Élections ou pas
Des sujets de préoccupation pour le corps
politique
• Défendons
les droits de toutes et tous
et faisons du Canada une zone de paix!
• Le
spectre des élections de la cyberguerre et la
nécessité
de faire du Canada une zone de paix
- Anna Di Carlo -
• Le Canada se joint aux
allégations de cyberattaques et
aux préparatifs de guerre des États-Unis
- Pauline Easton -
• Les
dépenses d'infrastructure pour maintenir les
privilèges
et le contrôle de classe et intégrer davantage
le Canada à l'économie
de guerre des États-Unis
- Barbara Biley -
À titre d'information
• Mise à jour de la
COVID-19 au Canada
Félicitations aux défenseurs du 1492 Land Back
Lane
• Les
Haudenosaunee de la rivière Grand remportent
une autre bataille territoriale
- Philip Fernandez -
L'esprit de 46: 75e anniversaire de la grève de
Stelco de 1946
• La
contribution des métallos à la ville de l'acier
- Rolf Gerstenberger -
• Nos
salutations à la section locale 1005 des
Métallos
et à l'esprit de 46
• 75e
Anniversaire de la grève de Stelco de 1946
• Poème
: L'esprit de 46
- Bill Mahoney -
Rassemblement de masse des travailleurs devant le
siège
social de BlackRock à New York
• Les
mineurs de charbon de l'Alabama en grève
adoptent le slogan audacieux Nous sommes un!
Conflits croissants entre les agences de police
aux États-Unis
• Conflit entre autorité
fédérale et étatique: le département
de la Justice poursuit le gouverneur du Texas
- Kathleen Chandler -
• Le
gouverneur du Texas ajoute d'autres policiers
de l'État à la frontière
Inde
• La lutte des fermiers
pour les droits de tous se poursuit sans relâche
- Jaspal Singh -
Élection ou pas
Des sujets de préoccupation pour le corps
politique
Les spéculations vont bon train quant au
déclenchement prochain d'une élection fédérale.
Pendant ce temps, le premier ministre Justin
Trudeau continue d'insister sur le fait qu'il ne
veut pas d'élections, même s'il parcourt le pays
en utilisant sa position de premier ministre pour
faire des cadeaux pour attirer des votes au Parti
libéral, tout en se plaignant que l'opposition
rend le parlement dysfonctionnel. Il fait comme si
tous les partis à la Chambre, y compris le Parti
libéral, n'avaient pas voté une motion contre le
déclenchement d'une élection pendant la pandémie.
Malgré les preuves du contraire, tout est fait
pour dire que la pandémie est terminée et que la
vie reprend son cours normal. Tel est le cynisme
de la classe dirigeante qui manipule des questions
aussi importantes que l'élection d'un nouveau
gouvernement d'une manière qui sert ses propres
intérêts.[1].
Cela est une source d'anxiété et de confusion,
car la plupart des rapports indiquent que la
pandémie n'est pas terminée et que les cas de
variants du coronavirus à l'origine de la pandémie
de COVID-19 augmentent dans certaines régions du
pays, notamment en Colombie-Britannique, en
Alberta et dans le nord de la Saskatchewan. De
plus, le pourcentage de personnes qui ont été
vaccinées varie beaucoup d'une province et d'une
région à l'autre. Le 29 juillet, l'Agence de la
santé publique du Canada a signalé que « la
moyenne d'aujourd'hui pour les sept derniers jours
est de 594 cas signalés quotidiennement du 22 au
28 juillet, ce qui démontre une augmentation de 39
% par rapport à la semaine précédente ». Les
professionnels de la santé mettent en garde contre
une quatrième vague. Au cours de la dernière
semaine de juillet, une éclosion a été déclarée
dans la région de l'Okanagan en
Colombie-Britannique, ce qui a entraîné le retour
à des directives de santé publique plus strictes.
La CBC a rapporté le 28 juillet que le Grand Nord
de la Saskatchewan avait enregistré 220 cas de
COVID-19 pour 100 000 habitants la semaine
précédente, alors que le taux national n'était que
de 8 pour 100 000 personnes, et que la situation
s'est depuis aggravée.
En plus des problèmes que la pandémie pose à tout
le monde, des milliers de personnes dans l'Ouest
ont été déplacées ou font l'objet d'avis
d'évacuation en raison des feux de forêt et des
inondations. En Colombie-Britannique, la chaleur
extrême, la sécheresse et les conditions de
sécheresse extrême sont loin d'être terminées. Les
feux de forêt font également rage en Ontario,
créant un smog qui emprisonne la chaleur et
affecte la respiration. Ce smog a gagné le sud de
l'Ontario et l'ouest du Québec.
La fumée des feux de forêt à Prince George, 1er
août 2021
C'est dans ces conditions que les spéculations
sur le déclenchement imminent d'une élection se
poursuivent sans relâche. Une élection dans les
conditions de la pandémie, sous des directives de
Santé publique qui, dans les régions où il y a des
éclosions et une augmentation des cas, limitent
les rassemblements publics et les contacts de
personne à personne, et qui sont différentes dans
chaque région du pays, signifie une plus grande
inégalité encore entre les partis et les
candidats. Les partis et les candidats disposant
de gros coffres de guerre achèteront de la
publicité, tandis que les candidats qui comptent
sur les bénévoles et le porte-à-porte seront
encore plus marginalisés. Le déni du droit des
citoyens à un vote éclairé est une affaire qui va
de soit maintenant. Ce nouveau mépris pour le
corps politique est honteux.
La préparation de
l'élection et le mépris pour le peuple sont on ne
peut plus évidents dans la récente série
d'annonces de financement du premier ministre
Justin Trudeau qui sillonne présentement le pays,
de la Colombie-Britannique à
Terre-Neuve-et-Labrador. La Colombie-Britannique a
été la première province à signer une entente de
partage des coûts à parts égales avec le
gouvernement fédéral pour avoir accès à une partie
des 27,2 milliards de dollars annoncés dans le
budget fédéral pour les services de garde
d'enfants.
Cette annonce du 8 juillet a été faite à la suite
de celle faite par le premier ministre le 5
juillet à Sault-Sainte-Marie, selon laquelle le
gouvernement fédéral verserait 420 millions de
dollars à Algoma Steel Inc. pour l'achat
d'équipement de pointe afin de soutenir sa
transition vers la production par four à arc
électrique et l'élimination progressive de la
fabrication d'acier au charbon.
Le 14 juillet, le ministre des Transports a
annoncé un financement supplémentaire de 1,9
milliard de dollars pour le Fonds national des
corridors commerciaux, qui permettra de veiller «
à ce que le réseau de transport du Canada soit
bien placé pour attirer d'autres investissements
du secteur privé ». L'annonce du ministre
soulignait que 15 % du financement renouvelé est
consacré aux régions de l'Arctique et du Nord.
Le même jour, Justin Trudeau était en Gaspésie,
au Québec, où il a annoncé une contribution de 25
millions de dollars à un projet conjoint avec le
gouvernement du Québec et une filiale danoise de
General Electric pour l'expansion d'une usine
d'éoliennes afin de produire des pales pour les
marchés américain et européen. Le 15 juillet, il a
annoncé que les gouvernements du Québec et du
Canada accordent jusqu'à 685 millions de dollars
aux entreprises aérospatiales établies au Québec,
notamment Pratt & Whitney Canada, Bell Textron
Canada et CAE.
Lors du passage du premier ministre dans les
Maritimes les 27 et 28 juillet, son bureau a
annoncé des ententes sur les services de garde
d'enfants avec l'Île-du-Prince-Édouard et
Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi qu'une entente de
5,2 milliards de dollars avec
Terre-Neuve-et-Labrador pour terminer la
construction du projet hydroélectrique de Muskrat
Falls, dont le coût est passé de 7,2 milliards à
plus de 13 milliards de dollars.
Une annonce de 400 millions de dollars pour
l'aciérie ArcellorMittal Dofasco à Hamilton a été
faite le 30 juillet et des millions de dollars de
financement pour des projets dans les aéroports,
le transport en commun et d'autres projets dans
différentes villes du pays ont été annoncés les 28
et 29 juillet.
Dans un
autre stratagème cynique pour gagner des voix, le
gouvernement Trudeau a annoncé le 26 juillet de
nouvelles réglementations « pour améliorer la
protection des travailleurs étrangers temporaires
», qui est en réalité un plan pour assurer
l'approvisionnement de l'agrobusiness en
main-d'oeuvre migrante non protégée et bon marché.
Les avantages éventuels pour les travailleurs sont
accessoires aux plans gouvernementaux visant à
payer les riches, comme les 50 millions de dollars
donnés aux monopoles de l'agrobusiness l'année
dernière pour la quarantaine obligatoire de 14
jours pour les travailleurs agricoles migrants
entrants, et les 35 millions de dollars de plus
cette année en soutien d'urgence à la ferme pour
améliorer leurs conditions de vie.
Chacune des annonces de ces projets qui ont pour
objet de payer les riches avec les fonds publics a
été formulée dans le langage de l'« économie verte
», de la création d'emplois, du soi-disant
programme féministe de Justin Trudeau et du
soutien aux familles de travailleurs. Un simple
coup d'oeil à ces programmes montre qu'il s'agit
en fait de stratagèmes pour payer les riches avec
un mépris total pour le bien-être des Canadiens et
des Québécois.
Les demandes répétées des responsables
d'Élections Canada pour que la Loi électorale soit
modifiée en prévision d'une élection pendant la
pandémie, afin d'offrir des conditions optimales
aux travailleurs électoraux et aux électeurs, ont
été rejetées. Le déclenchement d'une élection dans
ces circonstances est imprudent et irresponsable
et mettra à risque la santé et la vie des
électeurs et des travailleurs électoraux, dont
beaucoup sont des personnes âgées.
Pour le premier ministre, le déclenchement
d'élections en août serait le summum du calcul
électoraliste, fondé uniquement sur la perspective
de l'obtention d'une majorité de sièges par les
libéraux, quoiqu'il en coûte. Ce serait
l'expression d'un mépris total pour le peuple et
montrerait que tous les discours du type « nous
sommes là pour vous » ne sont rien d'autre que des
postures pour obtenir des votes.
Les Canadiens doivent se préparer à intervenir
dans cette élection d'une manière qui favorise
leurs intérêts. Peu importe la propagande utilisée
pour créer des illusions sur qui est populaire et
qui ne l'est pas, élections ou pas, intensifions
les efforts pour défendre les droits de toutes et
tous et pour faire du Canada une zone de paix !
Note
1. Lors d'un vote à la
Chambre des communes le 25 mai, tous les députés
de tous les partis présents, y compris Justin
Trudeau, ont voté en faveur d'une motion du Bloc
québécois visant à dénoncer la tenue d'une
élection pendant la pandémie et à convenir que
le gouvernement a la responsabilité d'en
empêcher le déclenchement. Le seul vote
dissident était celui du député indépendant
Derek Sloan. Pourtant, des rapports provenant
d'initiés lors d'une réunion du Parti libéral
pour les candidats, les directeurs de campagne
et les présidents d'associations de
circonscription le 19 juillet ont amené les
participants et les médias à spéculer que
l'élection pourrait être déclenchée dès la
mi-août. Le directeur de campagne libéral Azam
Ishmael leur aurait dit de « commencer à
chercher un bureau de campagne, d'aller chercher
un bureau de campagne » et qu'un bail de deux
mois serait une « bonne idée ».
- Anna Di Carlo -
Les Canadiens ont été informés que la 44e
élection générale sera surveillée par les services
de police et de renseignements nationaux et
étrangers, ainsi que par les plateformes mondiales
de médias sociaux et diverses ONG financées par
l'État, à la recherche de signes de ce qu'ils
appellent des activités étrangères ou influencées
par l'étranger. Le 16 juillet, pour justifier la
nécessité d'une telle surveillance, le Centre de
la sécurité des télécommunications (CST) a publié
son troisième rapport depuis 2017 sur ce qu'il
appelle la menace pour le processus démocratique
du Canada, qu'il définit comme comprenant « les
électeurs, les partis politiques et les élections
». Le rapport cite la Russie, la Chine et l'Iran
comme des « États adversaires ».
Ce rapport reprend
les mots exacts qu'il a utilisés en 2017 pour
expliquer pourquoi le Canada est une cible. Le CST
affirme que le Canada joue « un rôle actif au sein
de la communauté internationale en participant à
d'importants forums multilatéraux, notamment
l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord
(OTAN), l'Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE), le Groupe des 20
(G20) et le Groupe des 7 (G7). »
« Les choix du gouvernement du Canada en matière
de politique étrangère, de déploiements
militaires, d'accords commerciaux et
d'investissements, de relations diplomatiques,
d'aide internationale ou de politique sur
l'immigration intéressent les autres États. La
position du Canada sur une question peut avoir une
influence sur les intérêts fondamentaux d'autres
pays, de groupes étrangers et de particuliers. Des
auteurs de menace pourraient utiliser des
cyberoutils pour cibler le processus démocratique
du Canada dans le but de modifier les résultats
des élections, d'influencer les choix des
décideurs politiques et les relations du
gouvernement avec ses partenaires étrangers et
nationaux ou de nuire à la réputation du Canada à
l'échelle mondiale », indique le rapport du CST.
Une question qui vient à l'esprit et qui semble
évidente est la suivante : comment peut-on «
modifier » les résultats d'une élection à moins
qu'il ne s'agisse d'un résultat acquis d'avance ?
De quels « résultats » le CST parle-t-il ?
S'agit-il de l'intégration continue du Canada dans
la machine de guerre américaine et du rôle joué
par les organisations supranationales au service
du contrôle étatique de l'oligarchie sur
l'économie et les relations internationales ? À
quoi le CST fait-il référence exactement ?
Les
élections sont censées être l'occasion pour les
Canadiens de décider eux-mêmes de la politique
intérieure et étrangère qu'ils veulent. Ils
devraient être libres de défendre la vision qu'ils
jugent appropriée pour le pays, notamment le
retrait du Canada de l'OTAN et la nécessité de
démanteler l'OTAN, l'opposition aux diverses
alliances mondiales néolibérales et aux accords
commerciaux, à l'intégration actuelle du Canada
dans la machine de guerre des États-Unis, aux
conceptions intéressées des droits tant au pays
qu'à l'étranger, à la nécessité d'un renouveau
politique pour remplacer l'ordre constitutionnel
actuel par un ordre décidé par le peuple par un
processus démocratique choisi par le peuple et
ainsi de suite. Pourront-ils le faire sans être
pris pour cible et transformés en agents présumés
d'un « État adversaire » – autre que le nôtre,
bien sûr ?
Le rapport du CST déclare que la prochaine
élection fédérale sera marquée par la promotion de
relations hostiles avec les pays que le CST
considère comme des États adversaires qui mettent
en danger la démocratie et le mode de vie du
Canada. Le sous-entendu est que l'État canadien
s'attend à ce que les gens se rangent derrière les
pays de l'alliance de l'OTAN contre les « États
adversaires ».
« Conformément à ce que nous avons présenté dans
Le point sur les cybermenaces contre le
processus démocratique du Canada en 2019,
nous estimons que, s'ils sont motivés par un
objectif stratégique, un nombre croissant
d'adversaires étrangers possèdent les cyberoutils,
la capacité organisationnelle et une compréhension
suffisante du paysage politique canadien pour
mener des activités en ligne contre des élections
fédérales futures. Selon nos observations, il est
très probable que les électeurs canadiens feront
face à une forme quelconque d'activités
d'ingérence étrangère en ligne avant et pendant la
prochaine élection fédérale. »
Le rapport affirme que « l'Internet est truffé
d'information fausse et trompeuse » et que son
évaluation « se penche principalement sur les
activités d'influence étrangère en ligne ».
« Ce genre d'activité d'influence se produit
lorsque des auteurs de menace étrangers manipulent
secrètement l'information diffusée en ligne,
souvent au moyen de cyberoutils, pour influencer
l'opinion et le comportement des électeurs. Nous
définissons l'ingérence étrangère comme une
activité secrète, trompeuse ou coercitive menée
par un auteur étranger contre un processus
démocratique pour servir des objectifs
stratégiques. L'ingérence étrangère en ligne
comprend à la fois les cybermenaces menées par des
auteurs étrangers et des activités d'influence
étrangère en ligne. »
« Nous considérons qu'il est improbable pour
l'instant que le Canada soit visé par une campagne
d'ingérence étrangère de la même ampleur que
l'activité parrainée par un État et menée contre
les élections américaines », conclut-il.
Le rapport prévoit également que si une élection
a lieu avant la fin de la pandémie de COVID-19, «
il est presque certain que les partis politiques
et les candidats mèneront davantage d'activités de
campagne sur Internet et utiliseront plus d'outils
en ligne qu'auparavant » et croit que ces
activités « feront très vraisemblablement l'objet
de cybermenace ». Il ajoute qu'il est « très
improbable que cette cybermenace s'inscrive dans
une campagne sophistiquée menée précisément contre
un parti politique ou un candidat ».
Le CST suit désormais le modus operandi
des agences de renseignement américaines qui
affirment que si rien ne se produit, cela montre
qu'elles font du bon travail pour empêcher que
quelque chose ne se produise. La prédiction du CSE
concernant l'ingérence étrangère dans les
élections de 2019 ne s'est pas concrétisée et le
CSE affirme que c'est parce que le travail de la
police secrète était manifestement efficace. Le
CSE affirme que de nombreux progrès ont été
réalisés dans la lutte contre les cyberattaques
potentielles contre le processus
démocratique. En référence aux élections
américaines, il écrit : « Aucune étude
méthodique n'a encore été menée sur l'efficacité
de ces mesures, mais une comparaison des élections
américaines de 2016 et de 2020 porte à croire
qu'on peut atténuer les efforts déployés par les
États hostiles pour influencer les processus
démocratiques en prenant divers moyens, notamment
en cernant les éventuelles campagnes d'influence
étrangère en ligne et en attirant l'attention du
public sur celles-ci, en renforçant la posture de
cybersécurité des organismes participant aux
élections et en améliorant la réaction des médias
sociaux aux activités malveillantes sur leur
plateforme. »
C'est pitoyable comme argument pour remettre en
cause la liberté d'expression, qui est un droit
humain. Les tactiques d'intimidation et de peur
n'ont aucune justification, aussi élevés que
soient les idéaux invoqués par les forces de
l'ordre. À cet égard, les agences
d'espionnage canadiennes indiquent qu'elles
opèrent en coordination avec les agences du Groupe
des Cinq, composé des États-Unis, de la
Nouvelle-Zélande, de l'Australie, du Royaume-Uni
et du Canada, tandis que des organismes de
surveillance supranationaux spéciaux de l'OTAN et
du G7 sont également en place, y compris le
mécanisme de réaction rapide du G7 hébergé par
Affaires mondiales Canada[1].
Pour prendre des décisions basées sur ce que
disent avoir décelé ces agences, un groupe spécial
de cinq hauts fonctionnaires entrera en fonction
dès l'émission du décret électoral. Il aura pour
tâche de recevoir des informations des agences de
renseignement, conformément à une directive du
Cabinet libéral intitulée Protocole public en cas
d'incident électoral majeur, qui les charge
d'informer la population canadienne « des
incidents pouvant menacer la tenue d'élections
libres et justes au pays ». Mis en place par les
libéraux avant les élections fédérales de 2019, le
groupe est composé du greffier du Conseil privé,
du conseiller en matière de sécurité nationale et
de renseignement du premier ministre et de
sous-ministres des ministères de la Justice, de la
Sécurité publique et des Affaires étrangères.
Avant de faire une annonce publique, le Panel
consulte les représentants des partis politiques
ayant des sièges à la Chambre des communes.
Dans cette optique, le CST informe que « les
auteurs de menace ont de nombreuses occasions de
s'en prendre aux processus démocratiques, mais il
est important de souligner les progrès importants
accomplis ces dernières années pour protéger la
démocratie à travers le monde, entre autres les
efforts déployés par les gouvernements, des
organisations non gouvernementales, des organismes
de recherche, la société civile, les médias
traditionnels, les médias sociaux et des
entreprises spécialisées dans la technologie afin
d'améliorer les pratiques de cybersécurité, de
sensibiliser et d'intervenir rapidement en cas
d'incidents. Par exemple, le Canada a mis en
oeuvre une vaste gamme de mesures, y compris des
dispositions législatives (p. ex. la Loi sur
la modernisation des élections), des accords
avec des entreprises de médias sociaux, ainsi que
plusieurs initiatives permettant d'améliorer les
mécanismes de communication et de partage de
l'information entre Élections Canada, les
organismes canadiens de la sécurité et du
renseignement, d'autres ministères, les partis
politiques et les électeurs. »
Le CST salue le rôle accordé aux sociétés de
médias sociaux et à diverses organisations dans la
surveillance du discours politique sur le Web. Il
indique que les mesures qui peuvent traiter les
contenus et les comptes suspects comprennent :
« - déclasser le contenu douteux (c.-à-d. le
contenu qui contrevient presque aux lignes
directrices communautaires) ;
« - fermer les comptes non authentiques ;
« - embaucher du personnel pour filtrer les
publications et enquêter sur les cas de
malfaisance ;
« - collaborer avec des organismes de vérification
des faits et de recherche ;
« - signaler ou déclasser le contenu trompeur ;
« - diriger les utilisateurs vers des sources
fiables. »
La croissance des cybermercenaires privés et les
fausses revendications d'attributions
Le CST utilise le langage des agences de
renseignement sur les « probabilités » et les «
possibilités » de déterminer la source de
cyberattaques imaginaires et réelles. Tout en
affirmant que la Russie et la Chine sont les
principaux auteurs de cyberattaques, le CST
affirme que les acteurs hostiles peuvent également
inclure « les cybercriminels qui essaient de faire
de l'argent et les amateurs de sensations fortes
qui cherchent à relever un défi ou à obtenir de la
notoriété » qui, selon lui, « peuvent aussi cibler
les processus démocratiques du Canada ». Il
affirme que « bien que ces activités n'aient pas
une orientation stratégique, elles ont quand même
une incidence sur le fonctionnement des processus
démocratiques et la perception des électeurs en ce
qui a trait à la sécurité, à la légitimité et à
l'impartialité des résultats ». Il n'aborde pas la
question de savoir comment l'intervention des
agences de renseignement sur la base
d'informations secrètes et de critères inconnus a
« une incidence sur le fonctionnement des
processus démocratiques et la perception des
électeurs en ce qui a trait à la sécurité, à la
légitimité et à l'impartialité des résultats ».
Le CST reconnaît également la difficulté, voire
l'impossibilité, de déterminer la source d'une
cyberattaque, ce qu'il sait bien étant donné que
le CST est lui-même impliqué dans des
cyberattaques. Pour commencer, il fait référence à
l'industrie florissante de la cyberguerre. Le CST
affirme que « le développement des marchés
commerciaux pour les cyberoutils et les talents a
permis de réduire le temps nécessaire aux États
pour établir des cybercapacités et d'augmenter le
nombre d'États qui se sont dotés de
cyberprogrammes. Alors que de plus en plus d'États
ont accès à des cyberoutils, ceux qui voulaient
cibler les processus démocratiques sans disposer
des capacités nécessaires pour le faire peuvent
maintenant entreprendre ce type de cyberactivité
plus facilement. La prolifération de
cyberprogrammes soutenus par les États rend les
choses plus difficiles lorsque vient le moment de
repérer les activités de cybermenace, de les
attribuer à leurs auteurs et de se défendre contre
celles-ci de façon plus générale ».
Il note également que « des entreprises privées
sont de plus en plus nombreuses à offrir des
services d'influence en ligne à des gouvernements
et à des auteurs politiques ». Une étude menée à
Oxford en 2020 a cerné 48 cas où des entreprises
privées se livraient à de la désinformation pour
le compte d'un auteur politique. Depuis 2018, les
mêmes chercheurs ont trouvé plus de 65 entreprises
offrant la désinformation en tant que service.
Pour y arriver, les entreprises privées « ont
recours au trollage, à des comptes automatisés, à
des comptes gérés par des humains et à
l'intelligence artificielle. Les gouvernements et
les auteurs politiques qui embauchent des
entreprises pour mener des campagnes d'influence
en ligne en leur nom font appel non seulement à
des sociétés de leur pays, mais aussi à des firmes
basées à l'étranger. Par exemple, entre 2019 et
2020, la firme Archimedes Group, basée en Israël,
a mené des campagnes d'influence en ligne contre
des élections qui se sont déroulées en Afrique, en
Amérique latine et en Asie du Sud-Est. »
L'utilisation de ces méthodes au Canada, en
revanche, n'est pas citée. Cela montre la
malhonnêteté crasse du rapport. Le seul cas
d'enquête officielle sur l'influence étrangère
dans une élection canadienne a été mené lors de
l'élection du 16 avril 2019 en Alberta. Le rapport
conclut que des entités nationales, et non
étrangères, ont mené ce qu'il appelle une «
activité en ligne non authentique ». Il attribue
cette activité aux «des groupes nationaux haineux
et d'extrême droite connus qui ont déjà diffusé du
matériel, au moyen de tactiques semblables à
celles employées par des joueurs étrangers malins
connus»[2].
Le rapport du CSE est, entre autres, clairement
destiné à freiner le discours en général et
pendant l'élection fédérale imminente en
particulier. Il s'agit d'une question très
préoccupante pour le corps politique et tous ceux
qui exigent un processus démocratique pour prendre
les décisions qui affectent leur vie. Le temps est
venu de rejeter le diktat selon lequel les
Canadiens ne devraient pas s'exprimer en leur
propre nom et de leur propre voix pour mettre de
l'avant leur propre vision du pays. La nécessité
de faire du Canada une zone de paix dans le monde
n'a jamais été aussi grande.
Notes
1. Le
Canada a offert de diriger et d'héberger le
Mécanisme d'intervention rapide du G7 (MRR)
lorsque celui-ci a été créé au Sommet du G7 de
Charlevoix. Il a été chargé de coordonner les
activités de tous les pays « afin d'identifier
les menaces diverses et changeantes pour nos
démocraties et d'y répondre, notamment en
échangeant des renseignements et des analyses,
et en recensant les possibilités de réponse
coordonnée ». Son objectif déclaré est de «
surveiller et d'analyser les cas potentiels
d'ingérence étrangère, peu importe le parti
politique touché ou la nature politique d'une
question donnée. Son objectif est d'exprimer
clairement quelles sont les tendances et les
tactiques employées par les acteurs étrangers
en matière d'ingérence dans les processus et
les institutions démocratiques, ainsi que de
suivre et de comprendre leur évolution ».
Le MMR du G7 se fait un point
d'honneur de préciser qu'elle n'est pas un
organisme de vérification des faits et n'a pas
besoin de l'être puisqu'il en existe des
centaines ailleurs.
2. Le MRR
du G7 a choisi de surveiller l'élection de
l'Alberta en 2019 parce qu'elle a été
identifiée comme étant « à risque d'ingérence
en raison de l'ampleur des débats sur les
questions environnementales ». Par exemple, le
pipeline a été noté comme « une question qui
divise socialement et qui pourrait être une
cible pour des acteurs étrangers ». Il a été
choisi « dans le but d'identifier toute
nouvelle tactique d'ingérence étrangère et
d'en tirer des leçons pour l'élection générale
canadienne ».
Dans son rapport, publié par
Affaires mondiales Canada, le MRR dit avoir
décelé « des activités non authentiques
coordonnées » sur les plateformes de médias
sociaux. Il a toutefois conclu que « la
majorité de ces comptes n'était fort
probablement pas d'origine étrangère ».
« Les élections en Alberta sont
un exemple de situation où il pourrait y avoir
des éléments de preuve d'un comportement non
authentique coordonné de la part d'acteurs
canadiens, ce qui rend plus difficile la
détection de l'ingérence étrangère », conclut
le rapport.
- Pauline Easton -
Le 19 juillet, le Canada s'est joint à
l'administration Biden dans le cadre d'une «
coalition » visant à accuser publiquement le
gouvernement chinois de cyberactivités
malveillantes et de comportement irresponsable
d'un État, dans un langage frôlant une déclaration
de cyberguerre. Selon l'annonce commune, les
États-Unis ont découvert un large éventail de
cyberattaques contre Microsoft menées par des
pirates informatiques qui, selon eux, ont toujours
travaillé pour le ministère chinois de la Sécurité
d'État (MSS).
Selon le communiqué, la
Chine est responsable de l'attaque contre le
logiciel de messagerie électronique de Microsoft –
une attaque qui a infecté des dizaines de
milliers d'entreprises, d'administrations et
d'écoles rien qu'aux États-Unis. Les pays qui se
sont joints à la coalition américaine comprennent,
outre le Canada, l'Union européenne (UE),
l'Australie, la Grande-Bretagne, le Japon, la
Nouvelle-Zélande et les autres pays membres de
l'OTAN, l'alliance militaire dirigée par les
États-Unis.
Dans le cadre de ces allégations, le département
de la Justice des États-Unis a annoncé des
poursuites au criminel à l'encontre de ce qu'il
prétend être les quatre pirates informatiques à
l'origine de l'attaque, pour avoir ciblé des
entités et des gouvernements étrangers dans des
secteurs cruciaux, tels que la défense,
l'éducation, la santé, les secteurs maritime et
aérien, et pour avoir commis des vols
informatiques de propriété intellectuelle à des
fins lucratives.
Ces accusations s'inscrivent dans le cadre de
l'attention portée à la cybersécurité par les
gouvernements qui font partie de la coalition des
impérialistes américains et des tentatives de
l'administration Biden de définir ce que constitue
une cyberguerre. Parler de secteurs cruciaux de
l'économie et de la vie collective dans ce
contexte, comme l'aviation et les réseaux
électriques, revient à les considérer comme
faisant partie de la sécurité nationale pour
pouvoir justifier les accusations de cyberguerre.
Pour sa part, le Canada fait de la cybersécurité
un enjeu majeur dans la conduite de la prochaine
élection fédérale. Il s'aligne sur
l'administration Biden qui s'efforce également
d'établir des règles relatives à ce qui constitue
des crimes et des sanctions, tout en mettant
publiquement en place des moyens pour étayer les
affirmations des États-Unis visant à identifier si
une cyberattaque a été menée par la Chine, la
Russie ou un autre pays qu'ils accusent de telles
choses. Dans ce contexte, l'Agence de sécurité
nationale américaine (NSA), le Federal Bureau of
Investigation (FBI) et la nouvelle Agence de
cybersécurité et de sécurité des infrastructures
(CISA), créée en 2018 avec un budget de plus de 3
milliards de dollars, ont publié un « Avis de
cybersécurité commun » (Joint Cyber Security
Advisory). L'alerte comporte ce que les États-Unis
appellent plus de 50 « tactiques, techniques et
procédures » utilisées par les pirates
informatiques associés à la Chine.
Cette année, la CISA a déjà reçu une augmentation
de financement de 650 millions de dollars, qui
s'ajoute à ce qui devrait être 2,3 milliards de
dollars. La CISA a également le pouvoir « de
rechercher de manière proactive » des menaces sur
les réseaux fédéraux civils et d'assigner les
fournisseurs d'accès à l'Internet du secteur
privé, lorsque l'agence « détecte des
vulnérabilités critiques dans l'infrastructure
nationale », la tâche de fournir des informations
sur les cybermenaces auxquelles ils sont
confrontés. La CISA sert également de liaison
fédérale de premier plan sur les questions de
cybercriminalité pour les propriétaires du secteur
privé de ce qui est désigné par le gouvernement
comme une infrastructure nationale critique.
Un problème important est que la cyberguerre et
la cybersécurité ne sont pas définies par le
gouvernement, pas plus que ce qui constitue le
terrorisme n'a été défini. On sait également que
les accusations de terrorisme à l'intérieur du
pays ont principalement visé ceux qui s'opposent
aux guerres d'agression, ou qui défendent
l'environnement et s'opposent aux morts aux mains
de la police suivant des motifs racistes ou aux
incarcérations à la frontière sud des États-Unis.
Beaucoup s'attendent à ce que les accusations de
cyberattaques portées par le gouvernement
américain suivent la même voie et que le Canada
fasse de même.
Une préoccupation majeure est la méthode utilisée
par le président américain et son administration
pour lancer des accusations et déclarer des crimes
et des sanctions sans fournir de faits ni de
preuves. Le gouvernement du Canada utilise la même
méthode. Tout tourne autour de ce que les cercles
dirigeants disent être l'apparence, ce à quoi les
attaques « ressemblent », ce que la Chine «
pourrait faire ». On dit que les pirates ont « des
antécédents de travailler pour la Chine », mais
les faits concernant ces antécédents ne sont pas
donnés. Il n'est pas dit non plus s'il existe des
preuves que ces pirates travaillent toujours pour
la Chine. Tout cela est dit secret et ne peut donc
être divulgué.
Comme le montre l'« Avis de cybersécurité commun
», la méthode consiste également à fournir ce que
les États-Unis font valoir comme des « tactiques,
techniques et procédures » qui ressemblent à, ou
ont l'apparence de, celles utilisées par la Russie
ou la Chine. Ces éléments sont ensuite utilisés
pour affirmer que les attaques sont le fait de la
Russie ou de la Chine. Il n'y a pas de preuve
directe. La base permettant d'identifier les «
tactiques » particulières comme appartenant à la
Chine reste également secrète. Les affirmations et
l'utilisation publique de la liste servent à créer
une norme selon laquelle chaque fois que ces mêmes
« tactiques, techniques et procédures »
apparaissent, elles peuvent être attribuées à la
Russie ou à la Chine.
Un problème auquel le gouvernement américain et
ceux qui pratiquent la politique de l'apaisement
envers lui sont confrontés est qu'il est
pratiquement impossible d'attribuer des
cyberattaques spécifiques à des gouvernements ou
des individus particuliers, surtout au niveau
international. En effet, il est possible de faire
croire que les attaques sont menées par ces pays,
ou qu'elles proviennent de certains endroits, en
utilisant les mêmes « tactiques » que celles
citées, alors que ce n'est pas le cas.
L'attribution ne peut être faite – un fait déjà
établi par divers cas qui réfutent les
affirmations des États-Unis.
Les États-Unis affirment tout simplement que les
attaques peuvent être attribuées à la Chine ou à
la Russie. Dans le but de mobiliser leur
bureaucratie militaire et pour alimenter l'opinion
publique, les États-Unis affirment que la Chine ou
la Russie mènent ces attaques et qu'elles doivent
être punies. Quelles que soient les prétentions
des États-Unis à propos des « tactiques,
techniques et procédures » utilisées par la Chine,
la Russie, l'Iran ou d'autres, elles doivent être
considérées comme valables. De cette façon, les
médias, les experts, les politiciens et les
universitaires sont entraînés dans un débat sur
l'implication de la Russie ou de la Chine, tandis
que la liste de tactiques présentées et la méthode
utilisée sont établies comme « la norme ».
L'ensemble du processus est également un moyen de
générer la peur et des antagonismes envers la
Chine et la Russie afin de préparer la guerre. Le
Pentagone déclare régulièrement que la Chine et la
Russie sont des « adversaires stratégiques » qui
pourraient cibler les « infrastructures
stratégiques nationales ». Le Canada encourage
également ces menaces de cyberguerre, décidées par
les États-Unis pour jeter les bases d'une
justification pour aller en guerre.
La crainte liée à la cybersécurité démontre que
la puissance militaire ne permet pas d'obtenir un
avantage politique
Un problème auquel les cercles dirigeants
américains sont constamment confrontés est que,
même avec leur supériorité militaire et nucléaire,
ils ne parviennent pas à obtenir un avantage
politique. Les États-Unis dépensent plus pour leur
armée que les huit pays réunis qui les suivent,
dont la Russie et la Chine. La Chine dispose, par
exemple, de quatre porte-avions, les États-Unis de
beaucoup plus, de beaucoup plus d'armes nucléaires
et de moyens de déclencher également une réponse
armée. De même, les prétendus « dividendes de la
paix » et les avantages politiques qui étaient
censés apparaître avec la chute de l'Union
soviétique ne se sont pas matérialisés.
Aujourd'hui, les États-Unis, comme les démocraties
libérales d'Europe, ont des institutions de
gouvernance dysfonctionnelles, des conditions de
guerre civile entre les factions rivales des
cercles dirigeants et font face à un
mécontentement généralisé et un manque de
légitimité au sein du peuple. Au Canada, les
institutions démocratiques libérales sont
également dysfonctionnelles. L'intégration de
l'économie canadienne dans la machine de guerre
des États-Unis et de l'État canadien dans les
plans impérialistes de domination mondiale des
États-Unis signifie que le scénario de la guerre
civile américaine se répand dans l'arène politique
du pays. Pour faire face à cette situation, on
affirme que le problème des élections, par
exemple, est dû à l'ingérence étrangère de la
Russie, de la Chine ou de l'Iran, plutôt qu'à
l'échec et à la nature raciste et non
représentative de l'ordre constitutionnel en
place, qu'ils veulent que tout le monde respecte.
En outre, tout comme les
États-Unis l'ont fait avec les armes nucléaires,
ils tentent d'imposer leurs règles quant à ce qui
est et n'est pas la cyberguerre, quelles sont les
sanctions et qui a l'autorité de les imposer. En
ce qui a trait aux armes nucléaires, les
États-Unis ont mis en place la notion du secret,
selon laquelle les informations relatives à la
fabrication d'armes nucléaires étaient un secret
d'État et toute personne divulguant de telles
informations était coupable d'espionnage. Ils ont
ensuite appliqué cette notion avec l'inculpation
et l'exécution des Rosenberg, par exemple, en
invoquant l'espionnage.
Des efforts similaires sont déployés concernant
la cyberguerre et la cybersécurité afin d'établir
l'autorité des États-Unis pour agir, imposer des
punitions et justifier la guerre impérialiste.
Ceux qui se rangent du côté de la Russie ou la
Chine peuvent être étiquetés d'agents d'une
puissance étrangère ou coupables de trahison.
Alors que les États-Unis parlent ouvertement de
s'immiscer dans l'Internet cubain, ils font à
nouveau la promotion de leur anticommunisme pour
cibler les nombreuses forces qui appuient Cuba. De
plus, avec les menaces continues de Joe Biden, le
souvenir d'une confrontation nucléaire potentielle
entre la Russie et les États-Unis, comme ce fut le
cas lors de la crise des missiles des années 1960,
a refait surface. De même, soutenir le peuple de
Palestine, exiger la résolution pacifique des
conflits ou s'opposer aux provocations auxquelles
se livrent les États-Unis et l'OTAN dans la région
indo-pacifique sont considérés comme des prises de
position d'inspiration étrangère ou au service d'«
États adversaires ».
Discours de Biden à la NSA sur les cybermenaces
et la cyberguerre
Le 28 juillet, Joe Biden a prononcé un discours
lors d'une réunion des membres des 18 agences de
renseignement des États-Unis à McLean, en
Virginie, au « National Counterterrorism Centre at
Liberty Crossing Intelligence Campus ». Il a
déclaré qu'une cyberattaque provoquerait très
probablement une guerre majeure et a identifié la
Chine et la Russie comme les auteurs probables de
cette attaque. À propos des prochaines élections
de mi-mandat aux États-Unis, il a accusé la Russie
d'ingérence. Il a décrié « la désinformation
rampante qui rend de plus en plus difficile
l'accès des gens à l'information, l'évaluation des
faits, la prise de décision ». Déclarant que « les
États-Unis sont innocents de tout méfait, nous
sommes le paradigme de la démocratie et des droits
humains », il a protesté : « Regardez ce que la
Russie fait déjà à propos des élections de 2022 et
de la désinformation. C'est une violation
flagrante de notre souveraineté. »
Joe Biden a dit à son auditoire : « Vous savez,
nous avons vu comment les cybermenaces, y compris
les attaques par ransomware, sont de plus en plus
capables de causer des dommages et des
perturbations dans le monde réel. Je ne peux pas
le garantir et vous êtes aussi bien informés que
moi, mais je pense qu'il est plus probable que
nous aboutissions – enfin, si nous aboutissons
dans une guerre, une véritable guerre armée avec
une grande puissance, ce sera à la suite d'une
violation cybernétique de grande conséquence. Et
les capacités augmentent de façon exponentielle. »
Il a décrit les agences de renseignement
américaines comme « les yeux et les oreilles du
monde entier », affirmant qu'elles sont « en
première ligne de notre défense nationale et, dans
de nombreux cas, pour le monde, à travers nous ».
Lorsqu'il s'agit de la Russie, Joe Biden parle
comme un véritable voyou. Il adopte un ton
intimiste pour ensuite laisser entendre qu'il est
dans le secret des dieux : « M. Poutine a un vrai
problème, il est assis au sommet d'une économie
qui a des armes nucléaires et des puits de pétrole
et rien d'autre. Rien d'autre. Leur économie est,
quoi, la huitième plus petite du monde maintenant,
ou plus grande du monde ? Il sait qu'il a de vrais
problèmes, ce qui le rend encore plus dangereux, à
mon avis. »
De même lorsqu'il a parlé de la Chine. « Regardez
la Chine. J'ai passé plus de temps que quiconque
avec Xi Jinping en tant que dirigeant mondial.
[...] Il est tout à fait sérieux dans sa volonté
de devenir la force militaire la plus puissante du
monde, ainsi que la plus grande — la plus
importante économie du monde d'ici le milieu des
années 2040. C'est réel. »
Le président américain semble croire que le fait
d'accuser la Russie et la Chine de ce que les
États-Unis eux-mêmes sont en train de faire est la
preuve que la Russie et la Chine, et non les
États-Unis, représentent le plus grand danger pour
la paix mondiale aujourd'hui.
Plus tard dans son discours, le président
américain a laissé entendre qu'il était nécessaire
de travailler avec la Russie et la Chine pour
traiter les « problèmes existentiels » auxquels le
monde entier est confronté, ce qui révèle une fois
de plus comment le monde est mis sur un pied de
guerre. Il a déclaré : « En même temps, nous
devons travailler en coopération avec des nations
comme la Chine et la Russie qui sont nos
concurrents — et peut-être des concurrents mortels
à l'avenir — dans le contexte de la lutte contre
les menaces existentielles, par exemple le
changement climatique. Il y a certaines choses qui
sont dans notre intérêt mutuel. Mais nous ne
pouvons pas nous laisser bercer par l'idée que
c'est suffisant et que nous n'avons pas vraiment
besoin de garder un oeil sur l'objectif ultime de
l'autre équipe. Mais il y a des choses pour
lesquelles nous devrions coopérer. »
Joe Biden nous rappelle qu'une telle coopération
ne doit jamais nous faire perdre de vue la quête
de domination et de contrôle des États-Unis. « Un
réchauffement spectaculaire de l'Arctique ouvre la
voie à la concurrence pour des ressources qui
étaient autrefois difficiles d'accès. [...] J'ai
eu comme une révélation en discurant avec M.
Poutine de ce qu'il pense être la propriété de la
Russie dans l'Arctique. La Chine regarde cela de
très près également. C'est ce que je veux dire à
propos du monde qui change. Qu'est-ce que cela va
faire à notre doctrine stratégique dans les 2, 5,
10, 12 prochaines années, quand vous pouvez
contourner l'Arctique sans brise-glace ? »
Tout cela montre qu'un des principaux objectifs
est d'empêcher les peuples d'examiner calmement
les questions de guerre et de paix de leur propre
point de vue, qui est à leur avantage et qui fait
appel directement au facteur humain. Il s'agit de
détourner et de diviser les luttes antiguerre et
les efforts pour mettre en place des gouvernements
antiguerre en attirant les peuples dans le piège
de regarder les choses du point de vue des riches.
Il faut notamment rejeter leurs prétentions et
leurs attributions en matière de cyberguerre et
plutôt poursuivre des relations d'amitié et de
respect mutuel entre les peuples du monde.
Lors des prochaines élections au Canada, pour
éviter les pièges que les dirigeants tendent au
corps politique, il faut poursuivre tous les
efforts pour défendre les droits de toutes et
tous, appeler à un gouvernement antiguerre,
s'opposer à l'intégration du Canada dans
l'économie de guerre des États-Unis et travailler
à faire du Canada une zone de paix. Ce programme
demeure la clé pour s'assurer que le Canada
devienne une force de paix, et non une force de
guerre comme c'est le cas actuellement.
- Barbara Biley -
Pour s'aligner avec le plan d'infrastructure de
2300 milliards de dollars proposé par
l'administration américaine de Joe Biden, le
gouvernement Trudeau a accéléré la création des
arrangements nécessaires pour remettre des
milliards du Trésor public aux oligarques mondiaux
avec des d'investissements directs, des
partenariats public-privé ou d'autres moyens,
notamment des incitatifs fiscaux, de l'électricité
à bon marché, des infrastructures de transport et
bien d'autres. La plupart de ces activités sont
menées sous le couvert de « reconstruire en mieux
» à la suite de la pandémie de COVID-19, d'une «
transition verte » pour faire face aux changements
climatiques et même d'une « relance féministe ».
Au cours de la dernière semaine de juillet, dans
un geste cynique pour obtenir du soutien afin de
remporter l'élection fédérale, le gouvernement
Trudeau a annoncé des millions de dollars de fonds
gouvernementaux pour l'industrie aérospatiale au
Québec, pour les aciéries Algoma Steel et
ArcelorMittal Dofasco en Ontario, pour des projets
dans les transports, les aéroports, le transport
en commun, pour des bornes de recharge de
véhicules électriques dans tout le pays et bien
plus encore.
En 2017, le gouvernement Trudeau a créé la Banque
de l'infrastructure du Canada qui avait été
présentée comme une banque fédérale
d'investissements dans les projets
d'infrastructure qui fournirait un financement à
faible coût aux municipalités, mais qui s'est
immédiatement transformée en un mécanisme pour
imposer des partenariats public-privé aux
municipalités. Plus tôt cette année, le
gouvernement a lancé une consultation sur la
création d'un organisme consultatif indépendant
responsable de donner de l'information sur les
politiques et les investissements en matière
d'infrastructures. Les recommandations issues de
la consultation menée auprès de « plus de 300
organisations et particuliers » ont été publiées
le 29 juillet dans un rapport intitulé Tracer la
voie vers 2050 : Aller de l'avant avec
l'Évaluation nationale des infrastructures.
L'objectif présumé de l'évaluation est d'évaluer
les besoins et « améliorer la coordination entre
les propriétaires et les bailleurs de fonds des
infrastructures; et déterminer les meilleurs
moyens de financer les infrastructures ».
L'oligarchie impérialiste et les gouvernements à
son service accordent une attention de premier
ordre au développement et au renouvellement des
infrastructures de manière à satisfaire les
besoins d'intérêts privés étroits et à favoriser
les besoins des gouvernements de guerre. Le
problème auquel fait face la classe ouvrière est
de commencer par déclarer qu'il existe une
alternative à la politique actuelle de crise et de
destruction qui paie les riches et d'insister pour
que le Canada soit une zone de paix et non de
guerre. L'alternative commence par insister que
les gouvernements doivent donner au Canada un but
moderne qui sert le peuple et la société.
L'économie doit être organisée de manière à ce que
chaque partie se soutienne mutuellement et
complète le tout sous le contrôle et la direction
des producteurs réels.
Dans une économie socialisée moderne comme celles
du Canada et des États-Unis, les infrastructures
sont un moyen de production social indispensable
utilisé par tous les secteurs et entreprises de
l'économie collective. Un problème important qui
existe dans le développement et l'entretien des
infrastructures, notamment les routes, les ponts,
l'électricité, l'eau, le transport en commun, les
établissements d'enseignement, de loisirs,
gouvernementaux et de soins de santé et tous les
autres aspects des infrastructures modernes est
que, bien que la valeur des infrastructures soit
largement répartie dans l'économie socialisée,
elle n'est pas pleinement et objectivement
réalisée (payée). Plus encore, l'oligarchie
financière exige des gouvernements qu'ils créent
des programmes de dépenses en infrastructures
publiques qui maintiendront et défendront leur
immense richesse sociale et leurs privilèges de
classe ainsi que leur contrôle des affaires
économiques et politiques du pays.
Un aspect important du néolibéralisme et de la
mondialisation impérialiste a été la prolifération
des stratagèmes pour payer les riches qui donnent
des fonds publics aux entreprises privées et aux
cartels les plus importants et les plus puissants
de l'oligarchie mondiale. Rien de tout cela n'a à
voir avec la satisfaction des besoins du peuple.
À titre
d'information
Manifestation à Calgary le 1er août 2021 contre
la levée de restrictions en matière de santé
publique en Alberta
Depuis le début de la pandémie, 1 428 683 cas de
COVID-19 et 26 570 décès ont été signalés au
Canada par l'Agence de la santé publique du Canada
lors de sa dernière mise à jour, le 29 juillet.
Les variants préoccupants (VOC) représentent la
majorité des cas de COVID-19 récemment signalés,
dont B.1.1.7 (Alpha), B.1.351 (Beta), P.1 (Gamma)
et B.1.617.2 (Delta) qui ont été détectés dans la
plupart des provinces et territoires.
Malgré des
pics alarmants en Alberta, le gouvernement a
annoncé la levée de la plupart des directives de
santé publique liées à la pandémie, y compris,
d'ici la mi-août, l'absence d'obligation de
quarantaine pour les personnes infectées et
l'absence de tests jusqu'à ce que les symptômes
soient graves. Des politiciens, des médecins, des
travailleurs de la santé, des enseignants, des
syndicats et différentes organisations
respectueuses des mesures de distanciation et
autres à travers le pays s'opposent à cette
mesure.
Le 29 juillet, la moyenne mobile pour les sept
derniers jours de 594 nouveaux cas signalés
quotidiennement (du 22 au 28 juillet) montre une
augmentation de 39 % par rapport à la semaine
précédente. La tendance à la baisse des maladies
graves se poursuit. Les dernières données
provinciales et territoriales montrent qu'en
moyenne 486 personnes atteintes de la COVID-19 ont
été traitées dans les hôpitaux canadiens chaque
jour au cours de cette période, soit 12 % de moins
que la semaine précédente. Cela inclut, en
moyenne, 228 personnes qui étaient traitées dans
des unités de soins intensifs (USI), soit 8 % de
moins que la semaine précédente. Huit décès en
moyenne ont été signalés chaque jour.
Santé publique Canada rappelle qu'au moment où
les autorités commencent à assouplir les
restrictions, les risques et les circonstances ne
sont pas les mêmes partout et qu'il demeure
important de suivre les conseils de santé publique
locaux, quel que soit le statut vaccinal. Bien que
la COVID-19 soit toujours en circulation au Canada
et à l'étranger, des mesures de santé publique de
base et des pratiques de protection individuelle
peuvent aider à réduire la propagation : rester à
la maison ou s'isoler si l'on présente des
symptômes; être conscient des risques associés aux
différents milieux; éviter les voyages non
essentiels à l'extérieur du Canada et maintenir
des pratiques de protection individuelle comme la
distanciation physique et le port d'un masque
facial bien ajusté et correctement porté, le cas
échéant.
Félicitations aux défenseurs du
1492 Land Back Lane
- Philip Fernandez -
Le 3 juillet, les Haudenosaunee de la rivière
Grand ont organisé un concert d'unité Land Back
Lane à Kanonhstaton pour célébrer leur victoire
dans leur lutte pour défendre leurs terres et
leurs droits ancestraux. Le concert a eu lieu
après que Foxgate Developments ait annoncé, le 1er
juillet, qu'il abandonnait son projet de
construction d'un lotissement résidentiel de 10
hectares composé de 200 maisons sur les terres des
Haudenosaunee de la rivière Grand. William Liske,
avocat général de Lesani Homes, qui, avec Ballanty
Homes, sont partenaires de Foxgate, a indiqué qu'«
après une année complète, il est clair que les
ordonnances du tribunal (deux injonctions pour
expulser les défenseurs de la terre du projet de
construction ) ne seront ni honorées ni appliquées
». Foxgate maintient résolument qu'elle possède la
terre selon le « régime de titres fonciers » qui
n'est pas reconnu par le peuple souverain
haudenosaunee qui a lutté pendant plus de 200 ans
pour protéger et entretenir la terre pour lui-même
et pour les générations futures.
Pendant plus de 350 jours, les défenseurs de la
terre qui avaient occupé le site de construction
de Foxgate Developments, le nommant 1492 Land Back
Lane, ont résisté à l'État canadien, sa police et
ses tribunaux et ont défendu les droits issus de
traités et les droits ancestraux sur leurs terres
et leur souveraineté. Plus de 256 accusations ont
été portées par la police contre les défenseurs de
la terre et leurs alliés, et le coût des
opérations de police et de maintien de l'ordre
contre les défenseurs de la terre autochtones a
dépassé les 16 millions de dollars.
Le gouvernement Trudeau, qui avait le devoir
d'intervenir pour aider les Haudenosaunee dans
leur juste lutte a fermé les yeux lorsque le
gouvernement Ford en Ontario a eu recours à la
police et aux tribunaux pour intimider et
criminaliser les défenseurs de la terre. Il a été
également révélé que le Service canadien du
renseignement de sécurité surveillait les
défenseurs de la terre sous prétexte qu'ils
étaient « une menace potentielle pour la sécurité
nationale ». Les libéraux de Justin Trudeau ont
lâchement refusé de rencontrer les Haudenosaunee
pour trouver une solution politique.
La position ferme des défenseurs de la terre a
forcé Foxgate Developments à annuler le projet.
Kanonhstaton, où le concert d'unité Land Back Lane
a eu lieu le 3 juillet, se trouve sur les
anciennes terres du « Douglas Creek Estate » que
les défenseurs de la terre et leurs alliés, dont
les métallos de la section locale 1005 du Syndicat
des Métallos, ont repris avec succès en 2006. La
nouvelle de cette « deuxième victoire » a été
accueillie avec beaucoup d'enthousiasme par les
plus de 200 personnes qui ont assisté au concert.
Le monteur de charpentes métalliques Skyler
Williams, participant à la lutte de 2006 et
porte-parole des défenseurs de la terre 1492 Land
Back Lane, a souhaité la bienvenue à tous au
concert Land Back Lane. Il a souligné que le large
soutien financier, politique et autre, ainsi que
la solidarité des travailleurs et des alliés de
tout le pays, ainsi que la ferme conviction des
défenseurs de la terre ont mené à la victoire. Il
a remercié tout le monde pour leur soutien et a
souligné qu'alors que c'est « une victoire que
nous célébrons aujourd'hui », la lutte continue.
Skyler Williams a souligné à la presse locale que
sans le consentement des Haudenosaunee, tout
projet de développement se heurtera à une
résistance. Il a qualifié les victoires de 2006 et
de 2021 de « victoires progressives » dans une «
guerre générationnelle » pour les droits des
autochtones et a ajouté que le travail ne faisait
que commencer. « Nous sommes au pied de la
montagne », a-t-il déclaré.
Les défenseurs de la terre ont planté un petit
verger d'arbres fruitiers et construit des cabanes
pour l'hébergement depuis qu'ils ont repris Land
Back Lane, il y a un peu moins d'u an. Lorsqu'ils
ont appris que les dépouilles de 215 enfants
avaient été retrouvées dans des tombes anonymes
sur le terrain du pensionnat de Kamloops, les
défenseurs de la terre ont planté trois pins
blancs en leur honneur et ont dédié leur verger
aux générations futures.
Le concert d'unité Land Back Lane a présenté des
musiciens autochtones de renommée internationale,
tels que Tom Wilson et Blain Bomberry, ainsi que
des artistes de la parole, comme Kahsenniyo
Williams et Layla Black, qui ont fermement soutenu
les défenseurs de la terre et affirmé leur soutien
continu dans les luttes à venir.
L'esprit de 46: 75e anniversaire
de la grève de Stelco de 1946
- Rolf Gerstenberger -
« Nous commémorons la
grève de 1946 en appréciant la contribution des
métallos à la ville de l'acier ... En 1946, les
travailleurs ont ouvert une voie nouvelle à la
défense de leurs droits et des droits de tous.
Hamilton est le produit de cette lutte. Qui
pourrait même imaginer l'existence de Hamilton
sans la contribution des métallos et de leurs
familles ? C'est ensemble que nous avons créé ce
que nous défendons aujourd'hui. Nous avons
toujours accompli notre devoir en travaillant fort
et c'est pourquoi nous luttons pour nos droits.
Comment pourrions-nous retourner à une époque où
les travailleurs étaient considérés comme des
citoyens de seconde classe et même comme moins
qu'humains ? Il est inadmissible d'être utilisé,
maltraité et jeté à la ferraille pour qu'une
poignée d'individus puissent devenir extrêmement
riches à nos dépens. Les travailleurs ne croyaient
pas en cela en 1946, et l'esprit qui les animait
dans la lutte à ce moment-là est le même qui les
anime aujourd'hui, 65 ans plus tard. C'est quelque
chose qui vaut la peine d'être célébré ! »
En tant que président de la section locale
1005 du Syndicat des Métallos, lors d'un
rassemblement de masse tenu à l'occasion du 65e
anniversaire de la grève de 1946.
Le peuple versus U.S. Steel,
rassemblement de masse et marche à Hamilton, le
29 janvier 2011
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) transmet ses salutations les
plus chaleureuses à la section locale 1005 du
Syndicat des Métallos, à tous ses membres, à sa
direction et à ses retraités à l'occasion du 75e
anniversaire de sa fondation. Située à Hamilton,
au coeur du Canada industriel, la section locale
1005 a joué et continue de jouer un rôle important
dans le mouvement de la classe ouvrière.
Dès le début, en 1946, les dirigeants, les
militants et les sympathisants de la section
locale 1005 ont prouvé, à eux-mêmes et aux autres,
qu'il était possible d'organiser un collectif de
défense des travailleurs, par les travailleurs et
pour les travailleurs. Ils n'ont pas demandé de
permission à quelque autorité que ce soit en
position de pouvoir; ils ont demandé qu'on les
reconnaisse en tant que collectif de défense des
travailleurs comme une question de droit. Ils ont
tenu bien haut la bannière des producteurs réels
avec des revendications et des réclamations
concrètes découlant de leurs conditions sociales
et de travail. Ils ont démontré concrètement
l'importance d'avoir une organisation de défense
des travailleurs indépendante de ceux qui
possèdent et contrôlent les installations de
production et l'État, un syndicat des, pour et par
les métallos eux-mêmes.
Les métallos de 1946 ont fait preuve d'un esprit
particulier lié à leur époque. Ils faisaient
partie du contingent international de la classe
ouvrière qui avait vaincu les hordes antiouvrières
et antipeuple des nazis, des fascistes et des
militaristes dirigés et manipulés par ceux qui
possédaient et contrôlaient les monopoles. Les
travailleurs et leurs alliés dans le monde entier
se sont unis à l'Union soviétique dans un grand
flot révolutionnaire pour vaincre les forces au
pouvoir qui commettaient des atrocités contre les
peuples.
L'essor de la révolution et l'esprit de 46 ont
capté l'imagination de millions de travailleurs
industriels. Aujourd'hui, cet esprit est défendu
par ceux qui voient la nécessité de s'engager dans
des actions avec analyse, de penser par eux-mêmes
et d'organiser de façon indépendante de l'élite
dirigeante. C'est la clé de la défense de nos
droits et des droits de tous au Canada.
La section locale 1005 du Syndicat des Métallos
organise une marche et une conférence sur
l'édification nationale, à Hamilton, le Premier
Mai 2010.
De l'esprit de 46 est née la lutte pour des soins
de santé et l'éducation publics, pour
l'assurance-chômage, les pensions pour tous et la
réalisation que ces programmes sociaux ne sont pas
des cadeaux de l'élite dirigeante, mais des droits
et un mode de vie pour lesquels nous devons
combattre et que nous devons défendre avec
l'organisation et des actions avec analyse. De
l'esprit de 46 est née également notre affirmation
que c'est seulement par l'élimination des
privilèges de classe et en investissant du pouvoir
la classe ouvrière et en la plaçant en position de
contrôle des affaires économiques, politiques et
sociales du Canada qu'un pays moderne peut être
construit, qui garantit les droits de tous et
défend la même position dans l'arène
internationale.
Les métallos soulèvent
aujourd'hui une question importante : à quoi cela
sert-il de produire tout cet acier, toute cette
valeur si les producteurs réels n'ont pas leur mot
à dire et pas de contrôle sur sa production et sur
comment la richesse sociale est utilisée et
répartie ? La réclamation des travailleurs à la
valeur qu'ils produisent individuellement et
socialement est leur droit en tant que
travailleurs et cette réclamation est à vie et pas
seulement pour la période pendant laquelle ils
sont en santé, non blessés et dans la fleur de
l'âge. L'État a l'obligation sociale de soutenir
les réclamations des travailleurs à la valeur
qu'ils produisent pendant leur vie entière. Si
l'État refuse d'assumer son obligation envers la
classe ouvrière, il perd alors toute crédibilité
et doit être remplacé par un État moderne qui
garantit les droits de tous.
Les faits qui se sont déroulés depuis 1946 ont
montré que sans renouveler constamment la lutte
organisée pour les droits et l'intérêt public
général, ces droits peuvent être foulés aux pieds
sous la pression continuelle de ceux qui possèdent
et contrôlent les forces productives socialisées
et l'État. Ils utilisent toute leur richesse
sociale, leurs liens, leurs privilèges et leur
pouvoir de classe pour promouvoir leurs intérêts
privés étroits et le droit de monopole et refuser
de résoudre les problèmes économiques, politiques
et sociaux qui sont les conditions des crises et
des guerres récurrentes.
Au coeur de l'esprit de 46 est la détermination
de résoudre les problèmes d'organisation de la
classe ouvrière pour défendre ses droits face à
tous les obstacles. La question centrale
aujourd'hui est de développer la pensée, la
théorie et l'organisation indépendantes de la
classe ouvrière en opposition à l'ingérence de
l'élite dirigeante et de son État.
Aujourd'hui, le pouvoir
des monopoles et de l'État a augmenté de façon
exponentielle, ce qui a renforcé la détermination
de la classe à s'organiser pour défendre ses
droits et être à la hauteur des défis. À son grand
mérite, la section locale 1005 a été le fer de
lance du travail exigé du mouvement des
travailleurs au Canada pour se renouveler afin de
faire face aux obstacles et au pouvoir de l'élite
dirigeante lorsque celle-ci a commencé à utiliser
la frauduleuse protection de la faillite pour se
débarrasser de ses responsabilités sociales envers
les travailleurs et attaquer leur syndicat, leurs
salaires et leurs pensions. Sous l'impulsion de la
direction forte de l'exécutif de la section locale
1005 avec son président Rolf Gerstenberger,
déterminée à résoudre la crise en faveur des
travailleurs, et non des propriétaires, les
membres et les retraités ont élaboré de nouvelles
méthodes qui ont mobilisé tout le monde dans des
discussions pour démystifier la désinformation
intéressée, examiner les faits, considérer leurs
options, décider de la ligne de conduite à adopter
et mobiliser la population de Hamilton pour
qu'elle soit à leurs côtés. Les réunions du jeudi
étaient ouvertes à tous, toutes les questions
étaient mises sur la table et examinées ensemble.
Tout le monde avait le droit de s'exprimer et
chacun était encouragé à formuler son propre point
de vue sur la question à l'ordre du jour, sans
faire du lobbying pour ou contre tel ou tel point
de vue. Aucune attaque de nature personnelle
n'était autorisée, ce qui permettait de s'exprimer
librement sans craindre de paraître idiot ou
inadéquat. Le rôle de chacun était apprécié pour
aller au fond des choses et s'assurer que les
intérêts de tous étaient pris en compte. Cette
méthode de démocratie de masse, fondée sur la
reconnaissance que tous les membres sont égaux et
ont leur mot à dire, a rendu le syndicat lui-même
et sa direction responsables devant les membres et
a créé une force avec laquelle l'entreprise a dû
compter à chaque moment.
Réunion du jeudi de la section locale 1005 du
Syndicat des Métallos, le 19 janvier 2017
L'expérience de la section locale 1005 a prouvé
une fois de plus que peu importe les difficultés
auxquelles les travailleurs modernes font face
dans la production, dans la défense de leurs
droits, dans la vie ou la politique, ils sont plus
que capables de trouver une solution en organisant
leurs pairs par des actions avec analyse en
utilisant leur propre matériel de pensée, guidés
par des définitions modernes qui s'accordent avec
les besoins de l'époque.
Au nom du PCC(M-L) et de tous les Canadiens
engagés dans l'édification nationale, nous saluons
la lutte menée par les métallos de Hamilton
confrontés à l'utilisation brutale de la Loi sur
les arrangements avec les créanciers des
compagnies (LACC). Nous saluons tous les métallos,
les retraités et les gens de Hamilton qui ont pris
des positions audacieuses pour défendre les droits
des travailleurs et les droits de tous et toutes.
En renouvelant le processus démocratique, ils se
sont assurés que les travailleurs puissent
s'exprimer librement et aller au coeur du problème
qui les confronte. Ils ont consulté toutes les
parties intéressées, ont pris des positions
audacieuses et se sont organisés avec succès pour
obtenir des succès inspirants. Ils ont écrit un
nouveau chapitre glorieux de l'histoire du
mouvement des travailleurs canadiens.
Félicitations !
Il y a 75 ans, le 15 juillet 1946, les métallos
de Hamilton, en Ontario, ont affronté le plus
grand producteur d'acier du pays dans une grève
cruciale pour la reconnaissance syndicale. Grâce à
un solide soutien de la communauté, ils ont tenu
bon pendant près de trois mois pour remporter une
victoire historique le 4 octobre 1946.
Dans le monde entier, à la fin de la Deuxième
Guerre mondiale, des centaines de millions de
travailleurs et d'opprimés aspiraient au
changement et le réclamaient. Le système
socio-économique impérialiste était affaibli. Un
nouvel État socialiste existait sur un sixième du
globe. Dans les pays industrialisés, on assistait
à une recrudescence des mouvements pour les
droits, l'indépendance nationale et la libération
nationale en Asie, en Afrique et en Amérique
latine.
Aux États-Unis et au Canada, le grand capital
s'engraissait des profits de la guerre. L'économie
de guerre ne profitait pas aux travailleurs, que
ce soit au pays ou à l'étranger. Un mouvement de
grève massif a éclaté, connu sous le nom de «
Spirit of '46 », qui incarnait cette lutte. Aux
États-Unis, selon le Bureau of Labor Statistics,
au cours des 18 mois qui ont suivi, quelque 7
millions de travailleurs ont participé à la vague
de grèves la plus importante et la plus soutenue
de l'histoire américaine. Environ 144 millions de
jours de travail ont été perdus au cours de ces 18
mois, soit plus que pendant toute la décennie des
années 1980 ou 1990 et à peine moins que le total
des « jours d'arrêt de travail » de ces deux
décennies combinées. Au Canada, 70 688
travailleurs ont participé à 36 grèves en juin
1946[1].
L'esprit de 46 annonçait au monde entier
la réclamation des travailleurs à la richesse
qu'ils créent et la position de leurs collectives,
y compris la reconnaissance du syndical en vertu
de la loi.
Les travailleurs de
l'acier de Stelco ont mené une grève historique à
Hamilton, au Canada, en 1946 pour forcer le
gouvernement à reconnaître leur syndicat, la
section locale 1005 du Syndicat des Métallos, et
pour améliorer leurs salaires et leurs avantages
sociaux, ainsi que pour établir leurs pensions.
Lorsque l'entreprise s'est arrangée pour que la
Police provinciale de l'Ontario et la GRC
attaquent les lignes de piquetage, les résidents
de Hamilton de tous les secteurs se sont ralliés à
la défense des travailleurs en grève. À un moment
crucial de la grève, des centaines d'anciens
combattants de la Deuxième Guerre mondiale ont
défilé du parc Woodlawns jusqu'aux portes de
Stelco. Le fort contingent italien des grévistes
organisait souvent des buffets de masse, les
hommes et les femmes préparant la nourriture pour
des milliers de grévistes affamés. Un soir, plus
de 6 000 dollars de dons ont été recueillis et «
l'argent a servi à poursuivre la grève en
fournissant davantage de nourriture et d'autres
produits de première nécessité. Certains
commerçants et agriculteurs locaux manifestaient
leur sympathie en accordant un crédit et en
donnant des tonnes de nourriture. Des artistes se
rendaient régulièrement sur les piquets de grève »[2].C'était un
appui public concret qui a grandement assisté les
travailleurs.
En 1946, les travailleurs et leur communauté ont
pu faire des gains parce que le syndicat s'est
battu et qu'ils avaient le soutien d'une masse
critique de travailleurs face à de grandes
difficultés. Tout au long de son histoire, la
section locale 1005 a fait face à des attaques
constantes de la part de directeurs et de cadres
supérieurs qui voulaient la démolir et imposer
leur volonté aux travailleurs en toute impunité.
Les travailleurs ont toujours lutté pour défendre
leurs droits et les droits de tous, surtout depuis
le lancement de l'offensive antisociale dont l'un
des objectifs est de démanteler le syndicat, de
refuser de négocier de bonne foi et de traiter les
travailleurs comme des personnes non
indispensables. Les métallos de Hamilton ont
montré à maintes reprises que la sécurité est dans
la lutte pour les droits de tous. Sur cette base,
ils peuvent réussir. Ils ont inspiré le mouvement
des travailleurs et tous les Canadiens à l'échelle
nationale.
Notes
1. Tiré de It
Started with a Whisper : A History of the 1946
Strike, publié par la section 1005 du
Syndicat des Métallos le 1er janvier 1996 à
l'occasion de son 50e anniversaire, page 26.
2. « The Siege of
'46 », sur l'histoire de la grève de 1946
chez Stelco, qui fait partie d'une collection
numérique sur l'histoire du travail et de la
technologie à Hamilton et dans le district,
affichée sur le site Web de l'Université
McMaster, dans le cadre du programme SchoolNet
Digital Collections d'Industrie Canada.
- Bill Mahoney -
Le poète métallo Bill Mahoney a été déclaré
poète en résidence de la section locale 1005. La
photo le montre lors des célébrations du 65e
anniversaire de la grève de 1946, le 23 juillet
2011 alors qu'il récite son poème « L'esprit de 46
», écrit pour l'occasion. Bill a actualisé le
poème à l'occasion du 75e anniversaire de la
fondation de l'Union et l'a récité spécialement
pour célébrer cet important anniversaire. Le poème
est traduit de l'anglais par LML.
De la lutte de 1946 l'esprit vit
toujours.
Même si plusieurs de nos vétérans
sont morts et nous ont quittés.
Ils ont
lutté pour la justice sociale et les droits des
travailleurs.
Soixante-quinze ans plus tard nous luttons
encore.
Ils ont
lutté pour des salaires décents, des avantages
sociaux et un régime de retraite.
Une vie
de travail dans la dignité pour chaque homme et
chaque femme.
Montrant la voie aux autres à travers le pays.
À
travers le pays, maintenant, les travailleurs
sont attaqués.
Sans un
syndicat fort, comment riposter ?
Les
compagnies veulent votre dignité; les compagnies
veulent votre fierté.
Comment
allez-vous combattre ces salauds sans personne à
vos côtés ?
Allez-vous ramper sur vos mains et à genoux ?
Devant
les maîtres étrangers pour qu'il fassent tout ce
qu'ils veulent.
Les
compagnies veulent votre loyauté, votre sueur et
votre sang.
Mais
quand vos années de travail sont terminées,
elles vous laissent à la rue.
Pour
tous les gains que nous avons faits, nous avons
travaillé d'arrache-pied
Si nous
leur donnons un pouce maintenant elles veulent
un pied.
On nous
a dit que la propriété étrangère va être bonne
pour nous.
Cela
fait plusieurs années maintenant et nous n'avons
rien vu de bon encore.
Ils
veulent voler l'aîné; ils veulent voler le
jeune.
S'ils
ne peuvent pas réussir avec la plume ils vont
essayer d'utiliser un fusil.
Le 1005
s'est tenu debout devant eux et ils ne peuvent
pas le supporter.
Alors
le 7 novembre, ils nous ont mis en lockout.
Nous
sommes les fiers métallos de la section 1005,
Ils ne
peuvent pas voler notre dignité, ils ne peuvent
pas voler notre fierté.
Nous
allons leur tenir tête et lutter jusqu'au bout.
Quand
vous vous en prenez au 1005, vous en payez le
prix.
Nous
aurons de nombreux récits à dire à nos enfants;
Sur les
moments passés sur les lignes de piquetage et
lorsque nous avons occupé le pont.
Quand
les prochaines générations parleront de notre
combat,
Elles
diront que nous avons eu le courage de nous
tenir debout pour ce qui est juste.
Notre
section locale est légendaire et notre avenir
radieux
Parce
que nous avons eu le courage de nous tenir
debout et de lutter.
Rassemblement de masse des
travailleurs devant le siège
social de BlackRock à New York
Des centaines de mineurs de charbon en grève de
l'Alabama et leurs partisans se sont rassemblés le
28 juillet devant le siège social de l'énorme
fonds spéculatif BlackRock, le principal
investisseur de Warrior Met Coal, Inc. Plus de 1
100 travailleurs de deux mines de charbon Warrior
Met Coal à Brookwood, en Alabama, sont en grève
depuis le 1er avril pour des salaires, des
avantages sociaux et des conditions de travail
correspondant au travail qu'ils accomplissent. Les
mineurs sont membres des sections locales 2245,
2397, 2368 et 2427 de United Mine Workers of
America (UMWA), qui représentent les travailleurs
de la mine numéro 4, de l'usine de traitement de
la mine numéro 5, de la mine numéro 7 et de
l'atelier central de la société, tous situés près
de Brookwood.
Les grévistes présents au rassemblement de New
York, portant des t-shirts avec les slogans « We
Are One » (Nous ne sommes qu'un) et « We Are
Everywhere » (Nous sommes partout), ont scandé «
Pas de convention, pas de charbon ! » et « Warrior
Met Coal n'a pas d'âme ! » tandis que les camions
et les voitures qui passaient klaxonnaient en
signe de soutien. Ils ont été rejoints par des
collègues mineurs de Pennsylvanie, de Virginie
occidentale, du Kentucky et de l'Ohio, ainsi que
par des membres du mouvement syndical de la ville
de New York. L'actrice Susan Sarandon a également
apporté son soutien.
Les travailleurs ont dressé leur piquet de grève
devant l'entrée des bureaux de BlackRock où ils
ont parlé de leur lutte pour subvenir aux besoins
de leurs familles.
« Warrior Met est la création d'un réseau
ténébreux de fonds spéculatifs et de banques
d'investissement new-yorkais », a déclaré le
président international de l'UMWA, Cecil E.
Roberts. Il a expliqué qu'en 2016, les
travailleurs ont subi une réduction de salaire de
6 dollars de l'heure et une réduction de leurs
avantages sociaux dans leur convention collective
après que Walter Energy, qui est finalement devenu
Warrior Met Coal, a déclaré faillite en 2015. «
Les travailleurs ont renoncé à plus de 1,1
milliard de dollars en salaires, en prestations de
soins de santé, en pensions et plus encore pour
permettre à Warrior Met d'émerger de la faillite
il y a cinq ans de cela. L'entreprise a bénéficié
de revenus de plus de 3,4 milliards de dollars
pendant cette période. Mais elle ne veut pas
reconnaître les sacrifices que ces travailleurs
ont consentis pour lui permettre d'exister en
premier lieu. Tous ces milliards se sont retrouvés
à New York pour engraisser les comptes bancaires
de ceux qui sont déjà riches, a déclaré M.
Roberts. BlackRock est le plus grand détenteur
d'actions de Warrior Met. Nous ne faisons que
suivre l'argent et nous exigeons que ceux qui ont
créé cette richesse en reçoivent leur juste part.
»
L'UMWA a rejeté une convention collective
proposée par l'entreprise en avril, quelques
semaines seulement après le début de la grève, qui
aurait donné aux travailleurs une augmentation de
salaire de 1,50 $ l'heure sur cinq ans. Les
travailleurs exigent un salaire et des avantages
sociaux correspondant à ce qu'ils recevaient avant
la convention collective qui a été signée en 2016.
L'offre actuelle de Warrior Met est de 2 $
d'augmentation par heure sur les cinq prochaines
années. L'entreprise a récemment versé des primes
aux cadres supérieurs, indique le syndicat.
« Il est grand temps d'obtenir ce que nous
méritons. Nous avons sorti cette entreprise de la
faillite, a déclaré un mineur en grève. Nous
méritons de récupérer ce que nous avions. »
Les mineurs informent également que la société
leur a imposé des conditions de travail
intenables, où en plus des conditions difficiles
et dangereuses auxquelles ils sont confrontés dans
la mine, ils doivent être prêts à travailler sept
jours sur sept, jusqu'à 16 heures par jour, et
risquent d'être licenciés s'ils manquent plus de
quatre jours de travail, sauf en cas de décès dans
la famille.
Brian Kelly, 50 ans, mineur de troisième
génération et président de la section locale 2245
de l'UMWA, a participé à la manifestation avec sa
femme, ses deux filles et son petit-fils. Il a
souligné que de nombreux travailleurs ont du mal à
payer leurs factures médicales car les soins de
santé sont devenus plus onéreux pour eux.
« Nous avons des percepteurs de dettes qui nous
harcèlent de partout parce que nous ne sommes pas
capables de payer ces factures, a dit Kelly. Il y
avait autrefois un peu de respect pour ceux qui
descendent dans la mine... et cette entreprise a
justement perdu tout respect pour nous. »
L'entreprise a fait venir des travailleurs de
remplacement pour briser la grève. Cependant, les
travailleurs signalent que les conditions de
sécurité se sont détériorées et que l'entreprise
fonctionne en dessous de ses capacités, réduisant
la production d'une mine et en fermant une autre.
La grève a également contraint l'entreprise à
interrompre le développement d'un nouveau projet,
ainsi que les rachats d'actions.
Carl White, 35 ans, président de la section 2397
de l'UMWA, a déclaré que BlackRock s'aperçoit
probablement « que cette entreprise n'est pas
aussi performante que lorsque c'était les
travailleurs syndiqués qui travaillaient dans ces
mines de charbon. Nous ne demandons pas
grand-chose ici, a déclaré White. Il est temps de
s'asseoir à la table et de nous donner une
convention collective juste et décente. »
Ce sont les travailleurs qui produisent la
richesse, à partir de laquelle Warrior Met et
BlackRock tirent leurs profits pharamineux par
leur exploitation croissante et intenable.
Pourtant, dans une déclaration à Bloomberg,
Warrior Met présente le monde sens dessus dessous
et décrit son existence comme étant menacée par
les justes revendications des travailleurs : «
Nous avons travaillé et continuerons à travailler
avec l'UMWA pour parvenir à une convention
collective juste et raisonnable qui offre à nos
employés des conditions concurrentielles tout en
protégeant les emplois et en assurant la longévité
de l'entreprise. »
La manifestation à New York est une des multiples
manifestations organisées par l'UMWA dans le cadre
de la grève actuelle. Environ douzaine de
travailleurs ont été arrêtés et accusés
d'intrusion lors d'une manifestation organisée le
25 mai devant une mine de Warrior Met Coal à
Tuscaloosa, en Alabama, où l'entrée a été bloquée
pour empêcher les travailleurs de remplacement
d'entrer et de sortir de la mine lors du
changement de quart de travail.
L'UMWA indique qu'il a organisé « de nombreux
rassemblements de solidarité au Tannehill State
Park à Bessemer, en Alabama, afin de réunir les
mineurs, les familles et les sympathisants pour
discuter de l'importance de demeurer vigilants
dans la lutte contre la compagnie de charbon.
L'UMWA a reçu un immense soutien de la part de nos
frères et soeurs syndiqués, des politiciens locaux
et des communautés environnantes depuis qu'il a
annoncé sa grève. »
Conflits croissants entre les
agences de police aux États-Unis
- Kathleen Chandler -
Les conflits entre le gouvernement fédéral et le
gouverneur du Texas, Greg Abbott, concernant
l'autorité en matière d'immigration prend de
l'ampleur. Après avoir envoyé environ 1 000
soldats de la police d'État dans la zone
frontalière, le gouverneur Abbott a publié, le 28
juillet, un décret leur demandant d'arrêter les
voitures « transportant des migrants qui
présentent un risque de transmission de la
COVID-19 ». Les défenseurs des droits des
immigrants ont immédiatement protesté, affirmant
que cette action ne pouvait se solder par autre
chose qu'un profilage racial par les troupes de
l'État. De plus, comme ils n'ont aucun moyen
d'évaluer qui représente un risque, le profilage
par pays d'origine serait également utilisé comme
mesure. Les policiers d'État ont été habilités à
arrêter les voitures qu'ils « soupçonnent » de
transporter des migrants, à les obliger à
retourner à leur point d'origine ou à un point
d'entrée et à saisir le véhicule si le conducteur
refuse.
Le 29 juillet, le procureur général des
États-Unis, Merrick Garland, a menacé
d'intervenir, affirmant que le décret était «
dangereux et illégal » et demandant au gouverneur
Abbott de l'annuler. Il a déclaré que le décret «
viole la loi fédérale à de nombreux égards et que
le Texas ne peut pas légalement appliquer le
décret contre un fonctionnaire fédéral ou des
entitées privées travaillant avec les États-Unis
». M. Abbott a refusé, déclarant expressément que
son « devoir demeure envers le peuple du Texas, et
je n'ai pas l'intention d'y renoncer ».
Le 30 juillet, le département de la Justice a
intenté une action en justice devant le tribunal
de district d'El Paso. La poursuite souligne la
suprématie du gouvernement fédéral en matière
d'immigration. Elle affirme qu'« aucun État ne
peut faire obstacle au gouvernement fédéral dans
l'exercice de ses responsabilités
constitutionnelles » et que le décret « interfère
directement avec l'administration de la loi
fédérale sur l'immigration ». Elle évoque les
conflits en cours en disant que le décret « cause
un préjudice aux États-Unis et aux personnes que
les États-Unis sont chargés de protéger, en
mettant en péril la santé et la sécurité des
non-citoyens placés sous la garde du gouvernement
fédéral, en mettant en danger la sécurité des
agents fédéraux chargés de l'application de la loi
et de leurs familles ».
Le gouvernement fédéral passe des contrats avec
de nombreuses organisations religieuses et à but
non lucratif pour aider à transporter les
migrants, y compris les réfugiés demandeurs
d'asile, vers des abris ou des gares routières,
des aéroports, etc. Ce sont ces personnes et ces
organisations qui sont directement visées, ainsi
que l'autorité fédérale de manière plus générale.
Il est également vrai que l'exécution de cet ordre
pourrait signifier qu'un plus grand nombre de
personnes seront contraintes de rester dans des
camps de détention fédéraux, car elles ne peuvent
pas être transportées.
Le président Biden utilise également la COVID-19
pour justifier l'interdiction d'entrée des
réfugiés et leur retour forcé au Mexique. Ainsi,
le gouvernement fédéral et les gouvernements des
États violent les droits des immigrants et des
réfugiés, tout en se disputant l'autorité.
Il faut garder à l'esprit que les différentes
forces concernées – la garde nationale fédérale et
celle de l'État, les agences fédérales, notamment
les services de l'immigration et des douanes et la
patrouille frontalière, les troupes de l'État du
Texas et les shérifs locaux – sont toutes armées
et reçoivent des ordres contradictoires. Comme
l'indique la poursuite, la situation « met en
danger la sécurité du personnel fédéral chargé de
l'application des lois ». Même si la Cour tranche
en faveur du gouvernement fédéral, cela ne
signifie pas que le gouverneur Abbott s'y
soumettra. Le risque de confrontation directe
entre les services de police, y compris de
confrontation armée, augmente considérablement.
La signification de l'envoi de la Garde
nationale à la frontière du Texas par la
gouverneure du Dakota du Sud
À la demande du gouverneur du Texas Greg Abbott,
la gouverneure du Dakota du Sud Kristi Noem
déploie jusqu'à 50 soldats de la Garde nationale
de son État à la frontière sud des États-Unis.
Elle a annoncé ce déploiement le 29 juin, disant
répondre à l'appel du gouverneur Abbott qui
souhaitait renforcer la sécurité de la frontière à
l'aide de forces policières d'autres États. Le
déploiement initial durera semble-t-il de 30 à 60
jours, mais la gouverneure Noem peut le prolonger
et ajouter des soldats supplémentaires. Elle a
également déclaré que le déploiement était payé
par un particulier qui est un méga donateur
milliardaire et partisan de Donald Trump et des
factions dirigeantes qu'il représente. Les
gouverneurs Abbott et Noem sont également des
partisans de trump.
Le déploiement, bien que faible en nombre, est
significatif dans la mesure où il s'agit d'États
agissant indépendamment du gouvernement fédéral en
matière d'immigration. Il indique que les
gouverneurs, qui représentent également des
factions rivales au sein des cercles dirigeants,
rejettent le compromis concernant les forces
armées conclu lorsque la Constitution a été
écrite. Ce compromis prévoyait que les factions
dirigeantes n'organiseraient pas leurs propres
armées privées et accepteraient l'autorité d'une
seule armée publique, l'armée continentale, qui
regroupe aujourd'hui l'ensemble des forces
militaires américaines sous le commandement du
président, qui est le commandant en chef, et donc
du Pentagone. La Garde nationale de l'État devait
être mobilisée dans l'État, par exemple en cas
d'ouragans, d'incendies ou autres catastrophes
naturelles. Chaque État contrôle des forces armées
importantes avec la Garde nationale, en plus
d'importantes forces policières de l'État. C'est
le gouverneur de chaque État qui commande ces
forces, et non le Pentagone. Le déploiement à
l'extérieur de l'État implique que le président,
avec le consentement des gouverneurs, place les
forces de l'État sous contrôle central, de sorte
que le Pentagone en assure le commandement. Cela a
été fait dans le passé, par exemple, quand un
grand nombre de gardes nationaux ont été déployés
en Irak et en Afghanistan, rôle habituellement
réservé aux soldats en service actif.
Il y a présentement environ 4 000 soldats de
différents États à la frontière, principalement
des gardes nationaux placés sous l'autorité
centrale, ainsi que quelques soldats en service
actif. Ils ont été déployés par le président Trump
en 2018 et placés sous le commandement du
Pentagone, et ils y sont restés depuis, maintenant
sous le commandement du président Biden.
Le positionnement de troupes sous leur
commandement direct par les gouverneurs du Texas
et du Dakota du Sud est un nouveau développement
qui va inévitablement exacerber les conflits déjà
intenses entre les différentes agences de maintien
de l'ordre fédérales et étatiques, et au sein de
ces agences également, en particulier lorsqu'il
s'agit de la frontière sud et de l'immigration. La
Californie, par exemple, a refusé d'envoyer des
forces à la frontière lorsque Donald Trump l'a
réclamé.
Le gouverneur Abbott a déjà déployé la Garde
nationale du Texas à la frontière entre le Texas
et le Mexique et la gouverneure Noem y ajoute
maintenant un contingent de la Garde nationale du
Dakota du Sud. Puisque ni la Garde nationale du
Texas ni celle du Dakota du Sud ne sont sous le
commandement du Pentagone, elles peuvent mener des
activités de maintien de l'ordre, comme des
arrestations et des détentions.
En plus, il existe déjà des armées mercenaires
privées aux États-Unis, mais elles sont
généralement restées sous le commandement du
Pentagone, comme en Irak, ou d'autres agences de
police fédérales. Elles représentent néanmoins une
privatisation des forces armées opérant
directement pour le compte des oligopoles,
généralement avec l'appui et le soutien des
agences gouvernementales de maintien de l'ordre.
De telles forces ont été utilisées, par exemple,
contre des peuples autochtones, comme les
protecteurs de l'eau à Standing Rock. À cet égard,
la capacité des armées privées contrôlées par les
oligopoles à agir indépendamment du gouvernement
fédéral, voire contre son gré, fait partie des
rivalités intenses entre les factions au pouvoir.
Le danger d'une guerre civile violente augmente
avec ces développements. Les factions rivales au
pouvoir s'efforcent de maintenir leur domination
dans des conditions où leurs mécanismes habituels
d'atténuation des conflits ne fonctionnent pas,
comme l'indiquent ce déploiement mais aussi
l'échec des élections à aplanir les différends et
le dysfonctionnement de plus en plus évident du
Congrès. Elles doivent répondre aux peuples qui,
partout, rejettent leur légitimité et luttent pour
les droits de toutes et tous, s'unissant contre la
guerre et le recours à la force.
Dans cette situation, les dirigeants et leurs
médias tentent à nouveau de dépeindre le problème
comme une question de choisir le « bon côté » —
Biden ou Trump. Trump a déjà rendu visite au
gouverneur du Texas et s'est rendu à la frontière
le 30 juin, et tout est fait pour attiser les
passions pour un côté ou l'autre. Les efforts unis
des peuples, y compris de part et d'autre de la
frontière entre les États-Unis et le Mexique,
comme on l'a vu à El Paso et ailleurs, montrent
que c'est cette lutte pour l'affirmation du peuple
qui permet d'avancer, et non le choix d'un camp
parmi les dirigeants.
Les gens sont de plus en plus conscients qu'ils
ne peuvent pas se permettre de « choisir un camp »
comme on les y incite. Ils doivent au contraire
trouver comment intervenir à leur propre avantage,
sur la base des objectifs qu'ils veulent eux-mêmes
donner au pays.
Les communautés frontalières de la vallée du Rio
Grande au Texas organisent une assemblée publique
le 30 juin 2021 pour défendre les droits de tous
et protester contre la visite du mur frontalier
par le gouverneur Abbott et Donald Trump ce
jour-là. (LUPE)
Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, en plus de
placer la Garde nationale du Texas sur la
frontière avec le Mexique et d'avoir recours à la
Garde nationale d'autres États, augmente
maintenant la présence des forces policières de
l'État. Il le fait au nom d'une « déclaration de
catastrophe » dans la région frontalière, ce qui
lui donne l'autorité de commander et d'inviter les
agences de police d'État.
Abbott a expédié environ 1 000 agents du
Département de la Sécurité publique du Texas (DPS)
– près du quart de la force policière de l'État –
dans des comtés sur la frontière ou à proximité de
celle-ci. Il leur a ordonné d'arrêter les migrants
entrant au pays, dont plusieurs sont des
demandeurs d'asile, les accusant d'intrusion, un
délit qui ne mène pas habituellement à
l'emprisonnement et qui relève normalement des
forces locales. Alors que ce ne sont que les «
hommes non accompagnés » qui doivent être ciblés,
les hommes membres d'une famille ont aussi été
ciblés et envoyés à des kilomètres de la prison.
D'une façon ou d'une autre, ces actions vont à
l'encontre de la loi fédérale, qui requiert que ce
soient les forces fédérales qui interviennent dans
les questions d'immigration.
À la fin de juillet, Abbott a ordonné à la Garde
nationale du Texas d'aider les policiers de l'État
à faire ces arrestations. Habituellement, la Garde
ne s'occupe pas du maintien de l'ordre public
local. Les gardes à la frontière sont munis de
fusils d'assaut. La Garde nationale fédéralisée,
sous le commandement du Pentagone, est aussi armée
et présente.
Le comté de Val Verde, où est située la ville de
Del Rio, est l'endroit où les premières
arrestations ont eu lieu. Les représentants
gouvernementaux évaluent qu'il pourrait y avoir 50
arrestations par jour dans le comté de Val Verde à
lui seul, et possiblement 200 par jour en août.
Le gouverneur a aussi puisé dans les fonds de
l'État pour financer une clôture de frontière qui
doit être érigée sur un terrain privé à la
frontière près de Del Rio pour donner suite aux
accusations d'intrusion. Au Texas, une intrusion
criminelle requiert que la personne sache qu'elle
commet une intrusion, ce qui souvent n'est pas le
cas des migrants. On dit que la clôture sera
suffisante pour que des accusations soient
portées.
On s'attend à ce que les personnes arrêtées
reçoivent des peines d'emprisonnement et qu'elles
soient remises à l'Agence de l'immigration et des
douanes (ICE) pour être expulsées. L'ICE a déjà
demandé d'être notifiée avant que les personnes
arrêtées ne soient libérées.
Les actions du gouverneur vont à l'encontre de la
loi fédérale en matière des réfugiés demandant
asile. Les migrants qui traversent la frontière,
que ce soit aux points d'entrée ou non, et qui se
rendent à la patrouille frontalière fédérale,
peuvent présenter leur cas en faveur de l'asile et
rester aux États-Unis. Les représentants du comté
de Val Verde ont dit qu'une vaste majorité de gens
traversant la frontière à Del Rio se sont
immédiatement rendus pour demander asile. S'il est
vrai que le gouvernement fédéral a aussi rendu
l'asile plus difficile d'accès, il s'agit ici
d'une ingérence de la part de forces policières
d'État en immigration, qui relève du fédéral.
Déjà, les shérifs locaux s'objectent et il en est
de même des forces fédérales. Le shérif du comté
de Val Verde, par exemple, est intervenu en faveur
d'un couple de migrants, alors que l'homme a été
arrêté par des policiers de l'État et séparé de sa
conjointe. Il a aussi invité les médias à assister
à l'arrestation, disant que celle-ci n'était pas
habituelle et qu'il ne s'agissait pas du seul
exemple de familles subissant une séparation. Le
shérif a appelé les représentants du DPS et a
obtenu la libération de cet homme, mais des
douzaines de cas vont tout de même de l'avant.
L'agent de la patrouille frontalière présent a
aussi soulevé des objections mais a choisi de ne
pas intervenir dans ce cas particulier.
Les comtés frontaliers les plus peuplés, comme El
Paso et ceux de la Vallée du Rio Grande, ont
refusé la requête d'Abbott d'envoyer plus de
policiers dans les régions. Les représentants
locaux maintiennent qu'il n'y a pas eu
augmentation d'activités criminelles dans leurs
comtés qui justifierait une déclaration de
catastrophe et une augmentation de présence
policière. On ne peut dire si Abbott va envoyer
des forces en dépit de leurs objections.
Des soldats tendent des fils barbelés à la
frontière entre McAllen, au Texas, et Hidalgo, au
Mexique, le 12 novembre 2018.
Avec tant de forces différentes dans la mêlée –
la patrouille frontalière fédérale et l'Agence de
l'immigration et des douanes (ICE), la Garde
nationale fédérale et d'État, dont certaines sont
contrôlées par le Pentagone et d'autres par l'État
ou le gouverneur, et un nombre encore plus élevé
de policiers d'État, de shérifs et de
représentants locaux – le potentiel de conflit
entre elles est énorme. Cela crée une situation où
aucune autorité n'existe. C'est un nouvel exemple
de comment la gouvernance est devenue
dysfonctionnelle et de l'incapacité des forces
gouvernantes aux niveaux fédéral, d'État et local
de régler leurs conflits. Cela crée les conditions
d'une guerre civile violente qui met en danger la
vie de tous.
Les résidents du Texas et le long des frontières
ont rejeté la militarisation de leurs villes et de
la région frontalière et s'opposent en même temps
à la criminalisation des migrants. De nombreuses
organisations, dont certaines travaillent des deux
côtés de la frontière, s'organisent pour renforcer
l'unité de tous ceux et celles qui luttent et
intensifient la lutte pour la justice et la
défense des droits de tous, qui est le fondement
de la sécurité du peuple.
Inde
- Jaspal Singh -
Les fermiers tiennent
leur Kisan Sansad (Parlement des fermiers) à
Jantar Mantar à New Delhi.
La lutte des fermiers en Inde pour abroger les
trois lois anti-fermiers et pour leurs droits se
poursuit sans relâche, alors que de plus en plus
d'initiatives sont prises par les fermiers et que
les efforts du gouvernement pour les vaincre
connaissent un échec après l'autre.
Le 22 juillet, les fermiers ont inauguré un Kisan
Sansad (Parlement des fermiers) près du parlement
indien pour discuter en plein air des problèmes
des fermiers et des lois anti-fermiers. Le Kisan
Sansad a débuté avec une minute de silence en
hommage aux 560 fermiers qui sont morts pendant
les manifestations dans les campements. Ensuite,
les fermiers ont expliqué une des lois article par
article et comment elle s'attaque aux fermiers.
Les orateurs ont souligné que ces lois
engendreront la misère pour tout le peuple en
mettant les aliments hors de sa portée. Les
représentants des fermiers ont dit que ce
parlement parallèle de fermiers et du peuple
discute des préoccupations du peuple, tandis que
le parlement de l'autre côté de la rue agit contre
les intérêts des fermiers et du peuple. À chaque
jour, 200 fermiers appartenant à 40 syndicats de
fermiers en provenance des campements participent
à ce parlement. Le parlement des fermiers sera
ouvert aussi longtemps que durera la session de la
mousson au parlement, ont-ils dit.
Le 26 juillet, le Parlement des fermiers a été
convoqué par 200 femmes provenant des quatre coins
de l'Inde. Arborant les couleurs des fermiers,
elles ont discuté de la Loi sur les produits
essentiels qui autorise l'entreposage
illimité de denrées essentielles et laisse le
peuple à la merci des grands monopoles qui
achètent à bas prix, stockent les denrées pour
ensuite les vendre à des prix très élevés. Les
femmes ont analysé les conséquences de cette loi
et l'ont condamnée.
Les femmes se
réunissent à Kisan Sansad, 26 juillet 2021.
Les fermiers ont annoncé la Mission Uttar Pradesh
et Uttarakhand qui va transporter le mouvement des
fermiers aux villages de ces deux États. Ils
organiseront des discussions publiques sur les
lois agricoles dans chacun des villages et
appelleront le peuple à défaire le parti au
pouvoir.
Sous la pluie battante, le Parlement des fermiers
a continué de discuter des préoccupations du
peuple et des lois anti-fermiers, tandis que les
partis de l'élite dirigeante poursuivaient leur
cirque au sein des édifices parlementaires à
Delhi, le moulin à paroles des riches. Les
fermiers ont annoncé qu'un monument commémoratif
pour les plus de 560 fermiers qui sont décédés sur
les frontières de Delhi au cours des huit derniers
mois sera érigé à la frontière de Singhu.
Après que les fermiers ont donné un statut de «
whip populaire » aux membres du parlement qui
appartiennent aux partis d'opposition, ces
derniers ont lancé des slogans en appui aux
fermiers à l'ouverture de la session de la mousson
qui a été ajournée pour une journée. Les fermiers
ont mis de l'avant le slogan Chuppi Chhodo Ya
Kursi Chhodo. (Brisez le silence ou laissez votre
siège). Dans le but de tromper le peuple une fois
de plus, les dirigeants d'Akali Dal, du Parti du
Congrès et d'autres ont manifesté à l'extérieur de
l'entrée du parlement sous la pression exercée par
le mouvement des fermiers.
Les Indiens non-résidents partout dans le monde
ont organisé une nuit à la belle étoile dans
plusieurs pays en appui aux fermiers de l'Inde.
Des centaines de personnes ont passé la nuit à
Times Square à New York, Trafalgar Square à
Londres et dans plusieurs pays du monde. À chaque
jour de la semaine, des rassemblements, des
réunions et des manifestations ont lieu aux quatre
coins du globe. À Boston, un rassemblement se
tient tous les samedis en appui aux fermiers de
l'Inde.
Une étude menée par l'ancien conseiller
économique en chef du gouvernement Modi, qui est
professeur à l'Université Harvard, a indiqué que
les décès en Inde dus à la COVID pourraient être
10 fois plus élevés qu'ils ne l'ont été
officiellement déclarés. « Les décès réels
seraient plutôt de l'ordre de plusieurs millions
et non de centaines de milliers, faisant de cette
pandémie la pire tragédie humaine à sévir en Inde
depuis la partition et l'indépendance », selon le
rapport. La désinformation, la fraude et la
tromperie sont la norme en ce qui concerne le
modus operandi du gouvernement indien. Un ministre
du cabinet Modi a même prétendu dans la Chambre
haute du parlement que personne n'est décédé en
Inde par suite d'un manque d'oxygène.
Le 31 juillet, les
fermiers et les Indiens non-résidents partout dans
le monde ont commémoré le 81e anniversaire du
martyr de Shaheed Udham Singh. Udham Singh a été
pendu le 31 juillet 1940 dans la prison de
Pentonville en Angleterre pour avoir tué Michael
O'Dwyer, connu comme le boucher du Pendjab.
O'Dwyer était lieutenant-gouverneur du Pendjab
losqu'il a ordonné le massacre de Jalianwala Bagh
à Amritsar en 1919, tuant des milliers de
personnes de sang froid. Partout dans le monde, la
vie et l'oeuvre d'Udham Singh continuent
d'inspirer la jeunesse et d'autres en Inde et dans
d'autres régions du globe.
Après avoir tué O'Dwyer, Udham Singh s'est rendu
aux policiers en déclarant : « [...] Depuis plus
de 21 ans, je recherche la vengeance. Je suis
heureux d'y être arrivé. Je ne crains pas la mort.
Je meurs pour mon pays. J'ai vu mon peuple mourir
de faim en Inde sous le pouvoir britannique. Je
m'y suis opposé, c'était mon devoir. Y a-t-il un
plus grand honneur pour moi que celui de mourir
pour ma patrie ? »
La déclaration d'Udham Singh devant les tribunaux
a été classifiée par le gouvernement britannique
après le procès et déclassifiée seulement en 1996.
Il a déclaré en cour : « Me voilà debout devant un
jury anglais. Je suis dans une cour anglaise. Des
gens comme vous vont en Inde et lorsque vous en
revenez, on vous accorde un prix et on vous place
dans la Chambre des communes. Nous venons en
Angleterre et nous sommes condamnés à mort [...]
lorsque vous, sales chiens, viendrez en Inde, le
jour viendra où vous serez rayés de l'Inde. Tout
votre impérialisme britannique sera défait. »
« Les mitrailleuses dans les rues de l'Inde
fauchent des milliers de femmes et d'enfants
pauvres partout où votre soi-disant drapeau de la
démocratie et de la chrétienté est hissé. »
« Vos agissements, vos agissements — je parle ici
du gouvernement britannique. Je n'ai absolument
rien contre le peuple anglais. J'ai plus d'amis
anglais vivant en Angleterre que j'en ai en Inde.
J'éprouve une grande sympathie pour les
travailleurs de l'Angleterre. Je suis contre le
gouvernement impérialiste ».
« Vous, les travailleurs, vous souffrez. Tout le
monde souffre en raison de ces sales chiens, de
ces bêtes déchaînées. L'Inde n'est qu'esclavage.
Tuer, mutiler et détruire — voilà ce qu'est
l'impérialisme britannique. Les gens ne lisent pas
cela dans les journaux, mais nous, nous savons ce
qui se passe en Inde. »
Les fermiers dans les campements autour de Delhi
ont commémoré l'anniversaire du martyr d'Udham
Singh en rendant hommage à sa vie et à son oeuvre.
Plusieurs fermiers ont exhorté le peuple à émuler
la détermination d'Udham Singh.
Le 28 juillet 2021 était
le 51e anniversaire de l'assassinat de Baba Bujha
Singh à l'âge vénérable de 82 ans. Il a été tué
par l'État indien lors d'un coup monté aux petites
heures du matin. Bujha Singh était le dirigeant
des fermiers, des communistes et du parti Ghadar.
À ce jour, personne n'a été puni pour ce meurtre
sanctionné par l'État.
Des milliers de jeunes hommes et de vieux
dirigeants ont été tués par le gouvernement du
Congrès à Delhi dans les années 1970 lors de coups
montés. Institutionnalisés par le parti du
Congrès, ils ont été mis à exécution par le
CPI(M), Akalis, le BJP ainsi que par d'autres
partis gouvernementaux. Le génocide perpétré au
Penjab dans les années 1980 et 1990 a été appuyé
par l'ensemble du système de partis du
gouvernement. Plusieurs personnes ont rappelé les
similarités entre le meurtre du père Stan Swamy et
celui de Baba Bujha Singh. Les fermiers ont rendu
hommage à Baba Bujha Singh lors d'une réunion
commémorative organisée dans son village, où est
érigé un monument à sa mémoire.
Le 28 juillet était aussi le 49ème anniversaire
du meurtre en prison de Charu Mazumdar, secrétaire
général du Parti communiste de l'Inde
(marxiste-léniniste), avant que ce parti ne se
scissionne en plusieurs factions après son décès.
Il a été tué en prison par le gouvernement indien
après son arrestation à Kolkata sans qu'aucune
accusation ne soit portée contre lui et sans la
tenue d'un procès. Au milieu des années 1960,
Charu Mazumdar a écrit huit articles analysant la
société indienne et l'État qui ont inspiré des
millions de paysans qui se sont soulevés contre
leur oppression et ont été brutalement réprimés.
Il a analysé que le peuple de l'Inde, qui a versé
des rivières de sang pour s'affranchir des
Britanniques, n'avait pas atteint ce pour quoi il
avait combattu. L'État indien antipeuple est au
service des grands monopoles et des grands
propriétaires, a-t-il souligné. À leur grande
honte, aujourd'hui certains qui se proclament des
disciples de Charu Mazumdar crient que la
démocratie en Inde est « la plus grande
réalisation du mouvement pour l'indépendance ».
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
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