Le présent additif contient une mise à jour de
la réponse de Cuba concernant la résolution 74/7
de l'Assemblée générale, intitulée « Nécessité
de lever le blocus
économique, commercial et financier imposé à
Cuba par les États-Unis d'Amérique », et fait
état des principales répercussions de cette
politique constatées entre avril et décembre
2020. Au
cours de la période susmentionnée, le
Gouvernement des États-Unis d'Amérique a
renforcé le blocus de manière opportuniste et
inédite, dans le contexte des difficultés
provoquées par la
pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19).
[L'additif a été présenté le 5 mai 2021.]
Au cours des quatre dernières années, ce sont
plus de 240 mesures coercitives qui ont été
prises par le Gouvernement des États-Unis contre
le peuple et le Gouvernement cubains, et ces
mesures sont toujours en vigueur. Il ne s'agit
pas seulement de simples mesures de renforcement
du blocus, mais du recours à de nouvelles
méthodes, dont certaines sont sans précédent,
qui
ont porté la guerre économique menée contre Cuba
à des niveaux extrêmes, comme en témoignent les
pénuries matérielles qui rythment la vie
quotidienne de chaque Cubain.
Pour Cuba, ces restrictions aggravent les
multiples défis créés par la pandémie de
COVID-19 et en multiplient les effets
dévastateurs dans les domaines socio-économique,
sanitaire et
financier. Ces mesures ont entravé à plusieurs
reprises l'arrivée de l'aide humanitaire dans le
pays, ce qui est immoral et injustifiable dans
le contexte de la lutte contre la pandémie et
révèle
la nature criminelle du blocus.
Entre avril et décembre 2020, les pertes subies
par Cuba à cause du blocus se sont élevées à 3
586,9 millions de dollars environ, ce qui,
ajouté aux pertes de la période précédente,
porte
à un total de 9 157,2 millions de dollars les
pertes subies entre avril 2019 et décembre 2020.
Aux prix courants, les pertes subies depuis que
le blocus est appliqué, soit depuis près de 60
ans, s'élèvent à 147 853, 3 millions de dollars.
Compte tenu de la dépréciation du dollar par
rapport à la valeur de l'or sur le marché
international, le blocus a causé des dommages
pouvant être estimés à plus de 1 377 998
millions de dollars.
La conversion des coûts liés au blocus en
capacité de paiement du pays permettrait, en
moins de cinq ans, de remédier de manière
significative à l'obsolescence d'une grande
partie des
infrastructures cubaines et, en particulier, de
transformer la matrice énergétique du pays en
privilégiant les sources d'énergie
renouvelables. Disposer de cette somme d'argent
permettrait à
Cuba d'inverser favorablement sa situation
financière, de renforcer la confiance des
investisseurs et des créanciers étrangers et
d'augmenter sensiblement sa capacité d'accès aux
marchés
financiers et aux marchés de capitaux.
Dans les circonstances actuelles, le blocus
constitue un énorme fardeau pour la population
et l'économie cubaines, et a des effets
particulièrement dévastateurs dans le contexte
de la
pandémie de COVID-19, Cuba ayant dû mobiliser
des ressources considérables pour garantir de
toute urgence la disponibilité des équipements
et du matériel nécessaires à son système
national de santé.
Les effets du blocus sur le secteur de la
santé, l'un des plus touchés au cours de la
période considérée, se traduisent par la pénurie
de produits de consommation essentiels, ainsi
que par
les difficultés de l'industrie nationale à
acquérir les intrants nécessaires à la
conservation des aliments et à la production de
médicaments, entre autres choses.
Le refus des fournisseurs de fournir les
marchandises convenues, les retards dans la
livraison des intrants et l'augmentation des
coûts, étant donné la nécessité de se fournir
sur des
marchés éloignés et de passer par des
intermédiaires, ont notamment entraîné des
pertes dans ce secteur, qui, pour la période
comprise entre avril et décembre 2020, se sont
élevées à 198
348 000 dollars. Cela représente une
augmentation de 38 millions de dollars par
rapport à la période précédente.
Les cas des entreprises allemandes Sartorius et
Merck ainsi que celui de Cytiva et d'autres
fournisseurs habituels de l'île en matériel de
laboratoire, en réactifs et en intrants, qui ont
cessé leurs livraisons à Cuba en 2020 en raison
du renforcement du blocus, sont particulièrement
parlants à cet égard. Au cours de la période à
l'examen, Cuba a été dans l'impossibilité
d'avoir accès à 32 équipements et fournitures
nécessaires à la production de candidats vaccins
contre la COVID-19 ou à l'exécution d'étapes
permettant l'achèvement des essais cliniques,
notamment des équipements utilisés pour la
purification des candidats vaccins, des additifs
pour les équipements de production, des cuves et
capsules de filtration, du chlorure de potassium
en solution, du thiomersal, des sacs et des
réactifs.
Faute de pouvoir traiter directement avec le
fabricant, Cuba a dû faire appel à d'autres
fournisseurs qui ont joué le rôle
d'intermédiaires, ce qui a entraîné une
augmentation des prix
comprise entre 50 % et 65 % du prix habituel.
Cette situation a nui aux travaux de plusieurs
entités de l'industrie biopharmaceutique
cubaine, parmi lesquelles le Centre de génie
génétique et de biotechnologie, l'Institut de
vaccination Finlay, la société Laboratoires AICA
et la société d'import-export FarmaCuba, qui
participent directement aux efforts du pays pour
faire face à la pandémie.
En novembre 2020, le Ministère des transports
des États-Unis a refusé, sur ordre du
Département d'État, d'accorder aux compagnies
aériennes IBC Airways et SkyWayEnterprises
l'autorisation d'effectuer des vols vers Cuba
pour transporter des marchandises à visée
humanitaire. La première compagnie a affirmé que
la décision était due au fait que Cuba faisait
partie
des « pays soumis à des sanctions économiques
imposées par les Etats-Unis », tandis que la
seconde a évoqué des difficultés avec Stripe, la
société américaine qui lui sert de prestataire
de
services de paiement.
De même, en février 2021, les sociétés
JustGiving et Crowdfunder UK ont bloqué les
pages de l'organisation de solidarité « Cubanos
en UK » créées pour récolter des fonds en vue de
l'achat de fournitures médicales et pour
soutenir la campagne de vaccination contre la
COVID-19 à Cuba.
Malgré ces obstacles et ces limitations de
taille, le rôle de Cuba dans la lutte contre la
pandémie a été salué au niveau international. Le
pays dispose de cinq candidats vaccins en cours
de développement et a dépêché 57 brigades
médicales dans 40 pays et territoires pour
appuyer la lutte contre la pandémie. La campagne
immorale de diffamation organisée par les
États-Unis contre les initiatives de coopération
médicale cubaine n'a pas pu arrêter la
solidarité et la vocation humaniste de notre
peuple.
Le durcissement des effets extraterritoriaux du
blocus a créé des obstacles supplémentaires aux
échanges commerciaux et financiers de Cuba. La
mise à jour des listes établies de façon
unilatérale par les États-Unis a restreint
l'activité commerciale et touristique du pays et
réduit les revenus perçus par l'État cubain à ce
titre. Le Département d'État a ajouté de
nouvelles
entreprises à la Liste des entités cubaines
soumises à des restrictions, liste conçue
uniquement aux fins d'empêcher Cuba d'effectuer
des transactions avec des personnes soumises à
la
juridiction des États-Unis. Cette liste établie
de façon unilatérale a continué d'avoir un effet
intimidant et dissuasif sur les milieux
d'affaires internationaux.
Fincimex et American International Service,
deux entreprises cubaines qui facilitent
l'acheminement des transferts de fonds, ont subi
des répercussions dommageables significatives à
la
suite de leur inscription sur ladite liste, en
juin et en septembre 2020 respectivement. Cette
inscription visait à casser le circuit des fonds
servant de revenus aux familles et à limiter
considérablement l'entrée de devises dans le
pays. Western Union, la société de services
financiers la plus utilisée pour envoyer des
fonds à Cuba, a cessé ses activités dans le
pays. Les
conséquences de ces mesures se font encore
sentir. Outre leurs incidences générales sur
l'économie cubaine, ces mesures ont des
conséquences particulièrement préjudiciables
pour les
personnes dont les revenus personnels dépendent
de ces transferts de fonds et représentent une
charge onéreuse pour ceux qui, depuis les
États-Unis, envoient cet argent à leurs parents
et à
leurs proches à Cuba.
Au cours de la période considérée, des
poursuites ont été engagées en vertu du titre
III de la loi Helms-Burton à sept reprises.
Depuis l'activation de ces dispositions, en mai
2019, des
poursuites ont été engagées à 34 reprises au
total. Par son caractère extraterritorial, cette
loi viole la souveraineté des pays tiers, nuit
aux intérêts de leurs nationaux et entrave leurs
relations
commerciales avec Cuba.
Les navires et les entreprises associés au
transport de carburant ont continué à faire
l'objet de menaces et de mesures coercitives, ce
qui a créé des difficultés considérables dans la
vie
quotidienne dans le pays et a directement porté
préjudice aux familles cubaines.
Entre avril et décembre 2020, le préjudice
monétaire et financier a atteint le montant de
404,2 millions de dollars. Cela représente une
augmentation de 42 % par rapport à la période
précédente et souligne la brutalité de la
persécution financière dont Cuba a été la cible
l'année dernière.
En janvier 2021, les Etats-Unis ont inscrit
Cuba sur la liste des États soutenant le
terrorisme, qu'ils établissent de façon
unilatérale ; cette décision, qui a été
largement contestée tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur des États-Unis,
renforce les conséquences du blocus en aggravant
les difficultés que rencontre Cuba pour
participer au commerce international, effectuer
des
opérations financières et acquérir des intrants
de base.
Des dizaines de banques ont suspendu leurs
opérations avec Cuba, y compris en ce qui
concerne les transferts légitimes pour l'achat
de nourriture, de médicaments et de biens
destinés à
la population. Au beau milieu des difficultés
créées par la pandémie de COVID-19, des dizaines
de missions diplomatiques cubaines dans le monde
ont été lâchées par les banques qui leur
proposaient traditionnellement des services,
celles-ci craignant de subir des représailles de
la part du Gouvernement des États-Unis. Cette
situation nuit au fonctionnement et aux moyens
de
subsistance des entités concernées et de leur
personnel. Le durcissement du caractère
extraterritorial du blocus dans la sphère
financière touche également les personnes
physiques. De
nombreuses informations font état de cas de
Cubains qui, alors même qu'ils ne vivent pas à
Cuba, se heurtent au refus de leurs banques
d'effectuer des transferts en rapport avec Cuba.
Le Bureau du contrôle des avoirs étrangers a
continué d'imposer des mesures coercitives à des
entités américaines et à des entités de pays
tiers en réponse à de prétendues violations du
blocus. Pour la période allant de 2017 à 2020,
le coût de ces sanctions a atteint un montant
total de 3 761 876 629 dollars.
Des restrictions des voyages des Américains à
Cuba ont également été appliquées, mesures qui
allaient à l'encontre du soutien aux échanges
entre les peuples de ces pays manifesté par
de larges secteurs aux États-Unis. En septembre
2020, l'autorisation qui permettait à des
personnes relevant de la juridiction des
États-Unis d'organiser des réunions ou des
conférences
professionnelles à Cuba ou d'y assister a été
supprimée, ainsi que l'autorisation d'effectuer
des démarches liées à des spectacles publics, à
des expositions et à des compétitions sportives,
entre autres. En outre, une liste d'hébergements
interdits à Cuba, comprenant 422 hôtels et
maisons à louer, a été établie.
Les restrictions concernant les voyages et les
transferts de fonds ont des conséquences aussi
bien pour le secteur public que pour le secteur
privé de Cuba. Si ces obstacles étaient
supprimés, de nombreux professionnels des
transports, propriétaires de logements,
artisans, entre autres, pourraient percevoir des
revenus plus élevés et auraient de plus grandes
possibilités
de développement de leur activité économique.
Les intérêts des entreprises américaines ont
eux aussi été touchés par le renforcement du
blocus. En juin 2020, on a appris que le
Département du Trésor des États-Unis a refusé à
l'entreprise Marriott International le
renouvellement de la licence qui lui permettait
d'exploiter un hôtel à Cuba et lui a interdit
d'entreprendre des activités à l'avenir dans le
pays.
Cette politique empêche les entreprises
cubaines et américaines de progresser dans la
conclusion d'accords mutuellement bénéfiques
dans plusieurs secteurs, dont les
télécommunications.
Dans ce secteur, les répercussions du blocus ont
entravé des accords conclus précédemment
établis, comme le projet de location de
capacités sur un câble sous-marin entre
l'entreprise
cubaine de télécommunications ETECSA et la
société C and W Networks. Cette dernière a
sollicité la licence requise auprès de la
Commission fédérale des communications en
septembre
2018, avant de retirer sa demande en octobre
2020, celle-ci étant restée sans réponse.
Les négociations entre FedEx et le groupe
commercial Correos de Cuba se heurtent à une
situation similaire. Les deux entreprises ont
convenu de commencer leurs opérations en mai
2019, mais FedEx a décidé de reporter le début
des opérations à janvier 2020, en raison du
refroidissement des relations bilatérales entre
Cuba et les États-Unis. Depuis lors, la société
n'a
cessé de reporter le début des opérations, en
faisant valoir les mêmes motifs.
Plusieurs comptes de médias cubains sur
diverses plateformes numériques ont été
supprimés. En août 2020, alors que Cuba
s'apprêtait à annoncer qu'il disposait d'un
premier candidat
vaccin contre la COVID-19, Google a censuré les
pages YouTube des médias
Granma, Mesa Redonda et Cubavisión
Internacional, en prétextant de prétendues
violations des lois
américaines sur l'exportation.
Le secteur agricole est un autre secteur
particulièrement touché par le blocus. La perte
de revenus provenant des exportations de biens
et de services, les coûts supplémentaires
découlant
de la délocalisation géographique du commerce et
d'autres obstacles entravant l'acquisition de
technologies et de combustibles ont gravement
nui à la production et à l'acquisition de
denrées
alimentaires à Cuba, ce qui a entraîné des
pertes représentant un montant qui s'est élevé à
330 466 millions de dollars pour la période
comprise entre avril et décembre 2020.
Le secteur agricole américain pâtit lui aussi
de cette situation. Comme indiqué dans la lettre
envoyée par la United States Agriculture
Coalition for Cuba au président Joseph Biden en
janvier 2021, Cuba représente une perspective de
débouchés pour les agriculteurs et les éleveurs
américains, car elle importe chaque année des
denrées alimentaires d'une valeur d'environ 2
milliards de dollars, dont seuls moins de 10 %
proviennent des États-Unis. Si les barrières
commerciales entre les deux pays étaient
supprimées, les exportations américaines de
plusieurs
produits agricoles pourraient augmenter de
manière significative.
Ces derniers mois, on a assisté à de nombreuses
prises de position, tant à l'intérieur qu'à
l'extérieur des États-Unis, visant à appeler le
Président Biden à utiliser ses prérogatives pour
modifier l'application du blocus ainsi que son
impact humanitaire et économique. En février
2021, 56 organisations américaines, dont des
organisations religieuses, écologistes et
universitaires, parmi lesquelles figuraient des
groupes d'avocats et des groupes de défense des
droits humains, ont signé une lettre dans
laquelle elles ont exhorté le président à
revenir sur
les politiques de l'ancien président Donald
Trump. Plusieurs parlementaires américains ont
écrit à l'Administration actuelle dans le même
but.
Dans ses efforts en vue de la levée du blocus,
Cuba bénéficie depuis longtemps du soutien de
l'immense majorité de la communauté
internationale. Nous sommes convaincus que cette
soixante-quinzième session de l'Assemblée
générale sera de nouveau l'occasion de réitérer
la condamnation internationale de cette
politique irrationnelle et cruelle, qui viole
les principes
énoncés dans la Charte des Nations unies et par
le droit international.
(Ministère des Relations
extérieures de Cuba)
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 16 - 22 juin 2021
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