Le plan d'infrastructure du
président américain Biden
Un gigantesque projet pour payer les riches
- K.C. Adams -
Le plan d'infrastructure de l'administration
Biden est présentement devant le Congrès
américain. Il prévoit l'injection de 2,3 billions
de dollars du trésor public dans la construction
de nouvelles infrastructures et la reconstruction
de routes, de ponts, de réseaux électriques,
d'approvisionnements en eau, de ports et
d'aéroports. Plus de la moitié des fonds mis de
côté seront remis directement aux investisseurs
privés pour ce qu'on appelle des projets « verts
», tel que le stratagème de 174 milliards pour
payer les riches des oligopoles de l'automobile
pour produire des véhicules électriques ou, comme
certains disent, non sans sarcasme, « rendre Elon
Musk encore plus riche ».
Une économie moderne requiert une infrastructure
sociale qui dessert tous les secteurs sans égard
aux rapports de production ou au système de
propriété et de contrôle. Dans un vaste pays comme
les États-Unis, l'infrastructure sociale est
massive dans son ampleur et exige par conséquent
des investissements massifs. L'infrastructure est
un moyen de production socialisé dont toutes les
entreprises et le peuple ont besoin d'une façon ou
d'une autre. Personne ne remet en cause la
nécessité d'infrastructures. Pour le peuple, la
question n'est pas à savoir si les infrastructures
sociales sont nécessaires, mais bien qui les
contrôle et dans quel intérêt de classe sociale
elles sont construites, entretenues et réalisées
(payées).
Le financement, la construction, l'entretien et
la réalisation des infrastructures sociales
doivent-ils servir les intérêts privés rivaux de
l'oligarchie ou le bien commun de l'économie dans
son ensemble et du peuple et de la société et son
humanisation ? La classe ouvrière peut résoudre ce
problème en sa faveur par la mobilisation
politique de masse pour réclamer ce qui lui
revient de droit et ouvrir une voie vers l'avant
pour le renouveau démocratique et une nouvelle
direction prosociale pour l'économie.
Les infrastructures et la mondialisation
impérialiste
Les moyens de transport sont évidemment une
nécessité. Il est nécessaire de transporter les
ressources et les produits aux usines et dans
d'autres endroits de travail, y compris le facteur
humain et sa capacité de travailler. En plus, le
transport de produits vers les points de vente et
les acheteurs, et des clients vers les marchés,
sont tous des fonctions nécessaires à une économie
moderne. La mondialisation a fait en sorte que la
distance entre ces activités est encore plus
grande.
L'infrastructure
internationale sous l'impérialisme comprend la
militarisation et la concurrence pour les
investissements, les ressources, les marchés et
les travailleurs à exploiter. La résistance du
peuple au contrôle étranger et à l'exploitation
est sans relâche alors que l'impérialisme est
contesté de toutes parts. Le développement est
inégal et des concurrents se pointent
inévitablement pour contester le pouvoir en place,
avec le danger constant de guerre en arrière-plan.
Par exemple, la route de la soie de l'ancien monde
est devenue la nouvelle route de la soie du monde
moderne pour construire l'infrastructure reliant
la Chine à 71 pays. En réponse à cela, les
impérialistes américains sous le président Obama
ont annoncé un « pivot » asiatique militaire des
États-Unis et des préparatifs de guerre visant la
Chine, et ces préparatifs se sont intensifiés sous
la présidence Biden, avec le premier ministre
Trudeau et d'autres qui emboîtent le pas.
L'infrastructure internationale et domestique
préoccupe particulièrement l'oligarchie dirigeante
aux États-Unis liée de près à l'économie de guerre
mue par ses intérêts privés individuels et le
désir collectif d'hégémonie mondiale et de
victoire sur ses rivaux.
La propriété, le contrôle et la réalisation de
l'infrastructure
La propriété et le contrôle de l'infrastructure,
son financement, les coûts de production et de
réalisation, la distribution des profits et quels
pays doivent participer à sa construction, son
entretien et sa gestion au pays et à l'étranger
sont des sources de rivalité pour les oligarques
et leurs représentants politiques en fonction de
leurs intérêts et besoins privés. Le bien commun
et comment l'infrastructure doit servir l'économie
dans son ensemble et ses parties de façon
coopérative ne font pas partie des considérations
des oligarques impérialistes. La quête du profit
maximum domine leurs pensées et leurs actions.
Dès que les décisions sont prises par ceux qui
contrôlent, la question qui surgit est comment
financer cette infrastructure. Les 2,3 billions de
dollars proviendront à la fois de la fiscalité
générale et des dépenses déficitaires. Ce qui fait
bien l'affaire des oligarques, puisque prêter de
l'argent du gouvernement est une façon sécuritaire
et fiable non seulement d'obtenir de l'intérêt,
mais aussi de placer de l'argent lorsque les
options sont rares dans des situations données. La
fiscalité générale est devenue une façon pour la
classe ouvrière de payer à partir de sa valeur
reproduite puisque la plupart des oligarques et
leurs entreprises paient peu d'impôt.
La construction et l'entretien d'infrastructures
est avant tout l'affaire privée d'énormes
entreprises qui sont habituellement la propriété
de cartels d'investissement mondiaux et contrôlées
par eux. Les profits provenant de la construction
d'infrastructures sont immenses, comme en
témoignent la fébrilité et les luttes intestines
des riches pour exercer leur influence politique
afin d'être en position de décider des contrats et
de les attribuer.
La réalisation de la valeur transférée des
infrastructures est entourée de mystère. Les
entreprises qui consomment ces infrastructures en
tant que moyen de production et de distribution
cherchent à le faire aux coûts les plus bas
possible, et même sans rien débourser. Souvent,
elles ne paient absolument rien, comme pour le
transport collectif urbain, ou ne déboursent que
très peu, une infime fraction de la vraie valeur
par le biais de routes et de ponts sur la base
d'ententes à des « taux industriels », le service
postal ou les entreprises hydro-électriques
publiques en étant de bons exemples.
Les oligarques considèrent les infrastructures,
qui reproduisent le facteur humain et maintiennent
sa disponibilité, sa santé et son éducation selon
les normes requises comme ne relevant pas de leur
responsabilité pour ce qui est de payer pour
(réaliser) ces infrastructures par le biais de
leurs entreprises, si ce n'est que par des frais
d'usagers minimaux, la fiscalité des entreprises,
les oeuvres de charité et certaines conventions
collectives avec leurs propres travailleurs liées
aux régimes de retraite et à d'autres avantages
sociaux.
Le refus de reconnaître l'infrastructure sociale
comme un moyen de production nécessaire qui relève
de la responsabilité individuelle et collective de
toutes les entreprises actives dans l'économie a
comme résultat de rejeter le coût de la
réalisation sur le dos de la classe ouvrière. Le
refus de ceux qui contrôlent l'économie et ses
parties de reconnaître et d'assumer leurs
responsabilités sociales signifie que les
problèmes restent non résolus, les conditions
sociales se détériorent et le peuple est privé de
son droit à l'éducation, la santé, l'emploi et
même sa vie.
L'édification nationale
En vertu du régime actuel des oligarques, les
dépenses en infrastructure visent à consolider
leurs intérêts et contrôle privés en opposition à
la nécessité d'édification nationale pour servir
l'économie et le peuple également. L'édification
nationale moderne est un projet que la classe
ouvrière doit prendre en mains, en vertu de son
contrôle et de son objectif de servir le peuple,
sa société et toute l'humanité.
Très peu de
dépenses publiques contrôlées par l'oligarchie
mènent à un revenu réel réalisé et potentiel pour
les entreprises organisées par l'État et qui
pourrait être réinvesti dans d'autres
infrastructures et programmes sociaux. Ce manque
engendre un problème structurel pour
l'impérialisme sur la question de trouver les
fonds publics pour payer les riches et pour
financer les immenses pouvoirs de police au pays
et sur le plan international, la bureaucratie et
l'infrastructure d'État. Les oligarques rejettent
le fardeau de trouver des fonds publics pour le
trésor public sur le dos de la classe ouvrière par
le biais d'impôts sur le revenu des particuliers
et les frais d'usagers. C'est une pression vers le
bas qui est exercée sur la classe ouvrière et sur
son niveau de vie.
Les dépenses réduites de l'État pour les
programmes sociaux et la nécessité pour les
oligarques de toujours maintenir un certain niveau
de chômage ou un « surplus de travailleurs »
disponibles en tout temps engendrent une
détérioration des conditions sociales et un flux
constant de travailleurs qui quittent la
population active pour se retrouver dans l'extrême
pauvreté, ainsi que d'un nombre égal de gens qui
participent à des actions sociales et de
bienfaisance pour tenter d'aider les pauvres et
faire valoir leurs besoins. Pourquoi le problème
de l'industrialisation de la pauvreté et des
oeuvres de charité n'est-il jamais soulevé par les
cercles officiels alors que la productivité de
l'économie moderne peut de toute évidence trouver
des solutions qui puissent élever le niveau
culturel et social du peuple, affirmer ses droits
et lui permettre de participer au travail et à la
vie selon la capacité de chacun.
Lorsqu'il y a construction et entretien
d'infrastructures sociales, ce sont avant tout les
intérêts privés de l'oligarchie qui sont servis.
C'est une raison de plus pour que les oligarques
s'entredéchirent férocement pour veiller à ce que
leurs intérêts privés soient représentés au
gouvernement et que leurs agents politiques au
sein des partis cartels se trouvent en position
d'attribuer des contrats.
Les révélations sur l'économie politique sur la
question des infrastructures et le refus de
l'oligarchie d'assumer ses responsabilités
constituent un des fronts de lutte pour affirmer
les droits de tous et réclamer ce qui revient de
droit à la classe ouvrière en tant que productrice
de toute valeur. Les révélations et la lutte de
classe pour arrêter de payer les riches et
augmenter les investissements dans les programmes
sociaux tracent la voie d'une nouvelle direction
pour l'économie qui fait en sorte que les
producteurs de fait eux-mêmes prennent le contrôle
des affaires économiques et politiques et qu'ils
se libèrent du fardeau imposé par les intérêts
privés étroits en concurrence des oligarques, qui
dictent ce qui doit être fait, en opposition à la
classe ouvrière et aux forces productives
socialisées.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 19 - 1er août 2021
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2021/Articles/LS51191.HTM
Site Web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|