Le contenu du «nouvel ordre mondial» établi par la Charte de Paris

Extrait d'un discours prononcé par Hardial Bains à Port-d'Espagne, Trinidad, en août 1991, sur l'évolution de la situation internationale à cette époque. Concentrant son analyse sur le caractère de la période qui s'ouvrait, le camarade Bains a souligné : « Cette nouvelle période qui vient de naître présente de nombreux aspects caractéristiques de l'ancienne période, mais c'est une nouvelle période parce qu'elle a aussi ses propres caractéristiques spécifiques, alors nous ne pouvons pas regarder la situation avec la perspective de l'ancienne période. »

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La période qui vient de s'achever fut une grande période de révolutions à l'échelle mondiale. Elle s'est ouverte au tournant du XXe siècle avec la montée de ce qu'on a décrit à l'époque comme un nouveau type d'impérialisme, par opposition à l'ancien type d'impérialisme fondé sur la conquête directe des peuples et des nations à travers le monde. L'aspect principal de l'ancien impérialisme était la colonisation qui s'accompagnait entre autres de la réintroduction du servage. Le trait le plus caractéristique du nouvel impérialisme est qu'il avait la prétention de défendre tous les droits et libertés que pouvait défendre une personne progressiste; il avait la prétention d'être contre toute forme d'esclavage. Non seulement ce nouvel impérialisme est-il apparu pour « civiliser » le monde entier, pour apporter le message de liberté et de démocratie des pays impérialistes au monde entier, mais c'est avec ces slogans que fut menée la Première Guerre mondiale à la défense de la moralité et des valeurs civilisées « de l'empire ».

Au cours de cette guerre, à laquelle ont été entraînés presque tous les peuples du monde, s'est produit un événement que personne ne pouvait prévoir : la Grande Révolution d'Octobre. Le thème central de cette révolution était l'opposition à toutes les suppositions de l'impérialisme et de la vieille société. Elle fut marquée par l'avènement d'un nouveau gouvernement qui, pour obtenir la paix et mettre un terme à la Première Guerre mondiale, était même prêt à céder par des négociations de vastes parties de son territoire. Le premier décret du nouveau gouvernement fut de déclarer aux peuples du monde qu'ils n'auraient rien à craindre de lui. Ce nouveau gouvernement déclara qu'il ne participerait jamais à des négociations secrètes avec d'autres gouvernements; il ne participerait à aucune conspiration, aucune intrigue. Autrement dit, ce gouvernement est arrivé au pouvoir avec une politique ouverte – une politique déclarée, à la fois en termes de ses principes et de ses tactiques, de défense des droits des peuples du monde. Lénine, le dirigeant de cette révolution, lança l'appel aux peuples coloniaux de se soulever dans la lutte pour leur liberté, leur disant que cette nouvelle forme d'impérialisme était un colosse aux pieds d'argile qui, bien que tout puissant en apparence, pouvait être vaincu.

La libération des peuples coloniaux constituait la pierre angulaire de la politique de ce nouveau gouvernement. Ce nouveau gouvernement appuyait aussi tous les peuples qui luttaient pour leur émancipation sociale. À cette époque, un grave danger venait des fascistes en Italie, de même qu'en Allemagne et dans d'autres pays. Les travailleurs en Italie, tout comme en Allemagne et ailleurs, étaient à la veille d'une révolution sociale chez eux, et ce nouveau gouvernement déclara son plein appui à la classe ouvrière et aux autres peuples qui s'étaient révoltés contre le système dans leur pays.

Quatorze pays de ce qu'on appelle l'« Occident » envoyèrent des troupes contre ce gouvernement, pour écraser et détruire le nouveau régime et restaurer les éléments féodaux qui avaient été renversés, les généraux qui rétabliraient le régime tsariste. Ces quatorze pays échouèrent dans leur mission contre la Russie soviétique, mais ils parvinrent à arrêter l'opposition à la montée de Benito Mussolini. Tous les gouvernements « civilisés » et « démocratiques » de l'« Occident » appuyèrent la montée de Benito Mussolini. Dans un processus s'étendant sur plusieurs années, on vit aussi la montée de l'Allemagne hitlérienne. Ces gouvernements ont non seulement financé l'avènement au pouvoir de Hitler, ce qui est bien connu, mais ils ont aussi conclu avec Hitler des ententes secrètes pour la subjugation des peuples d'autres pays. Dans les années 1930, ce sont eux qui ont soutenu Francisco Franco qui noyait dans le sang la lutte du peuple espagnol dans ce qu'on a appelé la guerre civile espagnole de 1936 à 1939. Cette période de 1917 à 1939 est une période marquée par les plus grandes perfidies de ces gouvernements occidentaux envers la lutte des peuples du monde. Aujourd'hui en 1991, alors que beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, on voudrait nous faire croire que tous ces gens, tous ces révolutionnaires qui ont lutté en Amérique du Sud, en Europe, en Asie et en Afrique étaient des fascistes, qu'ils se battaient contre la liberté, qu'ils étaient tous pour l'asservissement des peuples dans le monde et, qu'en fait, ce sont les États-Unis d'Amérique, ou les gouvernements français, allemands et britanniques qui étaient pour la liberté ! [...]

L'histoire depuis la Deuxième Guerre mondiale démontre que pas un seul dictateur n'a surgi sans l'appui direct des États-Unis, de la France ou de la Grande-Bretagne ou de tous les trois ensemble. Le dictateur sanguinaire Pinochet au Chili a survécu avec l'appui direct des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et d'autres. Ils n'ont pas réclamé sa tête. Ils n'ont pas réclamé non plus celle d'Imelda Marcos aux Philippines, ni celle des autres dictateurs qui parcouraient le monde. Quand ils ne sont pas parvenus à convaincre leur propre agent Noriega au Panama de s'effacer, ils ont envahi le Panama pour l'arrêter et le traduire devant les tribunaux aux États-Unis. Ils essaient de nous faire croire, de convaincre le monde, qu'ils ont toujours été pour la liberté, mais ils voudraient qu'on oublie le colonialisme mondial; cette tache noire de l'humanité, la réintroduction du servage; ils voudraient qu'on oublie tous les crimes qui sont commis de nos jours – les grandes famines en Afrique, les grandes famines en Asie, toutes les maladies qui affligent l'humanité. Nous devrions applaudir la bravade et la victoire de Boris Eltsine et déclarer que maintenant le monde est à l'abri de ces communistes assoiffés de sang ! Cette période inaugurée par la Révolution d'Octobre est terminée. On nous présente Mikhaïl Gorbatchev d'une part comme un homme bon qu'il faut appuyer malgré qu'il soit un communiste, selon eux, et que nous sommes censés nous opposer au communisme. Faut-il l'appuyer ou s'y opposer ?

Ou bien nous devrions nous opposer au communisme et démettre Gorbatchev en tant que communiste, ou bien le communisme est très bien. C'est l'un ou l'autre. Après tout, Gorbatchev est dans le parti depuis plus de quarante ans et en a toujours été un officier à un niveau ou à un autre. II en était le secrétaire général durant plus de six ans. Ou devrions-nous plutôt le considérer comme un démocrate, quelqu'un qui parlera contre le communisme ? On crée ainsi un tas d'autres personnalités dans le monde. Par exemple, on dit que les Chinois sont des communistes purs et durs, mais George Bush leur a une fois de plus récemment accordé le statut de nation la plus favorisée. Les impérialistes ont toutes sortes de rapports sociaux, culturels et commerciaux avec les Chinois, qu'ils continuent de présenter comme des durs, des communistes. Et nous devrions nous soulever contre le communisme parce que la Chine existe ! Pourquoi donc ? Durant cette période on ne devrait jamais perdre de vue qu'aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne, pas une seule grande personnalité n'a soulevé pourquoi tant de boue était lancée contre Staline – cet homme respecté de toutes les personnalités littéraires, scientifiques et politiques de son époque. Toutes les personnalités de renom exprimaient une grande admiration pour Staline dans les années 1930 et 1940, y compris George Bernard Shaw et bien d'autres. Pourquoi seraient-ils tombés en amour avec un dictateur et un meurtrier ? Il y a quelque chose qui cloche dans ce qu'on raconte à propos de Staline.

Ils ne veulent même pas admettre que la base de la formation de l'Union soviétique dans les années 1920 était l'opposition au chauvinisme russe, le but était de s'assurer qu'aucun autre gouvernement russe ne dominerait les autres nations, qu'il y aurait une chambre des nationalités où toutes les nationalités de l'Union soviétique siègeraient en égales. [...]

Par définition, suivant la constitution adoptée dans les années 1930, l'Union soviétique avait effacé l'héritage de chauvinisme russe des tsars. Elle avait éliminé la Russie tsariste. Elle avait créé une nouvelle situation d'internationalisme prolétarien, de solidarité fraternelle entre les peuples de l'Union soviétique qui travaillaient ensemble pour une cause commune. C'est une véritable honte que parmi tous les chercheurs, scientifiques et autres diplômés, il ne s'en trouve pas un seul aujourd'hui qui soit assez brave pour déclarer publiquement que ce qu'on raconte à propos de l'histoire de l'Union soviétique – comment et pourquoi elle a été créée – de l'histoire de Lénine et de Staline, tout cela est faux. Certains individus cherchent à créer de la confusion en disant que dans l'ancienne Union soviétique la question était de savoir si vous êtes pour ou contre Staline. Depuis trop longtemps déjà on entend ce genre de bêtises. Si vous me posez la question, peu importe si quelqu'un en Union soviétique est pour ou contre Staline, je ne me prononcerai pas. La question à laquelle nous devons répondre est : la situation nous favorise-t-elle ou non ? Acceptons-nous cette conception des rapports entre États en vertu de laquelle les Nations unies, avec toute l'Europe, peuvent déclarer que le socialisme n'est pas valable; que personne dans le monde ne peut s'engager dans la révolution. Nous n'acceptons pas cette position. Ceux qui se disent pro-Staline en Union soviétique ne s'élèvent pas contre ce qui est réellement en train de se produire dans le monde. Trente-quatre pays, y compris l'Albanie, se sont réunis à Paris au Sommet de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe l'an dernier et ont déclaré que l'économie de marché et le multipartisme constituaient des conditions préalables à l'établissement de rapports entre pays. Voilà le contenu de la nouvelle période qu'ils qualifient de « nouvel ordre mondial ». L'essentiel dans ce « nouvel ordre mondial » est que l'Union soviétique doit se soumettre aux États-Unis et, en se soumettant aux États-Unis, elle déclare que les États-Unis détiennent maintenant la suprématie partout. Dans la période précédente, pour des raisons qui lui sont propres, l'Union soviétique s'était rangée du côté de ce qu'on appelait le mouvement de libération nationale. Elle a soutenu des pays comme Cuba, elle a soutenu l'OLP, les Arabes, et d'autres, empêchant les États-Unis de mener certaines de leurs activités. Les États-Unis veulent que l'Union soviétique se prosterne. C'est ce que Gorbatchev, ce grand démocrate, a accompli. De là découle tout le reste.

Dans ce nouvel ordre mondial, ils ne veulent qu'une superpuissance, les États-Unis; un système économique dominé par une Banque mondiale, contrôlé par les États-Unis qui contrôlent plus de 20 % de la Banque mondiale. Ils veulent un Fonds monétaire internationale et une organisation des Nations unies, tous sous leur contrôle. La condition préalable à ce nouvel ordre mondial est que tous doivent se soumettre à ces institutions. Les Nations unies, qui n'ont jamais défendu des positions de principe ni appliqué une seule de leurs résolutions, se sont disgraciées en sanctionnant de fait une guerre de ce nouvel ordre mondial contre le peuple d'Irak. Le conflit du Golfe persique fut le premier acte de ce nouvel ordre mondial.

Le conflit en Union soviétique, tel qu'il se présente aujourd'hui, qui est la destruction de l'Union soviétique et la montée de la Russie, est un autre acte de ce nouvel ordre mondial. Le démembrement de la Yougoslavie et la montée des forces fascistes dans ce pays en est un autre. Ce nouvel ordre mondial sera le théâtre de plusieurs autres infamies encore. Ce nouvel ordre mondial n'est pas le même que celui de la période précédente. Dans l'ensemble, il n'est pas dénué des contradictions de la période précédente. La période actuelle a hérité de toutes les contradictions de la période précédente : les problèmes provenant de la contradiction entre la classe ouvrière et les capitalistes qui demeure toujours et s'est accentuée à l'échelle mondiale; la contradiction entre les peuples opprimés et les pays qui dominent, qui s'est aussi accentuée et qui sévit dans le monde entier. Les contradictions entre les pays impérialistes eux-mêmes demeurent et on peut voir cette contradiction en Union soviétique, en Yougoslavie et dans d'autres pays.

Autrement dit, dans la situation actuelle où la nouvelle période a hérité de toutes les vieilles contradictions, ce nouvel ordre mondial exige que tout le monde trouve une solution à ces problèmes en ayant recours à tous les moyens, toutes les méthodes sauf la révolution et sauf en s'engageant sur la voie du socialisme. Or, ce nouvel ordre mondial se donne le droit d'imposer par la force son diktat sur le monde entier : il n'y aura pas de révolution et il n'y aura pas de socialisme. Non seulement les contradictions objectives, les raisons objectives qui ont donné naissance à la quête du socialisme et à la révolution, existent-elles, mais elles sont devenues extrêmement aiguës. II y a aussi les facteurs subjectifs. Au sein de l'Europe, l'Allemagne ne pense pas comme les États-Unis; il existe des contradictions entre le Japon, les États-Unis, de même qu'entre l'Allemagne, la Chine et d'autres. Des puissances qui ne veulent pas de la suprématie américaine vont s'affirmer et ces contradictions vont éclater au grand jour. Il y a des peuples dans le monde qui ne voudront pas se soumettre aux États-Unis. Ils voudront l'intégrité, ils vont lutter pour leur dignité. On ne peut pas éliminer ces causes subjectives, pas plus que les causes objectives. Ce qui va surgir et ce qui surgit, non pas en tant que contradiction fondamentale, mais comme lutte principale, sera entre ceux qui veulent imposer le nouvel ordre mondial au monde par la force et ceux qui s'y opposent. Toutes les forces progressistes et démocratiques doivent se préparer à cela.

À notre avis, cette période où ni la révolution ni la guerre ne sont des perspectives immédiates pourrait bien donner lieu à une période de révolution si toutes les forces démocratiques et progressistes examinent la situation actuelle. Cette analyse ne signifie pas que notre époque qui est née de la montée de l'impérialisme et de la révolution a changé. Cette époque demeure l'époque de la victoire du socialisme. Mais dans cette époque, la première période d'assauts révolutionnaires contre l'impérialisme sous la forme du colonialisme, sous la forme de divers régimes féodaux ou du fascisme, la lutte contre le fascisme lui-même, est terminée, et la nouvelle période a commencé.

La nouvelle période qui s'est amorcée ne constitue pas la défaite de la quête des peuples pour leurs droits. À l'échelle mondiale, la conscience des peuples s'approfondit non seulement en ce qui a trait aux problèmes économiques – du fait qu'ils sont soumis à toutes sortes de privation et d'insécurité –, mais en termes de la discrimination contre différent types ou classes de gens, de même que de l'intensification de l'exploitation fondée sur la domination d'un pays par un autre, de même que des problèmes de l'environnement, de la qualité de la vie et ainsi de suite. Cette conscience se développe partout. Nulle part, que ce soit en Union soviétique, en Yougoslavie, en Roumanie ou ailleurs, les peuples n'ont-ils abandonné la lutte pour leurs droits.

Évidemment, nous nous trouvons dans une nouvelle période, une nouvelle situation, pas dans l'ancienne période de révolution. Dans ce contexte, les champions du nouvel ordre mondial sont très inquiets. Ils craignent que cette nouvelle période se termine par leur perte. Les peuples d'Europe de l'Est protestent déjà contre tous les changements faits pour introduire l'économie de marché et le multipartisme, qui n'ont rien donné de bon à la société. Les peuples ne doivent avoir aucune illusion que ces grandes puissances vont arranger les choses, mais en moins de deux ans, déjà les masses du peuple se soulèvent en disant : « Vous aviez promis toutes ces choses. Qu'est-il arrivé ? » En Albanie, juste avant les élections, les États-Unis et leurs agents promettaient à tout le monde un téléviseur. Quelques mois plus tard, l'Albanie connaît la famine : les gens font face à des conditions pires qu'auparavant. Mais le plus important est que les peuples d'aucun pays ne se sont réconciliés avec les États-Unis, ni avec la mentalité Rambo des États-Unis, ni avec la politique de capitulation de l'Union soviétique ou les Boris Eltsine et autres.

Dans ces conditions, notre Parti croit qu'il est nécessaire de chercher une nouvelle alliance des forces. Nous partons du point de vue que, pour notre Parti, il n'y a plus rien à tirer à tout simplement parler du marxisme-léninisme, dans le sens de lire les classiques, de parler de Marx, Engels, Lénine, Staline, de leur révolution, de leurs stratégies et tactiques. Tout cela ne nous est d'aucun secours dans les conditions présentes. La raison en est que les problèmes de la philosophie au Canada, qui trouve ses origines dans la philosophie anglaise et la pensée française prérévolutionnaire, n'ont jamais été résolus. Une conception du monde doit naître, une conception qui ne soit pas un simple accessoire de la conception née dans un pays étranger.

Il faut partir de notre expérience et pas seulement de celle de pays étrangers. Cela n'est pas nier le marxisme-léninisme. Bien au contraire, c'est une application du marxisme-léninisme. Tous les classiques du marxisme-léninisme, que ce soit Marx et Engels, Lénine ou Staline, ont préconisé la nécessité que chacun examine ses propres conditions parce que les idées n'évoluent pas de manière détachée des luttes dans le pays donné. Selon Lénine, la théorie ne se développe vraiment qu'en rapport avec un mouvement véritablement de masse et véritablement révolutionnaire. Ce mouvement véritablement de masse et véritablement révolutionnaire n'existe pas dans l'abstrait. Mais dans cela il faut nous inclure, nous-mêmes, notre façon de penser; il ne suffit pas de répéter des choses écrites dans les classiques. Bien entendu, ces choses sont utiles comme guide à l'action, mais si nous n'avons pas notre propre action, nos propres activités, alors à quoi bon ce guide ?

Aujourd'hui, par l'entremise du FMI, de la Banque mondiale et par différents autres moyens, l'impérialisme tient les peuples à la gorge. Pour nous, c'est signe que nous avons encore beaucoup à faire. Mais cette vieille Europe menace d'unir ces forces contre nous, d'envoyer ses flottes et ses armées nous combattre au nom de la démocratie, au nom des droits humains. Mais dans le monde il n'y a pas seulement l'Europe. Ces vieux esprits se trompent encore s'ils croient pouvoir aller à l'encontre de l'histoire. Premièrement, la classe ouvrière d'Europe n'a pas oublié les leçons de la Deuxième Guerre mondiale et de ses conséquences. La classe ouvrière d'Europe en a souffert énormément. En Asie du Sud, il y a près d'un milliard de personnes. Ces Sud-Asiatiques ont leurs propres aspirations. Les peuples savent déjà ce que veut dire avoir une « économie de marché » et ils savent que cela ne les favorise pas. Il y a plus d'un milliard de personnes en Chine. On voudrait nous faire croire que c'est une masse sans visage, mais le peuple chinois fera sa marque. En Amérique latine et dans les Caraïbes, il y a des millions de personnes, plus de 130 millions ne serait-ce qu'au Brésil.

Ce sont là des forces colossales, mais les médias voudraient nous convaincre de ne regarder que l'Europe, que Moscou, etc. Tôt ou tard, les gens vont cesser de se préoccuper de ce qui se passe en Europe et commencer à s'intéresser à ce qui se passe chez eux. Nous verrons bien alors si les bombes et les avions des Américains sauront arrêter l'essor révolutionnaire. Cette diplomatie de la canonnière qu'on voit dans le golfe Persique a été pratiquée par les Britanniques au XIXe siècle. Ils stationnaient leurs vaisseaux sur les côtes d'un pays, déclenchaient des bombardements puis envoyaient leurs soldats envahir. C'est ce qu'ont fait les Américains et la coalition dans 1e golfe Persique.

Les peuples ont été capables de résoudre ce problème. Aussi terribles que soient les armes utilisées par les impérialistes, aussi modernes que soient leurs avions, ils ont dû eux-mêmes admettre qu'ils ont dû donner de la drogue et de l'alcool à leurs pilotes pour les amener à faire ce qu'ils leur ordonnaient. En d'autres mots, une personne normale est incapable de faire une telle chose. Et il y a beaucoup de personnes normales dans ce monde. En cette période, il semble que tout est perdu. Notre Parti ne croit pas que tout soit perdu. Ce sont des temps difficiles pour les travailleurs. Il aurait été préférable, par exemple, que la classe ouvrière d'Union soviétique se soulève pour changer la situation, que les vieux régimes en Europe de l'Est soient renversés pour faire place à des régimes véritablement démocratiques. Or, aussi difficile que puisse paraître la situation actuelle, tout nous appelle à occuper l'espace du changement. Le pessimisme n'a pas sa place. Au contraire, nous devons être optimistes et faire notre travail. C'est ainsi que notre Parti voit la situation.

(Publié originalement dans Le Marxiste-Léniniste du 1er septembre 1992)


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 13 - 11 juin 2021

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