgré les preuves du contraire, tout est fait pour dire que la pandémie est terminée et que la vie reprend son cours normal. Tel est le cynisme de la classe dirigeante qui manipule des questions aussi importantes que l'élection d'un nouveau gouvernement d'une manière qui sert ses propres intérêts.[1].

Cela est une source d'anxiété et de confusion, car la plupart des rapports indiquent que la pandémie n'est pas terminée et que les cas de variants du coronavirus à l'origine de la pandémie de COVID-19 augmentent dans certaines régions du pays, notamment en Colombie-Britannique, en Alberta et dans le nord de la Saskatchewan. De plus, le pourcentage de personnes qui ont été vaccinées varie beaucoup d'une province et d'une région à l'autre. Le 29 juillet, l'Agence de la santé publique du Canada a signalé que « la moyenne d'aujourd'hui pour les sept derniers jours est de 594 cas signalés quotidiennement du 22 au 28 juillet, ce qui démontre une augmentation de 39 % par rapport à la semaine précédente ». Les professionnels de la santé mettent en garde contre une quatrième vague. Au cours de la dernière semaine de juillet, une éclosion a été déclarée dans la région de l'Okanagan en Colombie-Britannique, ce qui a entraîné le retour à des directives de santé publique plus strictes. La CBC a rapporté le 28 juillet que le Grand Nord de la Saskatchewan avait enregistré 220 cas de COVID-19 pour 100 000 habitants la semaine précédente, alors que le taux national n'était que de 8 pour 100 000 personnes, et que la situation s'est depuis aggravée.

En plus des problèmes que la pandémie pose à tout le monde, des milliers de personnes dans l'Ouest ont été déplacées ou font l'objet d'avis d'évacuation en raison des feux de forêt et des inondations. En Colombie-Britannique, la chaleur extrême, la sécheresse et les conditions de sécheresse extrême sont loin d'être terminées. Les feux de forêt font également rage en Ontario, créant un smog qui emprisonne la chaleur et affecte la respiration. Ce smog a gagné le sud de l'Ontario et l'ouest du Québec.


La fumée des feux de forêt à Prince George, 1er août 2021

C'est dans ces conditions que les spéculations sur le déclenchement imminent d'une élection se poursuivent sans relâche. Une élection dans les conditions de la pandémie, sous des directives de Santé publique qui, dans les régions où il y a des éclosions et une augmentation des cas, limitent les rassemblements publics et les contacts de personne à personne, et qui sont différentes dans chaque région du pays, signifie une plus grande inégalité encore entre les partis et les candidats. Les partis et les candidats disposant de gros coffres de guerre achèteront de la publicité, tandis que les candidats qui comptent sur les bénévoles et le porte-à-porte seront encore plus marginalisés. Le déni du droit des citoyens à un vote éclairé est une affaire qui va de soit maintenant. Ce nouveau mépris pour le corps politique est honteux.

La préparation de l'élection et le mépris pour le peuple sont on ne peut plus évidents dans la récente série d'annonces de financement du premier ministre Justin Trudeau qui sillonne présentement le pays, de la Colombie-Britannique à Terre-Neuve-et-Labrador. La Colombie-Britannique a été la première province à signer une entente de partage des coûts à parts égales avec le gouvernement fédéral pour avoir accès à une partie des 27,2 milliards de dollars annoncés dans le budget fédéral pour les services de garde d'enfants.

Cette annonce du 8 juillet a été faite à la suite de celle faite par le premier ministre le 5 juillet à Sault-Sainte-Marie, selon laquelle le gouvernement fédéral verserait 420 millions de dollars à Algoma Steel Inc. pour l'achat d'équipement de pointe afin de soutenir sa transition vers la production par four à arc électrique et l'élimination progressive de la fabrication d'acier au charbon.

Le 14 juillet, le ministre des Transports a annoncé un financement supplémentaire de 1,9 milliard de dollars pour le Fonds national des corridors commerciaux, qui permettra de veiller « à ce que le réseau de transport du Canada soit bien placé pour attirer d'autres investissements du secteur privé ». L'annonce du ministre soulignait que 15 % du financement renouvelé est consacré aux régions de l'Arctique et du Nord.

Le même jour, Justin Trudeau était en Gaspésie, au Québec, où il a annoncé une contribution de 25 millions de dollars à un projet conjoint avec le gouvernement du Québec et une filiale danoise de General Electric pour l'expansion d'une usine d'éoliennes afin de produire des pales pour les marchés américain et européen. Le 15 juillet, il a annoncé que les gouvernements du Québec et du Canada accordent jusqu'à 685 millions de dollars aux entreprises aérospatiales établies au Québec, notamment Pratt & Whitney Canada, Bell Textron Canada et CAE.

Lors du passage du premier ministre dans les Maritimes les 27 et 28 juillet, son bureau a annoncé des ententes sur les services de garde d'enfants avec l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi qu'une entente de 5,2 milliards de dollars avec Terre-Neuve-et-Labrador pour terminer la construction du projet hydroélectrique de Muskrat Falls, dont le coût est passé de 7,2 milliards à plus de 13 milliards de dollars.

Une annonce de 400 millions de dollars pour l'aciérie ArcellorMittal Dofasco à Hamilton a été faite le 30 juillet et des millions de dollars de financement pour des projets dans les aéroports, le transport en commun et d'autres projets dans différentes villes du pays ont été annoncés les 28 et 29 juillet.

Dans un autre stratagème cynique pour gagner des voix, le gouvernement Trudeau a annoncé le 26 juillet de nouvelles réglementations « pour améliorer la protection des travailleurs étrangers temporaires », qui est en réalité un plan pour assurer l'approvisionnement de l'agrobusiness en main-d'oeuvre migrante non protégée et bon marché. Les avantages éventuels pour les travailleurs sont accessoires aux plans gouvernementaux visant à payer les riches, comme les 50 millions de dollars donnés aux monopoles de l'agrobusiness l'année dernière pour la quarantaine obligatoire de 14 jours pour les travailleurs agricoles migrants entrants, et les 35 millions de dollars de plus cette année en soutien d'urgence à la ferme pour améliorer leurs conditions de vie.

Chacune des annonces de ces projets qui ont pour objet de payer les riches avec les fonds publics a été formulée dans le langage de l'« économie verte », de la création d'emplois, du soi-disant programme féministe de Justin Trudeau et du soutien aux familles de travailleurs. Un simple coup d'oeil à ces programmes montre qu'il s'agit en fait de stratagèmes pour payer les riches avec un mépris total pour le bien-être des Canadiens et des Québécois.

Les demandes répétées des responsables d'Élections Canada pour que la Loi électorale soit modifiée en prévision d'une élection pendant la pandémie, afin d'offrir des conditions optimales aux travailleurs électoraux et aux électeurs, ont été rejetées. Le déclenchement d'une élection dans ces circonstances est imprudent et irresponsable et mettra à risque la santé et la vie des électeurs et des travailleurs électoraux, dont beaucoup sont des personnes âgées.

Pour le premier ministre, le déclenchement d'élections en août serait le summum du calcul électoraliste, fondé uniquement sur la perspective de l'obtention d'une majorité de sièges par les libéraux, quoiqu'il en coûte. Ce serait l'expression d'un mépris total pour le peuple et montrerait que tous les discours du type « nous sommes là pour vous » ne sont rien d'autre que des postures pour obtenir des votes.

Les Canadiens doivent se préparer à intervenir dans cette élection d'une manière qui favorise leurs intérêts. Peu importe la propagande utilisée pour créer des illusions sur qui est populaire et qui ne l'est pas, élections ou pas, intensifions les efforts pour défendre les droits de toutes et tous et pour faire du Canada une zone de paix !

Note

1. Lors d'un vote à la Chambre des communes le 25 mai, tous les députés de tous les partis présents, y compris Justin Trudeau, ont voté en faveur d'une motion du Bloc québécois visant à dénoncer la tenue d'une élection pendant la pandémie et à convenir que le gouvernement a la responsabilité d'en empêcher le déclenchement. Le seul vote dissident était celui du député indépendant Derek Sloan. Pourtant, des rapports provenant d'initiés lors d'une réunion du Parti libéral pour les candidats, les directeurs de campagne et les présidents d'associations de circonscription le 19 juillet ont amené les participants et les médias à spéculer que l'élection pourrait être déclenchée dès la mi-août. Le directeur de campagne libéral Azam Ishmael leur aurait dit de « commencer à chercher un bureau de campagne, d'aller chercher un bureau de campagne » et qu'un bail de deux mois serait une « bonne idée ».

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Le spectre des élections de la cyberguerre et la nécessité de faire du Canada une zone de paix

Les Canadiens ont été informés que la 44e élection générale sera surveillée par les services de police et de renseignements nationaux et étrangers, ainsi que par les plateformes mondiales de médias sociaux et diverses ONG financées par l'État, à la recherche de signes de ce qu'ils appellent des activités étrangères ou influencées par l'étranger. Le 16 juillet, pour justifier la nécessité d'une telle surveillance, le Centre de la sécurité des télécommunications (CST) a publié son troisième rapport depuis 2017 sur ce qu'il appelle la menace pour le processus démocratique du Canada, qu'il définit comme comprenant « les électeurs, les partis politiques et les élections ». Le rapport cite la Russie, la Chine et l'Iran comme des « États adversaires ».

Ce rapport reprend les mots exacts qu'il a utilisés en 2017 pour expliquer pourquoi le Canada est une cible. Le CST affirme que le Canada joue « un rôle actif au sein de la communauté internationale en participant à d'importants forums multilatéraux, notamment l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Groupe des 20 (G20) et le Groupe des 7 (G7). »

« Les choix du gouvernement du Canada en matière de politique étrangère, de déploiements militaires, d'accords commerciaux et d'investissements, de relations diplomatiques, d'aide internationale ou de politique sur l'immigration intéressent les autres États. La position du Canada sur une question peut avoir une influence sur les intérêts fondamentaux d'autres pays, de groupes étrangers et de particuliers. Des auteurs de menace pourraient utiliser des cyberoutils pour cibler le processus démocratique du Canada dans le but de modifier les résultats des élections, d'influencer les choix des décideurs politiques et les relations du gouvernement avec ses partenaires étrangers et nationaux ou de nuire à la réputation du Canada à l'échelle mondiale », indique le rapport du CST.

Une question qui vient à l'esprit et qui semble évidente est la suivante : comment peut-on « modifier » les résultats d'une élection à moins qu'il ne s'agisse d'un résultat acquis d'avance ? De quels « résultats » le CST parle-t-il ? S'agit-il de l'intégration continue du Canada dans la machine de guerre américaine et du rôle joué par les organisations supranationales au service du contrôle étatique de l'oligarchie sur l'économie et les relations internationales ? À quoi le CST fait-il référence exactement ?

Les élections sont censées être l'occasion pour les Canadiens de décider eux-mêmes de la politique intérieure et étrangère qu'ils veulent. Ils devraient être libres de défendre la vision qu'ils jugent appropriée pour le pays, notamment le retrait du Canada de l'OTAN et la nécessité de démanteler l'OTAN, l'opposition aux diverses alliances mondiales néolibérales et aux accords commerciaux, à l'intégration actuelle du Canada dans la machine de guerre des États-Unis, aux conceptions intéressées des droits tant au pays qu'à l'étranger, à la nécessité d'un renouveau politique pour remplacer l'ordre constitutionnel actuel par un ordre décidé par le peuple par un processus démocratique choisi par le peuple et ainsi de suite. Pourront-ils le faire sans être pris pour cible et transformés en agents présumés d'un « État adversaire » – autre que le nôtre, bien sûr ?

Le rapport du CST déclare que la prochaine élection fédérale sera marquée par la promotion de relations hostiles avec les pays que le CST considère comme des États adversaires qui mettent en danger la démocratie et le mode de vie du Canada. Le sous-entendu est que l'État canadien s'attend à ce que les gens se rangent derrière les pays de l'alliance de l'OTAN contre les « États adversaires ».

« Conformément à ce que nous avons présenté dans Le point sur les cybermenaces contre le processus démocratique du Canada en 2019, nous estimons que, s'ils sont motivés par un objectif stratégique, un nombre croissant d'adversaires étrangers possèdent les cyberoutils, la capacité organisationnelle et une compréhension suffisante du paysage politique canadien pour mener des activités en ligne contre des élections fédérales futures. Selon nos observations, il est très probable que les électeurs canadiens feront face à une forme quelconque d'activités d'ingérence étrangère en ligne avant et pendant la prochaine élection fédérale. »

Le rapport affirme que « l'Internet est truffé d'information fausse et trompeuse » et que son évaluation « se penche principalement sur les activités d'influence étrangère en ligne ».

« Ce genre d'activité d'influence se produit lorsque des auteurs de menace étrangers manipulent secrètement l'information diffusée en ligne, souvent au moyen de cyberoutils, pour influencer l'opinion et le comportement des électeurs. Nous définissons l'ingérence étrangère comme une activité secrète, trompeuse ou coercitive menée par un auteur étranger contre un processus démocratique pour servir des objectifs stratégiques. L'ingérence étrangère en ligne comprend à la fois les cybermenaces menées par des auteurs étrangers et des activités d'influence étrangère en ligne. »

« Nous considérons qu'il est improbable pour l'instant que le Canada soit visé par une campagne d'ingérence étrangère de la même ampleur que l'activité parrainée par un État et menée contre les élections américaines », conclut-il.

Le rapport prévoit également que si une élection a lieu avant la fin de la pandémie de COVID-19, « il est presque certain que les partis politiques et les candidats mèneront davantage d'activités de campagne sur Internet et utiliseront plus d'outils en ligne qu'auparavant » et croit que ces activités « feront très vraisemblablement l'objet de cybermenace ». Il ajoute qu'il est « très improbable que cette cybermenace s'inscrive dans une campagne sophistiquée menée précisément contre un parti politique ou un candidat ».

Le CST suit désormais le modus operandi des agences de renseignement américaines qui affirment que si rien ne se produit, cela montre qu'elles font du bon travail pour empêcher que quelque chose ne se produise. La prédiction du CSE concernant l'ingérence étrangère dans les élections de 2019 ne s'est pas concrétisée et le CSE affirme que c'est parce que le travail de la police secrète était manifestement efficace. Le CSE affirme que de nombreux progrès ont été réalisés dans la lutte contre les cyberattaques potentielles contre le processus démocratique.  En référence aux élections américaines, il écrit :  « Aucune étude méthodique n'a encore été menée sur l'efficacité de ces mesures, mais une comparaison des élections américaines de 2016 et de 2020 porte à croire qu'on peut atténuer les efforts déployés par les États hostiles pour influencer les processus démocratiques en prenant divers moyens, notamment en cernant les éventuelles campagnes d'influence étrangère en ligne et en attirant l'attention du public sur celles-ci, en renforçant la posture de cybersécurité des organismes participant aux élections et en améliorant la réaction des médias sociaux aux activités malveillantes sur leur plateforme. »

C'est pitoyable comme argument pour remettre en cause la liberté d'expression, qui est un droit humain. Les tactiques d'intimidation et de peur n'ont aucune justification, aussi élevés que soient les idéaux invoqués par les forces de l'ordre. À cet égard, les  agences d'espionnage canadiennes indiquent qu'elles opèrent en coordination avec les agences du Groupe des Cinq, composé des États-Unis, de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie, du Royaume-Uni et du Canada, tandis que des organismes de surveillance supranationaux spéciaux de l'OTAN et du G7 sont également en place, y compris le mécanisme de réaction rapide du G7 hébergé par Affaires mondiales Canada[1]. Pour prendre des décisions basées sur ce que disent avoir décelé ces agences, un groupe spécial de cinq hauts fonctionnaires entrera en fonction dès l'émission du décret électoral. Il aura pour tâche de recevoir des informations des agences de renseignement, conformément à une directive du Cabinet libéral intitulée Protocole public en cas d'incident électoral majeur, qui les charge d'informer la population canadienne « des incidents pouvant menacer la tenue d'élections libres et justes au pays ». Mis en place par les libéraux avant les élections fédérales de 2019, le groupe est composé du greffier du Conseil privé, du conseiller en matière de sécurité nationale et de renseignement du premier ministre et de sous-ministres des ministères de la Justice, de la Sécurité publique et des Affaires étrangères. Avant de faire une annonce publique, le Panel consulte les représentants des partis politiques ayant des sièges à la Chambre des communes.

Dans cette optique, le CST informe que « les auteurs de menace ont de nombreuses occasions de s'en prendre aux processus démocratiques, mais il est important de souligner les progrès importants accomplis ces dernières années pour protéger la démocratie à travers le monde, entre autres les efforts déployés par les gouvernements, des organisations non gouvernementales, des organismes de recherche, la société civile, les médias traditionnels, les médias sociaux et des entreprises spécialisées dans la technologie afin d'améliorer les pratiques de cybersécurité, de sensibiliser et d'intervenir rapidement en cas d'incidents. Par exemple, le Canada a mis en oeuvre une vaste gamme de mesures, y compris des dispositions législatives (p. ex. la Loi sur la modernisation des élections), des accords avec des entreprises de médias sociaux, ainsi que plusieurs initiatives permettant d'améliorer les mécanismes de communication et de partage de l'information entre Élections Canada, les organismes canadiens de la sécurité et du renseignement, d'autres ministères, les partis politiques et les électeurs. »

Le CST salue le rôle accordé aux sociétés de médias sociaux et à diverses organisations dans la surveillance du discours politique sur le Web. Il indique que les mesures qui peuvent traiter les contenus et les comptes suspects comprennent :

« - déclasser le contenu douteux (c.-à-d. le contenu qui contrevient presque aux lignes directrices communautaires) ;
« - fermer les comptes non authentiques ;
« - embaucher du personnel pour filtrer les publications et enquêter sur les cas de malfaisance ;
« - collaborer avec des organismes de vérification des faits et de recherche ;
« - signaler ou déclasser le contenu trompeur ;
« - diriger les utilisateurs vers des sources fiables. »

La croissance des cybermercenaires privés et les fausses revendications d'attributions

Le CST utilise le langage des agences de renseignement sur les « probabilités » et les « possibilités » de déterminer la source de cyberattaques imaginaires et réelles. Tout en affirmant que la Russie et la Chine sont les principaux auteurs de cyberattaques, le CST affirme que les acteurs hostiles peuvent également inclure « les cybercriminels qui essaient de faire de l'argent et les amateurs de sensations fortes qui cherchent à relever un défi ou à obtenir de la notoriété » qui, selon lui, « peuvent aussi cibler les processus démocratiques du Canada ». Il affirme que « bien que ces activités n'aient pas une orientation stratégique, elles ont quand même une incidence sur le fonctionnement des processus démocratiques et la perception des électeurs en ce qui a trait à la sécurité, à la légitimité et à l'impartialité des résultats ». Il n'aborde pas la question de savoir comment l'intervention des agences de renseignement sur la base d'informations secrètes et de critères inconnus a « une incidence sur le fonctionnement des processus démocratiques et la perception des électeurs en ce qui a trait à la sécurité, à la légitimité et à l'impartialité des résultats ».

Le CST reconnaît également la difficulté, voire l'impossibilité, de déterminer la source d'une cyberattaque, ce qu'il sait bien étant donné que le CST est lui-même impliqué dans des cyberattaques. Pour commencer, il fait référence à l'industrie florissante de la cyberguerre. Le CST affirme que « le développement des marchés commerciaux pour les cyberoutils et les talents a permis de réduire le temps nécessaire aux États pour établir des cybercapacités et d'augmenter le nombre d'États qui se sont dotés de cyberprogrammes. Alors que de plus en plus d'États ont accès à des cyberoutils, ceux qui voulaient cibler les processus démocratiques sans disposer des capacités nécessaires pour le faire peuvent maintenant entreprendre ce type de cyberactivité plus facilement. La prolifération de cyberprogrammes soutenus par les États rend les choses plus difficiles lorsque vient le moment de repérer les activités de cybermenace, de les attribuer à leurs auteurs et de se défendre contre celles-ci de façon plus générale ».

Il note également que « des entreprises privées sont de plus en plus nombreuses à offrir des services d'influence en ligne à des gouvernements et à des auteurs politiques ». Une étude menée à Oxford en 2020 a cerné 48 cas où des entreprises privées se livraient à de la désinformation pour le compte d'un auteur politique. Depuis 2018, les mêmes chercheurs ont trouvé plus de 65 entreprises offrant la désinformation en tant que service.

Pour y arriver, les entreprises privées « ont recours au trollage, à des comptes automatisés, à des comptes gérés par des humains et à l'intelligence artificielle. Les gouvernements et les auteurs politiques qui embauchent des entreprises pour mener des campagnes d'influence en ligne en leur nom font appel non seulement à des sociétés de leur pays, mais aussi à des firmes basées à l'étranger. Par exemple, entre 2019 et 2020, la firme Archimedes Group, basée en Israël, a mené des campagnes d'influence en ligne contre des élections qui se sont déroulées en Afrique, en Amérique latine et en Asie du Sud-Est. »

L'utilisation de ces méthodes au Canada, en revanche, n'est pas citée. Cela montre la malhonnêteté crasse du rapport. Le seul cas d'enquête officielle sur l'influence étrangère dans une élection canadienne a été mené lors de l'élection du 16 avril 2019 en Alberta. Le rapport conclut que des entités nationales, et non étrangères, ont mené ce qu'il appelle une « activité en ligne non authentique ». Il attribue cette activité aux «des groupes nationaux haineux et d'extrême droite connus qui ont déjà diffusé du matériel, au moyen de tactiques semblables à celles employées par des joueurs étrangers malins connus»[2].

Le rapport du CSE est, entre autres, clairement destiné à freiner le discours en général et pendant l'élection fédérale imminente en particulier. Il s'agit d'une question très préoccupante pour le corps politique et tous ceux qui exigent un processus démocratique pour prendre les décisions qui affectent leur vie. Le temps est venu de rejeter le diktat selon lequel les Canadiens ne devraient pas s'exprimer en leur propre nom et de leur propre voix pour mettre de l'avant leur propre vision du pays. La nécessité de faire du Canada une zone de paix dans le monde n'a jamais été aussi grande.

Notes

1. Le Canada a offert de diriger et d'héberger le Mécanisme d'intervention rapide du G7 (MRR) lorsque celui-ci a été créé au Sommet du G7 de Charlevoix. Il a été chargé de coordonner les activités de tous les pays « afin d'identifier les menaces diverses et changeantes pour nos démocraties et d'y répondre, notamment en échangeant des renseignements et des analyses, et en recensant les possibilités de réponse coordonnée ». Son objectif déclaré est de « surveiller et d'analyser les cas potentiels d'ingérence étrangère, peu importe le parti politique touché ou la nature politique d'une question donnée. Son objectif est d'exprimer clairement quelles sont les tendances et les tactiques employées par les acteurs étrangers en matière d'ingérence dans les processus et les institutions démocratiques, ainsi que de suivre et de comprendre leur évolution ».

Le MMR du G7 se fait un point d'honneur de préciser qu'elle n'est pas un organisme de vérification des faits et n'a pas besoin de l'être puisqu'il en existe des centaines ailleurs.

2. Le MRR du G7 a choisi de surveiller l'élection de l'Alberta en 2019 parce qu'elle a été identifiée comme étant « à risque d'ingérence en raison de l'ampleur des débats sur les questions environnementales ». Par exemple, le pipeline a été noté comme « une question qui divise socialement et qui pourrait être une cible pour des acteurs étrangers ». Il a été choisi « dans le but d'identifier toute nouvelle tactique d'ingérence étrangère et d'en tirer des leçons pour l'élection générale canadienne ».

Dans son rapport, publié par Affaires mondiales Canada, le MRR dit avoir décelé « des activités non authentiques coordonnées » sur les plateformes de médias sociaux. Il a toutefois conclu que « la majorité de ces comptes n'était fort probablement pas d'origine étrangère ».

« Les élections en Alberta sont un exemple de situation où il pourrait y avoir des éléments de preuve d'un comportement non authentique coordonné de la part d'acteurs canadiens, ce qui rend plus difficile la détection de l'ingérence étrangère », conclut le rapport.

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Le Canada se joint aux allégations de cyberattaques et aux préparatifs de guerre des États-Unis

Le 19 juillet, le Canada s'est joint à l'administration Biden dans le cadre d'une « coalition » visant à accuser publiquement le gouvernement chinois de cyberactivités malveillantes et de comportement irresponsable d'un État, dans un langage frôlant une déclaration de cyberguerre. Selon l'annonce commune, les États-Unis ont découvert un large éventail de cyberattaques contre Microsoft menées par des pirates informatiques qui, selon eux, ont toujours travaillé pour le ministère chinois de la Sécurité d'État (MSS).

Selon le communiqué, la Chine est responsable de l'attaque contre le logiciel de messagerie électronique de Microsoft une attaque qui a infecté des dizaines de milliers d'entreprises, d'administrations et d'écoles rien qu'aux États-Unis. Les pays qui se sont joints à la coalition américaine comprennent, outre le Canada, l'Union européenne (UE), l'Australie, la Grande-Bretagne, le Japon, la Nouvelle-Zélande et les autres pays membres de l'OTAN, l'alliance militaire dirigée par les États-Unis.

Dans le cadre de ces allégations, le département de la Justice des États-Unis a annoncé des poursuites au criminel à l'encontre de ce qu'il prétend être les quatre pirates informatiques à l'origine de l'attaque, pour avoir ciblé des entités et des gouvernements étrangers dans des secteurs cruciaux, tels que la défense, l'éducation, la santé, les secteurs maritime et aérien, et pour avoir commis des vols informatiques de propriété intellectuelle à des fins lucratives.

Ces accusations s'inscrivent dans le cadre de l'attention portée à la cybersécurité par les gouvernements qui font partie de la coalition des impérialistes américains et des tentatives de l'administration Biden de définir ce que constitue une cyberguerre. Parler de secteurs cruciaux de l'économie et de la vie collective dans ce contexte, comme l'aviation et les réseaux électriques, revient à les considérer comme faisant partie de la sécurité nationale pour pouvoir justifier les accusations de cyberguerre.

Pour sa part, le Canada fait de la cybersécurité un enjeu majeur dans la conduite de la prochaine élection fédérale. Il s'aligne sur l'administration Biden qui s'efforce également d'établir des règles relatives à ce qui constitue des crimes et des sanctions, tout en mettant publiquement en place des moyens pour étayer les affirmations des États-Unis visant à identifier si une cyberattaque a été menée par la Chine, la Russie ou un autre pays qu'ils accusent de telles choses. Dans ce contexte, l'Agence de sécurité nationale américaine (NSA), le Federal Bureau of Investigation (FBI) et la nouvelle Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA), créée en 2018 avec un budget de plus de 3 milliards de dollars, ont publié un « Avis de cybersécurité commun » (Joint Cyber Security Advisory). L'alerte comporte ce que les États-Unis appellent plus de 50 « tactiques, techniques et procédures » utilisées par les pirates informatiques associés à la Chine.

Cette année, la CISA a déjà reçu une augmentation de financement de 650 millions de dollars, qui s'ajoute à ce qui devrait être 2,3 milliards de dollars. La CISA a également le pouvoir « de rechercher de manière proactive » des menaces sur les réseaux fédéraux civils et d'assigner les fournisseurs d'accès à l'Internet du secteur privé, lorsque l'agence « détecte des vulnérabilités critiques dans l'infrastructure nationale », la tâche de fournir des informations sur les cybermenaces auxquelles ils sont confrontés. La CISA sert également de liaison fédérale de premier plan sur les questions de cybercriminalité pour les propriétaires du secteur privé de ce qui est désigné par le gouvernement comme une infrastructure nationale critique.

Un problème important est que la cyberguerre et la cybersécurité ne sont pas définies par le gouvernement, pas plus que ce qui constitue le terrorisme n'a été défini. On sait également que les accusations de terrorisme à l'intérieur du pays ont principalement visé ceux qui s'opposent aux guerres d'agression, ou qui défendent l'environnement et s'opposent aux morts aux mains de la police suivant des motifs racistes ou aux incarcérations à la frontière sud des États-Unis. Beaucoup s'attendent à ce que les accusations de cyberattaques portées par le gouvernement américain suivent la même voie et que le Canada fasse de même.

Une préoccupation majeure est la méthode utilisée par le président américain et son administration pour lancer des accusations et déclarer des crimes et des sanctions sans fournir de faits ni de preuves. Le gouvernement du Canada utilise la même méthode. Tout tourne autour de ce que les cercles dirigeants disent être l'apparence, ce à quoi les attaques « ressemblent », ce que la Chine « pourrait faire ». On dit que les pirates ont « des antécédents de travailler pour la Chine », mais les faits concernant ces antécédents ne sont pas donnés. Il n'est pas dit non plus s'il existe des preuves que ces pirates travaillent toujours pour la Chine. Tout cela est dit secret et ne peut donc être divulgué.

Comme le montre l'« Avis de cybersécurité commun », la méthode consiste également à fournir ce que les États-Unis font valoir comme des « tactiques, techniques et procédures » qui ressemblent à, ou ont l'apparence de, celles utilisées par la Russie ou la Chine. Ces éléments sont ensuite utilisés pour affirmer que les attaques sont le fait de la Russie ou de la Chine. Il n'y a pas de preuve directe. La base permettant d'identifier les « tactiques » particulières comme appartenant à la Chine reste également secrète. Les affirmations et l'utilisation publique de la liste servent à créer une norme selon laquelle chaque fois que ces mêmes « tactiques, techniques et procédures » apparaissent, elles peuvent être attribuées à la Russie ou à la Chine.

Un problème auquel le gouvernement américain et ceux qui pratiquent la politique de l'apaisement envers lui sont confrontés est qu'il est pratiquement impossible d'attribuer des cyberattaques spécifiques à des gouvernements ou des individus particuliers, surtout au niveau international. En effet, il est possible de faire croire que les attaques sont menées par ces pays, ou qu'elles proviennent de certains endroits, en utilisant les mêmes « tactiques » que celles citées, alors que ce n'est pas le cas. L'attribution ne peut être faite – un fait déjà établi par divers cas qui réfutent les affirmations des États-Unis.

Les États-Unis affirment tout simplement que les attaques peuvent être attribuées à la Chine ou à la Russie. Dans le but de mobiliser leur bureaucratie militaire et pour alimenter l'opinion publique, les États-Unis affirment que la Chine ou la Russie mènent ces attaques et qu'elles doivent être punies. Quelles que soient les prétentions des États-Unis à propos des « tactiques, techniques et procédures » utilisées par la Chine, la Russie, l'Iran ou d'autres, elles doivent être considérées comme valables. De cette façon, les médias, les experts, les politiciens et les universitaires sont entraînés dans un débat sur l'implication de la Russie ou de la Chine, tandis que la liste de tactiques présentées et la méthode utilisée sont établies comme « la norme ». L'ensemble du processus est également un moyen de générer la peur et des antagonismes envers la Chine et la Russie afin de préparer la guerre. Le Pentagone déclare régulièrement que la Chine et la Russie sont des « adversaires stratégiques » qui pourraient cibler les « infrastructures stratégiques nationales ». Le Canada encourage également ces menaces de cyberguerre, décidées par les États-Unis pour jeter les bases d'une justification pour aller en guerre.

La crainte liée à la cybersécurité démontre que la puissance militaire ne permet pas d'obtenir un avantage politique

Un problème auquel les cercles dirigeants américains sont constamment confrontés est que, même avec leur supériorité militaire et nucléaire, ils ne parviennent pas à obtenir un avantage politique. Les États-Unis dépensent plus pour leur armée que les huit pays réunis qui les suivent, dont la Russie et la Chine. La Chine dispose, par exemple, de quatre porte-avions, les États-Unis de beaucoup plus, de beaucoup plus d'armes nucléaires et de moyens de déclencher également une réponse armée. De même, les prétendus « dividendes de la paix » et les avantages politiques qui étaient censés apparaître avec la chute de l'Union soviétique ne se sont pas matérialisés. Aujourd'hui, les États-Unis, comme les démocraties libérales d'Europe, ont des institutions de gouvernance dysfonctionnelles, des conditions de guerre civile entre les factions rivales des cercles dirigeants et font face à un mécontentement généralisé et un manque de légitimité au sein du peuple. Au Canada, les institutions démocratiques libérales sont également dysfonctionnelles. L'intégration de l'économie canadienne dans la machine de guerre des États-Unis et de l'État canadien dans les plans impérialistes de domination mondiale des États-Unis signifie que le scénario de la guerre civile américaine se répand dans l'arène politique du pays. Pour faire face à cette situation, on affirme que le problème des élections, par exemple, est dû à l'ingérence étrangère de la Russie, de la Chine ou de l'Iran, plutôt qu'à l'échec et à la nature raciste et non représentative de l'ordre constitutionnel en place, qu'ils veulent que tout le monde respecte.

En outre, tout comme les États-Unis l'ont fait avec les armes nucléaires, ils tentent d'imposer leurs règles quant à ce qui est et n'est pas la cyberguerre, quelles sont les sanctions et qui a l'autorité de les imposer. En ce qui a trait aux armes nucléaires, les États-Unis ont mis en place la notion du secret, selon laquelle les informations relatives à la fabrication d'armes nucléaires étaient un secret d'État et toute personne divulguant de telles informations était coupable d'espionnage. Ils ont ensuite appliqué cette notion avec l'inculpation et l'exécution des Rosenberg, par exemple, en invoquant l'espionnage.

Des efforts similaires sont déployés concernant la cyberguerre et la cybersécurité afin d'établir l'autorité des États-Unis pour agir, imposer des punitions et justifier la guerre impérialiste. Ceux qui se rangent du côté de la Russie ou la Chine peuvent être étiquetés d'agents d'une puissance étrangère ou coupables de trahison. Alors que les États-Unis parlent ouvertement de s'immiscer dans l'Internet cubain, ils font à nouveau la promotion de leur anticommunisme pour cibler les nombreuses forces qui appuient Cuba. De plus, avec les menaces continues de Joe Biden, le souvenir d'une confrontation nucléaire potentielle entre la Russie et les États-Unis, comme ce fut le cas lors de la crise des missiles des années 1960, a refait surface. De même, soutenir le peuple de Palestine, exiger la résolution pacifique des conflits ou s'opposer aux provocations auxquelles se livrent les États-Unis et l'OTAN dans la région indo-pacifique sont considérés comme des prises de position d'inspiration étrangère ou au service d'« États adversaires ».

Discours de Biden à la NSA sur les cybermenaces et la cyberguerre

Le 28 juillet, Joe Biden a prononcé un discours lors d'une réunion des membres des 18 agences de renseignement des États-Unis à McLean, en Virginie, au « National Counterterrorism Centre at Liberty Crossing Intelligence Campus ». Il a déclaré qu'une cyberattaque provoquerait très probablement une guerre majeure et a identifié la Chine et la Russie comme les auteurs probables de cette attaque. À propos des prochaines élections de mi-mandat aux États-Unis, il a accusé la Russie d'ingérence. Il a décrié « la désinformation rampante qui rend de plus en plus difficile l'accès des gens à l'information, l'évaluation des faits, la prise de décision ». Déclarant que « les États-Unis sont innocents de tout méfait, nous sommes le paradigme de la démocratie et des droits humains », il a protesté : « Regardez ce que la Russie fait déjà à propos des élections de 2022 et de la désinformation. C'est une violation flagrante de notre souveraineté. »

Joe Biden a dit à son auditoire : « Vous savez, nous avons vu comment les cybermenaces, y compris les attaques par ransomware, sont de plus en plus capables de causer des dommages et des perturbations dans le monde réel. Je ne peux pas le garantir et vous êtes aussi bien informés que moi, mais je pense qu'il est plus probable que nous aboutissions – enfin, si nous aboutissons dans une guerre, une véritable guerre armée avec une grande puissance, ce sera à la suite d'une violation cybernétique de grande conséquence. Et les capacités augmentent de façon exponentielle. »

Il a décrit les agences de renseignement américaines comme « les yeux et les oreilles du monde entier », affirmant qu'elles sont « en première ligne de notre défense nationale et, dans de nombreux cas, pour le monde, à travers nous ».

Lorsqu'il s'agit de la Russie, Joe Biden parle comme un véritable voyou. Il adopte un ton intimiste pour ensuite laisser entendre qu'il est dans le secret des dieux : « M. Poutine a un vrai problème, il est assis au sommet d'une économie qui a des armes nucléaires et des puits de pétrole et rien d'autre. Rien d'autre. Leur économie est, quoi, la huitième plus petite du monde maintenant, ou plus grande du monde ? Il sait qu'il a de vrais problèmes, ce qui le rend encore plus dangereux, à mon avis. »

De même lorsqu'il a parlé de la Chine. « Regardez la Chine. J'ai passé plus de temps que quiconque avec Xi Jinping en tant que dirigeant mondial. [...] Il est tout à fait sérieux dans sa volonté de devenir la force militaire la plus puissante du monde, ainsi que la plus grande — la plus importante économie du monde d'ici le milieu des années 2040. C'est réel. »

Le président américain semble croire que le fait d'accuser la Russie et la Chine de ce que les États-Unis eux-mêmes sont en train de faire est la preuve que la Russie et la Chine, et non les États-Unis, représentent le plus grand danger pour la paix mondiale aujourd'hui.

Plus tard dans son discours, le président américain a laissé entendre qu'il était nécessaire de travailler avec la Russie et la Chine pour traiter les « problèmes existentiels » auxquels le monde entier est confronté, ce qui révèle une fois de plus comment le monde est mis sur un pied de guerre. Il a déclaré : « En même temps, nous devons travailler en coopération avec des nations comme la Chine et la Russie qui sont nos concurrents — et peut-être des concurrents mortels à l'avenir — dans le contexte de la lutte contre les menaces existentielles, par exemple le changement climatique. Il y a certaines choses qui sont dans notre intérêt mutuel. Mais nous ne pouvons pas nous laisser bercer par l'idée que c'est suffisant et que nous n'avons pas vraiment besoin de garder un oeil sur l'objectif ultime de l'autre équipe. Mais il y a des choses pour lesquelles nous devrions coopérer. »

Joe Biden nous rappelle qu'une telle coopération ne doit jamais nous faire perdre de vue la quête de domination et de contrôle des États-Unis. « Un réchauffement spectaculaire de l'Arctique ouvre la voie à la concurrence pour des ressources qui étaient autrefois difficiles d'accès. [...] J'ai eu comme une révélation en discurant avec M. Poutine de ce qu'il pense être la propriété de la Russie dans l'Arctique. La Chine regarde cela de très près également. C'est ce que je veux dire à propos du monde qui change. Qu'est-ce que cela va faire à notre doctrine stratégique dans les 2, 5, 10, 12 prochaines années, quand vous pouvez contourner l'Arctique sans brise-glace ? »

Tout cela montre qu'un des principaux objectifs est d'empêcher les peuples d'examiner calmement les questions de guerre et de paix de leur propre point de vue, qui est à leur avantage et qui fait appel directement au facteur humain. Il s'agit de détourner et de diviser les luttes antiguerre et les efforts pour mettre en place des gouvernements antiguerre en attirant les peuples dans le piège de regarder les choses du point de vue des riches. Il faut notamment rejeter leurs prétentions et leurs attributions en matière de cyberguerre et plutôt poursuivre des relations d'amitié et de respect mutuel entre les peuples du monde.

Lors des prochaines élections au Canada, pour éviter les pièges que les dirigeants tendent au corps politique, il faut poursuivre tous les efforts pour défendre les droits de toutes et tous, appeler à un gouvernement antiguerre, s'opposer à l'intégration du Canada dans l'économie de guerre des États-Unis et travailler à faire du Canada une zone de paix. Ce programme demeure la clé pour s'assurer que le Canada devienne une force de paix, et non une force de guerre comme c'est le cas actuellement. 

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Les dépenses d'infrastructure pour
maintenir les privilèges et le contrôle de classe
et intégrer davantage le Canada à l'économie de guerre des États-Unis

Pour s'aligner avec le plan d'infrastructure de 2300 milliards de dollars proposé par l'administration américaine de Joe Biden, le gouvernement Trudeau a accéléré la création des arrangements nécessaires pour remettre des milliards du Trésor public aux oligarques mondiaux avec des d'investissements directs, des partenariats public-privé ou d'autres moyens, notamment des incitatifs fiscaux, de l'électricité à bon marché, des infrastructures de transport et bien d'autres. La plupart de ces activités sont menées sous le couvert de « reconstruire en mieux » à la suite de la pandémie de COVID-19, d'une « transition verte » pour faire face aux changements climatiques et même d'une « relance féministe ». Au cours de la dernière semaine de juillet, dans un geste cynique pour obtenir du soutien afin de remporter l'élection fédérale, le gouvernement Trudeau a annoncé des millions de dollars de fonds gouvernementaux pour l'industrie aérospatiale au Québec, pour les aciéries Algoma Steel et ArcelorMittal Dofasco en Ontario, pour des projets dans les transports, les aéroports, le transport en commun, pour des bornes de recharge de véhicules électriques dans tout le pays et bien plus encore.

En 2017, le gouvernement Trudeau a créé la Banque de l'infrastructure du Canada qui avait été présentée comme une banque fédérale d'investissements dans les projets d'infrastructure qui fournirait un financement à faible coût aux municipalités, mais qui s'est immédiatement transformée en un mécanisme pour imposer des partenariats public-privé aux municipalités. Plus tôt cette année, le gouvernement a lancé une consultation sur la création d'un organisme consultatif indépendant responsable de donner de l'information sur les politiques et les investissements en matière d'infrastructures. Les recommandations issues de la consultation menée auprès de « plus de 300 organisations et particuliers » ont été publiées le 29 juillet dans un rapport intitulé Tracer la voie vers 2050 : Aller de l'avant avec l'Évaluation nationale des infrastructures. L'objectif présumé de l'évaluation est d'évaluer les besoins et « améliorer la coordination entre les propriétaires et les bailleurs de fonds des infrastructures; et déterminer les meilleurs moyens de financer les infrastructures ».

L'oligarchie impérialiste et les gouvernements à son service accordent une attention de premier ordre au développement et au renouvellement des infrastructures de manière à satisfaire les besoins d'intérêts privés étroits et à favoriser les besoins des gouvernements de guerre. Le problème auquel fait face la classe ouvrière est de commencer par déclarer qu'il existe une alternative à la politique actuelle de crise et de destruction qui paie les riches et d'insister pour que le Canada soit une zone de paix et non de guerre. L'alternative commence par insister que les gouvernements doivent donner au Canada un but moderne qui sert le peuple et la société. L'économie doit être organisée de manière à ce que chaque partie se soutienne mutuellement et complète le tout sous le contrôle et la direction des producteurs réels.

Dans une économie socialisée moderne comme celles du Canada et des États-Unis, les infrastructures sont un moyen de production social indispensable utilisé par tous les secteurs et entreprises de l'économie collective. Un problème important qui existe dans le développement et l'entretien des infrastructures, notamment les routes, les ponts, l'électricité, l'eau, le transport en commun, les établissements d'enseignement, de loisirs, gouvernementaux et de soins de santé et tous les autres aspects des infrastructures modernes est que, bien que la valeur des infrastructures soit largement répartie dans l'économie socialisée, elle n'est pas pleinement et objectivement réalisée (payée). Plus encore, l'oligarchie financière exige des gouvernements qu'ils créent des programmes de dépenses en infrastructures publiques qui maintiendront et défendront leur immense richesse sociale et leurs privilèges de classe ainsi que leur contrôle des affaires économiques et politiques du pays.

Un aspect important du néolibéralisme et de la mondialisation impérialiste a été la prolifération des stratagèmes pour payer les riches qui donnent des fonds publics aux entreprises privées et aux cartels les plus importants et les plus puissants de l'oligarchie mondiale. Rien de tout cela n'a à voir avec la satisfaction des besoins du peuple.

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À titre d'information

Mise à jour de la COVID-19 au Canada

Manifestation à Calgary le 1er août 2021 contre la levée de restrictions en matière de santé publique en Alberta

Depuis le début de la pandémie, 1 428 683 cas de COVID-19 et 26 570 décès ont été signalés au Canada par l'Agence de la santé publique du Canada lors de sa dernière mise à jour, le 29 juillet. Les variants préoccupants (VOC) représentent la majorité des cas de COVID-19 récemment signalés, dont B.1.1.7 (Alpha), B.1.351 (Beta), P.1 (Gamma) et B.1.617.2 (Delta) qui ont été détectés dans la plupart des provinces et territoires.

Malgré des pics alarmants en Alberta, le gouvernement a annoncé la levée de la plupart des directives de santé publique liées à la pandémie, y compris, d'ici la mi-août, l'absence d'obligation de quarantaine pour les personnes infectées et l'absence de tests jusqu'à ce que les symptômes soient graves. Des politiciens, des médecins, des travailleurs de la santé, des enseignants, des syndicats et différentes organisations respectueuses des mesures de distanciation et autres à travers le pays s'opposent à cette mesure.

Le 29 juillet, la moyenne mobile pour les sept derniers jours de 594 nouveaux cas signalés quotidiennement (du 22 au 28 juillet) montre une augmentation de 39 % par rapport à la semaine précédente. La tendance à la baisse des maladies graves se poursuit. Les dernières données provinciales et territoriales montrent qu'en moyenne 486 personnes atteintes de la COVID-19 ont été traitées dans les hôpitaux canadiens chaque jour au cours de cette période, soit 12 % de moins que la semaine précédente. Cela inclut, en moyenne, 228 personnes qui étaient traitées dans des unités de soins intensifs (USI), soit 8 % de moins que la semaine précédente. Huit décès en moyenne ont été signalés chaque jour.

Santé publique Canada rappelle qu'au moment où les autorités commencent à assouplir les restrictions, les risques et les circonstances ne sont pas les mêmes partout et qu'il demeure important de suivre les conseils de santé publique locaux, quel que soit le statut vaccinal. Bien que la COVID-19 soit toujours en circulation au Canada et à l'étranger, des mesures de santé publique de base et des pratiques de protection individuelle peuvent aider à réduire la propagation : rester à la maison ou s'isoler si l'on présente des symptômes; être conscient des risques associés aux différents milieux; éviter les voyages non essentiels à l'extérieur du Canada et maintenir des pratiques de protection individuelle comme la distanciation physique et le port d'un masque facial bien ajusté et correctement porté, le cas échéant.

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Félicitations aux défenseurs du 1492 Land Back Lane

Les Haudenosaunee de la rivière Grand remportent une autre bataille territoriale

Le 3 juillet, les Haudenosaunee de la rivière Grand ont organisé un concert d'unité Land Back Lane à Kanonhstaton pour célébrer leur victoire dans leur lutte pour défendre leurs terres et leurs droits ancestraux. Le concert a eu lieu après que Foxgate Developments ait annoncé, le 1er juillet, qu'il abandonnait son projet de construction d'un lotissement résidentiel de 10 hectares composé de 200 maisons sur les terres des Haudenosaunee de la rivière Grand. William Liske, avocat général de Lesani Homes, qui, avec Ballanty Homes, sont partenaires de Foxgate, a indiqué qu'« après une année complète, il est clair que les ordonnances du tribunal (deux injonctions pour expulser les défenseurs de la terre du projet de construction ) ne seront ni honorées ni appliquées ». Foxgate maintient résolument qu'elle possède la terre selon le « régime de titres fonciers » qui n'est pas reconnu par le peuple souverain haudenosaunee qui a lutté pendant plus de 200 ans pour protéger et entretenir la terre pour lui-même et pour les générations futures.

Pendant plus de 350 jours, les défenseurs de la terre qui avaient occupé le site de construction de Foxgate Developments, le nommant 1492 Land Back Lane, ont résisté à l'État canadien, sa police et ses tribunaux et ont défendu les droits issus de traités et les droits ancestraux sur leurs terres et leur souveraineté. Plus de 256 accusations ont été portées par la police contre les défenseurs de la terre et leurs alliés, et le coût des opérations de police et de maintien de l'ordre contre les défenseurs de la terre autochtones a dépassé les 16 millions de dollars.

Le gouvernement Trudeau, qui avait le devoir d'intervenir pour aider les Haudenosaunee dans leur juste lutte a fermé les yeux lorsque le gouvernement Ford en Ontario a eu recours à la police et aux tribunaux pour intimider et criminaliser les défenseurs de la terre. Il a été également révélé que le Service canadien du renseignement de sécurité surveillait les défenseurs de la terre sous prétexte qu'ils étaient « une menace potentielle pour la sécurité nationale ». Les libéraux de Justin Trudeau ont lâchement refusé de rencontrer les Haudenosaunee pour trouver une solution politique.

La position ferme des défenseurs de la terre a forcé Foxgate Developments à annuler le projet. Kanonhstaton, où le concert d'unité Land Back Lane a eu lieu le 3 juillet, se trouve sur les anciennes terres du « Douglas Creek Estate » que les défenseurs de la terre et leurs alliés, dont les métallos de la section locale 1005 du Syndicat des Métallos, ont repris avec succès en 2006. La nouvelle de cette « deuxième victoire » a été accueillie avec beaucoup d'enthousiasme par les plus de 200 personnes qui ont assisté au concert.

Le monteur de charpentes métalliques Skyler Williams, participant à la lutte de 2006 et porte-parole des défenseurs de la terre 1492 Land Back Lane, a souhaité la bienvenue à tous au concert Land Back Lane. Il a souligné que le large soutien financier, politique et autre, ainsi que la solidarité des travailleurs et des alliés de tout le pays, ainsi que la ferme conviction des défenseurs de la terre ont mené à la victoire. Il a remercié tout le monde pour leur soutien et a souligné qu'alors que c'est « une victoire que nous célébrons aujourd'hui », la lutte continue. Skyler Williams a souligné à la presse locale que sans le consentement des Haudenosaunee, tout projet de développement se heurtera à une résistance. Il a qualifié les victoires de 2006 et de 2021 de « victoires progressives » dans une « guerre générationnelle » pour les droits des autochtones et a ajouté que le travail ne faisait que commencer. « Nous sommes au pied de la montagne », a-t-il déclaré.

Les défenseurs de la terre ont planté un petit verger d'arbres fruitiers et construit des cabanes pour l'hébergement depuis qu'ils ont repris Land Back Lane, il y a un peu moins d'u an. Lorsqu'ils ont appris que les dépouilles de 215 enfants avaient été retrouvées dans des tombes anonymes sur le terrain du pensionnat de Kamloops, les défenseurs de la terre ont planté trois pins blancs en leur honneur et ont dédié leur verger aux générations futures.

Le concert d'unité Land Back Lane a présenté des musiciens autochtones de renommée internationale, tels que Tom Wilson et Blain Bomberry, ainsi que des artistes de la parole, comme Kahsenniyo Williams et Layla Black, qui ont fermement soutenu les défenseurs de la terre et affirmé leur soutien continu dans les luttes à venir.

(Sources : correspondant de LML, APTN News, page Facebook de Land Back Lane)`

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L'esprit de 46: 75e anniversaire de la grève de Stelco de 1946

La contribution des métallos à la ville de l'acier

« Nous commémorons la grève de 1946 en appréciant la contribution des métallos à la ville de l'acier ... En 1946, les travailleurs ont ouvert une voie nouvelle à la défense de leurs droits et des droits de tous. Hamilton est le produit de cette lutte. Qui pourrait même imaginer l'existence de Hamilton sans la contribution des métallos et de leurs familles ? C'est ensemble que nous avons créé ce que nous défendons aujourd'hui. Nous avons toujours accompli notre devoir en travaillant fort et c'est pourquoi nous luttons pour nos droits. Comment pourrions-nous retourner à une époque où les travailleurs étaient considérés comme des citoyens de seconde classe et même comme moins qu'humains ? Il est inadmissible d'être utilisé, maltraité et jeté à la ferraille pour qu'une poignée d'individus puissent devenir extrêmement riches à nos dépens. Les travailleurs ne croyaient pas en cela en 1946, et l'esprit qui les animait dans la lutte à ce moment-là est le même qui les anime aujourd'hui, 65 ans plus tard. C'est quelque chose qui vaut la peine d'être célébré ! »

En tant que président de la section locale 1005 du Syndicat des Métallos, lors d'un rassemblement de masse tenu à l'occasion du 65e anniversaire de la grève de 1946.

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Nos salutations à la section locale 1005 des Métallos et à l'esprit de 46


Le peuple versus U.S. Steel, rassemblement de masse et marche à Hamilton, le 29 janvier 2011

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) transmet ses salutations les plus chaleureuses à la section locale 1005 du Syndicat des Métallos, à tous ses membres, à sa direction et à ses retraités à l'occasion du 75e anniversaire de sa fondation. Située à Hamilton, au coeur du Canada industriel, la section locale 1005 a joué et continue de jouer un rôle important dans le mouvement de la classe ouvrière.

Dès le début, en 1946, les dirigeants, les militants et les sympathisants de la section locale 1005 ont prouvé, à eux-mêmes et aux autres, qu'il était possible d'organiser un collectif de défense des travailleurs, par les travailleurs et pour les travailleurs. Ils n'ont pas demandé de permission à quelque autorité que ce soit en position de pouvoir; ils ont demandé qu'on les reconnaisse en tant que collectif de défense des travailleurs comme une question de droit. Ils ont tenu bien haut la bannière des producteurs réels avec des revendications et des réclamations concrètes découlant de leurs conditions sociales et de travail. Ils ont démontré concrètement l'importance d'avoir une organisation de défense des travailleurs indépendante de ceux qui possèdent et contrôlent les installations de production et l'État, un syndicat des, pour et par les métallos eux-mêmes.

Les métallos de 1946 ont fait preuve d'un esprit particulier lié à leur époque. Ils faisaient partie du contingent international de la classe ouvrière qui avait vaincu les hordes antiouvrières et antipeuple des nazis, des fascistes et des militaristes dirigés et manipulés par ceux qui possédaient et contrôlaient les monopoles. Les travailleurs et leurs alliés dans le monde entier se sont unis à l'Union soviétique dans un grand flot révolutionnaire pour vaincre les forces au pouvoir qui commettaient des atrocités contre les peuples.

L'essor de la révolution et l'esprit de 46 ont capté l'imagination de millions de travailleurs industriels. Aujourd'hui, cet esprit est défendu par ceux qui voient la nécessité de s'engager dans des actions avec analyse, de penser par eux-mêmes et d'organiser de façon indépendante de l'élite dirigeante. C'est la clé de la défense de nos droits et des droits de tous au Canada.


La section locale 1005 du Syndicat des Métallos organise une marche et une conférence sur l'édification nationale, à Hamilton, le Premier Mai 2010.

De l'esprit de 46 est née la lutte pour des soins de santé et l'éducation publics, pour l'assurance-chômage, les pensions pour tous et la réalisation que ces programmes sociaux ne sont pas des cadeaux de l'élite dirigeante, mais des droits et un mode de vie pour lesquels nous devons combattre et que nous devons défendre avec l'organisation et des actions avec analyse. De l'esprit de 46 est née également notre affirmation que c'est seulement par l'élimination des privilèges de classe et en investissant du pouvoir la classe ouvrière et en la plaçant en position de contrôle des affaires économiques, politiques et sociales du Canada qu'un pays moderne peut être construit, qui garantit les droits de tous et défend la même position dans l'arène internationale.

Les métallos soulèvent aujourd'hui une question importante : à quoi cela sert-il de produire tout cet acier, toute cette valeur si les producteurs réels n'ont pas leur mot à dire et pas de contrôle sur sa production et sur comment la richesse sociale est utilisée et répartie ? La réclamation des travailleurs à la valeur qu'ils produisent individuellement et socialement est leur droit en tant que travailleurs et cette réclamation est à vie et pas seulement pour la période pendant laquelle ils sont en santé, non blessés et dans la fleur de l'âge. L'État a l'obligation sociale de soutenir les réclamations des travailleurs à la valeur qu'ils produisent pendant leur vie entière. Si l'État refuse d'assumer son obligation envers la classe ouvrière, il perd alors toute crédibilité et doit être remplacé par un État moderne qui garantit les droits de tous.

Les faits qui se sont déroulés depuis 1946 ont montré que sans renouveler constamment la lutte organisée pour les droits et l'intérêt public général, ces droits peuvent être foulés aux pieds sous la pression continuelle de ceux qui possèdent et contrôlent les forces productives socialisées et l'État. Ils utilisent toute leur richesse sociale, leurs liens, leurs privilèges et leur pouvoir de classe pour promouvoir leurs intérêts privés étroits et le droit de monopole et refuser de résoudre les problèmes économiques, politiques et sociaux qui sont les conditions des crises et des guerres récurrentes.

Au coeur de l'esprit de 46 est la détermination de résoudre les problèmes d'organisation de la classe ouvrière pour défendre ses droits face à tous les obstacles. La question centrale aujourd'hui est de développer la pensée, la théorie et l'organisation indépendantes de la classe ouvrière en opposition à l'ingérence de l'élite dirigeante et de son État.

Aujourd'hui, le pouvoir des monopoles et de l'État a augmenté de façon exponentielle, ce qui a renforcé la détermination de la classe à s'organiser pour défendre ses droits et être à la hauteur des défis. À son grand mérite, la section locale 1005 a été le fer de lance du travail exigé du mouvement des travailleurs au Canada pour se renouveler afin de faire face aux obstacles et au pouvoir de l'élite dirigeante lorsque celle-ci a commencé à utiliser la frauduleuse protection de la faillite pour se débarrasser de ses responsabilités sociales envers les travailleurs et attaquer leur syndicat, leurs salaires et leurs pensions. Sous l'impulsion de la direction forte de l'exécutif de la section locale 1005 avec son président Rolf Gerstenberger, déterminée à résoudre la crise en faveur des travailleurs, et non des propriétaires, les membres et les retraités ont élaboré de nouvelles méthodes qui ont mobilisé tout le monde dans des discussions pour démystifier la désinformation intéressée, examiner les faits, considérer leurs options, décider de la ligne de conduite à adopter et mobiliser la population de Hamilton pour qu'elle soit à leurs côtés. Les réunions du jeudi étaient ouvertes à tous, toutes les questions étaient mises sur la table et examinées ensemble. Tout le monde avait le droit de s'exprimer et chacun était encouragé à formuler son propre point de vue sur la question à l'ordre du jour, sans faire du lobbying pour ou contre tel ou tel point de vue. Aucune attaque de nature personnelle n'était autorisée, ce qui permettait de s'exprimer librement sans craindre de paraître idiot ou inadéquat. Le rôle de chacun était apprécié pour aller au fond des choses et s'assurer que les intérêts de tous étaient pris en compte. Cette méthode de démocratie de masse, fondée sur la reconnaissance que tous les membres sont égaux et ont leur mot à dire, a rendu le syndicat lui-même et sa direction responsables devant les membres et a créé une force avec laquelle l'entreprise a dû compter à chaque moment.

Réunion du jeudi de la section locale 1005 du Syndicat des Métallos, le 19 janvier 2017

L'expérience de la section locale 1005 a prouvé une fois de plus que peu importe les difficultés auxquelles les travailleurs modernes font face dans la production, dans la défense de leurs droits, dans la vie ou la politique, ils sont plus que capables de trouver une solution en organisant leurs pairs par des actions avec analyse en utilisant leur propre matériel de pensée, guidés par des définitions modernes qui s'accordent avec les besoins de l'époque.

Au nom du PCC(M-L) et de tous les Canadiens engagés dans l'édification nationale, nous saluons la lutte menée par les métallos de Hamilton confrontés à l'utilisation brutale de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). Nous saluons tous les métallos, les retraités et les gens de Hamilton qui ont pris des positions audacieuses pour défendre les droits des travailleurs et les droits de tous et toutes. En renouvelant le processus démocratique, ils se sont assurés que les travailleurs puissent s'exprimer librement et aller au coeur du problème qui les confronte. Ils ont consulté toutes les parties intéressées, ont pris des positions audacieuses et se sont organisés avec succès pour obtenir des succès inspirants. Ils ont écrit un nouveau chapitre glorieux de l'histoire du mouvement des travailleurs canadiens. Félicitations !

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75e Anniversaire de la grève de Stelco de 1946

Il y a 75 ans, le 15 juillet 1946, les métallos de Hamilton, en Ontario, ont affronté le plus grand producteur d'acier du pays dans une grève cruciale pour la reconnaissance syndicale. Grâce à un solide soutien de la communauté, ils ont tenu bon pendant près de trois mois pour remporter une victoire historique le 4 octobre 1946.

Dans le monde entier, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, des centaines de millions de travailleurs et d'opprimés aspiraient au changement et le réclamaient. Le système socio-économique impérialiste était affaibli. Un nouvel État socialiste existait sur un sixième du globe. Dans les pays industrialisés, on assistait à une recrudescence des mouvements pour les droits, l'indépendance nationale et la libération nationale en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

Aux États-Unis et au Canada, le grand capital s'engraissait des profits de la guerre. L'économie de guerre ne profitait pas aux travailleurs, que ce soit au pays ou à l'étranger. Un mouvement de grève massif a éclaté, connu sous le nom de « Spirit of '46 », qui incarnait cette lutte. Aux États-Unis, selon le Bureau of Labor Statistics, au cours des 18 mois qui ont suivi, quelque 7 millions de travailleurs ont participé à la vague de grèves la plus importante et la plus soutenue de l'histoire américaine. Environ 144 millions de jours de travail ont été perdus au cours de ces 18 mois, soit plus que pendant toute la décennie des années 1980 ou 1990 et à peine moins que le total des « jours d'arrêt de travail » de ces deux décennies combinées. Au Canada, 70 688 travailleurs ont participé à 36 grèves en juin 1946[1].

L'esprit de 46 annonçait au monde entier la réclamation des travailleurs à la richesse qu'ils créent et la position de leurs collectives, y compris la reconnaissance du syndical en vertu de la loi.

Les travailleurs de l'acier de Stelco ont mené une grève historique à Hamilton, au Canada, en 1946 pour forcer le gouvernement à reconnaître leur syndicat, la section locale 1005 du Syndicat des Métallos, et pour améliorer leurs salaires et leurs avantages sociaux, ainsi que pour établir leurs pensions. Lorsque l'entreprise s'est arrangée pour que la Police provinciale de l'Ontario et la GRC attaquent les lignes de piquetage, les résidents de Hamilton de tous les secteurs se sont ralliés à la défense des travailleurs en grève. À un moment crucial de la grève, des centaines d'anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale ont défilé du parc Woodlawns jusqu'aux portes de Stelco. Le fort contingent italien des grévistes organisait souvent des buffets de masse, les hommes et les femmes préparant la nourriture pour des milliers de grévistes affamés. Un soir, plus de 6 000 dollars de dons ont été recueillis et « l'argent a servi à poursuivre la grève en fournissant davantage de nourriture et d'autres produits de première nécessité. Certains commerçants et agriculteurs locaux manifestaient leur sympathie en accordant un crédit et en donnant des tonnes de nourriture. Des artistes se rendaient régulièrement sur les piquets de grève »[2].C'était un appui public concret qui a grandement assisté les travailleurs.

En 1946, les travailleurs et leur communauté ont pu faire des gains parce que le syndicat s'est battu et qu'ils avaient le soutien d'une masse critique de travailleurs face à de grandes difficultés. Tout au long de son histoire, la section locale 1005 a fait face à des attaques constantes de la part de directeurs et de cadres supérieurs qui voulaient la démolir et imposer leur volonté aux travailleurs en toute impunité. Les travailleurs ont toujours lutté pour défendre leurs droits et les droits de tous, surtout depuis le lancement de l'offensive antisociale dont l'un des objectifs est de démanteler le syndicat, de refuser de négocier de bonne foi et de traiter les travailleurs comme des personnes non indispensables. Les métallos de Hamilton ont montré à maintes reprises que la sécurité est dans la lutte pour les droits de tous. Sur cette base, ils peuvent réussir. Ils ont inspiré le mouvement des travailleurs et tous les Canadiens à l'échelle nationale.

Notes

1. Tiré de It Started with a Whisper : A History of the 1946 Strike, publié par la section 1005 du Syndicat des Métallos le 1er janvier 1996 à l'occasion de son 50e anniversaire, page 26.

2. « The Siege of '46 », sur l'histoire de la grève de 1946 chez Stelco, qui fait partie d'une collection numérique sur l'histoire du travail et de la technologie à Hamilton et dans le district, affichée sur le site Web de l'Université McMaster, dans le cadre du programme SchoolNet Digital Collections d'Industrie Canada.

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Poème : L'esprit de 46

Le poète métallo Bill Mahoney a été déclaré poète en résidence de la section locale 1005. La photo le montre lors des célébrations du 65e anniversaire de la grève de 1946, le 23 juillet 2011 alors qu'il récite son poème « L'esprit de 46 », écrit pour l'occasion. Bill a actualisé le poème à l'occasion du 75e anniversaire de la fondation de l'Union et l'a récité spécialement pour célébrer cet important anniversaire. Le poème est traduit de l'anglais par LML.

De la lutte de 1946 l'esprit vit toujours.

Même si plusieurs de nos vétérans sont morts et nous ont quittés.
Ils ont lutté pour la justice sociale et les droits des travailleurs.
Soixante-quinze ans plus tard nous luttons encore.
Ils ont lutté pour des salaires décents, des avantages sociaux et un régime de retraite.
Une vie de travail dans la dignité pour chaque homme et chaque femme.
Montrant la voie aux autres à travers le pays.
À travers le pays, maintenant, les travailleurs sont attaqués.
Sans un syndicat fort, comment riposter ?
Les compagnies veulent votre dignité; les compagnies veulent votre fierté.
Comment allez-vous combattre ces salauds sans personne à vos côtés ?
Allez-vous ramper sur vos mains et à genoux ?
Devant les maîtres étrangers pour qu'il fassent tout ce qu'ils veulent.
Les compagnies veulent votre loyauté, votre sueur et votre sang.
Mais quand vos années de travail sont terminées, elles vous laissent à la rue.
Pour tous les gains que nous avons faits, nous avons travaillé d'arrache-pied
Si nous leur donnons un pouce maintenant elles veulent un pied.
On nous a dit que la propriété étrangère va être bonne pour nous.
Cela fait plusieurs années maintenant et nous n'avons rien vu de bon encore.
Ils veulent voler l'aîné; ils veulent voler le jeune.
S'ils ne peuvent pas réussir avec la plume ils vont essayer d'utiliser un fusil.
Le 1005 s'est tenu debout devant eux et ils ne peuvent pas le supporter.
Alors le 7 novembre, ils nous ont mis en lockout.
Nous sommes les fiers métallos de la section 1005,
Ils ne peuvent pas voler notre dignité, ils ne peuvent pas voler notre fierté.
Nous allons leur tenir tête et lutter jusqu'au bout.
Quand vous vous en prenez au 1005, vous en payez le prix.
Nous aurons de nombreux récits à dire à nos enfants;
Sur les moments passés sur les lignes de piquetage et lorsque nous avons occupé le pont.
Quand les prochaines générations parleront de notre combat,
Elles diront que nous avons eu le courage de nous tenir debout pour ce qui est juste.
Notre section locale est légendaire et notre avenir radieux
Parce que nous avons eu le courage de nous tenir debout et de lutter.




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Rassemblement de masse des travailleurs devant le siège
social de BlackRock à New York

Les mineurs de charbon de l'Alabama en grève adoptent le slogan audacieux Nous sommes un!

Des centaines de mineurs de charbon en grève de l'Alabama et leurs partisans se sont rassemblés le 28 juillet devant le siège social de l'énorme fonds spéculatif BlackRock, le principal investisseur de Warrior Met Coal, Inc. Plus de 1 100 travailleurs de deux mines de charbon Warrior Met Coal à Brookwood, en Alabama, sont en grève depuis le 1er avril pour des salaires, des avantages sociaux et des conditions de travail correspondant au travail qu'ils accomplissent. Les mineurs sont membres des sections locales 2245, 2397, 2368 et 2427 de United Mine Workers of America (UMWA), qui représentent les travailleurs de la mine numéro 4, de l'usine de traitement de la mine numéro 5, de la mine numéro 7 et de l'atelier central de la société, tous situés près de Brookwood.

Les grévistes présents au rassemblement de New York, portant des t-shirts avec les slogans « We Are One » (Nous ne sommes qu'un) et « We Are Everywhere » (Nous sommes partout), ont scandé « Pas de convention, pas de charbon ! » et « Warrior Met Coal n'a pas d'âme ! » tandis que les camions et les voitures qui passaient klaxonnaient en signe de soutien. Ils ont été rejoints par des collègues mineurs de Pennsylvanie, de Virginie occidentale, du Kentucky et de l'Ohio, ainsi que par des membres du mouvement syndical de la ville de New York. L'actrice Susan Sarandon a également apporté son soutien.

Les travailleurs ont dressé leur piquet de grève devant l'entrée des bureaux de BlackRock où ils ont parlé de leur lutte pour subvenir aux besoins de leurs familles.


« Warrior Met est la création d'un réseau ténébreux de fonds spéculatifs et de banques d'investissement new-yorkais », a déclaré le président international de l'UMWA, Cecil E. Roberts. Il a expliqué qu'en 2016, les travailleurs ont subi une réduction de salaire de 6 dollars de l'heure et une réduction de leurs avantages sociaux dans leur convention collective après que Walter Energy, qui est finalement devenu Warrior Met Coal, a déclaré faillite en 2015. « Les travailleurs ont renoncé à plus de 1,1 milliard de dollars en salaires, en prestations de soins de santé, en pensions et plus encore pour permettre à Warrior Met d'émerger de la faillite il y a cinq ans de cela. L'entreprise a bénéficié de revenus de plus de 3,4 milliards de dollars pendant cette période. Mais elle ne veut pas reconnaître les sacrifices que ces travailleurs ont consentis pour lui permettre d'exister en premier lieu. Tous ces milliards se sont retrouvés à New York pour engraisser les comptes bancaires de ceux qui sont déjà riches, a déclaré M. Roberts. BlackRock est le plus grand détenteur d'actions de Warrior Met. Nous ne faisons que suivre l'argent et nous exigeons que ceux qui ont créé cette richesse en reçoivent leur juste part. »

L'UMWA a rejeté une convention collective proposée par l'entreprise en avril, quelques semaines seulement après le début de la grève, qui aurait donné aux travailleurs une augmentation de salaire de 1,50 $ l'heure sur cinq ans. Les travailleurs exigent un salaire et des avantages sociaux correspondant à ce qu'ils recevaient avant la convention collective qui a été signée en 2016. L'offre actuelle de Warrior Met est de 2 $ d'augmentation par heure sur les cinq prochaines années. L'entreprise a récemment versé des primes aux cadres supérieurs, indique le syndicat.

« Il est grand temps d'obtenir ce que nous méritons. Nous avons sorti cette entreprise de la faillite, a déclaré un mineur en grève. Nous méritons de récupérer ce que nous avions. »

Les mineurs informent également que la société leur a imposé des conditions de travail intenables, où en plus des conditions difficiles et dangereuses auxquelles ils sont confrontés dans la mine, ils doivent être prêts à travailler sept jours sur sept, jusqu'à 16 heures par jour, et risquent d'être licenciés s'ils manquent plus de quatre jours de travail, sauf en cas de décès dans la famille.

Brian Kelly, 50 ans, mineur de troisième génération et président de la section locale 2245 de l'UMWA, a participé à la manifestation avec sa femme, ses deux filles et son petit-fils. Il a souligné que de nombreux travailleurs ont du mal à payer leurs factures médicales car les soins de santé sont devenus plus onéreux pour eux.

« Nous avons des percepteurs de dettes qui nous harcèlent de partout parce que nous ne sommes pas capables de payer ces factures, a dit Kelly. Il y avait autrefois un peu de respect pour ceux qui descendent dans la mine... et cette entreprise a justement perdu tout respect pour nous. »

L'entreprise a fait venir des travailleurs de remplacement pour briser la grève. Cependant, les travailleurs signalent que les conditions de sécurité se sont détériorées et que l'entreprise fonctionne en dessous de ses capacités, réduisant la production d'une mine et en fermant une autre. La grève a également contraint l'entreprise à interrompre le développement d'un nouveau projet, ainsi que les rachats d'actions.

Carl White, 35 ans, président de la section 2397 de l'UMWA, a déclaré que BlackRock s'aperçoit probablement « que cette entreprise n'est pas aussi performante que lorsque c'était les travailleurs syndiqués qui travaillaient dans ces mines de charbon. Nous ne demandons pas grand-chose ici, a déclaré White. Il est temps de s'asseoir à la table et de nous donner une convention collective juste et décente. »

Ce sont les travailleurs qui produisent la richesse, à partir de laquelle Warrior Met et BlackRock tirent leurs profits pharamineux par leur exploitation croissante et intenable. Pourtant, dans une déclaration à Bloomberg, Warrior Met présente le monde sens dessus dessous et décrit son existence comme étant menacée par les justes revendications des travailleurs : « Nous avons travaillé et continuerons à travailler avec l'UMWA pour parvenir à une convention collective juste et raisonnable qui offre à nos employés des conditions concurrentielles tout en protégeant les emplois et en assurant la longévité de l'entreprise. »

La manifestation à New York est une des multiples manifestations organisées par l'UMWA dans le cadre de la grève actuelle. Environ douzaine de travailleurs ont été arrêtés et accusés d'intrusion lors d'une manifestation organisée le 25 mai devant une mine de Warrior Met Coal à Tuscaloosa, en Alabama, où l'entrée a été bloquée pour empêcher les travailleurs de remplacement d'entrer et de sortir de la mine lors du changement de quart de travail.

L'UMWA indique qu'il a organisé « de nombreux rassemblements de solidarité au Tannehill State Park à Bessemer, en Alabama, afin de réunir les mineurs, les familles et les sympathisants pour discuter de l'importance de demeurer vigilants dans la lutte contre la compagnie de charbon. L'UMWA a reçu un immense soutien de la part de nos frères et soeurs syndiqués, des politiciens locaux et des communautés environnantes depuis qu'il a annoncé sa grève. »

(Avec des fichiers provenant de l'UMWA et d'agences de presse. Photos : J. Noor, AFL-CIO, CWA, RWDSU.)

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Conflits croissants entre les agences de police aux États-Unis

Le conflit entre autorité fédérale et étatique:
le département de la Justice poursuit
le gouverneur du Texas

Les conflits entre le gouvernement fédéral et le gouverneur du Texas, Greg Abbott, concernant l'autorité en matière d'immigration prend de l'ampleur. Après avoir envoyé environ 1 000 soldats de la police d'État dans la zone frontalière, le gouverneur Abbott a publié, le 28 juillet, un décret leur demandant d'arrêter les voitures « transportant des migrants qui présentent un risque de transmission de la COVID-19 ». Les défenseurs des droits des immigrants ont immédiatement protesté, affirmant que cette action ne pouvait se solder par autre chose qu'un profilage racial par les troupes de l'État. De plus, comme ils n'ont aucun moyen d'évaluer qui représente un risque, le profilage par pays d'origine serait également utilisé comme mesure. Les policiers d'État ont été habilités à arrêter les voitures qu'ils « soupçonnent » de transporter des migrants, à les obliger à retourner à leur point d'origine ou à un point d'entrée et à saisir le véhicule si le conducteur refuse.

Le 29 juillet, le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, a menacé d'intervenir, affirmant que le décret était « dangereux et illégal » et demandant au gouverneur Abbott de l'annuler. Il a déclaré que le décret « viole la loi fédérale à de nombreux égards et que le Texas ne peut pas légalement appliquer le décret contre un fonctionnaire fédéral ou des entitées privées travaillant avec les États-Unis ». M. Abbott a refusé, déclarant expressément que son « devoir demeure envers le peuple du Texas, et je n'ai pas l'intention d'y renoncer ».

Le 30 juillet, le département de la Justice a intenté une action en justice devant le tribunal de district d'El Paso. La poursuite souligne la suprématie du gouvernement fédéral en matière d'immigration. Elle affirme qu'« aucun État ne peut faire obstacle au gouvernement fédéral dans l'exercice de ses responsabilités constitutionnelles » et que le décret « interfère directement avec l'administration de la loi fédérale sur l'immigration ». Elle évoque les conflits en cours en disant que le décret « cause un préjudice aux États-Unis et aux personnes que les États-Unis sont chargés de protéger, en mettant en péril la santé et la sécurité des non-citoyens placés sous la garde du gouvernement fédéral, en mettant en danger la sécurité des agents fédéraux chargés de l'application de la loi et de leurs familles ».

Le gouvernement fédéral passe des contrats avec de nombreuses organisations religieuses et à but non lucratif pour aider à transporter les migrants, y compris les réfugiés demandeurs d'asile, vers des abris ou des gares routières, des aéroports, etc. Ce sont ces personnes et ces organisations qui sont directement visées, ainsi que l'autorité fédérale de manière plus générale. Il est également vrai que l'exécution de cet ordre pourrait signifier qu'un plus grand nombre de personnes seront contraintes de rester dans des camps de détention fédéraux, car elles ne peuvent pas être transportées.

Le président Biden utilise également la COVID-19 pour justifier l'interdiction d'entrée des réfugiés et leur retour forcé au Mexique. Ainsi, le gouvernement fédéral et les gouvernements des États violent les droits des immigrants et des réfugiés, tout en se disputant l'autorité.

Il faut garder à l'esprit que les différentes forces concernées – la garde nationale fédérale et celle de l'État, les agences fédérales, notamment les services de l'immigration et des douanes et la patrouille frontalière, les troupes de l'État du Texas et les shérifs locaux – sont toutes armées et reçoivent des ordres contradictoires. Comme l'indique la poursuite, la situation « met en danger la sécurité du personnel fédéral chargé de l'application des lois ». Même si la Cour tranche en faveur du gouvernement fédéral, cela ne signifie pas que le gouverneur Abbott s'y soumettra. Le risque de confrontation directe entre les services de police, y compris de confrontation armée, augmente considérablement.

La signification de l'envoi de la Garde nationale à la frontière du Texas par la gouverneure du Dakota du Sud

À la demande du gouverneur du Texas Greg Abbott, la gouverneure du Dakota du Sud Kristi Noem déploie jusqu'à 50 soldats de la Garde nationale de son État à la frontière sud des États-Unis. Elle a annoncé ce déploiement le 29 juin, disant répondre à l'appel du gouverneur Abbott qui souhaitait renforcer la sécurité de la frontière à l'aide de forces policières d'autres États. Le déploiement initial durera semble-t-il de 30 à 60 jours, mais la gouverneure Noem peut le prolonger et ajouter des soldats supplémentaires. Elle a également déclaré que le déploiement était payé par un particulier qui est un méga donateur milliardaire et partisan de Donald Trump et des factions dirigeantes qu'il représente. Les gouverneurs Abbott et Noem sont également des partisans de trump.

Le déploiement, bien que faible en nombre, est significatif dans la mesure où il s'agit d'États agissant indépendamment du gouvernement fédéral en matière d'immigration. Il indique que les gouverneurs, qui représentent également des factions rivales au sein des cercles dirigeants, rejettent le compromis concernant les forces armées conclu lorsque la Constitution a été écrite. Ce compromis prévoyait que les factions dirigeantes n'organiseraient pas leurs propres armées privées et accepteraient l'autorité d'une seule armée publique, l'armée continentale, qui regroupe aujourd'hui l'ensemble des forces militaires américaines sous le commandement du président, qui est le commandant en chef, et donc du Pentagone. La Garde nationale de l'État devait être mobilisée dans l'État, par exemple en cas d'ouragans, d'incendies ou autres catastrophes naturelles. Chaque État contrôle des forces armées importantes avec la Garde nationale, en plus d'importantes forces policières de l'État. C'est le gouverneur de chaque État qui commande ces forces, et non le Pentagone. Le déploiement à l'extérieur de l'État implique que le président, avec le consentement des gouverneurs, place les forces de l'État sous contrôle central, de sorte que le Pentagone en assure le commandement. Cela a été fait dans le passé, par exemple, quand un grand nombre de gardes nationaux ont été déployés en Irak et en Afghanistan, rôle habituellement réservé aux soldats en service actif.

Il y a présentement environ 4 000 soldats de différents États à la frontière, principalement des gardes nationaux placés sous l'autorité centrale, ainsi que quelques soldats en service actif. Ils ont été déployés par le président Trump en 2018 et placés sous le commandement du Pentagone, et ils y sont restés depuis, maintenant sous le commandement du président Biden.

Le positionnement de troupes sous leur commandement direct par les gouverneurs du Texas et du Dakota du Sud est un nouveau développement qui va inévitablement exacerber les conflits déjà intenses entre les différentes agences de maintien de l'ordre fédérales et étatiques, et au sein de ces agences également, en particulier lorsqu'il s'agit de la frontière sud et de l'immigration. La Californie, par exemple, a refusé d'envoyer des forces à la frontière lorsque Donald Trump l'a réclamé.

Le gouverneur Abbott a déjà déployé la Garde nationale du Texas à la frontière entre le Texas et le Mexique et la gouverneure Noem y ajoute maintenant un contingent de la Garde nationale du Dakota du Sud. Puisque ni la Garde nationale du Texas ni celle du Dakota du Sud ne sont sous le commandement du Pentagone, elles peuvent mener des activités de maintien de l'ordre, comme des arrestations et des détentions.

En plus, il existe déjà des armées mercenaires privées aux États-Unis, mais elles sont généralement restées sous le commandement du Pentagone, comme en Irak, ou d'autres agences de police fédérales. Elles représentent néanmoins une privatisation des forces armées opérant directement pour le compte des oligopoles, généralement avec l'appui et le soutien des agences gouvernementales de maintien de l'ordre. De telles forces ont été utilisées, par exemple, contre des peuples autochtones, comme les protecteurs de l'eau à Standing Rock. À cet égard, la capacité des armées privées contrôlées par les oligopoles à agir indépendamment du gouvernement fédéral, voire contre son gré, fait partie des rivalités intenses entre les factions au pouvoir.

Le danger d'une guerre civile violente augmente avec ces développements. Les factions rivales au pouvoir s'efforcent de maintenir leur domination dans des conditions où leurs mécanismes habituels d'atténuation des conflits ne fonctionnent pas, comme l'indiquent ce déploiement mais aussi l'échec des élections à aplanir les différends et le dysfonctionnement de plus en plus évident du Congrès. Elles doivent répondre aux peuples qui, partout, rejettent leur légitimité et luttent pour les droits de toutes et tous, s'unissant contre la guerre et le recours à la force.

Dans cette situation, les dirigeants et leurs médias tentent à nouveau de dépeindre le problème comme une question de choisir le « bon côté » — Biden ou Trump. Trump a déjà rendu visite au gouverneur du Texas et s'est rendu à la frontière le 30 juin, et tout est fait pour attiser les passions pour un côté ou l'autre. Les efforts unis des peuples, y compris de part et d'autre de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, comme on l'a vu à El Paso et ailleurs, montrent que c'est cette lutte pour l'affirmation du peuple qui permet d'avancer, et non le choix d'un camp parmi les dirigeants.

Les gens sont de plus en plus conscients qu'ils ne peuvent pas se permettre de « choisir un camp » comme on les y incite. Ils doivent au contraire trouver comment intervenir à leur propre avantage, sur la base des objectifs qu'ils veulent eux-mêmes donner au pays.

Les communautés frontalières de la vallée du Rio Grande au Texas organisent une assemblée publique le 30 juin 2021 pour défendre les droits de tous et protester contre la visite du mur frontalier par le gouverneur Abbott et Donald Trump ce jour-là. (LUPE)

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Le gouverneur du Texas ajoute d'autres
policiers de l'État à la frontière

Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, en plus de placer la Garde nationale du Texas sur la frontière avec le Mexique et d'avoir recours à la Garde nationale d'autres États, augmente maintenant la présence des forces policières de l'État. Il le fait au nom d'une « déclaration de catastrophe » dans la région frontalière, ce qui lui donne l'autorité de commander et d'inviter les agences de police d'État.

Abbott a expédié environ 1 000 agents du Département de la Sécurité publique du Texas (DPS) – près du quart de la force policière de l'État – dans des comtés sur la frontière ou à proximité de celle-ci. Il leur a ordonné d'arrêter les migrants entrant au pays, dont plusieurs sont des demandeurs d'asile, les accusant d'intrusion, un délit qui ne mène pas habituellement à l'emprisonnement et qui relève normalement des forces locales. Alors que ce ne sont que les « hommes non accompagnés » qui doivent être ciblés, les hommes membres d'une famille ont aussi été ciblés et envoyés à des kilomètres de la prison. D'une façon ou d'une autre, ces actions vont à l'encontre de la loi fédérale, qui requiert que ce soient les forces fédérales qui interviennent dans les questions d'immigration.

À la fin de juillet, Abbott a ordonné à la Garde nationale du Texas d'aider les policiers de l'État à faire ces arrestations. Habituellement, la Garde ne s'occupe pas du maintien de l'ordre public local. Les gardes à la frontière sont munis de fusils d'assaut. La Garde nationale fédéralisée, sous le commandement du Pentagone, est aussi armée et présente.

Le comté de Val Verde, où est située la ville de Del Rio, est l'endroit où les premières arrestations ont eu lieu. Les représentants gouvernementaux évaluent qu'il pourrait y avoir 50 arrestations par jour dans le comté de Val Verde à lui seul, et possiblement 200 par jour en août.

Le gouverneur a aussi puisé dans les fonds de l'État pour financer une clôture de frontière qui doit être érigée sur un terrain privé à la frontière près de Del Rio pour donner suite aux accusations d'intrusion. Au Texas, une intrusion criminelle requiert que la personne sache qu'elle commet une intrusion, ce qui souvent n'est pas le cas des migrants. On dit que la clôture sera suffisante pour que des accusations soient portées.

On s'attend à ce que les personnes arrêtées reçoivent des peines d'emprisonnement et qu'elles soient remises à l'Agence de l'immigration et des douanes (ICE) pour être expulsées. L'ICE a déjà demandé d'être notifiée avant que les personnes arrêtées ne soient libérées.

Les actions du gouverneur vont à l'encontre de la loi fédérale en matière des réfugiés demandant asile. Les migrants qui traversent la frontière, que ce soit aux points d'entrée ou non, et qui se rendent à la patrouille frontalière fédérale, peuvent présenter leur cas en faveur de l'asile et rester aux États-Unis. Les représentants du comté de Val Verde ont dit qu'une vaste majorité de gens traversant la frontière à Del Rio se sont immédiatement rendus pour demander asile. S'il est vrai que le gouvernement fédéral a aussi rendu l'asile plus difficile d'accès, il s'agit ici d'une ingérence de la part de forces policières d'État en immigration, qui relève du fédéral.

Déjà, les shérifs locaux s'objectent et il en est de même des forces fédérales. Le shérif du comté de Val Verde, par exemple, est intervenu en faveur d'un couple de migrants, alors que l'homme a été arrêté par des policiers de l'État et séparé de sa conjointe. Il a aussi invité les médias à assister à l'arrestation, disant que celle-ci n'était pas habituelle et qu'il ne s'agissait pas du seul exemple de familles subissant une séparation. Le shérif a appelé les représentants du DPS et a obtenu la libération de cet homme, mais des douzaines de cas vont tout de même de l'avant. L'agent de la patrouille frontalière présent a aussi soulevé des objections mais a choisi de ne pas intervenir dans ce cas particulier.

Les comtés frontaliers les plus peuplés, comme El Paso et ceux de la Vallée du Rio Grande, ont refusé la requête d'Abbott d'envoyer plus de policiers dans les régions. Les représentants locaux maintiennent qu'il n'y a pas eu augmentation d'activités criminelles dans leurs comtés qui justifierait une déclaration de catastrophe et une augmentation de présence policière. On ne peut dire si Abbott va envoyer des forces en dépit de leurs objections.


Des soldats tendent des fils barbelés à la frontière entre McAllen, au Texas, et Hidalgo, au Mexique, le 12 novembre 2018.

Avec tant de forces différentes dans la mêlée – la patrouille frontalière fédérale et l'Agence de l'immigration et des douanes (ICE), la Garde nationale fédérale et d'État, dont certaines sont contrôlées par le Pentagone et d'autres par l'État ou le gouverneur, et un nombre encore plus élevé de policiers d'État, de shérifs et de représentants locaux – le potentiel de conflit entre elles est énorme. Cela crée une situation où aucune autorité n'existe. C'est un nouvel exemple de comment la gouvernance est devenue dysfonctionnelle et de l'incapacité des forces gouvernantes aux niveaux fédéral, d'État et local de régler leurs conflits. Cela crée les conditions d'une guerre civile violente qui met en danger la vie de tous.

Les résidents du Texas et le long des frontières ont rejeté la militarisation de leurs villes et de la région frontalière et s'opposent en même temps à la criminalisation des migrants. De nombreuses organisations, dont certaines travaillent des deux côtés de la frontière, s'organisent pour renforcer l'unité de tous ceux et celles qui luttent et intensifient la lutte pour la justice et la défense des droits de tous, qui est le fondement de la sécurité du peuple.

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Inde

La lutte des fermiers pour les droits de tous se poursuit sans relâche

Les fermiers tiennent leur Kisan Sansad (Parlement des fermiers) à Jantar Mantar à New Delhi.

La lutte des fermiers en Inde pour abroger les trois lois anti-fermiers et pour leurs droits se poursuit sans relâche, alors que de plus en plus d'initiatives sont prises par les fermiers et que les efforts du gouvernement pour les vaincre connaissent un échec après l'autre.

Le 22 juillet, les fermiers ont inauguré un Kisan Sansad (Parlement des fermiers) près du parlement indien pour discuter en plein air des problèmes des fermiers et des lois anti-fermiers. Le Kisan Sansad a débuté avec une minute de silence en hommage aux 560 fermiers qui sont morts pendant les manifestations dans les campements. Ensuite, les fermiers ont expliqué une des lois article par article et comment elle s'attaque aux fermiers. Les orateurs ont souligné que ces lois engendreront la misère pour tout le peuple en mettant les aliments hors de sa portée. Les représentants des fermiers ont dit que ce parlement parallèle de fermiers et du peuple discute des préoccupations du peuple, tandis que le parlement de l'autre côté de la rue agit contre les intérêts des fermiers et du peuple. À chaque jour, 200 fermiers appartenant à 40 syndicats de fermiers en provenance des campements participent à ce parlement. Le parlement des fermiers sera ouvert aussi longtemps que durera la session de la mousson au parlement, ont-ils dit.

Le 26 juillet, le Parlement des fermiers a été convoqué par 200 femmes provenant des quatre coins de l'Inde. Arborant les couleurs des fermiers, elles ont discuté de la Loi sur les produits essentiels qui autorise l'entreposage illimité de denrées essentielles et laisse le peuple à la merci des grands monopoles qui achètent à bas prix, stockent les denrées pour ensuite les vendre à des prix très élevés. Les femmes ont analysé les conséquences de cette loi et l'ont condamnée.

Les femmes se réunissent à Kisan Sansad, 26 juillet 2021.

Les fermiers ont annoncé la Mission Uttar Pradesh et Uttarakhand qui va transporter le mouvement des fermiers aux villages de ces deux États. Ils organiseront des discussions publiques sur les lois agricoles dans chacun des villages et appelleront le peuple à défaire le parti au pouvoir.

Sous la pluie battante, le Parlement des fermiers a continué de discuter des préoccupations du peuple et des lois anti-fermiers, tandis que les partis de l'élite dirigeante poursuivaient leur cirque au sein des édifices parlementaires à Delhi, le moulin à paroles des riches. Les fermiers ont annoncé qu'un monument commémoratif pour les plus de 560 fermiers qui sont décédés sur les frontières de Delhi au cours des huit derniers mois sera érigé à la frontière de Singhu.

Après que les fermiers ont donné un statut de « whip populaire » aux membres du parlement qui appartiennent aux partis d'opposition, ces derniers ont lancé des slogans en appui aux fermiers à l'ouverture de la session de la mousson qui a été ajournée pour une journée. Les fermiers ont mis de l'avant le slogan Chuppi Chhodo Ya Kursi Chhodo. (Brisez le silence ou laissez votre siège). Dans le but de tromper le peuple une fois de plus, les dirigeants d'Akali Dal, du Parti du Congrès et d'autres ont manifesté à l'extérieur de l'entrée du parlement sous la pression exercée par le mouvement des fermiers.

Les Indiens non-résidents partout dans le monde ont organisé une nuit à la belle étoile dans plusieurs pays en appui aux fermiers de l'Inde. Des centaines de personnes ont passé la nuit à Times Square à New York, Trafalgar Square à Londres et dans plusieurs pays du monde. À chaque jour de la semaine, des rassemblements, des réunions et des manifestations ont lieu aux quatre coins du globe. À Boston, un rassemblement se tient tous les samedis en appui aux fermiers de l'Inde.

Une étude menée par l'ancien conseiller économique en chef du gouvernement Modi, qui est professeur à l'Université Harvard, a indiqué que les décès en Inde dus à la COVID pourraient être 10 fois plus élevés qu'ils ne l'ont été officiellement déclarés. « Les décès réels seraient plutôt de l'ordre de plusieurs millions et non de centaines de milliers, faisant de cette pandémie la pire tragédie humaine à sévir en Inde depuis la partition et l'indépendance », selon le rapport. La désinformation, la fraude et la tromperie sont la norme en ce qui concerne le modus operandi du gouvernement indien. Un ministre du cabinet Modi a même prétendu dans la Chambre haute du parlement que personne n'est décédé en Inde par suite d'un manque d'oxygène.

Le 31 juillet, les fermiers et les Indiens non-résidents partout dans le monde ont commémoré le 81e anniversaire du martyr de Shaheed Udham Singh. Udham Singh a été pendu le 31 juillet 1940 dans la prison de Pentonville en Angleterre pour avoir tué Michael O'Dwyer, connu comme le boucher du Pendjab. O'Dwyer était lieutenant-gouverneur du Pendjab losqu'il a ordonné le massacre de Jalianwala Bagh à Amritsar en 1919, tuant des milliers de personnes de sang froid. Partout dans le monde, la vie et l'oeuvre d'Udham Singh continuent d'inspirer la jeunesse et d'autres en Inde et dans d'autres régions du globe.

Après avoir tué O'Dwyer, Udham Singh s'est rendu aux policiers en déclarant : « [...] Depuis plus de 21 ans, je recherche la vengeance. Je suis heureux d'y être arrivé. Je ne crains pas la mort. Je meurs pour mon pays. J'ai vu mon peuple mourir de faim en Inde sous le pouvoir britannique. Je m'y suis opposé, c'était mon devoir. Y a-t-il un plus grand honneur pour moi que celui de mourir pour ma patrie ? »

La déclaration d'Udham Singh devant les tribunaux a été classifiée par le gouvernement britannique après le procès et déclassifiée seulement en 1996. Il a déclaré en cour : « Me voilà debout devant un jury anglais. Je suis dans une cour anglaise. Des gens comme vous vont en Inde et lorsque vous en revenez, on vous accorde un prix et on vous place dans la Chambre des communes. Nous venons en Angleterre et nous sommes condamnés à mort [...] lorsque vous, sales chiens, viendrez en Inde, le jour viendra où vous serez rayés de l'Inde. Tout votre impérialisme britannique sera défait. »

« Les mitrailleuses dans les rues de l'Inde fauchent des milliers de femmes et d'enfants pauvres partout où votre soi-disant drapeau de la démocratie et de la chrétienté est hissé. »

« Vos agissements, vos agissements — je parle ici du gouvernement britannique. Je n'ai absolument rien contre le peuple anglais. J'ai plus d'amis anglais vivant en Angleterre que j'en ai en Inde. J'éprouve une grande sympathie pour les travailleurs de l'Angleterre. Je suis contre le gouvernement impérialiste ».

« Vous, les travailleurs, vous souffrez. Tout le monde souffre en raison de ces sales chiens, de ces bêtes déchaînées. L'Inde n'est qu'esclavage. Tuer, mutiler et détruire — voilà ce qu'est l'impérialisme britannique. Les gens ne lisent pas cela dans les journaux, mais nous, nous savons ce qui se passe en Inde. »

Les fermiers dans les campements autour de Delhi ont commémoré l'anniversaire du martyr d'Udham Singh en rendant hommage à sa vie et à son oeuvre. Plusieurs fermiers ont exhorté le peuple à émuler la détermination d'Udham Singh.

Le 28 juillet 2021 était le 51e anniversaire de l'assassinat de Baba Bujha Singh à l'âge vénérable de 82 ans. Il a été tué par l'État indien lors d'un coup monté aux petites heures du matin. Bujha Singh était le dirigeant des fermiers, des communistes et du parti Ghadar. À ce jour, personne n'a été puni pour ce meurtre sanctionné par l'État.

Des milliers de jeunes hommes et de vieux dirigeants ont été tués par le gouvernement du Congrès à Delhi dans les années 1970 lors de coups montés. Institutionnalisés par le parti du Congrès, ils ont été mis à exécution par le CPI(M), Akalis, le BJP ainsi que par d'autres partis gouvernementaux. Le génocide perpétré au Penjab dans les années 1980 et 1990 a été appuyé par l'ensemble du système de partis du gouvernement. Plusieurs personnes ont rappelé les similarités entre le meurtre du père Stan Swamy et celui de Baba Bujha Singh. Les fermiers ont rendu hommage à Baba Bujha Singh lors d'une réunion commémorative organisée dans son village, où est érigé un monument à sa mémoire.

Le 28 juillet était aussi le 49ème anniversaire du meurtre en prison de Charu Mazumdar, secrétaire général du Parti communiste de l'Inde (marxiste-léniniste), avant que ce parti ne se scissionne en plusieurs factions après son décès. Il a été tué en prison par le gouvernement indien après son arrestation à Kolkata sans qu'aucune accusation ne soit portée contre lui et sans la tenue d'un procès. Au milieu des années 1960, Charu Mazumdar a écrit huit articles analysant la société indienne et l'État qui ont inspiré des millions de paysans qui se sont soulevés contre leur oppression et ont été brutalement réprimés. Il a analysé que le peuple de l'Inde, qui a versé des rivières de sang pour s'affranchir des Britanniques, n'avait pas atteint ce pour quoi il avait combattu. L'État indien antipeuple est au service des grands monopoles et des grands propriétaires, a-t-il souligné. À leur grande honte, aujourd'hui certains qui se proclament des disciples de Charu Mazumdar crient que la démocratie en Inde est « la plus grande réalisation du mouvement pour l'indépendance ».

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