OTAN 2030
OTAN 2030, est le thème
principal du sommet de l'OTAN de cette
année. Il s'agit d'une série de
propositions du secrétaire général Jens
Stoltenberg pour définir l'orientation
future de l'OTAN en 2030 dont le but est
de « faire en sorte que l'Organisation
reste forte militairement, qu'elle se
renforce davantage encore sur le plan
politique, et que son action s'inscrive
dans une approche plus ouverte sur le
monde ». Ces propositions seraient issues
de consultations avec un groupe d'experts
nommés par Stoltenberg, 14 « jeunes
leaders » qu'on dit être des
professionnels âgés de 25 à 35 ans
provenant de pays de l'OTAN, et « de
parlementaires, de représentants de la
société civile, d'experts des secteurs
public et privé ».
Le site Web de l'alliance appelle OTAN
2030 « Un programme transatlantique pour
l'avenir », qui est divisé en neuf grands
champ d'action. Les extraits ci-dessous
donnent une idée de la façon dont l'OTAN
cherche à militariser davantage tous les
aspects de la société et à imposer l'ordre
du jour des impérialistes américains. :
I. Approfondir les consultations
politiques
« [...] L'OTAN va conforter son rôle
d'enceinte indispensable pour les
consultations transatlantiques en matière
de sécurité et de défense. »
II. Renforcer la dissuasion et la
défense
« Depuis 2014, l'Alliance procède au plus
important renforcement de son dispositif
de défense collective depuis une
génération ; elle s'est notamment dotée de
davantage de forces, à un niveau de
préparation plus élevé, et a effectué de
nouveaux déploiements sur les territoires
de ses pays membres. Lors du sommet, les
dirigeants prendront des décisions visant
à accroître encore la capacité de l'OTAN à
assurer la dissuasion et la défense contre
tout adversaire potentiel, et amélioreront
ainsi sa disponibilité opérationnelle, sa
réactivité et sa capacité à consolider ses
forces. »
III. Accroître la résilience
« Élargir sa conception de la sécurité
implique, pour l'Alliance, de mettre
davantage encore l'accent sur la
résilience, y compris celle des
infrastructures, des chaînes
d'approvisionnement et des communications.
La résilience est la première ligne de
défense de l'Alliance, une condition
essentielle pour lui permettre de mener à
bien ses trois tâches fondamentales que
sont la défense collective, la gestion de
crise et la sécurité coopérative. Elle est
incontournable si l'on entend repousser
des adversaires potentiels qui emploient
des outils militaires, politiques et
économiques pour fragiliser les sociétés
des pays de l'OTAN et porter atteinte à
leur sécurité. Les forces armées des pays
de l'Alliance ont également besoin
d'infrastructures et de services civils
résilients pour pouvoir opérer
efficacement, que ce soit en temps de
paix, de crise ou de conflit, ou encore
durant une pandémie, comme c'est le cas en
ce moment. »
IV. Augmenter l'avance technologique
« Les innovations technologiques sont en
train de modifier les notions mêmes de
paix, de crise et de conflit. Face à
l'intensification des rivalités
géopolitiques, les pays de l'Alliance ne
peuvent plus considérer leur avance
technologique comme acquise. L'OTAN, cadre
indispensable pour ce qui est de la
coopération transatlantique concernant
tous les aspects « sécurité » des
technologies émergentes et des
technologies de rupture, est déterminée à
demeurer à l'avant-garde. Il y a quelques
années, les Alliés ont identifié sept
technologies émergentes et de rupture
essentielles : intelligence artificielle,
données et informatique, systèmes
autonomes, technologies quantiques,
biotechnologies, technologies
hypersoniques et espace. Ils ont récemment
adopté une stratégie pour leur mise en
oeuvre, qui définit la manière dont l'OTAN
va collaborer avec des partenaires, des
universités et des représentants du
secteur privé (y compris des startups) en
vue de développer ces technologies plus
rapidement, et de renforcer ainsi la base
industrielle de l'Alliance.
« Dans le cadre de l'initiative OTAN
2030, le secrétaire général a proposé la
création d'un nouvel accélérateur
d'innovation de défense destiné à
promouvoir la coopération transatlantique
en matière de technologies critiques et à
préserver l'aptitude des Alliés à
travailler ensemble. Cet accélérateur
permettra également de mieux capter
l'innovation civile, de faciliter
l'adaptation aux nouvelles technologies et
de les adopter plus rapidement, en
stimulant encore davantage la
collaboration avec les partenaires, le
monde universitaire et le secteur privé,
en particulier les startups. »
V. Soutenir l'ordre international
fondé sur des règles
« Pour ce qui est de défendre l'ordre
international fondé sur des règles, des
pays comme la Russie ou la Chine ne
partagent pas les valeurs de l'Alliance et
sont à l'avant-garde d'une offensive
contre cet ordre. Cela n'est pas sans
conséquence pour la sécurité, les valeurs
et le processus démocratique des pays de
l'Alliance. Si elle veut continuer de
réussir dans sa mission et assurer la
défense et la sécurité de la zone
euro-atlantique, l'OTAN doit jouer un plus
grand rôle s'agissant de préserver et de
façonner l'ordre international fondé sur
des règles, dans des domaines importants
pour la sécurité de ses membres. Cela
suppose notamment que les Alliés parlent
d'une seule voix pour défendre leurs
valeurs et intérêts communs. Dans le cadre
de l'initiative OTAN 2030, ils vont en
outre prendre des décisions visant à
approfondir les relations de l'OTAN avec
des pays et organisations internationales
de même sensibilité, un peu partout dans
le monde, notamment dans la région
Asie-Pacifique. »
VI. Donner un nouvel élan à la
formation des partenaires
« Plus de stabilité pour les voisins de
l'OTAN, c'est plus de sécurité pour l'OTAN
elle-même. Ses années d'expérience ont
appris à l'Alliance qu'il vaut mieux
prévenir qu'intervenir. À tout moment,
l'OTAN doit être prête à déployer des
troupes afin de gérer une crise lorsque
cela s'avère nécessaire. Cependant, de
telles opérations sont coûteuses et
peuvent difficilement durer. De plus,
elles ne permettent pas forcément de
traiter les causes profondes de
l'insécurité et de l'instabilité.
« Aider les pays partenaires et former
des forces au niveau local est, sur le
long terme, un moyen plus efficace et
moins coûteux d'agir contre l'insécurité,
d'oeuvrer pour la stabilité et de lutter
contre le terrorisme. »
VII. Lutter contre le changement
climatique
« Cela fait des années que l'OTAN
considère le changement climatique comme
un danger pour la sécurité. Dans la région
du Sahel, la sécheresse a attisé les
conflits, provoqué des migrations et fait
le lit du terrorisme. Dans l'Arctique, la
fonte des glaces pourrait être à l'origine
de nouvelles tensions géopolitiques.
« En mars, les pays de l'Alliance ont
adopté un agenda sur le changement
climatique et la sécurité, et l'OTAN
travaille désormais, en vue du sommet, à
l'élaboration d'un plan d'action ambitieux
sur le changement climatique.
« L'OTAN a un rôle important à jouer dans
trois domaines. Ainsi, elle entend devenir
un modèle pour ce qui est de chercher à
comprendre les conséquences du changement
climatique sur la sécurité, de s'y adapter
et de les atténuer. Dans cette optique,
elle s'efforcera d'assurer un suivi et un
contrôle bien plus étroits du changement
climatique, d'évaluer l'impact de celui-ci
sur les moyens et installations à
l'échelle de l'Alliance et de réduire les
émissions résultant des activités
militaires, contribuant ainsi à la
réalisation de l'objectif de zéro émission
nette. »
VIII. Élaborer le prochain concept
stratégique
« Le concept stratégique en vigueur,
approuvé en 2010, a été bien utile à
l'OTAN. Néanmoins, le monde a
fondamentalement changé au cours des dix
dernières années. C'est pourquoi le moment
est venu de s'adapter à un environnement
de sécurité imprévisible et marqué par des
rivalités croissantes.
« Au sommet, les dirigeants des pays de
l'OTAN vont demander officiellement au
secrétaire général de guider l'élaboration
du prochain concept stratégique de
l'Alliance. Le concept actualisé tiendra
compte de l'importante adaptation qu'a
opérée l'Organisation sur les plans
militaire et politique depuis 2014, ainsi
que des nouvelles réalités. Ce sera
également l'occasion pour les Alliés de
réaffirmer leur attachement aux valeurs
qu'ils partagent et de définir une
trajectoire commune pour l'avenir. »
IX. Investir dans l'Alliance
Pour traduire dans la réalité l'ambitieux
agenda 2030, les Alliés vont devoir
continuer d'investir dans la défense
collective. L'Alliance est sur la bonne
voie, grâce à sept années consécutives
d'augmentation des dépenses de défense par
les Alliés européens et le Canada. Il sera
important de maintenir cet élan. Dans le
même temps, les Alliés réfléchissent à la
manière d'investir davantage ensemble,
dans le cadre de l'OTAN, afin de pouvoir
faire davantage ensemble. Lorsqu'ils
mettent leurs ressources en commun, leur
force est démultipliée, et c'est un moyen
efficace d'accroître leur sécurité
commune. Le recours au financement commun
envoie également un message fort d'unité
et de détermination, tant aux citoyens des
pays de l'Alliance qu'aux adversaires
potentiels de celle-ci. »
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 14 - 14 juin 2021
Lien de l'article:
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