Des anniversaires importants
L'héritage du soulèvement de Gwangju exige que les États-Unis soient chassés de Corée
Le soulèvement populaire de Gwangju a eu lieu du
18 au 28 mai 1980 dans la ville de Gwangju dans le
sud-ouest de la République de Corée (RdC). Ce fut
une glorieuse action révolutionnaire entreprise
par les étudiants, les travailleurs, les femmes et
les jeunes pour affirmer leur droit de gouverner
leur propre pays. Ils se sont soulevés contre la
domination de la Corée par les États-Unis et la
dictature militaire de Chun Doo-hwan qui la
représentait. Depuis qu'ils ont divisé la Corée
par la force au 38e parallèle au lendemain de la
capitulation du Japon en 1945, les impérialistes
américains ont tout fait pour maintenir cette
division par la force, notamment en déclenchant la
guerre de Corée le 25 juin 1950, au cours de
laquelle près de quatre millions d'hommes, de
femmes et d'enfants coréens ont péri.
Ainsi, le peuple coréen, dont la contribution à
la victoire des Alliés lors de la Deuxième Guerre
mondiale est sans égale, a été criminellement
privé de son droit à l'autodétermination. Au lieu
de cela, un gouvernement anticommuniste de type
américain, au service des monopoles américains et
des propriétaires fonciers et capitalistes
coréens, a été imposé dans le sud en 1948, au nom
de la démocratie, de la liberté et des droits de
l'homme. C'est la même rengaine intéressée que
l'administration Biden colporte aujourd'hui pour
maintenir une emprise militaire sur la Corée et
justifier la militarisation et l'intégration
accrues de la République de Corée à la machine de
guerre américaine.
Le Soulèvement populaire
de Gwangju était une réponse collective à la loi
martiale imposée par la dictature de Chun Doo-hwan
en mai 1980. Chun Doo-hwan avait accédé au pouvoir
par un coup d'État orchestré par l'administration
américaine Carter après l'assassinat du président
Park Chung-hee, le dictateur militaire
anticommuniste pro-américain qui avait dirigé la
République de Corée d'une main de fer de 1963 à sa
mort en 1979. Chun Doo-hwan a imposé la loi
martiale pour tenter d'écraser les actions
populaires du peuple sud-coréen qui exigeait la
démocratie et un gouvernement civil.
Selon des reportages et des témoignages de gens
sur place, le Soulèvement populaire de Gwangju a
débuté le matin du 18 mai par des manifestations
étudiantes lorsque plus de 600 étudiants se sont
rassemblés à l'université nationale de Chonnam
pour défier le nouveau décret militaire qui
fermait les universités et étouffait toute
dissidence politique. La police ne pouvant
contenir la résistance organisée du peuple, le
régime a fait appel à une unité des Forces
spéciales de l'armée formée pour des missions
d'assaut pour écraser le soulèvement. Les Forces
spéciales ont utilisé des gaz lacrymogènes, des
matraques et des balles en caoutchouc pour
réprimer le soulèvement, ce qui a accru la
résistance alors que les travailleurs, les
commerçants et les parents sont descendus dans la
rue pour défendre les jeunes. Les soldats ont
alors ouvert le feu, tuant près de 200 personnes
et faisant des centaines de blessés.
Le 20 mai, près de 10 000
personnes ont manifesté contre cette terreur et
cette violence. Dans le contexte de la
militarisation très poussée de la société, il y
avait de nombreuses caches d'armes dans les
principaux endroits de travail en Corée du sud.
Les manifestants ont saisi ces armes et ont
réquisitionné des bus, des taxis et même des
véhicules blindés de transport de troupes et formé
des milices armées pour combattre l'armée. Un
quotidien produit par les étudiants, le Militants'
Bulletin, a permis de tenir tout le monde
informé et de combattre la désinformation des
médias qui criminalisait le soulèvement et tentait
de diviser ses rangs. Face à l'opposition armée
résolue du peuple, les forces spéciales ont été
contraintes de se retirer.
Les cinq jours qui ont suivi sont sans précédent
dans l'histoire de la Corée du sud. La population
a créé un Comité de solidarité des citoyens et un
Comité de solidarité des étudiants qui ont
travaillé pour organiser le peuple et assurer le
bien-être de chacun. Des réseaux de
ravitaillement, de soins médicaux et de transport
ont été organisés, et des discussions politiques
animées ont eu lieu alors que les gens se
rassemblaient pour discuter et organiser la suite
de leur résistance.
Le 24 mai, 15 000 personnes ont participé à un
service commémoratif en l'honneur de ceux qui ont
été tués par les forces spéciales aux premiers
jours du début du soulèvement. Le 25 mai, environ
50 000 personnes se sont réunies pour un
rassemblement à Gwangju et ont adopté une
résolution exigeant l'abolition de la loi martiale
et à la libération du prisonnier politique Kim
Dae-jung, qui allait être élu huitième président
de la République de Corée[1].
Alors que la population de Gwangju continuait
d'affirmer ses revendications politiques, le
président des États-Unis, Jimmy Carter, qui avait
fait campagne sur un programme de « politique
étrangère axée sur les droits de l'homme », est
intervenu directement pour écraser ce qui était
considéré comme une menace pour les intérêts
stratégiques des États-Unis dans la région. Le
Conseil national de sécurité des États-Unis s'est
réuni à la Maison Blanche le 24 mai pour planifier
une réponse. Par la suite, le général américain
John A. Wickham Jr, commandant du commandement des
forces combinées américano-coréennes, a ordonné au
général Chun Doo-hwan de redéployer la 20e
division de l'armée de la RdC de la zone
démilitarisée (DMZ) séparant la République
populaire démocratique de Corée (RPDC) et la
République de Corée vers Gwangju pour écraser le
soulèvement. Ce plan a été retardé de trois jours,
le temps qu'une flottille de la marine américaine
dirigée par le porte-avions USS Midway soit
déployée dans les eaux coréennes, au cas où des
renforts seraient nécessaires[2].
Le 27 mai, à 3 h 30 du matin, les forces armées
de la République de Corée ont attaqué Gwangju dans
le cadre de l'opération Fascinating Vacations.
La population de Gwangju a résisté courageusement
à l'assaut militaire dirigé par les États-Unis
contre elle. Au cours des combats qui ont suivi,
des milliers de civils ont été tués et près de 15
000 personnes ont été blessées. Plus de 1 500
personnes ont été arrêtées et d'innombrables
autres ont été torturées et exécutées
sommairement. Des dizaines de militants ont été
arrêtés, jugés et exécutés et d'autres ont été
jetés en prison. En l'espace d'un an, le général
Chun s'est autoproclamé président de la République
de Corée et a entamé une campagne de terreur
contre les communistes, les socialistes, les
gauchistes et toute autre force progressiste qui
remettrait en cause son régime militaire soutenu
par les États-Unis. Cependant, les travailleurs et
le peuple de la République de Corée ont poursuivi
leur lutte organisée contre l'impérialisme
américain et ses marionnettes locales, et ont
finalement mis fin aux dictatures militaires en
République de Corée à la fin de 1990.
En ce 41e anniversaire du Soulèvement populaire
de Gwangju, Le Marxiste-Léniniste lance
un appel à tous à intensifier leur soutien à la
juste lutte de l'héroïque peuple coréen contre
l'occupation militaire américaine de la Corée du
sud, à s'opposer résolument au chantage nucléaire
des États-Unis et à leurs provocations militaires
contre la RPDC et à appuyer la lutte du peuple de
Corée qui depuis plus de 70 ans combat pour
réunifier en toute indépendance et de manière
pacifique sa nation divisée et affirmer son droit
d'être.
Saluons
l'héritage historique du Soulèvement de
Gwangju !
Troupes américaines hors de
Corée !
La Corée est une !
Mur commémoratif des personnes tuées pendant le
Soulèvement populaire de Gwangju
Notes
1. En tant
que président de la République de Corée de 1998
à 2003, Kim Dae-jung a joué un rôle déterminant
dans la coopération avec le dirigeant de la
RPDC, Kim Jong Il, pour renforcer les relations
intercoréennes, ce qui a conduit à la signature
de l'historique Déclaration conjointe Nord-Sud
du 15 juin 2000 à Pyongyang, qui a ouvert un
nouveau chapitre audacieux dans la lutte du
peuple coréen pour la paix et la réunification.
Kim Dae-jung a également veillé à ce que les
victimes de la violence et de la terreur d'État
parrainées par les États-Unis à Gwangju soient
honorées. Il a inauguré des événements
commémoratifs annuels pour les victimes à partir
de 1997 et a fait du cimetière de Gwangju, où
des centaines de victimes sont enterrées, le
Cimetière national du soulèvement démocratique
du 18 mai.
2. Base de
données en ligne des 4 000 documents
déclassifiés du gouvernement américain sur le
rôle des États-Unis dans le soulèvement de
Gwangju en 1980.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 15 - 15 juin 2021
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